SGANARELLE, à part. Prendrons-nous tout ceci pour pour de l'argent comptant? Mon front l'a', sur mon âme, eu bien chaude pourtant. LA FEMME DE SGANARELLE. Ma crainte toutefois n'est pas trop dissipée, Hé! mutuellement croyons-nous gens de bien. LA FEMME DE SGANARELLE. Soit. Mais gare le bois, si j'apprends quelque chose! Oui, vous croyant sans foi, j'ai pris pour ma vengeance Et depuis un moment mon cœur vient d'accepter J'ai promis à mon père; et ce qui me désole... LÉLIE. Il me tiendra parole. SCENE XXIII. GORGIBUS, CÉLIE, LÉLIE, SGANARELLE, LA FEMME DE SGANARELLE, LA SUIVANTE DE CÉLIE. LÉLIE. MONSIEUR, Vous me voyez en ces lieux de retour, GORGIBUS. Monsieur, que je revois en ces lieux de retour, LÉLIE. Quoi! monsieur, est-ce ainsi qu'on trahit mon espoir? GORGIBUS. Oui, monsieur, c'est ainsi que je fais mon devoir : Ma fille en suit les lois. CÉLIE. Mon devoir m'intéresse, Mon père, à dégager vers lui votre promesse. GORGIBUS. Est-ce répondre en fille à mes commandements? Pour Valère tantôt... Mais j'aperçois son père; SCÈNE XXIV. VILLEBREQUIN, GORGIBUS, CÉLIE, LÉLIE, SGANARELLE, LA FEMME DE SGANARELLE, LA SUIVANTE DE CÉLIE. GORGIBUS. Qui vous amène ici, seigneur Villebrequin? VILLEBREQUIN. Un secret important que j'ai su ce matin, GORGIBUS. Brisons là. Si, sans votre congé, Valère votre fils ailleurs s'est engagé, Je ne vous puis celer que ma fille Célie Dès long-temps par moi-même est promise à Lélie, Et que, riche en vertus, son retour aujourd'hui M'empêche d'agréer un autre époux que VILLEBREQUIN. Un tel choix me plaît fort. lui. 27* LÉLIE. Et cette juste envie D'un bonheur éternel va couronner ma vie... GORGIBUS. Allons choisir le jour pour se donner la foi. SGANARELLE, seul. A-t-on mieux cru jamais être cocu que moi? Et quand vous verriez tout, ne croyez jamais rien. FIN DE SGANARELLE. 1 SUR SGANARELLE. Ανα UCUNE pièce de Molière ne présente mieux que celle-ci le ton des bourgeois du dix-septième siècle : l'auteur avoit passé ses premières années dans un quartier où ils étoient très nombreux, et où leurs caractères offroient une franchise grossière dont on ne trouve plus aujourd'hui que quelques traces, Les femmes, comme on l'a dit dans le Discours préliminaire, étoient aimées et battues par leurs maris ces derniers n'avoient pas avec elles les égards qu'on remarque aujourd'hui dans les classes les moins élevées de la société; ils avoient de la brutalité et de la jalousie; et le mot expressif qui nous paroît indécent, étoit sans cesse dans leur bouche. On doit peut-être se plaindre de l'extrême délicatesse qui empêche de remettre cette pièce au théâtre telle qu'elle est : cetté délicatesse, qui ne prouve rien en faveur des mœurs, nous prive du plaisir d'admirer plusieurs productions de Molière, et sert de prétexte aux ignorants pour ne pas lui rendre la justice qu'il mérite. Cette comédie, qui peint si bien les mœurs et le ton de la petite bourgeoisie, nous apprend que les demoiselles de cette classe commençoient à dédaigner les occupations simples et utiles de leurs mères : elles lisoient les romans de mademoiselle Scudéry, se nourrissoient d'idées fantastiques, et ne |