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le quatrième, le troisième, enfin le second qui décrit le plus lentement son orbite.

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Sur les genoux de la Nécessité, roule le fuseau mystérieux. A la cime de chaque cercle est assise une Sirène qui l'accompagne dans l'immensité, et qui ne varie point le ton de sa voix; mais de ces huit voix mélodieuses, il se forme de célestes accords. A des distances égales, règnent sur un trône les trois filles de la Nécessité, les Parques, vêtues de blanc, la tête ceinte d'une couronne. Elles chantent, en s'unissant aux concerts des Sirènes, Lachésis le passé, Clotho le présent, Atropos l'avenir. Elles agitent toutes les trois à leur tour le fuseau de leur mère: Clotho, de la main droite, en touche l'extérieur par intervalles; Atropos, de la gauche, en presse les cercles intérieurs; et Lachésis, avec les deux mains, le fait mouvoir tout entier.

A peine arrivés, il fallut nous présenter devant Lachesis. D'abord un hiérophante nous range autour d'elle; ensuite il prend sur les genoux de la Parque les sorts qu'elle lui donne, les destinées de l'autre vie, et nous parle ainsi du haut d'un tribunal: Ecoutez les paroles de Lachésis, fille de la Nécessité. Ames nées d'hier, principes d'un autre monde qui doit mourir et qui meurt, on ne vous assignera pas votre Génie ? c'est vous qui le choisirez vous-mêmes. O toi qui vas recevoir le premier sort, fais le premier ce choix irrévocable. La vertu n'est à personne; et selon qu'on la désire ou qu'on la néglige, elle donne ou garde ses faveurs. Viens, mais n'accuse que toi, n'accuse pas

παρ ̓ αὑτὸν πεσόντα ἕκαστον ἀναιρεῖσθαι, πλὴν οὗ ὲ δὲ οὐκ ἐᾷν· τῷ δὲ ἀνελομένῳ δῆλον εἶναι, ὁπόστος εἴληφε.

Μετὰ δὲ τοῦτο αὖθις τὰ τῶν βίων παραδείγματα εἰς τὸ πρόσθεν σφῶν θεῖναι ἐπὶ τὴν γῆν, πολὺ πλείω τῶν παρόντων. Εἶναι δὲ παντοδαπά· ζώων τε γὰρ πάντων βίους, καὶ δὴ καὶ τοὺς ἀνθρωπίνους ἅπαντας. Τυραννί δας τε γὰρ ἐν αὐτοῖς εἶναι τὰς μὲν διατελεῖς, τὰς δὲ καὶ μεταξύ διαφθειρομένας, καὶ εἰς πενίας τε καὶ φυγὰς καὶ εἰς πτωχείας τελευτώσας. Εἶναι δὲ καὶ δοκίμων ἀνδρῶν βίους, τοὺς μὲν ἐπὶ εἴδεσι, καὶ κατὰ κάλλη, καὶ τὴν ἄλλην ἰσχύν τε καὶ ἀγωνίαν· τοὺς δ ̓ ἐπὶ γένεσι καὶ προγόνων ἀρεταῖς, καὶ εὐδοκίμων κατὰ ταῦτα. Ὡσαύτως δὲ καὶ γυναικῶν· ψυχῆς δὲ τάξιν οὐκ ἐνεῖναι, διὰ τὸ ἀναγκαίως ἔχειν, ἄλλον ἑλομένην βίον, ἀλλοίαν γίγνεσθαι. Τὰ δ ̓ ἄλλα ἀλλήλοις τε καὶ πλούτοις καὶ πενίαις, τὰ δὲ νόσοις, τὰ δὲ ὑγιείαις μεμίχθαι, τὰ δὲ καὶ μέσον

τούτων.

Ἔνθα δὴ, ὡς ἔοικεν, ὁ πᾶς κίνδυνος ἀνθρώπῳ· καὶ διὰ ταῦτα μάλιστα ἐπιμελητέον, ὅπως ἕκαστος ἡμῶν, τῶν ἄλλων μαθημάτων αμελήσας, τούτου τοῦ μαθήματος καὶ ζητητὴς καὶ μαθητὴς ἔσται· ἐάν ποθεν οἷός τ ̓ ἢ μαθεῖν καὶ ἐξευρεῖν, τίς αὐτὸν ποιήσει δυνατὸν καὶ ἐπισ στήμονα, βίον καὶ χρηστὸν καὶ πονηρὸν διαγιγνώσκοντα, τὸν βελτίω ἐκ τῶν δυνατῶν ἀεὶ πανταχοῦ αἱρεῖσθαι· ἀναλογιζόμενον πάντα τὰ νῦν δὴ ῥηθέντα καὶ ξυντιθέ μενα ἀλλήλοις καὶ διαιρούμενα πρὸς ἀρετὴν βίου πῶς ἔχει· καὶ εἰδέναι, τί κάλλος πενίᾳ ἡ πλούτῳ κραθέν,

ton Dieu. Il dit, et répand les sorts au milieu de nous: chacun saisit le sien, excepté moi; la voix sacrée me l'avait défendu. Mais l'ordre des autres fut réglé.

Le ministre étala ensuite devant nos yeux toutes les destinées de la vie, en plus grand nombre que nous n'étions. Il y avait mille existences différentes pour les hommes et tous les êtres qui respirent. On distinguait des tyrannies perpétuelles, et de ces tyrannies d'un moment, qui finissent par l'indigence, l'exil et l'abandon. L'illustration se montrait sous plusieurs faces; on pouvait choisir la beauté, l'art de plaire, les combats, la victoire, ou la naissance et de nobles ancêtres. Les femmes ont aussi leur partage; mais le rang particulier des âmes n'est pas encore fixé, parce qu'il doit changer suivant leurs vœux. Des mélanges de richesse et de pauvreté, de santé et de maladie, enfin les états intermédiaires étaient offerts à leur choix.

Voilà donc le moment fatal ! Que chacun de nous y songe, et qu'il laisse toutes les vaines études, qu'il ne se livre qu'à la science qui fait le sort de l'homme. Cherchons un maître qui nous apprenne à discerner la bonne et la mauvaise destinée

choisir tout le bien que le ciel nous abandonne. Examinons avec lui quelles situations humaines, séparées ou réunies, conduisent aux bonnes actions; si la beauté, par exemple, jointe à la pauvreté ou à la richesse, ou à telle disposition de l'àme, doit produire la vertu ou le vice; de quel avantage peu

PENSÉES DE PLATON.

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καὶ μετὰ ποίας τινὸς ψυχῆς ἕξεως, κακὸν ἢ ἀγαθὸν ἐργάζεται, καὶ τί εὐγένειαι καὶ δυσγένειαι, καὶ ἰδιωτεῖαι καὶ ἀρχαί, καὶ ἰσχύες καὶ ἀσθένειαι, καὶ εὐμαθίαι καὶ δυσμαθίαι, καὶ πάντα τὰ τοιαῦτα τῶν φύσει περὶ ψυχὴν ὄντων καὶ τῶν ἐπικτήτων, τί ξυγκεραννύμενα πρὸς ἄλ ληλα ἐργάζεται. Ὥστε ἐξ ἁπάντων αὐτῶν δυνατὸν εἶναι ξυλλογισάμενον αἱρεῖσθαι, πρὸς τὴν τῆς ψυχῆς φύσιν ἀποβλέποντα, τόν τε χείρω καὶ τὸν ἀμείνω βίον, χείρω μὲν καλοῦντα, ὃς αὐτὴν ἐκεῖσε ἄξει εἰς τὸ ἀδικωτέραν γίγνεσθαι, ἀμείνω δὲ, ὅςτις εἰς τὸ δικαιοτέραν· τὰ δὲ ἄλλα πάντα χαίρειν ἐᾷν. Ἑωράκαμεν γὰρ, ὅτι ζῶντί τε καὶ τελευτήσαντι αὕτη κρατίστη αἵρεσις. Αδαμαν τίνως δεῖ δὴ ταύτην τὴν δόξαν ἔχοντα εἰς ᾅδου ἰέναι, ὅπως ἂν ἦ καὶ ἐκεῖ ἀνέκπληκτος ὑπὸ πλούτων τε καὶ τῶν τοιούτων κακῶν, καὶ μὴ ἐμπεσὼν εἰς τυραννίδας καὶ ἄλλας τοιαύτας πράξεις, πολλὰ μὲν ἐργάσηται καὶ ἀνήκεστα κακὰ, ἔτι δὲ αὐτὸς μείζω πάθῃ· ἀλλὰ γνῷ τὸν μέσον ἀεὶ τῶν τοιούτων βίον αἱρεῖσθαι, καὶ φεύγεῖν τὰ ὑπερβάλλοντα ἑκατέρωσε, καὶ ἐν τῷδε τῷ βίῳ κατὰ τὸ δυνατὸν, καὶ ἐν παντὶ τῷ ἔπειτα· οὕτω γὰρ εὐδαι μονέστατος γίγνεται ἄνθρωπος.

Καὶ δὴ οὖν καὶ τότε ὁ ἐκεῖθεν ἄγγελος ἤγγελλε, τὸν μὲν προφήτην οὕτως εἰπεῖν· Καὶ τελευταίῳ ἐπιόντι, ξὺν νῷ ἑλομένῳ, ξυντόνως ζῶντι, κεῖται βίος ἀγαπητός, οὐ κακός· μήτε ὁ ἄρχων αἱρέσεως ἀμελείτω, μήτε ὁ τελευ τῶν ἀθυμείτω.

Εἰπόντος δὲ ταῦτα, τὸν πρῶτον λαχόντα ἔφη εὐθὺς ἐπιόντα τὴν μεγίστην τυραννίδα ἑλέσθαι, καὶ ὑπὸ ἀφρο

vent être une naissance brillante ou commune, la vie privée ou publique, la force ou la faiblesse, l'instruction ou l'ignorance, enfin tout ce que l'homme reçoit de la nature, et tout ce qu'il tient de luimême. Eclairés par la conscience, décidons quel lot notre âme doit préférer. Oui, le pire des destins est celui qui la rendrait injuste, et le meilleur, celui qui la formera sans cesse à la vertu; tout le reste n'est rien pour nous. Irions-nous oublier qu'il n'y a point de choix plus salutaire après la mort comme pendant la vie? Ah! que ce dogme sacré s'identifie pour jamais avec notre âme, qu'il nous suive dans un autre monde, qu'il nous y conserve inaccessibles à l'admiration du vulgaire pour les richesses et les autres misères de l'homme et, comme nous ne ferons jamais servir la tyrannie et les crimes aux tourmens de nos semblables, nous ne souffrirons pas nous-mêmes encore plus; et nous saurons, en choisissant un sage milieu, rassembler contre les excès toutes nos forces morales, soit dans le temps, soit dans l'éternité; et nous trouverons ainsi le bonheur.

L'hiérophante, continua le messager du monde invisible, prononçait encore ces paroles: Qui que tu sois qui choisiras le dernier, pour peu que la sagesse règle ton choix et ta vie, ne crains pas un partage · inégal. Loin du premier l'erreur funeste; mais loin de toi le désespoir.

Alors celui que le sort nommait le premier, se hâta de saisir la destinée du tyran le plus absolu :

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