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Et cependant ne puis-je pas dire, suivant l'expression d'Eschyle, tout ce qui me vient à la bouche? Oui, j'oserais vous représenter les bêtes plus libres ici qu'ailleurs, et vous me croiriez peut-être ; j'oserais vous y faire voir les petites chiennes prenant les airs de leurs maîtresses, comme dit le proverbe, et les chevaux, les ânes même, accoutumés à une démarche orgueilleuse et libre, heurtant ceux qu'ils rencontrent, si l'on ne cède le passage. En un mot, partout la liberté. Mais que va faire ce peuple avec de tels principes? Combien il doit être soupçonneux! quelle indignation, quelle fureur à la plus légère ombre de sujétion! Hélas! vous le savez, il vient un temps où les lois divines et humaines ne lui paraissent plus qu'un joug insupportable: Point de maître, s'écrie-t-on, point de tyran!

Eh bien, de ce gouvernement si beau, si fier, naîtra le tyran. Les fléaux qui ont renversé la constitution oligarchique, multipliés et accrus par la licence de l'Etat populaire, lui préparent l'esclavage; car tout excès amène volontiers l'excès contraire dans les saisons, dans les végétaux, dans nos corps, et surtout dans les empires. Il est donc naturel que pour la société comme pour les individus, à trop de liberté succède trop de contrainte, et qu'après la démocratie vienne le despotisme, après l'abus de l'indépendance, l'excès de la servitude.

Mais quels fléaux, en corrompant d'abord l'oligarchie et ensuite le règne du peuple, font naître

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ται αὐτήν ; Ἐκεῖνο τοίνυν ἔλεγον τὸ τῶν ἀργῶν τε καὶ δαπανηρῶν ἀνδρῶν γένος, τὸ μὲν ἀνδρειότατον ἡγούμενον αὐτῶν, τὸ δ ̓ ἀνανδρότατον ἑπόμενον· οὓς δὴ ἀφομοιοῦμεν κηφῆσι, τοὺς μὲν κέντρα ἔχουσι, τοὺς δ ̓ ἀκέντροις.Τούτω τοίνυν ταράττετον ἐν πάσῃ πολιτείᾳ ἐγγιγνομένω, οἷον περὶ σῶμα φλέγμα τε καὶ χολή. ᾗ δὴ καὶ δεῖ τὸν ἀγαθὸν ἰατρόν τε καὶ νομοθέτην πόλεως, μὴ ἧττον ἢ σοφὸν μελι τουργὸν, πόῤῥωθεν εὐλαβεῖσθαι, μάλιστα μὲν, ὅπως μὴ ἐγγένησθον, ἂν δὲ ἐγγένησθον, ὅπως ὅτι τάχιστα ξὺν αὐτοῖσι τοῖς κηρίοις ἐκτετμῆσθον.

Ὧδε τοίνυν λάβωμεν, ἵν ̓ εὐκρινέστερον ἴδωμεν ὃ βουλόμεθα· τριχῆ διαστησώμεθα τῷ λόγῳ δημοκρατουμένην πόλιν, ὥσπερ οὖν καὶ ἔχει. Εν μὲν γάρ που τὸ τοιοῦτον γένος ἐν αὐτῇ ἐμφύεται δι ̓ ἐξουσίαν οὐκ ἔλαττον, ἢ ἐν τῇ ὀλιγαρχουμένῃ· πολὺ δέ γε δριμύτερον ἐν ταύτῃ, ἢ ἐν ἐκείνῃ. Ἐκεῖ μὲν διὰ τὸ μὴ ἔντιμον εἶναι, ἀλλ ̓ ἀπελαύνεσθαι τῶν ἀρχῶν, ἀγύμναστον καὶ οὐκ ἐῤῥωμένον γί γνεται· ἐν δημοκρατίᾳ δὲ, τοῦτό που τὸ προεστὼς αὐτῆς, ἐκτὸς ὀλίγων· καὶ τὸ μὲν δριμύτατον αὐτοῦ λέγει τε καὶ πράττει, τὸ δ ̓ ἄλλο περὶ τὰ βήματα προσίζον βομβεῖ τε καὶ οὐκ ἀνέχεταί του ἄλλα λέγοντος· ὥςτε πάντα ὑπὸ στοῦ τοιούτου διοικεῖται ἐν τῇ τοιαύτη πολιτεία χωρίς · τινων ὀλίγων.

Ἄλλοι τοίνυν τοιόνδε ἀεὶ ἀποκρίνεται ἐκ τοῦ πλήθους · χρηματιζομένων που πάντων, οἳ, κοσμιώτατοι φύσει, ὡς τὸ πολὺ πλουσιώτατοι γίγνονται. Πλεῖστον δή, οἷ ·· μαι, τοῖς κηφῆσι μέλι καὶ εὐπορώτατον ἐντεῦθεν βλύτ · τει. Πῶς γὰρ ἂν παρά γε τῶν σμικρὸν ἐχόντων τις

/ le pouvoir absolu ? J'entends par la ces amis de la paresse et du luxe, les uns braves et qui commandent, les autres lâches et qui les suivent; frêlons également nuisibles, qu'ils aient ou qu'ils n'aient point d'aiguillon. C'est le phlegme, c'est la bile impure qui ravagent le corps de l'homme. Le législateur, en habile médecin de l'Etat, prendra donc les mêmes soins que le sage propriétaire d'abeilles, pour que la ruche n'en soit pas infestée, ou, s'ils y pénètrent, pour les détruire au plus tôt avec leur asyle empoisonné.

Nous suivrons mieux toute cette révolution, en séparant dans notre pensée, d'après la réalité même, les trois classes dont la démocratie se compose. La première, née de l'impunité, est cette race de factieux, plus nombreuse que dans l'oligarchie, et beaucoup plus turbulente. Là, elle rampait dans le mépris, loin des charges, sans occasion de s'exercer ou de s'accroître : ici, à un petit nombre près, elle gouverne; les plus ardens parlent ou agissent, et les autres, en bourdonnant sans cesse autour de la tribune, font taire les gens de bien. Presque tout leur obéit.

et

Il y a encore une autre classe distincte de la multitude, celle des premiers citoyens, qui, à un meilleur caractère, joint ordinairement la richesse fournit le plus facilement une ample moisson de miel aux déprédateurs. Ces tributaires compensent les

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βλίσειε ; Πλούσιοι δὴ, οἶμαι, οἱ τοιοῦτοι καλοῦνται κ φήνων βοτάνη.

Δῆμος δ ̓ ἂν εἴη τρίτον γένος, ὅσοι αὐτουργοί τε καὶ ἀπράγμονες, οὐ πάνυ πολλὰ κεκτημένοι· ὃ δὴ πλεῖστον τε καὶ κυριώτατον ἐν δημοκρατίᾳ, ὅταν περ ἀθροισθῇ. Ἔστι γάρ· ἀλλ ̓ οὐ θαμὰ ἐθέλει ποιεῖν τοῦτο, ἐὰν μὴ μέλιτός τι μεταλαμβάνη. Οὐκοῦν μεταλαμβάνει ἀεὶ, και θόσον δύνανται οἱ προεστῶτες, τοὺς ἔχοντας τὴν οὐσίαν ἀφαιρούμενοι, διανέμοντες τῷ δήμῳ, τὸ πλεῖστον αὐτοὶ ἔχειν.

Αναγκάζονται δή, οἶμαι, ἀμύνεσθαι λέγοντές τε ἐν τῷ δήμῳ καὶ πράττοντες, ὅπη δύνανται, οὗτοι, ὧν ἀφαιροῦνται. Αἰτίαν δὴ ἔσχον ὑπὸ τῶν ἑτέρων, κἂν μὴ ἐπιθυμῶσι νεωτερίζειν, ὡς ἐπιβουλεύουσι τῷ δήμῳ καί εἰσιν ὀλιγαρχικοί. Οὐκοῦν καὶ τελευτῶντες, ἐπειδὰν ὁρῶσι τὸν δῆμον οὐχ ἑκόντα, ἀλλ ̓ ἀγνοήσαντά τε καὶ ἐξαπατηθέντα ὑπὸ τῶν διαβαλόντων, ἐπιχειροῦντα σφᾶς ἀδικεῖν· τότ ̓ ἤδη, εἴτε βούλονται, εἴτε μή, ὡς ἀληθῶς ὀλιγαρχικοί γίγνονται, οὐχ ἑκόντες· ἀλλὰ καὶ τοῦτο τὸ κακὸν ἐκεῖνος ὁ κηφὴν ἐντίκτει κεντῶν αὐτούς. Εἰσ αγγελίαι δὴ καὶ κρίσεις καὶ ἀγῶνες περὶ ἀλλήλων γίγνονται. Οὐκοῦν ἕνα τινὰ ἀεὶ ὁ δῆμος εἴωθε διαφερόντως προΐστασθαι ἑαυτοῦ, καὶ τοῦτον τρέφειν τε καὶ αὔξειν μέγαν. Τοῦτο μὲν ἄρα δῆλον ὅτι, ὅταν περ φύηται τύραννος, ἐκ προστατικῆς ῥίζης καὶ οὐκ ἄλλοθεν ἐκβλαστάνει.

Τίς ἀρχὴ οὖν μεταβολῆς ἐκ προστάτου ἐπὶ τύραννον ; ἢ δῆλον ὅτι, ἐπειδὰν ταυτὸν ἄρξηται δρᾶν ὁ προστάτης

faibles tributs des pauvres. On les nomme l'herbe 291 aux frêlons.

Enfin vient le peuple, composé de mercenaires qui laissent à d'autres l'autorité. Ils ne sont point riches; mais une fois assemblés, ils forment dans la démocratie le corps le plus nombreux et le plus puissant de l'Etat. Comme ils ne s'assemblent guère, à moins qu'un peu de miel ne les attire, les démagogues leur en distribuent, à force de piller les riches; mais point de partage, si le meilleur lot n'est pour eux.

Cependant les riches se soulèvent; plaintes devant le peuple, tentatives de défense, ils n'oublient rien contre les ravisseurs. Alors, quoiqu'ils n'aient jamais désiré les révolutions, ils sont accusés par eux d'attenter au salut du peuple et de ramener l'oligarchie. Le peuple indifférent, mais dont une adroite calomnie abuse l'ignorance, va peut-être les condamner; et il faut bien, même sans ambition, qu'ils opposent un pouvoir oligarchique à leurs persécuteurs : la faute en est au frêlon dangereux, dont l'aiguillon les a provoqués. De là les dénonciations, les jugemens, les combats entre tous les partis. Le peuple, suivant l'usage, choisit un protecteur, dont il augmente les biens et la puissance; et si jamais il s'élève un tyran, on le doit à la tige fatale des protecteurs du peuple.

Mais comment le tyran succède-t-il au protecteur? Rappelez-vous ce temple du mont Lycée, où les

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