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nous donner des droits fondés sur ses promesses. » Fénelon, Maximes des Saints, X, pag. 85.

Pag. 83. Trois sortes de substances animées et mortelles doivent naître encore.... Timée de Locres, IV, 1; Chalcidius, in Tim., c. 118.

Et vous soit soumis ainsi qu'à la vertu. Le philosophe explique ainsi le polythéisme, ou le culte qu'on rendait aux causes secondes. On lit dans les Lettres édifiantes, recueil IX, pag. 6: « La plupart des Indiens assurent que ce grand nombre de divinités qu'ils adorent aujourd'hui, ne sont que des dieux subalternes, soumis au souverain Etre, qui est également le seigneur des dieux et des hommes. Ce grand Dieu, disent-ils, est infiniment élevé au-dessus de tous les êtres ; et cette distance infinie empêchait qu'il eût aucun commerce avec de faibles créatures. » On croirait ces paroles traduites de Sallustius, des Dieux et du Monde, chap. 13. Ce philosophe, en reproduisant la doctrine platonique, tient absolument le même langage.

Pag. 87. La forme des brutes dont il aura pris les mœurs. V. Timée de Locres, VI, 12; Origène, de Principis, 1. II; Alcinoüs, c. 16; Plotin, Ennead., III, 4, 20. Claudien, dans sa seconde invective contre Rufin, v. 482, essaie de revêtir des couleurs poétiques ces idées de Platon, ou plutôt de Pythagore.

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Pour n'avoir pas à répondre un jour des crimes de l'humanité. « Dieu ne créa jamais le vice. Dieu, sagesse et sainteté, ne créa que la vertu. » Veidam. Qu'ai-je dû faire à ma vigne, que je n'aie point fait ? Pourquoi, lorsque j'en attendais le plus doux fruit, m'a-t-elle donné des raisins sauvages? » Isaïe, V, 4. Chalcidius interrompt son Commentaire, c. 141, par une longue et obscure digression sur la Providence et la fatalité. Louis Le Roy n'aurait pas dû transcrire dans le sien, fol. 47, tous ces inutiles sophismes.

Et le créateur du monde n'était point sorti de l'éternel repos. Cicéron traduit fort bien : «< Atque is quidem, qui cuncta composuit, constanter in suo manebat statu. » Barthélemy aurait dû le suivre, ch. 59 d'Anacharsis, et ne point supposer que l'immuable rentre dans son repos. II adopte ainsi l'opinion de Tertullien, contre Hermogène, ch. dernier : « Noli ita Deo adulari, ut velis illum solo visu

substantias protulisse; enixus viribus totum hoc condidit. Major est gloria ejus, si laboravit. » Mais le texte, comme Proclus le démontre, exprime le repos; et Tertullien, qui ne craignait pas d'imaginer un Dieu corporel, adv. Prax., c. 7, exagère, d'après ses principes, le verset de la Genèse, II, 2. Tertullien n'est pas toujours un bon interprète des philosophes, ni même du texte sacré.

Je résume l'histoire de la création. A la voix, à la seule pensée de Dieu, naissent tour-à-tour l'âme du monde, le temps, la terre, les planètes, les étoiles fixes, les Génies; enfin, l'homme, formé par les Génies avec l'âme immortelle

émanée de Dieu même.

« Le Dieu de Platon est-il dans la matière? en est-il séparé? O vous qui avez lu Platon attentivement, c'est-àdire, sept ou huit songe-creux cachés dans quelques galetas de l'Europe, si jamais ces questions viennent jusqu'à vous, je vous supplie d'y répondre. » Volt., Quest., art. Platon. J'ai tâché de traduire fidèlement le sage d'Athènes, sans avoir la prétention d'être un des sept ou huit songe-creux : qu'on réponde maintenant au philosophe du château de Ferney.

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Il était impossible d'extraire ici tant d'auteurs qu'il faut connaître, Timée de Locres, de l'Ame du Monde; Aristote, du Monde, du Ciel; Alcinous, c. 12; Plutarque, Questions Platoniques, et Sur la création de l'âme dans le Timée; Maxime de Tyr, Dieu selon Platon, 1 Disc. dans l'édit. d'Estienne, XVII dans Markland, et des réflexions beaucoup plus sages de Voltaire sur ce Discours un peu déclamatoire et sur le Platonisme, Quest., art. Dieu; Descartes, Principes; Buffon, chapitre sur les idées et les systèmes du Platonisme, etc. J'aurais voulu surtout que la nature de cet ouvrage me permît d'analyser les explications que Proclus donne de cette cosmogonie. Elles remplissent tout le quatrième et presque tout le cinquième livre de son Commentaire sur le Timée, depuis la p. 238, éd. de Bâle, 1534, jusqu'à la p. 335. Notre abrégé n'a point de place pour de tels mystères.

LES DEUX MONDES.

LE E monde intelligible, et le monde sensible. «< Socrate avait réduit la philosophie à la morale; Platon, son disciple, a été plus loin et l'a portée jusqu'à la théologie, en faisant des trois propriétés divines, par le concours desquelles le monde a été créé, trois personnes ou trois hypostases divines; ou bien, en concevant un créateur souverainement bon, avec une intelligence qui trace le plan du monde, et une énergie qui l'exécute. Ces philosophes théologiens, allégorisånt à leur manière, ont fait du monde intelligible, le Verbe, et du monde sensible, le Fils. L'un est le Xoyos évdiáletos, l'autre le λόγος προφορικός. » Souverain, Platonisme dévoilé, ch. 13. Cologne, 1700. Ouvrage rempli de rêveries, mais savant et curieux. Proclus distingue les trois principes; Plotin les confond; M. de Châteaubriand, Génie du Chr., liv. I, ch. 3, pense comme l'auteur du Platonisme dévoilé. C'est aussi l'opinion de Dacier et de quelques autres.

Je m'étais contenté d'abord de ces indications rapides sur la trinité platonique, pour éviter des discussions abstraites et difficiles. Mais on m'a demandé quelques détails de plus. C'est un devoir pour nous d'obéir aux juges éclairés qui veulent bien s'intéresser à nos études.

Théodoret parle ainsi, Therapeut.,1. II, Opp. t. II, p. 496: « Plotin et Numénius, développant la doctrine (div) de Platon, disent qu'il a reconnu trois substances éternelles, ὑπέρχρονα καὶ αΐδια, le souverain Bien, τἀγαθὸν, l'Intelligence, vov, et l'Ame du monde, toũ mautòs thv Yuxv. Celui que nous appelons le Père, il l'appelle souverain Bien ; notre Verbe est chez lui l'Intelligence; et il appelle Ame du monde cette force qui anime et vivifie tout, et que les divines écritures nomment Saint-Esprit. Platon a fait ces larcins, continue Théodoret, à la philosophie et à la théologie des Hébreux, καὶ ταῦτα δὲ ἐκ τῆς Ἑβραίων φιλοσοφίας καὶ Θεολογίας σε σύληται. »

Presque tous les docteurs de la primitive Eglise s'accordent sur ces trois hypostases platoniques, le Bien ou le

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Père, l'Intelligence, verbe ou âme du monde intelligible, appelée aussi démiourgos, et l'Ame ou esprit. Mais cette troisième hypostase, l'Ame, est-elle éyzópios, créée avec le monde, comme dans le Timée, et inhérente à la matière, ou iпeρиóσμios, supramundana, entièrement céleste, et consubstantielle aux deux autres, quooúcios? Malgré le témoignage de Cudworth (Syst. intell., IV, 36, t. I, p. 660), qui prétend que dans le dixième livre des Lois on trouve implicitement cette âme nepropios, il est plus probable que c'est une invention des Néo-Platoniciens, qui, suivant Mosheim (ibid., not. 49, p. 680), ont voulu rapprocher ainsi leur trinité de celle du christianisme. Il en résultait quatre hypostases, puisque, la plupart d'entre eux admettant l'éternité du monde, l'âme inférieure était éternelle comme l'autre. Aussi Proclus, in Tim., II, p. 93, ne compte-t-il les trois personnes qu'à commencer de l'Intelligence ou démiourgos. « De cette trinité, dit-il, nous remonterons à l'unité. » Est-ce là le quaternaire de Pythagore?

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L'autorité formelle de Théodoret, regardant les deux trinités comme semblables, n'a pu défendre Äbailard des violentes accusations de S.-Bernard, qui lui reproche d'avoir confondu le Saint-Esprit avec l'Ame du monde ou la troisième hypostase platonique, Epist. 190, pag. 1583: « Omitto quod dicit Spiritum sanctum esse Animam mundi; mundum juxta Platonem tantò excellentius animal esse, quantò meliorem animam habet, Spiritum sanctum : ubi, dum multùm sudat, quomodo Platonem faciat christianum, se probat ethnicum. » Abailard avait encore pour lui S.-Grégoire de Nazianze, Orat. XXXVII, de Spiritu sancto, t. I, p. 595; et S.-Cyrille d'Alexandrie, advers. Julian., VIII, p. 275, Il est vrai que S.-Grégoire dit expressément, tov Súpalev vour, l'Ame extérieure: il voulait done parler de l'âme vepréopios de Plotin, de Porphyre, d'Amélius. En effet, l'Ame yxóapos, ou née avec le monde, aurait été seulement ópotovatos, d'une substance semblable aux deux premières hypostases, et non, suivant le dogme catholique, quoovaios, consubstantielle. Mais quelques-uns des Pères Anté-Nicéens, suivis encore aujourd'hui par l'Eglise grecque, n'ont pas toujours reconnu avec la dernière précision, comme dit Bossuet, la consubstantialité.

L'allégorie des Deux mondes repose tout entière sur ces

trois hypostases divines, et principalement sur la seconde, l'Ame du monde intelligible. Proclus l'explique dans son Commentaire sur le VII liv. de la Rép., p. 43o. Elle a été citée par Lucien, Nigrinus, c. 4; Porphyre, de antro Nymph., p. 255, éd. de Cambridge; Alcinoüs, c. 20; Hiéroclès, Aur. carm., v. 29; Plotin, Ennead., IV, 8, 1. S.-Basile en rappelle quelques images, Ad juwen., c. 4, et ailleurs. Barthélemy l'analyse, Voy. d'Anach., ch. 54. Fénelon y fait souvent allusion, Lettre à l'Académ., Rhétor., et Lettre sur la Relig. écrite en 1713: « Dès qu'un homme sera vraiment homme, il aura bientôt les yeux ouverts. Tous les autres hommes passent leur vie dans la caverne de Platon, à ne voir que des ombres. >>

Pag. 89. Ces figures bizarres qui charment le peuple. « Vivre sans Dieu, sans culte, sans espérance!.... regarder tous les hommes comme ces figures viles et bizarres qu'on fait mouvoir et parler sur un théâtre comique, et qui ne sont destinées qu'à servir de jouet aux spectateurs! » Massillon, Bonheur des Justes.

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Pag. 93. Tout-à-coup le jour frappe ses yeux; ses yeux, remplis de tant de clarté.... « A divinorum contemplatione quoties ad humana recideris, non aliter caligabis, quàm quorum oculi in densam umbram ex claro sole rediere. » Senec., Nat. quæst., III, proœm. Porphyr., Vit. Pythag., c. 46. Mais nous avons dans notre langue une plus belle imitation : « La vérité est la lumière de l'âme; dans le principe toute lumière tire son origine du soleil, toute vérité tire la sienne de Dieu, dont cet astre est la plus sensible image.... Nous ne verrions pas la lumière du soleil, si elle ne s'arrêtait sur des corps, ou au moins sur des nuages. · Elle nous échappe hors de notre atmosphère, et nous éblouit à sa source. Il en est de même de la vérité : nous ne la saisirions pas si elle ne se fixait sur des événemens sensibles, ou au moins sur des métaphores et des comparaisons qui la réfléchissent: il lui faut un corps qui la renvoie, etc. » Bern. de St.-Pierre, Pr. de la Ch. Indienne.

Pag. 95. Oh! qu'il voudrait plutôt, comme le héros d'Homère.... Odyss., XI, 488. Platon reproche ce vers au poëte avant de l'exiler, Rép., III, 1. Voy. ici, III, 8, p. 339.

Sont arrêtés et punis de mort. Le disciple de Socrate rappelle ainsi le supplice de son maître. « Les sages parmi les

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