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nourrir par tous les moyens de la violence, lui et son affreuse escorte, cette foule de passions tumultueuses, les unes étrangères et qui viennent d'une société empoisonnée, les autres nées avec le cœur même et qui doivent à une vie coupable leur essor et leur liberté.

Si, dans un Etat tranquille et sage, il se trouve quelques-uns de ces hommes pernicieux, ils iront se faire les satellites d'un tyran voisin, ou se mettre à la solde d'une autre nation; mais pour peu qu'ils restent dans le sein paisible de leur patrie, ils y introduiront le vol, les larcins domestiques, le brigandage, les trahisons, les assassinats, les sacriléges, et s'ils sont éloquens, les calomnies, les faux témoignages, les dépositions mercenaires. Cependant tous ces maux ne sont rien; non, pour la honte et les souffrances d'un peuple, ils ne sont rien en comparaison de la tyrannie.

Dès que ces mauvais citoyens et leurs partisans deviennent plus nombreux, dès qu'ils sentent leur prépondérance, voilà les hommes qui, secondés par l'aveuglement populaire, font un tyran de celui d'entre eux que les plus fortes et les plus cruelles passions tyrannisent. En effet, il convient le mieux au sort qu'on lui donne. Alors il faut céder; ou, si l'Etat résiste, ce même homme, qui n'a pas craint de frapper son père et sa mère, ne craindra pas de frapper indignement son autre mère, sa patrie; de jeunes complices attendent ses ordres, et la patrie

ψει· καὶ τοῦτο δὴ τὸ τέλος ἂν εἴη τῆς ἐπιθυμίας τοῦ τοιούτου ἀνδρός.

Οὐκοῦν οὗτοί γε τοιόνδε γίγνονται ἰδίᾳ, καὶ πρὶν ἄρχειν· πρῶτον μὲν, οἷς ἂν ξυνῶσιν, ἢ κόλαξιν ἑαυτῶν ξυν όντες καὶ πᾶν ἑτοίμοις ὑπηρετεῖν, ἢ, ἐάν πού τι δέωνται, αὐτοὶ ὑποπεσόντες, πάντα τὰ σχήματα τολμῶντες ποιεῖν ὡς οἰκεῖοι, διαπραξάμενοι δὲ, ἀλλότριοι· ἐν παντὶ ἄρα τῷ βίῳ ζῶσι φίλοι μὲν οὐδέποτε οὐδενὶ, ἀεὶ δέ του δεσπόζοντες ἢ δουλεύοντες ἄλλῳ· ἐλευθερίας δὲ καὶ φι λίας ἀληθοῦς τυραννικὴ φύσις ἀεὶ ἄγευστος· ἆρ ̓ οὖν οὐκ ὀρθῶς ἂν τοὺς τοιούτους ἀπίστους καλοῖμεν, καὶ μὴν ἀδί κους γε, ὡς οἷόν τε μάλιστα ; Κεφαλαιωσώμεθα τοίνυν τὸν κάκιστον· ἔστι δέ που, οἷον ὄναρ διήλθομεν, ὃς ἂν ὕπαρ τοιοῦτος ᾖ. Οὐκοῦν οὗτος γίγνεται, ὃς ἂν, τυραννικώτατος φύσει ὢν, μοναρχήσῃ· καὶ ὅσῳ ἂν πλείω χρόνον ἐν τυραννίδι βιῷ, τοσούτῳ μᾶλλον τοιοῦτος.

Ἆρ ̓ οὖν, ὃς ἂν φαίνεται πονηρότατος, καὶ ἀθλιώτατος φανήσεται; καὶ ὃς ἂν πλεῖστον χρόνον καὶ μάλιστα τυραν νεύσῃ, μάλιστά τε καὶ πλεῖστον χρόνον τοιοῦτος γεγονὼς τῇ ἀληθείᾳ; τοῖς δὲ πολλοῖς πολλὰ δοκεῖ. Ἄλλο τι οὖν ἔγε τυραννικὸς κατὰ τὴν τυραννουμένην πόλιν ἂν εἴη ὁμοιότητι, δημοκρατικὸς δὲ κατὰ τὴν δημοκρατουμένην, καὶ οἱ ἄλλοι οὕτω; Οὔκουν, ὅ τι πόλις πρὸς πόλιν ἀρετῇ καὶ εὐδαιμομίᾳ, τοῦτο ἀνὴρ πρὸς ἄνδρα; Τί οὖν ἄρα ἡ τυ ραννουμένη πόλις πρὸς βασιλευομένην; Πᾶν τούναντίον· ἡ μὲν γὰρ ἀρίστη, ἡ δὲ κακίστη. — Οὐκ ἐρήσομαι ὁποτέραν λέγεις· δῆλον γάρ· ἀλλ ̓ εὐδαιμονίας αὖ καὶ ἀθλιότητος ὡσαύτως, ἢ ἄλλως κρίνεις; Καὶ μὴ ἐκπλητ

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gémissante est enchaînée par ses enfans: tel fut toujours le désir de l'ambitieux.

Il est vrai que ces hommes se font assez connaître, même avant de régner: sans cesse environnés d'une troupe servile, dont rien n'effraie la basse complaisance; prêts à ramper eux-mêmes, à prendre toutes les formes du dévouement quand ils sollicitent, pour les quitter quand ils obtiennent; forcés d'être toujours maîtres ou esclaves, sans avoir un ami, et de traîner une vie pénible loin de la vraie liberté comme de l'amitié véritable; ils n'ont dans que des perfidies et des crimes. Mais si nous voulons voir le coupable tout entier, mettons-le sur le trône. Qu'un homme, tyran par caractère, devienne souverain; et plus il régnera, plus il sera tyran.

l'âme

Est-il heureux avec son impitoyable autorité? A mesure qu'il l'étend et qu'il en abuse, il augmente en effet ses tourmens; on a tort de croire à son bonheur. La nation même qu'il opprime n'est-elle pas l'image de l'homme tyrannique, comme la démocratie nous représente le républicain? Il en est ainsi des autres gouvernemens selon qu'ils sont heureux et justes, l'homme a plus ou moins de bonheur et de vertu. Comparons donc l'Etat despotique à la monarchie. Il ne s'agit pas de savoir, puisqu'on ne peut en douter, lequel des deux Etats est le meilleur, mais si le meilleur est le plus heureux. Et ne nous laissons pas

τώμεθα πρὸς τὸν τύραννον ἕνα ὄντα βλέποντες, μηδ ̓ εἴ τινες ὀλίγοι περὶ ἐκεῖνον· ἀλλ ̓, ὡς χρή, ὅλην τὴν πόλιν εἰσελθόντες θέασασθαι, καταδύντες εἰς ἅπασαν, καὶ ἰδόντες, οὕτω δόξαν ἀποφαινώμεθα. Καὶ δῆλον παντί, ὅτι τυραννουμένης μὲν οὐκ ἔστιν ἀθλιωτέρα, βασιλευομένης δὲ οὐκ εὐδαιμονεστέρα.

Ἆρ' οὖν καὶ περὶ τῶν ἀνδρῶν τὰ αὐτὰ ταῦτα προκα λούμενος, ὀρθῶς ἂν προκαλοίμην, ἀξιῶν κρίνειν περὶ αὐτῶν ἐκεῖνον, ὃς ἂν δύνηται τῇ διανοίᾳ εἰς ἀνδρὸς ἦθος ἐνδὺς διϊδεῖν, καὶ μὴ, καθάπερ παῖς, ἔξωθεν ὁρῶν ἐκ πλήττηται ὑπὸ τῆς τῶν τυραννικῶν προστάσεως, ἣν πρὸς τοὺς ἔξω σχηματίζεται, ἀλλ ̓ ἱκανως διορᾷ· εἰ οὖν οἰοίμην δεῖν ἐκείνου πάντας ἡμᾶς ἀκούειν τοῦ δυνατοῦ μὲν κρῖ ναι, ξυνωκηκότος δὲ ἐν τῷ αὐτῷ καὶ παραγεγονότος ἔν τε ταῖς κατ' οἰκίαν πράξεσιν, ὡς πρὸς ἑκάστους τοὺς οἰκείους ἔχει, ἐν οἷς μάλιστά τις γυμνὸς ἂν ὀφθείη τῆς τραγικῆς σκευῆς, καὶ ἐν αὖ τοῖς δημοσίοις κινδύνοις· καὶ ταῦτα πάντα ἰδόντα κελεύοιμεν ἐξαγγέλλειν, πῶς ἔχει εὐδαι · μονίας καὶ ἀθλιότητος ὁ τύραννος πρὸς τοὺς ἄλλους; Βούλει οὖν, προσποιησώμεθα ἡμεῖς εἶναι τῶν δυνατῶν ἂν κρῖναι καὶ ἤδη ἐντυχόντων τοιούτοις, ἵνα ἔχωμεν, ὅς τις ἀποκρινεῖται ἃ ἐρωτῶμεν ;

Ιθι δή μοι, ὧδε σκόπει· τὴν ὁμοιότητα ἀναμιμνησκό μενος τῆς τε πόλεως καὶ τοῦ ἀνδρὸς, οὕτω καθ ̓ ἕκαστον ἐν μέρει ἀθρῶν, τὰ παθήματα ἑκατέρου λέγε. Πρῶτον μὲν, ὡς πόλιν εἰπεῖν, ἐλευθέραν ἢ δούλην τὴν τυραννουμέ νην ἐρεῖς; Ὡς οἷόν τε μάλιστα δούλην. Καὶ μὴν ὁρᾷς γε ἐν αὐτῇ δεσπότας καὶ ἐλευθέρους. Ὁρῶ σμικρόν γέ τι τοῦτο·

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éblouir par le magnifique appareil du tyran et de sa cour interrogeons tout son empire; que rien ne nous échappe; c'est d'après nos yeux qu'il faut juger. Il est clair que nous verrons toutes les calamités sous la tyrannie, et le bonheur sous la royauté.

Ne soyons pas moins scrupuleux pour juger l'homme lui-même; n'en croyons que la parole de l'observateur dont l'oeil pénétrant sait voir jusqu'au fond de l'âme, et qui, sans s'arrêter comme un enfant aux vains dehors, ose examiner l'homme à travers ce nuage de faste et d'orgueil où il voudrait se cacher. O philosophe qui que tu sois, dont le sort fut de vivre avec un tyran, et qui peux nous instruire de sa destinée; toi qui l'as étudié de près, et dans les crises politiques, et surtout dans l'ombre de sa vie privée, où tu l'as vu dépouillé de ses habits de théâtre; dis-nous ce que tu penses du bonheur qu'on trouve au despotisme? Mais nous-mêmes, supposons que c'est à nous de juger, que nous avons vu de tels hommes, et que nous pouvons répondre.

Alors, suivant notre règle, que tout gouvernement n'est que l'image d'un caractère, commençons par chercher les rapports du caractère tyrannique et du peuple qu'un tyran gouverne. Et d'abord, ce peuple est-il libre ou asservi? Il est asservi comme le dernier des esclaves : si vous en exceptez quel

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