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Non seulement la raison l'exige, mais encore la vérité qui mérite aussi qu'on la respecte: car s'il est certain, comme je le pense, que le mensonge, inutile aux dieux, est quelquefois pour les hommes un remède utile, c'est aux médecins des peuples à l'employer; tout autre pourrait s'y méprendre. Ainsi les magistrats ont le droit d'abuser l'ennemi ou les citoyens pour le bien de l'Etat; mais c'est un droit exclusif, et l'homme privé qui voudrait les tromper eux-mêmes serait aussi coupable que le malade et le jeune élève du gymnase, qui prétendraient tromper le médecin et le gymnasiarque, sur leur disposition physique, ou le matelot qui dissimulerait au pilote l'état du navire et les manœuvres de l'équipage. Tout homme reconnu men

teur,

Philosophe, artisan, interprète des dieux,

sera donc puni comme un mauvais citoyen, dont la perfidie criminelle deviendrait funeste au vaisseau de la patrie.

Les défenseurs de notre République doivent encore être élevés dans la sagesse : elle consiste, pour tous et pour chacun, à suivre les ordres de ses maîtres, et à se maîtriser soi-même. Nous approuverons donc le passage où Homère fait ainsi parler Diomède :

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Respecte Agamemnon, obéis sans murmuré.

Καὶ τὰ τούτων ἐχόμενα, τά,

Ἴσαν μένεα πνείοντες Αχαιοί,

Σιγῇ δειδιότες σημάντορας.

Καὶ ὅσα ἄλλα τοιαῦτα. Τί δέ; τὰ τοιάδε,

Οινοβαρές, κυνὸς ὄμματ ̓ ἔχων, κραδίην δ ̓ ἐλάφοιο,

καὶ τὰ τούτων ἑξῆς, ἄρα καλῶς, καὶ ὅσα ἄλλα τὶς ἐν λόγῳ ἢ ἐν ποιήσει εἴρηκε νεανιεύματα ἰδιωτῶν εἰς ἄρχοντας; Οὐ γὰρ, οἶμαι, εἴς γε σωφροσύνην νέοις ἐπιτή δεία ἀκούειν· εἰ δέ τινα ἄλλην ἡδονὴν παρέχεται, θαν μαστὸν οὐδέν. Τί δέ; ποιεῖν ἄνδρα τὸν σοφώτατον λέγοντα, ὡς δοκεῖ αὐτῷ κάλλιστον εἶναι πάντων, ὅταν

παραπλεῖαι ὦσι τράπεζαι

Σίτου καὶ κρειῶν, μέθυ δ ̓ ἐκ κρητῆρος ἀφύσσων

Οινοχόος φορέησι καὶ ἐγχείη δεπάεσσι,

δοκεῖ σοι ἐπιτήδειον εἶναι πρὸς ἐγκράτειαν ἑαυτοῦ ἀκούειν νέῳ; ἢ τό,

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Λιμῷ δ ̓ οἴκτιστον θανέειν καὶ πότμον ἐπισπεῖν;

* Δία, καθευδόντων τῶν ἄλλων θεῶν τε καὶ ἀν θρώπων, ὡς μόνος ἐγρηγορὼς ἃ ἐβουλεύσατο, τούτων πάντων ῥᾳδίως ἐπιλανθανόμενον διὰ τὴν τῶν ἀφροδι σίων ἐπιθυμίαν, καὶ οὕτως ἐκπλαγέντα, ἰδόντα τὴν Ἥραν, ὥςτε μηδ ̓ εἰς τὸ δωμάτιον ἐθέλειν ἐλθεῖν, ἀλλ ̓ αὐτοῦ βουλόμενον χαμαὶ ξυγγίγνεσθαι, καὶ λέ

Et cet autre :

pas;

Le courage et l'honneur précipitent leurs
A la voix de leurs chefs, ils volent aux combats.

Et les autres exemples de soumission. Mais que penser de ce vers:

Va, despote enivré d'impudence et d'orgueil.

Que penser des vers qui le suivent, et de tant d'injures que les écrivains en vers ou en prose font adresser à ceux qui commandent par ceux qui devraient obéir? De pareilles fables n'inspireront jamais la modération à de jeunes cœurs; mais il n'est pas étonnant qu'elles les séduisent. Ecoutez le sage Ulysse qui s'écrie::

O charmes des festins! trésors inattendus ! Voilà donc ces plaisirs que je n'espérais plus! Je vois enfin Bacchus d'un nectar salutaire Inonder à grands flots la coupe hospitalière. Ou bien,

Malheureux le mortel par la faim consumé !

Et dites-moi quel fruit pour un jeune homme de cette leçon de tempérance et de courage? Contemplez ensuite Jupiter même, qui, après avoir veillé seul pendant le sommeil des dieux et des hommes, oublie tous ses décrets dans l'erreur des passions: Junon vient, et il n'écoute plus que leur délire; et sans chercher l'asyle des cieux, il tombe dans ses bras sur les fleurs du Gargare; et il avoue que le désir s'est

γοντα ὡς οὕτως ὑπὸ ἐπιθυμίας ἔχεται, ὡς οὐδ ̓, ὅτε τὸ πρῶτον ἐφοίτων πρὸς ἀλλήλους,

φίλους λήθοντε τοκῆας ;

Οὐδ ̓ Ἄρεώς τε καὶ Ἀφροδίτης ὑπὸ Ἡφαίστου δεσμὸν, οὐδ ̓ ἕτερα τοιαῦτα. Οὐ, μὰ τὸν Δία, οὔ μοι φαίνεται ἐπιτήδεια.

Ἀλλ ̓ εἴ πού τινες καρτερίαι πρὸς ἅπαντα καὶ λέγονται καὶ πράττονται ὑπὸ ἐλλογίμων ἀνδρῶν ; θεατέον τε καὶ ἀκουστέον· οἷον καὶ τό,

Στήθος δὲ πλήξας, κραδίην ἠνίπαπε μύθῳ·

Τέτλαθι δή, κραδίη· καὶ κύντερον ἄλλο ποτ ̓ ἔτλης.

Οὐ μὲν δὴ δωροδόκους γε ἐατέον εἶναι τοὺς ἄν δρας; οὐδὲ φιλοχρημάτους. Οὐδ ̓ ἀστέον αὐτοῖς, ὅτι

Δῶρα θεοὺς πείθει, δῶρ ̓ αἰδοίους βασιλῆας.

Οὐδὲ τὸν τοῦ Ἀχιλλέως παιδαγωγὸν Φοίνικα ἐπαινετέον, ὡς μετρίως ἔλεγε, ξυμβουλεύων αὐτῷ δῶρα μὲν λαβόντι ἐπαμύνειν τοῖς Ἀχαιοῖς, ἄνευ δὲ δώρων μὴ ἀπαλλάττεσθαι τῆς μήνιδος. Οὐδ ̓ αὐτὸν τὸν Ἀχιλλέα αξιώσομεν οὐδ ̓ ὁμολογήσομεν οὕτω φιλοχρήματον εἶ ναι, ὥςτε παρὰ τοῦ Ἀγαμέμνονος δῶρα λαβεῖν, καὶ τιμὴν αὖ λαβόντα νεκροῦ ἀπολύειν, ἄλλως δὲ μὴ θέλειν. Οκνῶ δέ γε δι' Όμηρον λέγειν, ὅτι οὐδ ̓ ὅσιον ταῦτά γε κατὰ Ἀχιλλέως φάναι, καὶ ἄλλων λεγόντων πείθεσθαι, καὶ αὖ ὡς πρὸς τὸν ̓Απόλλω εἶπεν·

Εβλαψάς μ', ἑκάεργε, θεῶν ὀλοώτατε πάντων *Η σ ̓ ἂν τεσχέμην, εἴ μοι δύναμίς γε παρείη.

emparé de son âme tout entière, comme au jour où ils en connurent les premiers charmes,

Loin des parens cruels que trompa leur amour.

Voyez enfin Mars et Vénus enchaînés par Vulcain; rappelez-vous tous ces chants de volupté, et ditesmoi s'ils enseigneront jamais la vertu.

Il est vrai que ces personnages poétiques agissent et parlent souvent en héros: alors voilà nos modèles.

Moi, vaincu par le sort! J'ai connu le malheur,

Et de plus grands revers n'ont point brisé mon cœur.

Notre jeunesse ne doit aimer ni l'or ni les présens. Qu'on ne chante donc point devant elle:

Les dieux à nos présens cèdent comme les rois.

Qu'on ne fasse point l'éloge du gouverneur d'Achille, de Phénix, qui lui conseille de secourir les Grecs s'il en reçoit de riches offrandes; sinon, de garder son courroux. Nous refuserons aussi de convenir qu'Achille ait jamais été assez esclave de l'intérêt pour accepter les présens d'Agamemnon, ne rendre qu'à prix d'argent les restes d'Hector. Je pense, et que le génie d'Homère me pardonne je pense que c'est un crime d'avoir accusé Achille de cette bassesse, ou d'avoir cru ses calomniateurs ; de lui avoir fait encore prononcer ce blas

phème :

Apollon, qui te plais à n'insulter que moi,

O que ne suis-je un dieu pour me venger de toi !

et

A

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