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DES PEINES

DES SECONDES NOCES. Dans lequel on voit de quelle maniere les Peines des fecondes Nôces font obfervées, tant dans les Provinces du Droit écrit, que dans la France coûtumiere, felon les Edits & Ordonnances de nos Rois; & fuivant les différentes Coûtumes du Royaume, avec la Jurifprudence de tous les Parlemens fur la même matiere.

Avec une Table alphabétique de toutes les matieres & questions contenues dans ce Traité.

Par M. PIERRE DUPIN Avocat au Parlement de Bordeaux.

L

Chez

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DENIS MOUCHET, à l'entrée de la Grand'-
Salle du Palais, à la Justice.

DURAND, Libraire, rue S. Jacques, à S. Landry
& au Griffon.

MDCCXLII I.

AVEC APPROBATION ET PRIVILEGE DU RO1.

L

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PREFACE.

A plupart des Auteurs qui ont écrit touchant les Peines des fecondes Nôces, ont rempli leurs Préfaces de déclamations, pour exagérer l'intempérance de ceux qui se remarient, & principalement des Veuves, que l'on blâme d'autant plus qu'on leur oppofe des exemples pris des femmes idolâtres, qui ont préféré d'enfevelir dans le tombeau de leurs maris leurs premieres affections, à tous les attraits que peuvent offrir de nouveaux feux; ce qui doit bien faire honte à nos Veuves nourries & élevées dans une Religion qui devroit leur inspirer des sentimens infiniment plus purs; néanmoins il s'en trouve peu, dit-on, qui imitent ce que Virgile, lib. 4. Æneïd. fait dire à Didon après la mort de fon mari Sichée.

Ille meos primus qui me fibi junxit amores

Abftulit, ille habeat fecum, fervetque fepulchro. D'autres ont dit que Tertullien a réprouvé les secondes Nôces comme contraires à ce qui caractérise le mariage de notre premier pere, Erunt duo in carne una, non tres, nec quatuor, Adam & Eva unis inter fe Nuptiis defuncti funt; ce que Tertul

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lien avoit voulu perfuader à un ami qui avoit perdu fa femme, pour le détourner d'en prendre une autre, lib. Exhortationis ad caftitatem; & dans le livre fuivant de Monogamia, il s'efforce de prouver cette exhortation comme un dogme; mais on a dû s'appercevoir du correctif qui précede ce livre, où l'on avertit que c'est une erreur contraire à la veritable doctrine: Standum eft nobis ab orthodo-. xorum Patrum fententiâ, nec violenta Paulinorum verborum interpretationi ullo modo adhærendum; & plus bas on ajoûte: Scripfit & Tertullianus de Monogamia librum hæreticum, quem Apoftolo contra ire nemo qui Apoftolum legerit, ignorabit; il nous fuffit en un mot que l'Eglife autorise les feconds mariages: inutile encore d'examiner ici pourquoi on ne donne point la bénédiction aux fecondes Nôces. Toutes ces difcuffions ne conduifent à rien par rapport aux Loix civiles. Pour moi j'ai envisagé uniquement l'utilité publique; & confiderant que les fecondes Nôces font approuvées, tout ce qui m'a paru néceffaire pour le bien de la justice, c'est d'expofer dans cet Ouvrage les différentes peines qui accompagnent les fecondes Nôces, afin que chacun puisse être instruit des embarras où il engage fa famille, & où il s'engage luimême, par les conteftations toujours inévitables que produifent les différens mariages. On ne manque point d'Auteurs touchant les Peines des fecondes Nôces; mais on peut avancer qu'ils en ont tous

parlé (pour ainfi dire) à morceaux & par lambeaux. Il y a des Auteurs François qui ont fait des recherches plus curieufes qu'utiles, en parlant de ce qui fe pratique en Mofcovie, en Allemagne & dans plufieurs autres Etats jufqu'aux Provinces Orientales; & qui ne difent prefque rien fur l'ufage du Royaume d'ailleurs, les Arrêts intervenus dans tous les Parlemens, tant fur l'interprétation des Loix Romaines, que de l'Edit des fecondes Nôces. & autres Ordonnances, fe trouvent répandus dans une infinité de livres ; j'ai cru que ce feroit un Ouvrage très-utile de les affembler dans un seul volume. Nous voyons que Barry s'applaudit d'avoir compofé fon Traité des Succeffions, de plufieurs Auteurs, où ces matiéres étoient répandues confufément; il dit, qu'il a eu pour principal motif de foulager l'attention des Magiftrats, des Jurifconfultes & des Avocats qui fréquentent le Barreau. Je puis dire aujourd'hui que j'ai été animé du même zéle, fans pourtant en vouloir retirer aucune gloire. Je me fuis particuliérement attaché aux textes des Loix, & aux Gloses, pour en pénétrer le véritable fens; à concilier les variations qu'on a voulu y trouver, fans faire l'attention nécessaire à la différence des temps où ces Loix ont été promulguées; ensuite j'ai fuivi avec toute l'exactitude poffible la Jurifprudence des Arrêts de tous les Parlemens du Royaume, qui ont jugé prefque toutes les queftions qui ont été controverfées par les an

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