Images de page
PDF
ePub

idées, il deviendrait aussi savant que Dieu, et toute sa destinée serait accomplie dans ce monde. L'idée, nous ne saurions trop le répéter, est une inconnue vers laquelle l'homme tend sans cesse et qu'il cherche sans cesse à mieux définir. La vérité que l'homme découvre n'est jamais qu'une partie de la vérité, qu'une face de la vérité (dans l'ordre moral aussi bien que dans l'ordre physique; car l'ordre moral, par la théorie du bien et du beau, possède aussi ses idées).

Il arrive à l'homme qui découvre une idée, même très imparfaite, de lui donner sur-le-champ une valeur absolue; il arrive aussi que cette idée s'impose irrésistiblement à son esprit... Ceci, qui est la source de tant de prétentions étroites, de tant de préjugés scientifiques fortement enracinés, témoigne et de la faiblesse et de la suprématie humaines : celui qui voit le fragment d'une idée y renferme tout, parce qu'il ne voit pas assez loin; il donne à ce fragment une valeur absolue; parce qu'il appose sur lui le sceau de notre parenté divine.

X.

RÉSUMÉ: Dans la première partie, l'histoire de cette époque de notre intelligence qui commence au moment où l'homme, dans sa conscience, dit toi à sa mère; dans la deuxième partie, l'histoire d'une autre époque qui commence au moment où l'homme, dans sa conscience, dit toi à Dieu.

La triple conscience que nous avons du moi, du toi, de Dieu, nous introduit dans la sphère des vérités absolues, des idées éternelles. Par une initiation intime et supérieure, l'homme arrive à connaître Dieu dans sa conscience, de même qu'il avait connu sa mère dans sa conscience; en même temps il prend possession d'une personnalité toute nouvelle; un moi tout nouveau paraît, et l'esprit franchit une distance infinie.

Les principes de la morale sociale se sont offerts dans un parallélisme parfait avec ceux de la famille. Nous avons reconnu qu'en présence de ces principes, l'homme conserve sa liberté pleine et entière par le sentiment même de ses facultés infinies, sentiment qui peut sanctionner dans son cœur ses actes extrêmes en même temps qu'il lui montre le sérieux de tous ses actes dans l'immortalité. Les principes de la causalité et de la substance ont acquis à nos yeux toute leur valeur, et comme lois directrices de l'entendement et comme lois élémentaires de la nature extérieure; il y a donc une identité absolue entre l'idéal et le réel. L'immuabilité du temps et de l'espace s'est elle-même posée, par la conscience, au sein de l'éternité.

Enfin, nous avons vu la raison humaine, la faculté des idées, des exemplaires éternels, résulter d'une suprême alliance entre l'intellectuel et le moral, alliance qu'une tradition émanée de Dieu même conclut au foyer domestique.

Nous savons maintenant quelle distance infinie sé

pare les deux époques de notre intelligence, et comment cette distance est franchie; nous savons aussi pour quelles raisons la pensée d'un si grand nombre d'hommes ne revêt jamais la robe virile : l'humaine intelligence une dans les lois historiques de son développement, est multiple dans l'accomplissement de ces lois. L'histoire de l'intelligence est un drame perpétuel dont le premier acte se passe sur le sein de la

mère.

L'initiation établit de grandes différences entre les hommes... Il reste à connaître ce qui doit en résulter par l'union et par le conflit des intelligences; ce qui doit en résulter pour la société et pour l'homme luimême dans la société.

TROISIÈME PARTIE.

LA TRADITION.

« PrécédentContinuer »