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C'est une raillerie. On le dit d'une chofe qui ne paroît pas vraisemblable, d'une chofe ridicule, d'une abfurdité. RAILLEUR. Les railleurs font fou vent raillés. Veut dire, qu'on fe moque fouvent de ceux qui vouloient fe moquer des autres. RAIPONCE. Cet homme a mangé.

des raiponces. Se dit, quand il s'eft ruiné à cautionner les autres. Par une mauvaise allufion au mot de réponse. RAIRE. Pour rafer, faire la barbe. Et ce qui plus me désespére, Barbier ne me pouvant plus raire.

SCARON, Poef.

A barbe de fou on apprend à raire. Pour dire, qu'on devient hahile dans fon métier aux dépens & au péril de ceux qui fouffrent qu'on faffe les premiéres expériences fur eux.

Un Barbier rait l'autre. C'està dire, que les gens de même forte s'entr'aident, & fe rendent mutuellement office.

Il ne fe foucie ni des rais, ni des tondus. Ce proverbè eft ori. ginaire de Troyes en Champagne, où il y avoit une famille bourgeoife nommée Rez, qui étoit fi puiffante en biens & en autorité, qu'elle étoit redoutable à tous les autres habitans. Mais l'un d'eux, ennuyé de ce qu'on lui faifoit trop fouvent des menaces de fa part, dit qu'il ne Je foucioit ni des rez ni des tondus: ce qui fut tellement applaudi, qu'il paffa en proverbe tant en cette ville là,qu'ailleurs. RAISIN. Moitié figue, moitié raifin. Signifie, moitié de gré, moitié de force, en partie bien, en partie mal.

RAISINE'. On dit que c'est une mé

chante viande que le raifiné qu'un homme ne veut point tåter du raifiné, quand on le preffe inutilement de réfigner un Bénéfice, ou une Charge, dont il eft pourvu. Par une méchante allufion de raifiné à résigner. RAISON. C'eft la raison que chacun foit mattre en fa maison.

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Il vit felon Dieu & Raifon. Se dit d'un homme de bien.

Quand on fe rend au fentiment d'une perfonné qu'on témoigne mépriser, on dit ironiquement, la bête a raison.

On dit d'un coq-à-l'âne, d'un galimathias, qu'il n'y a ni rime ni raison.

Où force domine, raison n'a point de lieu.

Comme de raifon. Pour dire, comme il eft jufte qu'on faffe.

Faire raifon. C'eft lorsqu'une perfonne a bu un verre de vin à la fanté d'un de la compagnie, on boit en revanche auffi à la fienne, pour témoigner la reconnoiffance qu'on a de fa civilité. Je veux lorfqu'il m'aura fait raison, que la coupe lui demeure. ABLANC. Luc. p. 2. RAISONNER. Raifonner pantoufle, raifonner comme un cheval de caroffe. C'est-à-dire, raifonner de travers. RALLUMER. Au propre, c'eft allumer de nouveau une chofe qui étoit éteinte. On s'en fert au figuré, pour dire,exciter de-nouveau, recommencer, renflammer. Rallumer la guerre. ABLANC. Tacite. Sa beauté a rallumé mes vieux ans. VOITURE, Poef.

Il faut que de l'amour notre ame foit remplie,

Et Dieu, fourd à nos cris, s'il ne l'y trouve pas,

Ne l'y rallume plus après notre trépas. DESPREaux.

Se

Se rallumer. S'enflammer denouveau, recommencer à fentir de nouveaux feux, & un noùvel amour. Sa femme lui tenant au cœur, fon amour fe ralluma incontinent, par le dégoût des autres. VAUGELAS, Q. Curce 1. 8. C. 3... RAMASSER. Il n'y a tel feftin que de gueux, quand toutes leurs bribes font ramaffées.

Cette chofe ne vaut pas le ramaffer. Signifie, qu'elle ne mérite pas que l'on y fonge. RAME. J'aimerais autant être à la rame, tirer à la rame. Se dit, lorfqu'on eft dans une fervitude fâcheufe, ou qu'on eft appliqué à un travail fort pénible RAMENER. On dit qu'on a bien ramené quelqu'un. Pour dire qu'on l'a querellé, contredit,rabroué fur quelque chofe qu'il avoit dite mal à propos.

RAMENTEVOIR. Pour rappeller à la mémoire, fe reffouvenir, re. paffer dans fon souvenir, rafraîchir ou renouveller le fouvenir. Ne ramentevons rien, & réparons l'offenfe.

MOLIERE, Dépit amour. RAMER. Il s'y entend comme à ramer des choux. Se dit de celui qui ne fait pas faire une befogne, RAMPER. Au propre, fe dit des infectes, & fignifie, fe traîner fur le ventre terre à terre. Ce mot fe dit au figuré de l'esprit & des pensées. Il veut dire,s'abaiffer. Les défirs & les pensées doivent s'élever aux Cieux, & ne ramper jamais fur la Terre. SAR

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Rancune à part. On le dit, lorfque n'étant pas bien avec quelqu'un, & ayant néanmoins un intérêt commun avec lui, on oublie de part & d'autre pour un tems les fujets de chagrin qu'on peut avoir l'un contre l'autre.

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Rancune tenant. Se dit d'une réconciliation fimulée. RANDON. A grande randon. De toute fa force, en hâte, vite, avec précipitation,en diligence. Votre Enée avec ma Didon S'enfuiront de grande randon. SCARON, Virg. trav. RANG. Mettre une chofe au rang des péchés oubliés. C'eft-à-dire, ne s'en plus fouvenir.

Se mettre en rang d'oignon ou être en rang d'oignon. Signifie, prendre place parmi les autres dans une affemblée, dans une cérémonie. Il fe dit auffi affez fouvent de celui qui y prend une place qu'il ne devroit pas prendre.

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Rang. Au propre, ce mot fignifie ordre. Au figuré, il eft mis pour place d'honneur & de dignité. Elevation où eft une perfonne à cause de sa naissance, de fa charge, ou de fes éminentes qualités. Maintenir fon rang, & défendre fa dignité. PATRU, Plaid. 5.

Du refte des mortels ce baut rang vous sépare.

RACINE, la Thébaïde. Lorfque dans un baut rang on a l'beur de paroître,

Tout ce qu'on fait est toujours bel & bon:

Et fuivant ce qu'on peut être,
Les chofes changent de nom.
MOLIERE.

Rang. Ce mot entre encore dans quelques façons de parler figurées. Rome fut faccagée, juf qués à ce que Mucien & Marcellus vinrent fur les rangs.ABLANC. Tacite 1. 2. c. 42. C'est-à-dire, vinrent à paroître dans le monde avec crédit, & dans la faveur. Un jeune Génevois qui ne paroiffoit point fur les rangs, fit reluire

beaucoup d'or aux yeux de fa mé re. SCARON, Nouv. Il commença d'entrer fur les rangs. C'est-àdire, il commença à paroître dans le monde. ABLANC. Luc. t. 2.

RANGER. Au propre, mettre de

rang, mettre en ordre. On s'en fert au figuré, pour fignifier, réduire, mettre une perfonne à fon devoir, à la raison. Ne vous anettez point en peine, je la rangerai bien. MOLIERE, Malad. /imag. A&t. 1, Sc. 6.

Se ranger. Se foumettre, fe mettre. Ils vinrent au-devant de lui fe ranger fous fon obéiffance. VAUGELAS,Q Curce, l. 1. c. 10.

Je me range du parti de Ma

dame. MOLIERE. RANIMER. Au propre, redonner la vie. Au figuré, il fignifie, exciter, animer, enflammer. Se dit encore de tout ce qui donne une nouvelle vigueur. Cela ne faifoit que redoubler l'ardeur des affaillans, & ranimer leur cou rage par l'espérance du butin, ABLANC. Tacite, l. 3. 6.4.

On dit encore, ranimer le teint. C'eft-à-dire, donner au teint des couleurs plus vives. RAPATRIAGE. Paix, réconciliation, racommodement.

Quelque petit rapatriage. MOLIERE, Amphitrion. RAPATRIER. Pour faire la paix, s'accorder, s'appaifer, fe rappaifer, fe réconcilier avec quelqu'un.

Je fuis rapatrié, ce me semble, avec toi.

HAUTER. Nobl. de Prov. RAPE. Donner de la rape douce.

Pour dire, flater un peu. RAPELLER. Au propre, faire revenir, envoyer un ordre de retourner. On employe ce mot au

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figuré. Rapeller à la vie. C'eft dans le ftile foutenu, faire revenir à la vie.

Rapeller un bomme à fon devoir. C'eft, le faire rentrer dans fon devoir.

Rapeller, Faire revenir, faire repaffer par l'efprit, ou par la mémoire. I rapelloit en leur efprit le fouvenir de ceux qui avoient été chaffés. ABLANC. Tacite, l. 12. Quand je rapelle en ma mémoire les occupations de ma plus tendre jeunesse. PATRU, Oraif. pour le Poëte Archias.

Rapeller fes efprits. Se donner le tems de faire réflexion, de reprendre fes forces. Pendant qu'il s'occupoit à faire l'épitaphe du défunt, il rapelloit fes efprits.

Rapeller. Se dit dans le ftile familier, d'un vin excellent, & qui excite à boire. Ce vin rapelle fon buveur, RAPETASSER. Pour racommoder. Polifant les nouveaux, les vieux rapetaflant.

REGNIER, Sat. 15. RAPIERE. Grande épée longue, vieille épée à l'Efpagnole & á l'antique, épée de Breteur.

Qui prétend avec vous exerser la rapiére.

HAUTER. Amant qui trompe. C'est à faire en tout cas à ⚫rendre la rapiére.

SCAR. Fod. mattre & val. RAPPORT. Če font les vignes de la Courtille, belle montre, & peu de rapport. C'est-à-dire, qu'une chofe n'a que l'apparence d'être bonne, & qu'elle eft d'une médiocre utilité. RAPSODIE. Amas confus de toute forte de fottifes, galimatias, af femblage defagréable. Grands Dieux! Homére, en quel état font les Héros de tes rapfodies.

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ABLANC. Lucien. Le réveiller par des rapfodies, ou l'amuser par de petits jeux. Théat. Ital. Arleq.Mif. RAQUEDENAZE. Pour avare, vilain, ou pincemaille. Vous en aurez, Monfieur le raquedenaze. Hift. de FRANCION. RAQUETTE. C'est un grand caffeur de raquettes. Se dit, pour fe moquer d'un homme qui fe vante de plufieurs chofes qu'il n'a pas faites. RARETE'. Pour la rareté du fait. Signifie, pour la fingularité de la chose.

RASSASIER. On dit à celui qui ne mange point à une bonne table, qu'il est bien raffafié de la grace de Dieu.

RASIBUS. Pour tout ras, tout proche, tout net.

Car la porte le prit rafibus à l'oreille.

POISSON, Baron de la Craffe. RAT. Pour fantaisie, vertige, caprice, pensée fantafque & bizarre, boutade.

Etoit prêt à figner, lorsqu'il lui prend un rat.

LE GRAND, Comédie. La montagne eft accouchée d'un rat. Pour dire, qu'il eft venu un petit effet d'une grande at

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A bon chat bon rat. Se dit, en parlant de celui qui fe fait bien défendre, quand on l'attaque.

On dit qu'une arme à feu a pris un rat, lorfque le chien s'eft abattu, & que l'arme n'a pas pris feu. On le dit auffi de celui qui a manqué un coup, en quelque autre forte d'affaires.

Quand une perfonne eft de fort petite taille, on dit qu'elle n'eft pas plus haute qu'un rat.

Rat de cave. C'eft un Commis aux Aides, qui va dans les cabarets marquer les tonneaux avec la rouanne pour empêcher la fraude: c'eft à caufe de cela qu'on les appelle rats de cave, parce que le principal office de leur emploi eft de vifiter les caves. Fe ferois dans la fuite un Confeiller du Roi, Rat de cave, ou Commis.DANCOURT, Le Joueur. Il faut fe rendre efclave, Tantôt d'un Receveur, tantôt d'un Rat de cave.

CORNEILLE, Partifan dupé. Etre comme un rat en paille. Maniére de parler figurée, pour dire, être à fon aife, à bouche que veux-tu, n'avoir faute de rien, vivre content, avoir fes commodités.

Avec vous je faifois gogaille, Et j'étais comme un rat en paille.

SCAR. Virg. trav. I. 6.

Se moquer des rats. Maniére de parler, fignifie autant que fe moquer du qu'en-dira-t-on, fe mo quer de l'inconftance de la fortune. Oui, j'aurai la toison, c'est l'ordre du deftin, je me moque des rats. Théat. Ital. Arleq. Fafon.

Prendre des rats par la queue. Maniére de parler, pour dire, couper des bourfes, filouter.

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Avantur. de D'ASSOUCY.

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Avoir des rats. Se dit en France d'une perfonne qui eft éveillée, réjouie, qui fait des plaifanteries. Signifie avoir l'efprit folâtre, drolle, bouffon, étourdi, avoir un grain de folie, être léger, efcarbillard, étourdi, poliffon. On peut dire à une perfonne qu'elle a des rats fans craindre de la choquer. C'est une maniére de parler familiére, & avoir des rats, c'eft le plus fouvent une marque d'efprit. RATACONICULER. Pour baifer paffer fur le ventre, le faire, le inettre. Et fi perfonne ne les blame de fe faire rataconiculer ainfi Jur leur groffeffe. RABEL. 1. 1. RATE. S'épanouir la rate. C'est-àdire, fe réjouir.

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Vous avez bon foye, Dieu vous fauve la rate. Se dit ironiquement à ceux qui tiennent quelque difcours ridicule & peu vraisemblable.

RATELEE. Dire fa ratelée. C'est dire à fon tour librement ce qu'on fait, tout ce qu'on penfe de quelque chofe. RATELIER. On appelle deux rangées de dents bien complettes, un beau ratelier: foit pour dire qu'elles mangent bien, fait pour dire qu'elles font belles.

Mettre le ratelier trop haut à quelqu'un. C'eft-à-dire, lui rendre une chofe, une affaire fi dificile, qu'il n'y pourra réuffir qu'avec bien de la peine.

Manger à plus d'un ratelier. Signifie, tirer du profit de plufieurs endroits différens. RATIER. Signifie un homme folâtre, éveillé, de bonne humeur, qui a de bonnes faillies, qui eft réjouiffant, & qui fait cent petits tours agréables.

RA

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