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voient dans les lois que les instrumens et les appuis de leur autorité. Quiconque violent leurs décrets, est puni comme injuste par leur législateur, d'après sa justice de convention. Et voilà ce qu'on ose appeler la véritable, l'éternelle justice! Cette définition est un crime envers les peuples.

Lorsque nous avons recherché les principes de l'autorité parmi les hommes, nous avons reconnu celle des pères sur leurs enfans, des vieux sur les jeunes, des braves sur les lâches; nous avons signalé bien des prétentions qui se contrarient, et enfin, cé droit originel que Pindare nomme la justice du plus fort. A qui donc livrer le soin de l'Etat ? Choisissons nous-mêmes; car il est arrivé mille fois que les guerres intestines pour l'empire ont fini par l'esclavage. Le plus fort domine, fait de la chose publique sa propriété, et ne laisse pas même une ombre de pouvoir aux vaincus ni à leurs descendans, comme s'il craignait sans cesse qu'un homme, investi de quelque charge, ne se levât avec le souvenir des maux de la patrie. Je ne donnerai jamais à cette inquiète surveillance le nom de gouvernement, ni le nom de lois à des actes qui ne seront pas dans l'intérêt du corps entier des citoyens. Une faction est-elle un gouvernement? des actes illégitimes sont ils des lois ?

Pour être gouvernés, nous ne confierons l'autorité dans notre République ni à la richesse, ni à aucun autre avantage extérieur, comme la force, la haute taille ou la naissance; mais celui-là seul qui aura

εἴη, καὶ νικᾷ ταύτην τὴν νίκην ἐν τῇ πόλει, τούτῳ φαμέν καὶ τὴν τῶν θεῶν ὑπηρεσίαν δοτέον εἶναι τὴν μεγίστην τῷ πρώτῳ, καὶ δευτέραν τῷ τὰ δεύτερα κρατοῦντι· καὶ κατὰ λόγον οὕτω τοῖς ἐφεξῆς τὰ μετὰ ταῦθ ̓ ἕκαστα ἀπο δοτέον εἶναι. Τοὺς δ ̓ ἄρχοντας λεγομένους νῦν, ὑπηρέτας τοῖς νόμοις ἐκάλεσα, οὔτι καινοτομίας ὀνομάτων ἕνεκα· ἀλλ ̓ ἡγοῦμαι παντὸς μᾶλλον εἶναι παρὰ τοῦτο σωτηρίαν τε πόλει, καὶ τοὐναντίον. Ἐν ᾗ μὲν γὰρ ἂν ἀρχόμενος ῇ καὶ ἄκυρος νόμος, φθορὰν ὁρῶ τῇ τοιαύτῃ ἑτοίμην ο σαν· ἐν ᾗ δὲ ἂν δεσπότης τῶν ἀρχόντων, οἱ δὲ ἄρχοντες δοῦλοι τοῦ νόμου, σωτηρίαν, καὶ πάνθ ̓, ὅσα θεοὶ πόλε σιν ἔδοσαν, ἀγαθὰ γιγνόμενα καθορῶ.

DE LEGIBUS, IV.

PRIMI HOMINES.

Ἦν ποτέ χρόνος, ὅτε θεοὶ μὲν ἦσαν, θνητὰ δὲ γένη οὐκ ἦν. Ἐπειδὴ δὲ καὶ τούτοις χρόνος ἦλθεν εἰμαρμένος γενέσεως, τυποῦσιν αὐτὰ θεοὶ γῆς ἔνδον, ἐκ γῆς καὶ πυρὸς μίξαντες, καὶ τῶν ὅσα πυρὶ καὶ γῇ κεράννυται. Ἐπειδὴ δ ̓ ἄγειν αὐτὰ πρὸς φῶς ἔμελλον, προσέταξαν Προμηθεῖ καὶ Ἐπιμηθεῖ κοσμῆσαί τε καὶ νεῖμαι δυνάμεις ἑκάστοις ὡς πρέπει.

Προμηθέα δὲ παραιτεῖται Ἐπιμηθεὺς αὐτὸς νεῖμαι Νείμαντος δέ μου, ἔφη, ἐπίσκεψαι. Καὶ οὕτω πείσας,

vaincu tous les autres par sa fidèle obéissance aux lois établies, méritera d'occuper la première place autrefois remplie par les dieux; le meilleur citoyen après lui deviendra le second ministre de leurs lois, et toutes les autres dignités seront ainsi mesurées sur la vertu. J'appelle les magistrats ministres des lois, non pour innover, mais pour faire entendre que c'est de là surtout que dépend le salut ou la ruine des Etats. Lorsque les peuples laissent enchaîner et mattriser la loi, je vois leur perte prochaine; lorsque la loi commande, et que les maîtres des hommes sont ses esclaves, je vois les dieux faire descendre encore sur les hommes leur force tutélaire, et tous les biens qu'ils prodiguèrent jadis aux nations.

LOIS, LIV. IV.

LES HOMMES DE PROMÉTHÉE.

Les dieux régnaient: aucun des êtres mortels ne vi

vait encore. Enfin, au temps où le destin marquait leur naissance, les dieux, voulant les former dans le sein de la terre, mêlèrent ensemble de la terre, du feu, et les autres principes du monde. Le jour où ils devaient les conduire à la lumière, ils chargèrent Prométhée et son frère Épiméthée de donnerà chacun de ces êtres nouveaux les attributs et les facultés de sa nature.

O mon frère, dit Epiméthée, laisse-moi faire ce partage : tu viendras voir si j'ai réussi. Et, de l'aveu

νέμει· νέμων δὲ, τοῖς μὲν ἰσχὺν ἄνευ τάχους προσῆπτε, τοὺς δ ̓ ἀσθενεστέρους τάχει ἐκόσμει· τοὺς δὲ ὥπλιζε, τοῖς δ ̓ ἄοπλον διδοὺς φύσιν, ἄλλην τιν αὐτ τοῖς ἐμηχανᾶτο δύναμιν εἰς σωτηρίαν· ἃ μὲν γὰρ αὐτ τῶν σμικρότητι ἤμπισχε, πτηνόν φυγὴν ἢ κατάγειον οἴκησιν ἔνεμεν· ὁ δὲ τυξε μεγέθει, τῷδε αὐτῷ αὐτὰ ἔσωζε. Καὶ τἄλλα οὕτως ἐπανισῶν ἔνεμε· ταῦτα δὲ ἐμηχανᾶτο, εὐλάβειαν ἔχων μή τι γένος ἀϊστωθείη. Ἐπειδὴ δὲ αὐτοῖς ἀλληλοφθοριῶν διαφυγὰς ἐπήρκεσε, πρὸς τὰς ἐκ Διὸς ὥρας εὐμαρείαν ἐμηχανᾶτο, ἀμφιεν νὺς αὐτὰ πυκναῖς τε θριξὶ καὶ στεροῖς δέρμασιν, ἱκα νοῖς μὲν ἀμῦναι χειμῶνα, δυνατοῖς δὲ καὶ καύματα, καὶ εἰς εὐνὰς ἰοῦσιν ὅπως ὑπάρχοι τὰ αὐτὰ ταῦτα στρωμνὴ οἰκεία τε καὶ αὐτοφυὴς ἑκάστῳ· καὶ ὑπὸ πόδων, τὰ μὲν ὁπλαῖς, τὰ δὲ πριξὶ καὶ δέρμασι στερεοῖς καὶ ἀναίμοις. Τοὐντεῦθεν τροφὰς ἄλλοις ἄλλας ἐξεπό ρίζε· τοῖς μὲν, ἐκ γῆς βοτάνην, ἄλλοις δὲ, δένδρων καρπούς, τοῖς δὲ, ῥίζας. Ἔστι δ ̓ οἷς ἔδωκεν εἶναι τροφὴν, ζώων ἄλλων βοράν· καὶ τοῖς μὲν ὀλιγογονίαν προσῆψε, τοῖς δ ̓ ἀναλισκομένοις ὑπὸ τούτων πολυγονίαν, σωτηρίαν τῷ γένει πορίζων. Ἅτε δὴ οὖν οὐ πάνυ τοι σοφὸς ὢν ὁ Ἐπιμηθεὺς, ἔλαθεν αὑτὸν καταναλών σας τὰς δυνάμεις εἰς τὰ ἄλογα· λοιπὸν δὴ ἔτι ακόσμη τον αὐτῷ ἦν τὸ τῶν ἀνθρώπων γένος· καὶ ἠπόρει ὅ τι χρήσαιτο.

Ἀποροῦντι δὲ αὐτῷ ἔρχεται Προμηθεὺς ἐπισκεψόμενος τὴν νομήν. Καὶ ὁρᾷ τὰ μὲν ἄλλα ζῶα ἐμμελῶς πάντων ἔχοντα· τὸν δ ̓ ἄνθρωπον, γυμνόν τε καὶ ἀνυπόδητον καὶ ἄστρωτον καὶ ἄοπλον. Ηδη δὲ καὶ ἡ εἰμαρμένη ἡμέρα

de Prométhée, il donne aux uns la force sans vitesse, il compense chez les autres la faiblesse par l'agilité; il arme ceux-ci, et réserve à ceux qui n'ont point d'armes quelque autre moyen de salut : les plus petis reçoivent un vol rapide, ou une demeure souterraine; les plus grands auront leur grandeur même pour se défendre. Ainsi fut réglée la destinée de tous avec une justice égale, et le ministre des dieux prît garde qu'aucune espèce d'animaux ne pût s'anéantir. Mais c'était peu de les avoir préservés d'une destruction mutuelle, il fallait les faire vivre sous le ciel que Jupiter allait leur donner: il les revêtit donc d'un poil épais, d'une peau solide, rem, parts naturels contre le froid et la chaleur, tissus délicats, toujours prêts à protéger leur sommeil; et sous leurs pieds, il mit ou une corne impénétrable, ou des soies plus fermes, ou une peau dure et insensible. Des nourritures différentes leur furent assignées, aux uns l'herbe de la terre aux autres les fruits des arbres, à d'autres des racines, à quelquesuns même la chair et le sang: mais ceux-là multiplièrent peu, et les animaux, leurs victimes, eurent en partage la fécondité, qui pouvait seule conserver leur espèce, Epiméthée, par imprudence, ne s'apercevait pas qu'il épuisait ainsi tous les dons de la nature en faveur des êtres sans raison; et quand il en fut à pourvoir la race humaine, il ne lui resta rien.

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Comme il cherchait encore, Prométhée vint cxanimer son ouvrage. Il trouve les animaux habilement partagés; mais il voit l'homme nu, abandonné à luimême, les pieds et les mains sans armes. Et cepen

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