Images de page
PDF
ePub

Saint, eft celle que Thierri, Abbé de Saint-Tron; JUILLET 1. compofa d'après des traditions populaires vers

l'an 1000. Voyez l'Hift. littér. de la Fr. T. 9. P. 338. le Gallia Chrift. nova, T. 5. p. 9. les pieces publiées par Sollier, un des continuateurs de Bollandus, T. 1. Julii, p. 169. & fur-tout la Chronique manufcrite des Ducs de Brabant, où il eft dit que faint Rumold & faint Gummar de Lire floriffoient fous le regne de Carloman, frere de Charlemagne, lequel mourut en 771.

SAINT THIBAUT,
HERMIT E.

SAINT Thibaut defcendoit de la famille des
Comtes de Champagne. Il eut pour pere le
Comte Arnoul, & naquit à Provins en Brie en
1017. Il reçut au Baptême le nom de Thibaut,
Archevêque de Vienne, fon oncle, qui étoit en
grande vénération pour fes vertus. Dans fa jeu-
neffe, il préferva fon cœur de la corruption du
monde; plus on s'efforçoit de lui infpirer du goût
pour les vanités du fiecle, plus il prenoit de pré-
cautions pour se prémunir contre les pieges qu'on
lui tendoit.

En lifant les Vies des Peres du défert, il fut finguliérement touché des exemples de perfection qu'il y voyoit, & il fe fentit un grand défir de les imiter. Les Vies de faint Jean-Baptifte, de faint Paul Hermite, de faint Antoine & d'Arfene firent fur lui une impreffion finguliere. Il foupiroit fans ceffe après le bonheur qu'ils avoient eu de goûter les douceurs de la folitude, & de converfer continuellement avec Dieu par l'exercice de la priere & de la contemplation. Souvent il vifitoit un

pieux Solitaire, nommé Burchard, qui vivoit dans une petite ifle de la Seine; & il s'effayoit fous fa conduite à la pratique du jeûne, des veilles & des différentes mortifications de la pénitence. Son pere voulut inutilement le retenir dans le monde, en lui propofant des partis avantageux, & des poftes brillants, foit à la Cour, foit dans les armées.

Eudes II, fon parent, Comte de Champagne, de Chartres, de Blois & de Tours, prétendoit fuccéder à Rodophe III, dit le Fainéant, dernier Roi d'Arles, mort le 6 Septembre 1032, en qualité de neveu de ce Prince, étant fils de Berthe fa four. Mais l'Empereur Conrad le Salique s'empara du royaume de Bourgogne, en vertu du teftament du feu Roi (a), Ceci occa

(a) Le royaume d'Arles étoit prirent pendant quelque temps formé de ceux de Provence & la qualité de Rois d'Arles. Deux de la Bourgogne transjurane, d'entre eux furent couronnés en réunis en 930 par le Traité cette qualité dans l'Eglise Méconclu entre Hugues, Roi d'Ita-tropolitaine d'Arles, favoir Frélie, & Rodolphe II, Roi de la déric I,'le 30 Juillet 1178, par Bourgogne transjurane. Le P'Archevêque Raimond de Boroyaume de Provence, érigé en lene, & Charles IV, le 4 Juin 833 par l'Empereur Lothaire, 1365, par l'Archevêque Guilen faveur de Charles, le troi- laume de la Garde; mais l'ausieme de ses fils, contenoit les torité de ces Princes n'a jamais pays renfermés entre laDurance, été bien confidérable dans les les Alpes, la Méditerranée & pays fitués entre les Alpes & le Rhône, avec le Duché de le Rhône; leur éloignement, Lyon. Celui de la Bourgogne leurs démêlés presque contitransjutane, appellé indifférem-nuels avec les Papes contriment par les Hiftoriens, de la buoient à l'affoiblir de jour en Bourgogne fupérieure, de la jour; enfin Charles IV qui, Gaule cifalpine, de la Bourgo immédiatement après le courongne jurane, s'étendoit dans la nement dont nous venons de Suiffe & dans les pays de parler, fe dépouilla en faveur Valais, de Geneve & de Cha-de Louis, Duc d'Anjou, depuis blais; il avoit pris naiffance Roi de Sicile & Comte de Pro pendant les troubles excités vence, de fes droits fur le royau après la mort de Charles le me d'Arles, ne céda après tout

[ocr errors]

Gros, en 888. Les Empereurs, à ce Prince que ce qu'il n'étoit

fucceffeurs de Conrad le Salique,

plus en fon pouvoir de retenir.

[merged small][ocr errors]

1.

fionna une querelle qui eut bientôt allumé le flam JUILLET 1, beau de la guerre. Arnoul chargea fon fils de commander les troupes qu'il envoyoit au fecours de fon parent. Cette commiffion déplut extrêmement à Thibaut; il représenta à fon pere l'obligation où il étoit d'accomplir le vœu qu'il avoit fait d'abandonner le monde ; & il obtint à la fin ce qu'il avoit demandé de la maniere la plus preffante.

Peu de temps après, il s'en alla à l'Abbaye de Saint-Remi de Reims, avec un de fes amis nommé Gautier. Etant arrivés, ils renvoyerent chacun leur domeftique, & partirent fecrétement. Ils échangerent leurs habits contre les haillons de deux mendiants, & fe rendirent à pied en Allemagne. La forêt de Petingen en Souabe leur ayant paru propre à l'exécution de leur deffein, ils s'y arrêterent & s'y conftruifirent des cellules. Ils avoient appris de Burchard, que la vie ascétique exige le travail des mains, & que les anciens Solitaires s'occupoient à faire des nates ou des paniers. Pour y fuppléer, ils alloient dans les villages voifins exercer le métier de manoeuvres fous les maçons, & fe joindre aux ferviteurs des fermiers, afin de partager avec eux des travaux pénibes & dégoûtants. Ils employoient leur falaire à acheter du pain bis, qui faifoit toute leur nourriture. Lorfque la nuit étoit venue, ils fe retiroient dans leur forêt, y chantoient enfemble les louanges de Dieu, & y paffoient un temps confidérable dans l'exercice de la contemplation.

Ils fut aifé de s'appercevoir à leur conduite qu'ils n'étoient point deftinés par leur naissance à vivre du travail de leurs mains. La fainteté de leur vie attiroit auffi fur eux les regards des hommes. Se voyant trahis, ils réfolurent d'abandonner

un

un lieu où il ne leur étoit pas poffible de refter inconnus. Ils firent nu-pieds un pélerinage à JUILLET 1, Compoftelle; après quoi ils reprirent la route d'Allemagne. En paffant par Treves, Thibaut y rencontra fon pere, mais qui ne le reconnut point à la pauvreté de fes habits & à fon visage defléché par les rigueurs de la pénitence. Son cœur reffentit la plus forte émotion à la vue de celui qui lui avoit donné le jour. Il réprima cependant les fentiments de la nature; & pour n'être pas expofé une feconde fois à une pareille épreuve, il entreprit avec fon compagnon un pélerinage à Rome. Les deux Saints allerent toujours nu-pieds. Lorfqu'ils eurent vifité tous les lieux de dévotion qui étoient en Italie, ils fe fixerent dans un défert affreux, nommé Salanigo, près de Vicenze, & s'y bâtirent, du confentement du Seigneur du lieu, chacun une cellule dans le voisinage d'une vieille chapelle qui tomboit en ruines. Là l'exercice de la priere & de la contemplation faifoit leur occupation continuelle. Mais Dieu appella Gautier à lui au bout de deux ans.

Thibaut regarda la mort de fon compagnon comme un avertiffement que Dieu lui donnoit de la promixité de la fienne. Il redoubla donc de ferveur dans tous fes exercices. Il ne vivoit que d'eau, de pain d'avoine & de racines; & il en vint jufqu'à s'interdire absolument l'ufage du pain. Jamais il ne quittoit le cilice. Une planche lui fervoit de lit; & pendant les cinq dernieres an nées de fa vie, il ne dormoit plus qu'affis für un banc. L'Evêque de Vicenze, frappé de fes éminentes vertus, l'éleva au Sacerdoce; après quoi, plufieurs perfonnes de piété lui confierent la conduite de leur confcience.

[blocks in formation]

Son pere & fa mere, qui vivoient encore, JUILLET 1. ayant appris que l'Hermite de Salanigo dont on parloit dans toute l'Europe, étoit ce fils qui par fa fuite leur avoit fait verfer tant de larmes, fe mirent auffi-tôt en route pour l'aller voir. Ils furent fi fortement touchés du spectacle qui s'offrit à leurs yeux, qu'à l'inftant ils se profternerent aux pieds de leur fils, fans pouvoir lui dire un feul mot. Lorsqu'ils furent revenus de leur furprise, ils fe releverent, & la foi triomphant en eux des fentiments de la nature, la joie prit la place de la douleur. Ils fentirent tout-à-coup la vanité du monde, & réfolurent de fe confacrer fans réserve au fervice de Dieu. Le Comte Arnoul fut rappellé en Brie pour fes affaires; mais avant que de partir, il accorda à Gifle fa femme la permiffion qu'elle lui avoit demandée de finir fa vie auprès de fon fils. Thibaut lui fit bâtir une petite cellule à quelque distance de la fienne, & fe chargea du foin de la former à la pratique de la perfection.

Peu de temps après, le Saint fut attaqué de la maladie dont il mourut. Il fouffrit avec une grande patience les douleurs aigues que lui caufoient les ulceres dont fon corps étoit couvert. Sentant approcher fon dernier moment, il envoya chercher Pierre, Abbé de Vangadice, de l'Ordre des: Camaldules, qui lui avoit donné l'habit de Religieux un an, auparavant. Il lui recommanda fa mere & fes difciples; puis, après avoir reçu le faint Viatique, il mourut en paix le 30 Juin 1066, âgé d'environ 33 ans. Il en avoit paffé trois tant en Souabe que dans fes pélerinages, & douze dans le défert de Salanigo. On porta fes Reliques dans l'Eglife qui appartenoit à l'Ab

« PrécédentContinuer »