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en a vendu pour 21 milliards et demi. La balance commerciale a repris son équilibre.

Le péril financier.-Grâce à leur travail les Français rétablissent leurs affaires et, selon le génie de leur race, ils recommencent à économiser pour se créer des réserves. Mais si l'Allemagne ne répare pas les dommages qu'elle a causés, ils sont menacés d'une banqueroute de l'État, qui entraînerait la dépréciation tota e du papiermonnaie, le reniement des dettes publiques et l'arrêt du travail dans les régions dévastées. La France a déjà connu semblable crise sous le Directoire, quand la valeur des assignats, les billets de banque du temps, tomba à zéro et quand l'État renia les deux tiers de ses dettes. Mais cette fois-ci la crise serait beaucoup plus grave; la ruine de la France entraînerait le triomphe économique de l'Allemagne, dont les usines et les territoires sont restés intacts. Seule l'exécution du traité de Versailles évitera à la France une catastrophe intérieure dont nul ne saurait prévoir les conséquences, et assurera la sécurité du monde entier.

CHAPITRE XIV

LES PARTIS politiques et les GRANDS
PROBLÈMES DU TEMPS PRÉSENT

M

ULTIPLICITÉ des partis politiques en France. Il est très difficile pour les étrangers de comprendre les débats du Parlement français. En Grande-Bretagne et aux États-Unis, les partis qui alternent au pouvoir sont peu nombreux, ils sont en général disciplinés et leurs programmes s'opposent avec netteté; quelquefois l'un d'eux est désorganisé par l'abandon de quelques-uns de ses membres qui s'en vont renforcer le parti adverse, mais ces coalitions sont fragiles et le parti désagrégé ne tarde pas à se reformer. En Grande-Bretagne les libéraux et les conservateurs, aux États-Unis les démocrates et les républicains, ont connu des fortunes diverses, mais soit au gouvernement, soit dans l'opposition, ils demeurent forts et influents.

En France, seuls les adversaires du régime actuel, les royalistes et les socialistes, forment au Parlement des partis plus ou moins homogènes. Les républicains se divisent en nombreux groupes ayant des principes communs, mais que séparent des questions de détail et des rivalités de personnes. Après le renouvellement de la Chambre des Députés en 1919, le Ministère de l'Intérieur a dressé la liste officielle des candidats élus d'après leurs

programmes, où l'on peut voir l'importance relative des

différents partis en France:

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De l'extrême gauche de la Chambre, où siègent les socialistes, à l'extrême droite, où siègent les conservateurs, on a toutes les nuances possibles d'opinions politiques. On peut toutefois distinguer ces partis en trois catégories: les adversaires de la république parlementaire, les républicains et les socialistes.

Adversaires du régime parlementaire: royalistes, bonapartistes et nationalistes.-Les adversaires du régime parlementaire sont ceux que la statistique officielle englobe sous le nom de conservateurs et d'action libérale; ils demandent la réconciliation de la France avec l'Église catholique et une politique extérieure énergique. Presque toujours ils votent ensemble; mais en réalité ils forment trois partis très différents : les royalistes, les bonapartistes ou nationalistes plébiscitaires, et les catholiques. Ils se recrutent en majorité parmi les anciens nobles, les grands bourgeois et leurs clients.

Les royalistes sont peu nombreux-30 députés environ-mais ils sont infiuents par leur fortune, par leur talent personnel, et par les excellents souvenirs que Louis-Philippe a laissés à la bourgeoisie. Leurs chefs, Charles Maurras et Léon Daudet, défendent dans le

journal L'Action Française les droits du Duc d'Orléans, prétendant au trône de France.

Le parti bonapartiste est très faible, le prince Napoléon n'ose guère revendiquer l'héritage de Napoléon III, parce que son nom rappelle trop aux Français Waterloo et Sedan. Mais il y a un parti de tendances bonapartistes qui s'intitule nationaliste et qui demande une république plébiscitaire. Sous ce régime, qui ressemblerait à celui du Consulat, le chef de l'État pourrait imposer sa volonté au Parlement en s'appuyant sur le peuple, appelé à donner son avis par des plébiscites. C'était le programme de Boulanger et de Déroulède. Celui-ci fonda la Ligue des patriotes, qui est aujourd'hui présidée par Maurice Barrès. Le nationalisme est soutenu surtout par le journal L'Echo de Paris. Depuis que la République s'est montrée capable de remporter la victoire, les nationalistes sont de plus en plus républicains et de moins en moins plébiscitaires. Barrès déploie maintenant son activité à rechercher les mesures propres à augmenter les forces intellectuelles et morales de la France.

L'Action libérale.-L'Action libérale est un parti catholique fondé en 1900 par Piou et Albert de Mun pour la défense de la liberté religieuse. Ses membres se sont en majorité ralliés à la République sur les conseils du pape Léon XIII; mais les doctrines du

Syllabus" les refoulent nécessairement vers les adversaires du régime parlementaire. Au début du XX® siècle s'était fondé, sous la direction de Marc Sangnier, Le Sillon, qui cherchait à mettre au service de la démocratie française les forces sociales du catholicisme. En 1910, Pie X a condamné ce catholicisme démo

cratique, et Marc Sangnier s'est soumis. La Croix est le journal principal du parti catholique.

Depuis la guerre, les critiques dont le régime républicain est l'objet n'agissent plus sur l'opinion publique, et beaucoup de députés que le ministère en 1919 a qualifiés de conservateurs se sont ralliés en réalité à la république parlementaire.

Les républicains.-Les républicains se divisent en progressistes, républicains de gauche, radicaux et radicaux-socialistes.

Les progressistes ont voté les tarifs protectionnistes, conclu l'alliance franco-russe et réalisé de nombreuses conquêtes coloniales. Ils ont été longtemps les adversaires de la séparation de l'Église et de l'État, de l'impôt sur le revenu, et du rachat du chemin de fer de l'Ouest par l'État. Toutefois, ils ont fini par accepter ces lois tout en cherchant à les amender. Ils ont pour programme le rétablissement de bonnes relations avec le Vatican, l'atténuation de l'impôt sur le revenu, l'augmentation des impôts indirects, la suppression de toute ingérence de l'État dans les entreprises commerciales et industrielles. Pendant la guerre, l'État a réquisitionné les récoltes, réglementé la consommation et la répartition des denrées ou des matières premières, fondé des usines, équipé une flotte et imposé son arbitrage dans les conflits entre patrons et ouvriers. Les progressistes demandent l'abandon de ces pratiques et le retour à la liberté économique. Ils sont donc les ennemis irréconciliables des socialistes.

Les républicains de gauche diffèrent assez peu des progressistes. Ils sont adversaires du socialisme et partisans de la liberté économique, mais ils ont pour la

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