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Et ceux-ci :

Prends cette pomme d'or, qui roule devant toí:
Que ce gage amoureux te rende moins cruelle......
Et si tes yeux encor se détournent de moi,
Songe que tes beaux jours se flétriront comme elle.

Ou en faisant parler le fruit même :

L'Amour m'envoie ; écoute enfin l'Amour.
Je suis de tes attraits une image fidelle;
Tu brilles comme moi d'une beauté nouvelle,
Et moi, je ne brille qu'un jour.

Joignez-y l'épitaphe pour les Erétriens prisonniers :

Suse est notre tombeau; citoyens d'Erétrie,
Devions-nous expirer si loin de la patrie?

Ces vers:

Muses, disait Cypris, adorez ma puissance,

Ou j'arme mon fils contre vous.

Va, répond Uranie, on craint

peu sa vengeance;

Ses ailes tombent devant nous.

Et l'épigramme:

Un homme en se pendant fait tomber un trésor,
Laisse la corde, et va le prendre ;

L'avare à son retour ne trouvant plus son or,

Trouve la corde, et va se pendre.

Il est étrange, disait Molon, autre ennemi du philosophe, non de voir Denys à Corinthe, mais d'avoir vu Platon en Sicile. Nous pouvons croire que Xénophon ne l'aimait pas non plus; et cette rivalité leur a fait composer à tous deux un Ban

quet, une Apologie de Socrate, des Mémoires de morale; à l'un la République, à l'autre la Cyropédie. Platon, dans ses Lois, traite ce dernier ouvrage de fiction, et n'y reconnaît point Cyrus. Enfin, quoiqu'ils s'occupent l'un et l'autre de Socrate, ils ne se citent nulle part, excepté Xénophon qui nomme une fois son riyal au troisième livre de ses Mémoires.

Antisthène, qui devait lire un ouvrage, invite Platon à cette lecture. Quel en est le sujet, demande-t-il? — Je prouve qu'il n'y a point de contradiction. Pourquoi donc le prouvez-vous? — Antisthène vit bien qu'on pouvait contredire, et il écrivit contre Platon un dialogue, intitulé Sathon: depuis ce jour, ils ne cessèrent point d'être ennemis.

Lorsque Platon lut à Socrate son Lysis, Bons dieux, s'écria Socrate, que de choses ce jeune homme me fait dire! On n'ignore pas, en effet, qu'il prête à son maître bien des discours qu'il n'a jamais tenus.

Il n'aimait pas Aristippe, et il semble lui reprocher dans son traité de l'Ame de ne s'être pas trouvé à la mort de Socrate, quoiqu'il fût à Egine, si proche d'Athènes. Il conservait aussi quelque jalousie contre Eschine, qui avait obtenu, dit-on, la faveur de Denys: lorsque la pauvreté le força de se rendre en Sicile, il fut mal vu de Platon, et protégé d'Aristippe. Suivant Idoménée, les conseils de Criton, qui offre à Socrate dans sa prison les moyens de s'échapper, lui furent donnés par Eschine; mais Platon en fait honneur à un autre, et son inimitié

le rend injuste. Il ne rappelle même le souvenir dans le Phédon et dans l'Apologie.

d'Eschine que Le style de Platon, dit Aristote, tient le milieu entre la prose et la poésie. Aristote, au rapport de Favorinus, le jour où Platon lut son dialogue sur l'Ame, resta seul à l'écouter, quand tous les autres étaient déjà partis.

On dit que Philippe l'Opontien transcrivit le livre. des Lois; qui n'était encore que sur la cire; c'est à lui qu'on attribue l'Epinomis.

Euphorion et Panétius rapportent que l'exorde de la République a été plusieurs fois changé; et Aristoxène, qu'on retrouve l'ouvrage presque entier dans le Pour et le Contre de Protagoras.

On croit que Platon a commencé par le Phèdre; le sujet même est d'un jeune homme, et Dicéarque trouve de la prétention dans le style.

Platon faisait des reproches à un joueur de dés; comme celui-ci disait que c'était pour peu de chose : Est-ce donc, reprit-il, peu de chose que l'habitude?

Croyez-vous, lui demandait-on, que votre nom doive être immortel comme ceux de vos prédécesseurs? Il faut d'abord avoir un nom, répondit-il, et nous verrons le reste. Il dit une fois à Xénocrate qui venait le voir: Je vous prie de fustiger cet esclave; je ne le puis, car je suis en colère. Et une autre fois, à un esclave: Va, sans ma colère, je t'aurais déjà châtié. Il descendit un jour de cheval en s'écriant: J'ai yraiment peur d'être trop fier. Il conseillait aux gens ivres de se regarder dans un miroir, pour se guérir de cette

hideuse faiblesse ; et il ne tolérait l'ivresse que dans les fêtes où l'on célèbre le dieu du vin. — Il n'approuvait pas le long sommeil; aussi dit-il dans ses Lois: Un dormeur n'est bon à rien. La vérité, répétait-il souvent, est pour moi ce qu'il y a de plus agréable à entendre; ou bien aussi, de plus agréable à dire. Et dans ses Lois : La vérité, ô mon ami, est une beauté qui ne se flétrit jamais; comment ne peut-on la faire aimer?

Il eut toujours le désir de vivre après sa mort, ou dans ses écrits, ou dans le cœur des hommes; et l'on prétend qu'il voyagea beaucoup pour être plus

connu.

Nous avons parlé de sa mort: elle arriva, dit Favorinus, livre III de ses Mémoires, la treizième année du règne de Philippe, qui, suivant Théopompe, lui avait déjà fait des menaces. Myronianus, livre des Semblables, cite un proverbe de Philon, qui donnerait à croire que Platon mourut de la maladie pédiculaire. Il fut enseveli dans l'Académie, où depuis long-temps ses disciples venaient l'entendre, et d'où sa secte prit le nom d'Académique. Tous les Athéniens suivirent ses funérailles.

TESTAMENT DE PLATON.

Platon laisse et lègue ce qui suit: La métairie des Héphestiades, bornée au nord par le chemin qui vient du temple et de la bourgade du Céphise, au midi par le temple d'Hercule des Héphestiades, à l'orient par les terres d'Archestrate de Phréar, à

l'occident par celles de Philippe de Chollides; je défends de la vendre ou de l'aliéner, mais je la donne en toute propriété au fils de mon frère Adimante, ainsi que la métairie des Erœades, que j'ai achetée de Callimaque, et qui a pour voisins, au nord, Eurymédon de Myrrhinonte, au midi, Démostrate de Xypété, à l'orient, le même Eurymédon, et à l'occident, le Céphise; trois mines en argent; un vase d'argent qui pèse cent soixantecinq drachmes, une coupe qui en pèse quarantecinq; une bague d'or, et des pendants d'oreille d'or, pesant ensemble quatre drachmes et trois oboles. Euclide, le tailleur de pierres, me doit trois mines. J'affranchis Diane; je laisse quatre esclaves, Tychon, Bictas, Apolloniade, Denys; enfin, le mobilier dont l'inventaire est entre les mains de Démétrius. Je ne dois rien à personne. Curateurs, Sosthène, Speusippe, Démétrius, Hégias, Eurymédon, Callimaque, Thrasippe.

Tel fut son testament. Je finis crits sur sa tombe.

par

des vers ins

Dans cette urne repose un mortel inspiré,
Dont la vertu brûlante échauffa le génie;
C'est le fils d'Ariston, qui du monde admiré
Devant sa gloire a fait taire l'envie.

Ou bien,

Ici dorment en paix les restes de Platon,

Son âme est dans l'Olympe; aux plus lointains rivages
Tous les cœurs vertueux ont honoré son nom :

Le dieu sourit à leurs hommages.

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