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baye de Sainte-Colombe de Sens. On les transféra depuis dans une Chapelle qui eft auprès JUILLET 1. d'Auxerre & qui porte le nom de Saint-Thibautaux-bois. Le Serviteur de Dieu fut canonifé par Alexandre III. On l'honore à Sens, à Provins, à Paris, à Auxerré, à Langres, à Toul, à Treves, à Autun, à Beauvais, & à Metz où il y a une Eglife Collégiale de fon nom.

Voyez fa Vie, écrite avec fidélité par un Auteur contemporain.

JUILLET 2.

11. JOUR DE JUILLET. LA VISITATION DE LA SAINTE VIERGE.

SAINT Thomas prouve par l'exemple de JesusChrift, ainfi que par ceux de la Sainte Vierge & des Apôtres, qu'il n'y a point d'état plus parfait que celui où les fonctions de la vie active font fanctifiées par les exercices de la vie contemplative (1). Ceux qui l'ont embraffé, s'emploient au service du prochain, de maniere qu'au milieu des occupations extérieures, ils ne perdent jamais Dieu de vue. Toujours ils ont leur nourriture dans le ciel, comme l'Ange qui accompagnoit Tobie fur la terre. Ils fe difpofent à paroître en public par la pratique du recueillement & de la retraite ; ils parlent peu, & s'exercent au grand art de fe taire à propos; ils defcendent fouvent dans leur intérieur, pour fe connoître parfaitement eux-mêmes, & contractent la fainte habitude d'avoir leur converfation dans le ciel (2). Avec de telles difpofitions, ils peuvent fans crainte fe prêter aux emplois publics; lorfque le devoir, la juftice ou la charité les y appelleront, ils n'auront rien à craindre des pieges du monde, & ils fe fanctifieront dans le commerce des hommes. Nous en avons un bel exemple dans la vifite que la Sainte Vierge rendit à fainte Elizabeth fa coufine. C'eft la remarque de faint François de Sales, qui emprunta de ce myftere le nom qu'il donna

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aux Religieufes dont il étoit le Fondateur, & qui, fuivant leur inftitution primitive, étoient destinées JUILLET 2. à vifiter & à fervir les malades.

Dans le myftere de l'Annonciation, l'Ange Gabriel dit à la Mere de Dieu, qu'Elizabeth fa coufine avoit conçu miraculeufement, & même qu'elle étoit au fixieme mois de fa groffeffe. La Sainte Vierge, par humilité, cacha la dignité furprenante à laquelle l'élevoit l'Incarnation du Verbe dans fon fein; mais tranfportée de joie & de reconnoiffance, elle voulut aller féliciter la mere de Jean-Baptifte. Ce fut le Saint-Esprit qui lui infpira cette réfolution, pour l'accompliffement de fes deffeins fur le Précurfeur du Meffie, qui n'étoit point encore né. Marie partit donc, & s'en alla en diligence au pays des montagnes, en une ville de la Tribu de Juda (a); & étant entrée dans la maifon de Zacharie, elle falua Elizabeth. Elle vifita une Sainte, parce qu'il y a beaucoup à gagner dans la compagnie des ferviteurs de Dieu; leur exemple, leur filence même, éclairent l'efprit & échauffent le cœur. Semblable à la flamme qui s'augmente par le contact des charbons ardents, le feu de la charité s'allume davantage dans une ame fervente, par les vertus & les difcours de ceux qui aiment véritablement Dieu.

Quelles leçons d'humilité la Sainte Vierge ne nous donne-t-elle pas en cette occafion? Elle eft traitée de Mere de Dieu, & placée au-deffus de toutes les créatures. Loin de s'élever, elle n'en devient que plus humble. Elle prévient Elizabeth dans un devoir de charité. Quoi de plus propre à confondre l'orgueil des mondains! Non

(a) Hébron, ville Sacerdotale, fituée à l'Occident de la Tribu de Juda.

contents de ces égards que leur affurent les loix JUILLET 2. de la fubordination, ils banniffent, à force d'exiger, toute liberté du commerce de la vie, & fe rendent infupportables à eux-mêmes & aux autres. Ce qu'il y a de plus déplorable, c'eft que dans leurs converfations & dans leurs vifites, il ne s'agit de rien qui ait trait à la religion, & qu'ils ne cherchent qu'à fatisfaire une vanité ridicule, ou cette diffipation dans laquelle ils vivent continuellement, & qui eft le poison de toute

vertu.

Quand la charité appelle Marie elle n'eft effrayée ni par les dangers, ni par les difficultés d'un voyage long & pénible. L'Écrivain facré remarque qu'elle s'en alla avec diligence, pour exprimer l'ardeur avec laquelle elle s'empreffa de rendre à fa coufine le bon office dont il s'agit. Tel eft le propre de la charité; rien n'eft capable d'arrêter fa ferveur & fon activité. Marie fe hâtoit, fans manquer à la modeftie; elle ne cherchoit point à fe montrer aux yeux du public; la vanité & la curiofité n'entroient point dans fa démarche auffi avoit-elle foin durant le voyage de fuir tout ce qui auroit pu la diftraire & la diffiper. Apprenons de là avec quelle attention nous devons veiller fur nos fens, & de quelle maniere il faut que les Chrétiens fe comportent en voyage

:

Lorsque Marie fut arrivée au terme de fa course, elle entra chez Zacharie, & falua fa parente. Quel bonheur pour cette maifon d'être honorée la premiere de la vifite du Verbe fait chair! De quelle bénédiction fa préfence ne futelle pas fuivie? La Sainte Vierge en fut l'instru ment, parce que Dieu vouloit nous montrer qu'elle eft le canal des graces, & que nous pouvons avec confiance implorer fon interceffion.

A la voix de Marie, l'enfant dont Elizabeth étoit enceinte, fut rempli du Saint-Esprit & fanc- JUILLET 2. tifié dans le fein de fa mere. Il eut par anticipation l'ufage de la raison, & connut par une lumiere furnaturelle quel étoit celui qui venoit le vifiter. Cette connoiffance le pénétra d'une joie fi vive, qu'il en treffaillit dans le fein d'Elizabeth (b). Si les anciens Patriarches goûterent une fi grande confolation en voyant feulement en efprit le jour du Seigneur, plufieurs fiecles avant fa venue, il n'eft pas furprenant que JeanBaptifte ait éprouvé de fi vifs transports en jouiffant de la réalité. On ne peut douter qu'il ne défirât dès-lors d'exercer les fonctions du ministere auquel il étoit deftiné, & d'être en état d'annoncer au monde fon Rédempteur, afin que tous puffent le connoître & l'adorer. Mais qui pour roit exprimer les fentiments de refpect & d'adoration dont il fut lui-même pénétré? Il ne feroit pas plus poffible de comprendre les faveurs dont le Sauveur combla fon ame. Il fut purifié de la tache originelle, rempli de la grace fanctifiante, élevé à la dignité de Prophete, à un rang même fupérieur à cette dignité.

!

En même temps Elizabeth fut auffi remplie du Saint-Efprit; à la faveur d'une lumiere qui lui fut communiquée, elle comprit l'ineffable myftere de l'Incarnation que Dieu avoit opéré dans Marie, quoique celle-ci ne voulût point le découvrir par humilité. Elle s'écria dans les transports de fon

(b) Le mot joie qu'emploie point la fuite d'un mouvement l'Evangéliste en cette occafion, purement naturel, comme quel& le confentement unanime des ques Proteftants l'ont avancé, Peres, montrent évidemment mais le résultat d'un jugement que Jean-Baptifte eut par anti-réfléchi, & l'effet de la joie & cipation Pufage de la raifon.de la piété.

Ainfi fon treffaillement de fut!

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