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un mois, et considère les reins comme le principal émonctoire, tandis que, d'après M. Colson, ce serait la muqueuse stomacopharyngée.

Les expériences de MM. Millon et Laveran, L. Orfila sont très-importantes relativement à l'influence du mode d'administration des poisons sur leur dissémination, leur séjour dans les organes, leur élimination. Elles peuvent élucider certains faits thérapeutiques et toxiques que nous rapportons aux préparations mercurielles et plombiques, résoudre plusieurs questions médico-légales relatives aux poisons minéraux de la quatrième section.

La recherche des poisons absorbés doit porter sur les organes vasculaires, le foie, la rate, les reins, les poumons, le cœur, les muscles, et parmi les liquides, les urines, le sang. L'analyse du tube intestinal et de son contenu, du foie, des muscles, suffit pour la solution de la plupart des questions toxicologiques. C'est seulement à défaut de ces organes et dans quelques cas exceptionnels qu'on y soumet les autres parties. Il faut d'abord y chercher les poisons solubles et volatils, puis les alcalis végétaux, et enfin les poisons minéraux de la quatrième section, par le procédé de carbonisation sulfurique, en procédant comme nous l'avons indiqué page 6. M. L. Orfila a expérimenté comparativement les procédés de carbonisation sulfurique, par l'acide azotique et le chlorate de potasse, et celui qui consiste à faire bouillir les matières dans l'eau acidulée par l'acide azotique, à évaporer le décocté à siccité, à carboniser le résidu par l'acide azotique. Il donne la préférence à ce dernier, comme plus délicat et moins sujet à erreur (voyez cuivre, plomb).

V.-Recherche des poisons dans la terre du cimetière.La terre du cimetière peut être phosphorique, arsénicale, cuivreuse, plombique, etc. On peut donc objecter que le poison retiré des organes provient de cette source. Dans la toxicologie générale et à l'empoisonnement par l'arsenic, nous donnons les moyens de résoudre ces questions. Pour s'assurer si le poison s'y trouve à l'état insoluble ou soluble, il faut

traiter successivement environ 2 kilogr. de terre, prise autour de la fosse et dans un lieu où il n'y a pas eu de sépulture, d'abord par l'eau froide, puis par l'eau bouillante, et enfin par l'eau acidulée d'acide sulfurique. Les liquides filtrés et concentrés sont essayés séparément par les réactifs généraux, puis évaporés à siccité, et le résidu carbonisé par l'acide sulfurique, etc. (Pour la recherche des poisons dans l'atmosphère, voyez Matières gazeuses.)

EFFETS.-LÉSIONS.-CLASSIFICATION.

La toxicologie, science complexe, a pour but la connaissance des effets et la recherche des poisons dans les matières suspectes. Une classification établie sur ces deux bases serait certainement la meilleure. Dans cette impossibilité, les auteurs, chacun à son point de vue, ont pris l'une des deux. Pour ne parler que des toxicologistes de nos jours, MM. Orfila, Devergie, Christison ont divisé les poisons en 4 classes: 1° irritants; 2° narcotiques; 3° narcotico-dcres; 4o septiques, fondées sur les effets, autrement dit, sur les modifications organiques et fonctionnelles accessibles à nos sens; et les médecins rasoriens en hyposthéniques et hypersténiques, d'après les effets dynamiques ou constitutionnels. En prenant les effets et les lésions pour base de classification, il conviendrait de faire subir à celle des premiers toxicologistes les modifications suivantes, c'est-à-dire d'y ajouter deux autres classes, les anesthésiques et les tétaniques. Voici en peu de mots les effets, les lésions qui caractérisent chacune d'elles.

4re CLASSE.-Poisons acres, irritants, caustiques, hyposthénisants. Ces poisons irritent, enflamment, cautérisent les tissus, donnent lieu à un état fébrile, bientôt remplacé par un état hyposthéniqne, sans troubles de l'intelligence, quelquefois avec symptômes convulsifs. Ils laissent pour lésions des traces de congestion, d'irritation, d'inflammation, de cautérisation des parties qui en ont reçu le contact, avec colora

tion noire et liquéfaction du sang, et, assez souvent, congestion des organes parenchymateux.-Poisons minéraux, substances ácres, drastiques parmi les végétaux, cantharides, viandes de charcuterie parmi les animaux.

2 CLASSE.-Poisons narcotiques.-Sans effet local appréciable, si ce n'est qu'ils diminuent la sensibilité; ils agissent spécialement sur le cerveau, produisent le narcotisme, tels que délire, hallucinations, dilatation ou contraction pupillaire, soif, sécheresse de la bouche, difficulté d'avaler, de parler, d'uriner, stupeur, coma, paralysies partielles, relâchement des sphincters. Pour lésions, état congestionnel du cerveau, de ses membranes, des poumons, plénitude des sinus du système veineux, sang non coagulé.-Opiacés, solanées, ombellifères, gaz de la combustion, etc.

3o CLASSE.-Poisons anesthésiques.-Après une exaltation passagère ils abolissent successivement l'intelligence, la sensibilité, la motilité, la respiration, la circulation, etc. Les lésions sont nulles, ou celles de la syncope, de-l'asphyxie. -Éther, chloroforme, etc.

4 CLASSE.-Poisons tétaniques.-Soit par action directe ou réflexe sur la moelle épinière et le bulbe rachidien, ils donnent lieu à des accès tétaniques intermittents avec gêne de la respiration, laissent pour lésions la congestion des poumons, l'inflammation de la moelle épinière, de ses membranes, qui étaient le siége des convulsions tétaniques.-Strychnées, etc.

5. CLASSE.-Poisons narcotico-acres.-Ils participent du mode d'action des narcotiques et des irritants, et, par conséquent, donnent lieu à des effets, à des lésions mixtes.Aconits, ananthes, etc.

-

6 CLASSE.-Poisons septiques.-Soit par inoculation, soit par la voie gastro-intestinale ou pulmonaire, ils produisent une altération particulière du sang qui se propage bientôt à toute l'économie, et se traduit par des syncopes, des lipothymies, un grand affaiblissement, etc. Le sang est incoagulé,

très-putrescible, ainsi que les organes.- Venins, viandes putréfiées, gaz hydrosulfurés des égoûts, des fosses d'ai

sance, etc.

Nous verrons dans le cours de ce traité combien il est difficile d'établir une classification basée sur les effets, les lésions, puisque les poisons irritants ne laissent quelquefois aucune trace de leurs action locale, que les narcotiques, les anesthétiques peuvent intoxiquer rapidement dans les convulsions, que des poisons donnent lieu à ces divers ordres d'effets, que d'autres, la nicotine, abolissent la contractilité musculaire sans agir sur la sensibilité. Le curare agit dans un sens inverse. A cause de l'imperfection de cette classification, et dans l'impossibilité de l'établir à la fois sur les deux buts de cette science, nous disposerons les poisons, à l'exemple d'Anglada et autres auteurs, d'après leur analogie chimique et naturelle, comme se rapprochant mieux de l'objet le plus important de la toxicologie légale, la découverte du poison. Nous les diviserons en poisons inorganiques, organiques et gazeux.

A.-LES POISONS INORGANIQUES seront divisés en 4 sections: 1o métalloïdes; 2o acides; 3° alcalins; 4° salins métalliques, ou dont on peut extraire facilement le métal.

B. LES POISONS ORGANIQUES seront divisés en 3 sections : 1° Poisons végétaux, distribués par familles;

2o Poisons animaux, divisés en vénéneux et venimeux; 3° Empoisonnement par les matières alimentaires avec un appendice sur leurs falsifications.

C.-LES POISONS GAZEUX seront divisés en gaz simples et complexes, et, d'après leurs effets, en asphyxiants et toxiques.

Traitement.

Empêcher l'absorption du poison, en faciliter l'élimination, en combattre les effets, telles sont les bases fondamentales de la thérapeutique toxicologique. Pour remplir la première indication, si le poison a été appliqué sur la peau, sur une muqueuse

externe, c'est par des lotions, des injections, par une ligature du côté du cœur, ou plutôt des ventouses en caoutchouc vulcanisé ou autres, qui, d'après Barry, arrêtent l'effet du poison, si elles sont appliquées assez longtemps, et d'après M. Reynoso, les suspendent seulement pendant la durée de leur application; enfin par l'emploi des caustiques (voyez animaux venimeux). M. Reynoso, qui a expérimenté comparativement l'iode, le chlore, l'acide sulfurique, le brôme, a constaté que ce dernier, en outre de son effet caustique très-intense, détruisait le curare dans la plaie; aussi le propose-t-il contre la morsure des animaux venimeux.

Si l'intoxication a lieu par les voies pulmonaires, on cherche à rappeler la respiration par les stimulants, les pressions alternatives sur la base du thorax, la titillation de la muqueuse nasale. MM. Abeille, Jobert de Lamballe, ont employé avec succès la faradisation dans l'intoxication par le chloroforme, et même l'électropuncture dans les cas graves. En ce cas, les aiguilles sont enfoncées dans les muscles de la nuque et de la région lombaire. M. Duchenne préfère la faradisation des nerfs phréniques; il est parvenu à rappeler les animaux à la vie, même lorsque le cœur avait cessé de battre. M. Ludger-Lallemand préfère au contraire l'insufflation à l'aide d'une sonde et d'un soufflet, moyen qui a l'avantage de rappeler la respiration, la circulation, et de faciliter en outre l'élimination du poison. L'électricité et l'insufflation ont été employés aussi dans les cas graves d'intoxication par les narcotiques, l'acide cyanhydrique, les matières gazeuses; le dernier moyen l'est en outre dans l'empoisonnement par les strychnées. Il faut en continuer l'usage jusqu'à ce que l'effet du poison soit en partie dissipé, la respiration rétablie.

Dans l'empoisonnement par la voie gastro-intestinale, si les vomissements, les selles sont assez abondants, il faut les seconder par l'emploi des boissons, des lavements émollients, albumineux, huileux ou laxatifs; dans le cas contraire, les provoquer par les vomitifs (tartre stibié, ipéca., sulfate de zine),

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