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Christ et l'Église (1), toute pleine de grâces et de suavité, a toujours arraché le peuple chrétien aux plus grandes calamités, aux embûches et aux attaques de tous ses ennemis, et l'a sauvé de la ruine, daignera également. Nous prenant en pitié avec cette immense tendresse qui est l'effusion habituelle de son cœur maternel, écarter de Nous, par son instante et toute-puissante protection auprès de Dieu, les tristes et lamentables infortunes, les cruelles angoisses, les peines et les nécessités dont Nous souffrons; détourner les fléaux du courroux divin, qui Nous affligent à cause de nos péchés ; apaiser et dissiper les effroyables tempêtes de maux dont l'Église est assaillie de toutes parts, à l'immense douleur de Notre âme, et changer enfin Notre deuil en joie. Car vous savez parfaitement, Vénérables Frères, que le fondement de Notre confiance est en la Très-Sainte Vierge; puisque c'est en Elle que Dieu a placé la plénitude de tout bien, de telle sorte que, s'il y a en nous quelque espérance, s'il y a quelque faveur, s'il y a quelque salut, Nous sachions que c'est d'Elle que Nous le recevons....... parce que telle est la volonté de Gelui qui a voulu que nous eussions tout par Marie (2).

En conséquence, Nous avons choisi quelques ecclésiastiques distingués par leur piété, et très-versés dans les études théologiques, et en même temps un certain nombre de Nos Vénérables Frères les Cardinaux de la Sainte Eglise Romaine, illustres par leur vertu, leur religion, leur sagesse, leur prudence et par la science des choses divines, et Nous leur avons donné mission d'examiner avec le plus grand soin, sous tous les rapports, ce grave sujet selon leur prudence et leur doctrine, et de Nous soumettre ensuite leur avis avec toute la maturité possible. En cet état de choses, Nous avons cru devoir suivre les traces illustres de Nos prédécesseurs, et imiter leurs exemples.

C'est pourquoi, Vénérables Frères, Nous vous adressons

(1) S. Bernard, Serm. in cap. x Apocalyps.

(2) S. Bernard, In Natirit. S. Mariæ de Aqueductu.

ces Lettres, par lesquelles Nous excitons vivement votre insigne piété et votre sollicitude épiscopale, et Nous exhortons chacun de Vous, selon sa prudence et son jugement, à ordonner et à faire réciter dans son propre diocèse des prières publiques, pour obtenir que le Père miséricordieux des lumières daigne Nous éclairer de la clarté supérieure de son divin esprit, et Nous inspirer du souffle d'en haut, et que, dans une affaire d'une si grande importance, Nous puissions prendre la résolution qui doit le plus contribuer tant à la gloire de son nom qu'à la louange de la Bienheureuse Vierge Marie, et au profit de l'Eglise militante. Nous souhaitons vivement que Vous Nous fassiez connaître le plus promptement possible de quelle dévotion votre Clergé et le peuple fidèle sont animés envers la Conception de la Vierge Immaculée, et quel est leur désir de voir le Siége Apostolique porter un décret sur cette matière. Nous désirons surtout savoir, Vénérables Frères, quels sont à cet égard les vœux et les sentiments de votre éminente sagesse. Et comme Nous avons déjà accordé au Clergé Romain l'autorisation de réciter un office canonique particulier de la Conception de la Très-Sainte Vierge, composé et imprimé tout récemment, à la place de l'office qui se trouve dans le Bréviaire ordinaire, Nous Vous accordons aussi par les présentes Lettres, Vénérables Frères, la faculté de permettre, si Vous le jugez convenable, à tout le Clergé de votre Diocèse, de réciter librement et licitement. le même office de la Conception de la Très-Sainte Vierge, dont le Clergé Romain fait actuellement usage, sans que Vous ayez à demander cette permission à Nous ou à Notre Sacrée Congrégation des Rites.

Nous ne doutons nullement, Vénérables Frères, que votre singulière piété envers la Très-Sainte Vierge Marie ne Vous fasse obtempérer avec le plus grand soin et le plus vif empressement aux désirs que Nous Vous exprimons, et que Vous ne Vous hâtiez de Nous transmettre en temps opportun les réponses que Nous Vous demandons. En attendant, re.cevez comme gage de toutes les faveurs célestes, et surtout

comme un témoignage de Notre bienveillance envers Vous, la Bénédiction Apostolique que Nous Vous donnons du fond de Notre cœur, à Vous, Vénérables Frères, ainsi qu'à tout le Clergé et tous les fidèles Laïques confiés à votre vigilance.

Donné à Gaëte, le deuxième jour de février de l'année 1849, l'an ш de Notre Pontificat.

Voyez APPNNDICE I.

PIE IX.

DEUXIÈME PARTIE.

LETTRES ET ACTES DES ÉVÊQUES

SUR L'IMMACULÉE CONCEPTION DE LA BIENHEUREUSE VIERGE MARIE.

La plupart de ces Lettres se composent des réponses de l'Épiscopat Catholique à l'Encyclique de Notre Saint-Père le Pape Pie IX, datée de Gaëte, le 2 février 1849.

I. - ABYSSINIE (AFRIQUE ORIENTALE).

Justin DE JACOBIS, évêque de Nicopolis in partibus, vicaire apostolique de l'Abyssinie, répondant à la Lettre Encyclique du 2 février 1849, rapporte qu'il a découvert avec une bien grande joie que les schismatiques et les hérétiques de l'Éthiopie sont presque unanimes à professer que la Bienheureuse Vierge Marie a été conçue entièrement exempte de toute tache originelle. Pour ce qui regarde les catholiques, il dit qu'ils étaient tous dans l'usage de réciter chaque jour cette invocation: O Marie! qui avez été conçue sans tache, daignez intercéder auprès de Dieu pour nous qui vous invoquons.

Il se félicite d'ailleurs d'appartenir à cette Congrégation de la Mission, qui montre le plus grand zèle à développer la dévotion envers l'Immaculée Conception de la très-sainte Vierge, et d'avoir été honoré du pontificat par un Pontife qui fait tant pour la gloire de la Mère de Dieu. Il termine sa lettre en déclarant qu'il croit très-fermement que ces paroles de l'ange à Marie, Vous êtes pleine de grâce, se rapportent à

l'existence tout entière de cette créature privilégiée, sans en excepter le premier moment de sa Conception (1).

On retrouve les mêmes sentiments dans une seconde lettre que ce Prélat écrivit au Saint-Père, sous la date du 24 octobre 1851 (2).

II. - ACERENZA ET MATERA (ROYAUME DE NAPLES).

Antoine DE MACO, archevêque d'Acérenza et de Matera, écrivait au Saint Père, en 1849 « On sait certainement que je suis du nombre des évêques de l'Église Catholique qui ont adressé d'humbles prières à Votre Béatitude, en demandant que le Siége Apostolique portât un jugement et un décret définitif sur l'Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie, afin que les vœux des évêques et des peuples fidèles fussent exaucés et satisfaits... Dans les jours mauvais où nous vivons, la divine Providence a permis que le peuple chrétien, ayant les Pasteurs à sa tête, s'adressât lui-même à la Chaire suprême de Pierre, en suppliant le Souverain Pontife de définir enfin cette question, de rendre la vérité plus marifeste encore par un oracle infaillible, d'annoncer au monde catholique la Conception Immaculée de la Mère de Dieu, qui est aussi notre mère par adoption, et de nous procurer ainsi une joie ineffable (3). »

C'est en 1848 que l'archevêque d'Acérenza avait fait la demande dont il parle dans sa lettre du 9 avril 1849. Voici comment il s'exprimait dans sa première lettre : « La Bienheureuse Marie a-t-elle été exempte de toute tache du péché

(1) Die 24 octobris 1849: PARERI, dell' Episcopato cattolico, etc., vol. II, pag. 249. (2) Datum Abyssiniæ, die 24 octobris 1851 PARERI, etc., vol., IX, app. 1, Fag. 15.

(3) Hac profecto procellosa tempestate (Dei Providentia) permisit, ut supremam Petri cathedrain Christianus populus Pastoribus suis præeuntibus adiret, ut ad hanc finiendam quæstionem summus Pontifex infallibili oraculo veritatem patefaceret, et divinæ Matris intemeratam Conceptionem catholico orbi annunciando, nos ejusdem Deiparæ per gratiam filios ineffabili gaudio afficeret et exhilararet. Acheruntiæ, die 9 aprilis 1849: PARERI, etc., vol. 1, pag. 70.

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