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Le 21 mars 1844, Benoit DENTI, Evêque de Caltagirone, écrivait au Pape Grégoire XVI: « Je déclare humblement à Votre Sainteté que, dans toutes les paroisses de mon petit diocèse, il règne une tendre et fervente dévotion envers la Vierge Immaculée, patronne principale de tout le royaume; qu'on y solennise partout avec une grande pompe intérieure et extérieure, le 8 décembre de chaque année, et qu'on y fait publiquement le vœu de soutenir, même au prix de son sang. le privilége de sa Conception sans tache; vœu qui est d'ailleurs soumis à l'autorité de la Sainte et Apostolique Eglise Romaine. » Ce prélat demandait en conséquence, et en vue d'accroître encore cette dévotion, la faculté d'insérer dans la Préface de la Conception le mot Immaculata, et aux Litanies de Lorette, l'invocation: Reine conçue sans péché; ajoutant que cela entrait dans les désirs empressés des fidèles (1).

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La Liturgie particulière de Montauban nous offre une preuve authentique de la croyance de cette Eglise, touchant l'Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie. Le Bréviaire, imprimé en 1842, par l'ordre de M. Chaudru De Trélissac, annonce l'office de la Conception sous le titre, In festo Immaculate Conceptionis Beatæ Mariæ Virginis, fête de l'Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie.

(1) Caltagirone, 21 marzo 1844 : Pareri, etc., vol. IX, pag. 68.

Aussi, cet office applique à Marie les principaux passages de l'Écriture, sur lesquels s'appuient les Pères pour établir l'insigne prérogative qui distingue la Sainte Vierge des enfants d'Adam, et rapporte à Prime le décret du saint Concile de Trente, qui déclare n'avoir pas eu l'intention de comprendre la Vierge Immaculée dans sa décision sur le péché originel.

M. Doney, le successeur immédiat de M. De Trélissac sur le siége de Montauban, était animé des mêmes sentiments: malgré une indisposition grave, qu'il éprouvait depuis plus d'un an, il se rendit à Rome, afin de pouvoir prendre part aux conférences des Evêques que le Saint-Père avait réunis autour de lui, et assister à la solennité de la proclamation du dogme catholique de l'Immaculée Conception de la Mère de Dieu, proclamation qui était l'objet de ses vœux.

Nous sommes arrivés à la fin de la seconde partie de cet ouvrage. Les Lettres de l'Episcopat catholique, adressées dans ces derniers temps aux Souverains Pontifes, notamment à notre Saint-Père le Pape Pie IX, les témoignages et les actes authentiques d'environ huit cents Évêques de toutes les parties du monde, prouvent et démontrent jusqu'à l'évidence que l'Église universelle croyait, d'une croyance aussi ferme que pieuse, même avant le décret dogmatique du 8 décembre 1854, à l'Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge Marie. Le silence même des Prélats qui n'ont ni répondu aux Lettres Encycliques du 2 février 1849, ni fait connaître d'ailleurs leurs propres sentiments, confirme plutôt cette croyance générale de l'Eglise qu'il ne l'affaiblit. S'ils n'ont pas cru devoir répondre, c'est parce que, sachant très-bien, et même par les Lettres de Sa Sainteté, que Marie était honorée et invoquée comme conçue sans tache, dans toute la chrétienté, ils étaient persuadés que leur silence serait regardé comme une adhésion tacite à tout ce que le Pasteur des Pasteurs croirait devoir décider pour la plus grande gloire de Dieu, pour l'honneur de la Vierge Immaculée et l'utilité de l'Église de Jésus

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Christ. Il en est de ces Evêques comme de ceux qui, étant convoqués à un Concile général, ne s'y rendent point; l'absence de ceux-ci, quelque nombreux qu'ils soient, ne peut amoindrir l'autorité des décrets de cette assemblée, lorsqu'ils ont été approuvés et confirmés par le Pape.

TROISIÈME PARTIE.

PERPÉTUITÉ DE LA CROYANCE DE L'ÉGLISE

TOUCHANT L'IMMACULEE CONCEPTION DE LA VIERGE MARIE.

La croyance de l'Eglise à la Conception pure et sainte de la Glorieuse Vierge Marie, Mère de Dieu, n'est point une croyance nouvelle; elle est aussi ancienne qu'elle est générale, aussi ancienne que le Christianisme. «En effet, comme le dit notre Saint-Père le Pape, la doctrine de l'Immaculée Conception de la Bienheureuse Vierge a toujours existé dans l'Église l'Église, par la très-grave autorité de son sentiment, par son enseignement, par son zèle, sa science et son admirable sagesse, l'a de plus en plus mise en lumière, déclarée, confirmée et propagée d'une manière merveilleuse chez tous les peuples et chez toutes les nations du monde catholique; mais, et de tout temps, elle l'a possédée comme reçue des Anciens et des Pères, et revêtue d'une doctrine révélée. Les plus illustres monuments de l'Église d'Orient et de l'Église d'Occident, les plus vénérables par leur antiquité, en sont un témoignage irrécusable. Toujours attentive à garder et à défendre les dogmes dont elle a reçu le dépôt, l'Eglise de Jésus-Christ n'y change jamais rien; mais portant un regard fidèle, discret et sage, sur les enseignements anciens, elle recueille tout ce que l'antiquité y a mis, tout ce que la foi des Pères y a semé. Elle s'applique à le polir, à en perfectionner la formule, de manière que ces anciens dogmes de la céleste doctrine reçoivent l'évidence, la lumière, la distinction, tout en gardant leur plénitude, leur intégrité, leur caractère propre; en un mot, de façon qu'ils se développent sans changer

de nature, et qu'ils demeurent toujours dans la même vérité, dans le même sens, dans la même pensée (1). »

Or la croyance de l'Immaculée Conception de Marie a existé de tout temps dans l'Eglise; de tout temps l'Église a professé cette croyance d'une manière plus ou moins explicite c'est un fait qu'on ne peut contester. Ni les actes du Saint-Siége et de l'Episcopat, ni les décrets des Conciles et les statuts des Universités, ni les sentiments bien connus des Ordres religieux, ni les écrits des Docteurs, des Saints Pères et des anciens auteurs Ecclésiastiques, ni la piété des fidèles des différents âges envers l'Immaculée Conception de Marie, ni le culte public établi par l'Église à l'honneur de cette trèspure et très-sainte Conception, ne nous permettent de révoquer en doute la croyance stable et constante du peuple chrétien touchant l'insigne privilége qui a préservé la Mère de Dieu de toute tache du péché originel. Avant le décret dogmatique du 8 décembre 1854, de l'aveu de tous, cette croyance était partagée par tous les Évêques de la chrétienté, même par ceux qui n'étaient pas d'avis qu'elle fût présentement érigée en dogme de foi; c'était la croyance de tout le clergé, tant séculier que régulier, la croyance de tous les enfants de l'Eglise, sans distinction d'âge, de rang, de condition. Qu'on y fasse attention, il ne s'agit point ici d'une question abstraite et étrangère à la Religion, mais bien d'un dogme fondé sur la parole de Dieu, consignée soit dans les Livres sacrés, soit dans la Tradition, ou d'une erreur capitale contraire à la Révélation divine. Il s'agissait de savoir si celle que Dieu a préparée de toute éternité pour être la Mère de son Fils, le Sauveur du monde, a été par un privilége unique, mise hors de la loi générale qui enveloppe tous les enfants d'Adam dans une malédiction commune, en leur faisant contracter dans leur conception le péché de notre premier père. Marie a-t-elle été dispensée de cette loi par une grâce spéciale, ou a-t-elle été conçue avec la tache originelle?

(1) Lettres Apostoliques du 8 décembre 1854.

Voyez APPENDICE 1.

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