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DE LA CENSURE DRAMATIQUE.

Tous les citoyens égaux de notre République participeront aux mêmes plaisirs, réglés invariablement par le législateur, qui doit se charger à-la-fois de leur bonheur et de leur vertu. Mais les danses graves, les nobles chants, images de la belle nature, ne suffisent pas; on peut croire aussi que les défauts du corps et de l'esprit, les ridicules, exprimés par les discours, les chants et les gestes, enfin les tableaux comiques, ont besoin d'être offerts aux regards et à la réflexion du peuple. Il faut avouer que l'homme qui étudie la sagesse, ne conçoit parfaitement le bien que par la comparaison du mal, et que rien ne l'éclaire plus que ces contrastes. Mais peut-il se permettre également les deux rôles, pour peu qu'il veuille rester vertueux? Non, il ira seulement s'instruire à ces jeux du théâtre, de peur que son ignorance ne lui laisse faire ou dire à lui-même des bouffonneries déshonorantes; et nous ne souffrirons pour acteurs que des esclaves et des étrangers mercenaires. Le goût de ces représentations sera réprimé; aucune femme, aucun homme de condition libre ne pourra s'exercer dans Part des histrions, et l'imitation en ce genre aura des spectateurs toujours novices. Tous ces jeux qui n'ont pour but que le rire, ces divertissemens que l'on nomme Comédies, doivent être ainsi jugés par la raison et par nos lois.

Τῶν δὲ σπουδαίων, ὡς φασί, τῶν περὶ τραγῳδίαν ἡμῖν ποιητῶν, ἐάν ποτε τινὲς αὐτῶν ἡμᾶς ἐλθόντες ἐπαναρωτήσωσιν οὐτωσί πως· Ὦ ξένοι, πότερον φοιτῶ μεν ὑμῖν εἰς τὴν πόλιν τε καὶ χώραν, ἢ μή; καὶ τὴν ποίησιν φέρωμέν τε καὶ ἄγωμεν; ἢ πῶς ὑμῖν δέδοκται περὶ τὰ τοιαῦτα ὁρᾷν; τί οὖν ἂν πρὸς ταῦτα ὀρθῶς ἀποκριναίμεθα τοῖς θείοις ἀνδράσιν; Ἐμοὶ μὲν γὰρ δοκεῖ τάδε, Ὦ ἄριστοι, φάναι, τῶν ξένων, ἡμεῖς ἐσε μὲν τραγῳδίας αὐτοὶ ποιηταὶ κατὰ δύναμιν καλλίστης ἅμα καὶ ἀρίστης· πᾶσα οὖν ἡμῖν ἡ πολιτεία ξυνέστηκε μίμησις τοῦ καλλίστου καὶ ἀρίστου βίου· ὃ δὴ φαμὲν ἡμεῖς γε ὄντως εἶναι τραγῳδίας τὴν ἀληθεστάτην. Ποιηταὶ μὲν οὖν ὑμεῖς· ποιηταὶ δὲ καὶ ἡμεῖς ἐσμὲν, τῶν αὐτῶν ὑμῖν ἀντίτεχνοί τε, καὶ ἀνταγωνισταὶ τοῦ καλλίστου δράματος. Ο δὴ νόμος ἀληθὴς μόνος ἀποτελεῖν πέφυκεν, ὡς παρ ̓ ἡμῶν ἐστὶν ἐλπίς. Μὴ δὴ δόξητε ἡμᾶς ῥᾳδίως γε οὕτως ὑμᾶς ποτὲ παρ ̓ ἡμῖν ἐάσειν σκηνάς το πήξαντας κατ' ἀγορὰν, καὶ καλλιφώνους ὑποκριτὰς εἰσαγομένους, μεῖζον φθεγγομένους ἡμῶν, ἐπιτρέψειν ὑμῖν δημηγορεῖν πρὸς παῖδάς τε καὶ γυναῖκας καὶ τὸν πάντα ὄχλον, τῶν αὐτῶν λέγοντας ἐπιτηδευμάτων πέρι μὴ τὰ αὐτὰ ἅπερ ἡμεῖς, ἀλλ' ὡς τὸ πολὺ καὶ ἐναντία τὰ πλεῖστα. Σχεδόν γάρ τοι καν μαινοίμεθα τελέως ἡμεῖς τε καὶ ἅπασα ἡ πόλις, ἡτιςοῦν ὑμῖν ἐπιτρέποι ὁρᾷν τὰ νῦν λεγόμενα, πρὶν κρῖναι τὰς ἀρχὰς, εἴτε ἑπτὰ καὶ ἐπιτήδεια πεποιή κατε λέγειν εἰς τὸ μέσον, εἴτε μή. Νῦν οὖν, ὦ παῖδες μας λακῶν Μουσῶν ἔκγονοι, ἐπιδείξαντες τοῖς ἄρχουσι πρῶτον τὰς ὑμετέρας παρὰ τὰς ἡμετέρας ᾠδὰς, ἂν μὲν τὰ αὐτὰ

Mais si quelques-uns de ces poëtes sérieux, que nous appelons Tragiques, entraient dans nos murs et venaient nous dire : Peuple hospitalier, nous accor derez-vous le libre accès de votre pays et de votre ville? souffrirez-vous que nous y conduisions notre Muse, et que doit-elle attendre de vos décrets? s'ils parlaient ainsi, quelle réponse aurions-nous à faire aux enfans et aux chantres des dieux ? Etrangers vénérables, leur dirais-je, nous aussi nous essayons de construire le plus beau, le plus sublime des drames; dans tout le plan de notre République, c'est le beau, c'est le grand que nous voulons imiter; et nous ne croyons pas qu'il y ait dans la nature de plus sainte imitation. Vous êtes poëtes; nous sommes poëtes comme vous, et nous cherchons, par la beauté de notre fable, à mériter d'être vos rivaux. La loi, là vraie loi nous a promis le succès, noble espérance de la patrie. Ne croyez pas cependant que nous vous laissions ainsi élever en liberté votre scène dans nos places, y amener vos premiers acteurs, et, d'une voix plus harmonieuse et plus forte que la nôtre.. proclamer devant nos enfans, nos femmes, notre peuple, des maximes trop souvent contraires à nos leçons. Nous voudrions nous faire accuser de folie, notre gouvernement serait aveugle, s'il vous donnait cet étrange droit, avant d'être informé par ses magistrats, devenus yos juges, que tous vos vers peuvent être applaudis sans danger sur nos théâtres. Allez donc, fils et nourrissons des Muses faciles, allez prier les magistrats de comparer vos chants aux nôtres, et si vous dites comme nous, si vous êtes mieux inspi

γε ἢ καὶ βελτίω τὰ παρ' ὑμῶν φαίνηται λεγόμενα, δώ σομεν ὑμῖν χορόν· εἰ δὲ μή, ὦ φίλοι, οὐκ ἄν ποτε δυναίμεθα.

Ταῦτ ̓ οὖν ἔστω περὶ πᾶσαν χορείαν, καὶ μάθησιν τούτων πέρι, ξυντεταγμένα νόμοις ἔθη· χωρὶς μὲν, τὰ τῶν δούλων· χωρὶς δὲ, τὰ τῶν δεσποτῶν. DE LEGIBUS, VII.

QUID CAUTUM IN SACRILEGOS, PRODITORES, PARRICIDAS.

Αἰσχρὸν μὲν δὴ τινὰ τρόπον καὶ νομοθετεῖν πάντα ὁπόσα νῦν μέλλομεν, τοῦτο δρᾷν ἐν τοιαύτῃ πόλει, ἣν φαμὲν οἰκήσεσθαί τε εὖ, καὶ τεύξεσθαι πάσης ὀρθότητος πρὸς ἐπιτήδευσιν ἀρετῆς. Ἐν δὲ τῇ τοιαύτῃ τὸ καὶ ἀξιοῦν τῆς τῶν ἄλλων μοχθηρίας τῶν μεγίστων ἐμφύεσθαί τινα μεθέξοντα, ὥςτε δεῖν νομοθετεῖν προκαταλαμβάνοντα καὶ ἀπειλοῦντα, ἐάν τις τοιοῦτος γίγνηται, καὶ τούτων ἀποτροπῆς τε ἕνεκα καὶ γενομένων κολάσεως, τιθέναι ἐπ ̓ αὐτοῖς νόμους, ὡς ἐσομένοις, ὅπερ εἶπον, αἰσχρὸν μὲν τινὰ τρόπον· ἐπειδὴ δὲ οὐ καθάπερ οἱ παλαιοὶ νομοθέται, θεῶν παισὶ νομοθετούμενοι τοῖς ἤρωσιν, ὡς ὁ νῦν λόγος, αὐτοί τ ̓ ἐκ θεῶν ὄντες, ἄλλοις τε ἐκ τοιούτων γεγονόσιν ἐνομοθέτουν, ἀλλ ̓ ἄνθρωποί τε καὶ ἀνθρώπων σπέρμασι νομοθετοῦμεν τανῦν ἀνεμέσητον δὴ φοβεῖσθαι, μή τις ἐγγίγνηται τῶν που

rés, nous vous donnerons un chœur

pour vos tragédies; sinon, poëtes aimables, ce n'est pas nous qui pourrons vous entendre.

Voilà, je crois, les usages à introduire et les lois à porter sur les représentations théâtrales, où nous distinguerons toujours ce qui convient aux hommes libres de ce qu'il faut laisser aux esclaves.

LOIS, LIV. VII.

PUNITION DES SACRILEGES, DES TRAÎTRES, DES PARRICIDES.

Il semble que ce soit une honte d'avoir à fixer les délits, les peines, les tribunaux, dans un Etat que nous avons représenté comme l'asyle de la sagesse, comme la société où il coûte le moins d'être vertueux. Quoi! supposer qu'il puisse naître ici quelqu'un de ces grands coupables, qui chez les autres peuples forcent le législateur de prévoir et de menacer! s'imaginer qu'il faille ici des lois prohibitives, des lois pénales, comme s'il devoit y avoir des crimes! quel déshonneur pour nos institutions! Hélas, les temps ne sont plus où les précepteurs du monde s'adressaient à des héros, fils des dieux ; où, descendus eux-mêmes des immortels, ils gouvernaient, diton, des peuples d'une céleste origine : faibles hommes, nous écrivons nos lois pour les enfans des hommes. Qu'on nous laisse donc préparer un frein à ces

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