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P

Cette lettre, qui eft une de celles qu'on appelle muettes, n'a point d'afpiration après elle, fi ce n'eft dans les mots dérivés du grec, où fe trouve la lettre, comme à ceux de Phaeton,

P

peut le voir dans les autres catalogues qu'en ont donnés Vorftius, Herman, &c. Everard Vorftius prononça l'oraifon funébre de ce favant en 1617, l'année même de fa mort. Elle eft en latin, & a été imprimée à Leyde, in-4°. Il faut la confulter pour favoir tout ce qui rePhilotas, &c. On l'a auffi quelque-garde Paaw, & fes ouvrages dont le pere Niceron, fois changée en B, comme Byrrhus Barnabite, a auffi donné une lifte dans le tome XII de pour Pyrrhus, & Balatium pour Palatium. Les anciens les Mémoires pour fervir à l'hiftoire des hommes illuffe fervoient encore fouvent de cette lettre, pour mar- tres dans la république des lettres. quer ou le peuple, ou une partie de quelque chofe. P dans les lettres numérales, fignifie cent.

PAAR

PA

AAR (Rodolphe, baron de ) chevalier de Malte, grand prieur de l'ordre en Bohême, commandeur de Furftenveldt & de Medling, membre du confeil privé, chambellan & grand écuyer de l'empereur Ferdinand II, & enfin général des Croates, entra en 1594 dans l'ordre de Malte. Il étoit habile dans tous les exercices qui font convenables à la noblesse. Il s'infinua fi bien dans les bonnes graces de l'empereur Ferdinand II, que ce prince le fit d'abord l'un de fes chambellans, & dans la fuite fon grand écuyer. Il acquit une grande autorité; mais il en abufa, & fut obligé de fe retirer de la cour. Ayant cependant été rappellé quelque temps après, il fut pourvu en 1620 de la charge de gouverneur de Carloftad & des pays qui en dépendent. En 1626 il fut élu grand prieur de l'ordre de Malte dans le royaume de Bohême; mais il mourut avant de pouvoir prendre poffeffion de cette dignité. * Supplément au dictionnaire hiftorique, imprimé en françois à Bafle, tom. III, p. 470, colonne premiere.

PAAS (Crifpin) habile graveur, naquit à Cologne. Il fut difciple de Cornhard, & grava toutes les hiftoires de la bible, & un grand nombre de fujets tirés de la fable. Sa fille Magdeléne, & fes deux fils Simon & Crifpin, ont auffi excellé dans le burin. Le pere ayant été appellé par le roi de Danemark, demeura dans ce royaume jufqu'à fa mort, arrivée vers le commencement du dix-feptiéme fiécie. Sandrart en parle avec éloge dans fon Académie de peinture, page 356, &c.

PAATS (Adrien van) cherchez PAETS.

PAAW (Petrus Pavius) né à Amfterdam l'an 1564, s'appliqua d'abord aux belles lettres, & vint étudier en médecine en France, à Paris & à Orléans, l'an 1584. Depuis il paffa en Danemarck, où il enfeigna quelque temps dans l'univerfité de Roftock. Peu ap ès il voyagea en Italie; & étant de retour en Hollande, il y fut nommé profeffeur en médecine dans l'univerfité de Leyden l'an 1587, & y mourut le premier jour d'août 1617, âgé de 53 ans. Ce profeffeur avoit publié un traité de Galien, De cibis boni & mali fucci, avec des notes. Ses autres ouvrages font: De exercitiis, lacticiniis & bellariis; De offibus; De vulneribus capitis, &c. Meurfius, Athen. Batav. Valere André, &c. C'eft aux foins de Paaw que l'on eft redevable des fquelettes qui fe voient dans l'amphitheatre anatomique de Leyde, dont il a eu le premier la furintendance, qu'il a remplie pendant 22 ans, auffi bien que du bon ordre qui fe trouve dans le jardin des plantes dont il a eu la direction. Il en a donné un catalogue, fous le titre de Hortus publicus Academia Lugduno-Batava, à Leyde en 1603, in-8°; mais le nombre en a été bien augmenté depuis, comme on

*

PACEUS ou PAZ (Richard) doyen de faint Paul de Londres, étoit iffu d'une famille noble en Angleterre. Il avoit beaucoup de gout pour la littérature, & fon mérite lui acquit des amis illuftres. Thomas Morus, chancelier d'Angleterre, le favant Erasme, Reginaldus Polus, & plufieurs autres eurent avec lui une liaifon étroite. Il fut également eftimé du favant Budée. Les quatre premieres épitres de cet homme célébre lui font adreffées, & font remplies d'éloges pour fa perfonne & pour fes ouvrages. Elles nous apprennent auffi diverfes circonftances de fa vie. Henri VIII employa Pacæus dans des affaires importantes en Suiffe, à Venife, à Rome & ailleurs. On prétend que le Cardinal Wolfey, fur le compte duquel au refte l'on a bien mis des injuftices dont il n'eft pas toujours difficile de le juftifier, envieux de fon crédit, travailla à le mettre mal dans l'efprit de Henri VIII, & qu'il y réuffit. On ajoute que Pacæus touché de cette injuftice jufqu'à l'excès, en perdit l'esprit. Il mourut en 1532. Pacæus a compofé plufieurs ouvrages où l'on trouve beaucoup d'efprit & de bon fens, entr'autres, De lapfu hebraicorum interpretum ; De fructu fcientiarum epiftola; Prafamen in Ecclefiaften recognitum & collatum cum 70 interpretum, &c. Humfroi Hody dans fon troifiéme livre des textes originaux des bibles, prétend que cet ouvrage eft le même que le premier. Pacæus poffédoit bien l'hébreu, le grec & le latin. Erafme en parle avec éloge dans fes lettres.

PAÇAMORES, GUALSONGE, ou LOS SALINAS, felon de Lifle dans fon Atlas, gouvernement de l'Amérique méridionale au Pérou, dans l'audience de Quito. Il eft borné au nord par le pays de los Quixos, à l'orient par la riviere de Moyobamba, au midi par l'audience de Lima, & à l'occident par la Cordilliere de los Andes. Daviti dit, fur la foi de Herrera, que les villes & peuplads efpagnoles de ce gouvernement ont été fondées par le capitaine Jean de Salinas. L'air de ce quartier eft fort tempéré, & fon terroir eft très-fertile en froment & en autres

grains. Il nourit auffi beaucoup de bétail gros & menu & il eft abondant en mines d'or. Ses principaux lieux font, Saint-François de Borgia, Salinas, Valladolid, Loyola ou Cumbibania, Sant-Jago de las Montanas.* La Martiniere, dict. géogr.

PACARIUS (Decimus) fe déclara pour Vitellius qui difputoit l'empire à Orhon, l'an 69 de J. C. I étoit alors intendant de l'ifle de Corfe où il fut tué, & fa tête fut portée au prince contre lequel il s'étoit foulevé. Tacite, l. 2 hiftor.

PACART (George) miniftre proteftant, floriffoit dans le feiziéme fiécle. M. Bayle croit qu'il étoit miniftre à la Rochefoucault en 1574, lorsqu'il dédia fa théologie naturelle au comte de ce nom. Cet ouvrage fut imprimé à la Rochelle, in 8°, en 1579. N'étant encore que manufcrit, il procura la liberté à fon auteur que l'on avoit fait prifonnier à Grenoble, à cause de fes Tome VIII. Partie II.

A

fentimens. Une copie de cet ouvrage tomba entre les mains de plufieurs membres du parlement de cette ville, & leur plut tellement, qu'ils renvoyerent le prifonnier. Cette théologie naturelle a été réimprimée, augmentée par l'auteur, en 1606 à Niort. On ne trouve point dans cette édition le chapitre de l'Antechrift qui eft dans la premiere. Mais en 1604 il avoit publié à Niort un traité particulier fur ce fujet.

PACATIANUS (Titus Julius Marius ou Marinus) Augufte, n'eft connu que par les médailles dont le gout fait juger qu'il vécut du temps de Philippe & de Dece. Comme ces médailles ont été trouvées en France, & qu'elles font latines, il y auroit affez d'apparence que Pacatianus feroit le tyran que Dece a défait dans les Gaules, dont les auteurs ne difent pas le nom; peut-être auffi eft-ce le nommé Marin, qui fe révolta dans la Mefie fous le régne de Philippe ; mais ce ne peut être le Jotapien, qui alors même fe révolta dans la Syrie, felon Zozime.* Voyez ces médailles dans le livre intitulé num. Imp. Rom. du P. Banduri.

PACATIANUS, conful fous l'empire de Conftantin, en l'an de Jesus-Chrift 332, fut auffi préfet du prétoire fous le même prince deux années après. * Idat. Onuphre.

PACATUS (Claudius) de fimple esclave qu'il étoit, s'éleva dans les armées fous l'empire de Domitien dans le premier fiécle, jufqu'au dégré de centenier. Il fut reconnu par le maître auquel il s'étoit dérobé, & lui fut livré comme fon efclave par ordre de l'empereur, fans que fa qualité de centenier pût l'en garantir. Dion, liv. 67.

PACATUS, cherchez DREPANIUS. PACCIUS, poëte Latin, contemporain de Martial. Voffius, de poët. lat.

PACCORI (Ambroise) diacre du diocèfe du Mans, né à Céaucé dans le bas Maine, avec peu de bien & d'une famille affez médiocre, fe diftingua par fa modeftie & par fes talens parmi quatre ou cinq cens écoliers qui étudioient avec lui dans le collége établi nouvellement à Céaucé même. Il étudia en philofophie & en théologie à Angers, où il fe forma fous les yeux du pieux évêque Henri Arnauld, dans le gout de la folide piété & de la fcience eccléfiaftique, par l'étude de l'écriture & des faints peres, qui a fait toujours depuis fa plus chere occupation. Il entra par ordre de fes fupérieurs dans la cléricature, mais on n'a jamais pu le réfoudre à monter jufqu'au facerdoçe. Dès l'âge de 23

ans,

que le gout

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M. de la Vergne de Treffan, fon évêque, le choifit pour gouverner, en qualité de principal, le collége de Céaucé, & pour y enfeigner en même temps les humanités & la rhétorique. Il n'avoit pas moins d'attention à infpirer l'amour de la religion à fes écoliers, des bonnes études : il leur faifoit fouvent des inftructions de piété, & il trouvoit encore du temps pour donner des leçons particulieres à plufieurs jeunes gens qu'il retiroit chez lui. Malgré les peines inféparables de ces exercices, il vivoit pauvrement auftérement même ; & jufqu'à fa mort la pénitence & la mortification ont fait fes délices. En 1684, la veille du jour de la fête de la Conception de la fainte Vierge, il lui arriva une affaire qui a eu des fuites confidérables il fut empoisonné par un écolier de fon coliége, qui mit du verd-de-gris dans fa foupe; heureufement qu'on s'en apperçut affez-tôt pour lui fauver la vie, fa fanté en a toujours fouffert. Sa modération lui interdit tout éclat : cependant le fait n'ayant pu être ignoré, plufieurs écoliers furent arrêtés & mis en prifon malgré lui. M. le chancelier le Tellier informé de cette affaire, ordonna à M. l'official du Mans de faire publier un monitoire pour tâcher de découvrir les auteurs ou les moteurs de cette action. Le monitoire fut donné le dernier de février 1685, & M. le Tellier obligea M. Paccori de dreffer un mémoire pour lui être envoyé fur ce fujet, avec tous les éclairciffemens que ce miniftre demandoit. Ce mémoire fut envoyé par

mais

M.

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Anjubault, principal du collège de Mayenne, qui avoit écrit à M. le Tellier fur la même affaire, & le dixiéme de janvier 1685 il y eut un arrêt du confeil qui commettoit M. le lieutenant criminel du Mans pour connoître de l'affaire. M. Paccori demanda auffi une affemblée de la ville de Mayenne pour juftifier fa conduite dans l'éducation de la jeuneffe, & il montra ui-même qu'elle n'avoit rien eu que d'irrépréhenfible, par une lettre écrite le 11 juillet de la même année 1685. Mais tout étoit affoupi à la fin de la même année. Cependant M. Paccori ne jugea pas à propos de demeurer plus long-temps à Céaucé: il fe retira en Anjou, d'où M. de Coiflin évêque d'Orléans, le retira pour le faire fupérieur de fon petit féminaire qui étoit alors à Meun, quatre lieues au-deffus de cette ville. Il a exercé cet emploi pendant plus de dix-huit ans, jufqu'à la mort de M. de Coiflin, arrivée au commencement de février 1706; & pendant cet intervalle il a établi ou contribué à établir un grand nombre d'écoles qui ne fubfiftent plus. Dès que ce prélat fut mort, il fe retira à Paris où il a toujours vécu depuis dans une grande retraite & dans une grande pénitence. Il y eft mort le dimanche de la fexagefime, douzième de février 1730, âgé d'environ Les ouvrages dont il eft auteur, font: Avis falutaires 81 ans, & a été enterré à faint Jacques du Haut-Pas. aux peres & aux meres pour bien élever leurs enfans, imprimés plufieurs fois à Orléans: Entretiens far la fanctification des dimanches & des fêtes, imprimés auffi faire faintement toutes fes actions. Cet ouvrage qui a fouplufieurs fois au même lieu: Régles chrétiennes pour vent été réimprimé à Orléans, avoit été fait à l'ufage de ce diocèfe, & en particulier pour les écoles & le féminaire de Méun, comme on le voit par l'épître dédicatoire qui fe trouve au-devant de la fixiéme édition. On l'a auffi réimprimé en Flandre. Abrégé de la loi nouvelle, à Paris chez Muguet, in-18, réimprimé pour la derniere fois en 1714. Suite de l'abrégé de la loi nouvelle qui traite de la charité felon S. Paul, à Paris 1714. Journée chrétienne, où l'on trouve des régles pour vivre faintement dans tous les états & dans toutes les conditions, en 1730, in-12, à Paris, chez Defprés. Devoirs des vierges chrétiennes, tirés de l'écri ture & des peres, in-18, à Paris, chez Lottin 1727. Régles pour travailler utilement à l'éducation chrétienne des enfans, à Paris chez Defprés 1726, in-12. De l'honneur qui eft dû à Dieu dans fes myfleres & dans fes faints, &c. à Paris en 1726, in-12. Les regrets de l'abus du Pater, in-12, brochure, à Orléans, chez Rouzeau. Vie de Jefus-Chrift, chez le même. La maniere de faire l'école, à Paris, chez Muguet. Penfées chrétiennes pour tous les jours du mois, in-18, à Paris chez Després. Inftructions chrétiennes fur les repréfentations deshonnêtes, les peintures indécentes, &c. Rémariage, & dans la conduite d'une famille, à Paris, gles pour vivre chrétiennement dans l'engagement du in-12, en 1726. Inftruction chrétienne fur la maniere dont on doit fe conduire dans le temps qui précede le carême, & fur les défordres du carnaval, in-18, à plufieurs années auparavant à Orléans, en forme d'enParis, chez Lottin, en 1722. Cet ouvrage avoit paru chez Jouenne, in-12. On a auffi une édition des Hiftretiens. Idée de la religion, avec des figures, à Paris, toires choifies de M. Genevaux, prêtre du collége de Fortet, que M. Paccori avoit retouchées en quantité d'endroits. On lui doit de plus une nouvelle édition, avec une continuation, des Epîtres & Evangiles avec des explications par demandes & par réponfes, que M. Perdoux avoit fait imprimer à Orléans chez Rouzeau en 2 vol. in-12. L'édition de M. Paccori forme quatre gros volumes in-12, à Paris chez Jean Mariette en 1727. Enfin il avoit achevé deux autres écrits. Le premier qui eft confidérable, eft un traité des devoirs des eccléfiaftiques; ce manufcrit étoit entre les mains de M. d'Arnaudin qui l'avoit approuvé, lorfque ce docteur est mort, & il ne s'eft point retrouvé. Le

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C

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fecond eft une inftruction fur le chapelet, qui eft entre les mains d'un libraire de Paris. * Mémoires du temps.

royaume

PACEM, ville du de ce nom dans l'ifle de Sumatra, en latin Pacemum. Elle a un grand fort, & trois avenues, où l'on entre par une pointe de terre vers le feptentrion. La mer y monte prefque de fix heures en fix heures. Mandello rapporte que le roi d'Achem a uni à fa couronne les royaumes de Pacem & de Pedir, avec la plus grande partie de la côte feptentrionale de cette ille de Sumatra, qui étoit autrefois divifée en dix royaumes, & que l'on s'eft contenté de découvrir ceux qui font fur la côte, fans avoir pénétré dans le pays, où l'on auroit trouvé des richeffes inconnues à ceux qui habitent les villes maritimes. Il ajoute que les Portugais ne parlent que de deux royaumes méditerranés, Andrigan & Arvan, & de ceux d'Achem, de Pedir, de Pacem, de Camparam, de Zaude & de Monancabo, qui font tous de deçà la ligne, fur les bords de la mer. Les Hollandois ont découvert le royaume de Palibam au-delà, pour la commodité de leur commerce dans l'ifle de Java, & ils y ont un très-puiffant établiffement. Le royaume de Pacem eft à quatre-vingt milles de celui de Menancabo, à quatre dégrés de l'équateur, & à cent trente-deux du premier méridien.

PACHACAMAC, vallée fertile & agréable, à quatre lieues de Lima dans le Perou. On y avoit autrefois caché des tréfors immenfes, dans un temple magnifique que les Incas du Perou y avoient fait bâtir. C'eft d'où Ferdinand Pizarro tira, comme on dit, plus de neuf cent mille ducats, outre de grandes richeffes que les foldats avoient pillées auparavant, ou que y les prêtres Indiens avoient enlevées avant la venue des Efpagnols. La commune opinion eft que les fauvages en avoient emporté autant que quatre cens hommes fort robuftes en pouvoient porter fur leurs épaules. Les Espagnols néanmoins n'ont rien pu découvrir de ce tréfor caché par les originaires du pays, quoiqu'ils aient tourmenté ces pauvres Indiens avec beaucoup de cruauté, pour leur faire dire ce qu'ils ne favoient pas. On voit encore les reftes de ce fuperbe bâtiment, qui étoit un temple dédié au créateur de l'univers, à ce qu'écrit Garcilaffo, ou plutôt au foleil, comme d'autres l'ont cru. Cette vallée eft différente de celle de Lima, dont nous avons parlé en fon lieu. * De Laët, hift. du nouveau monde.

que

quis de Villena, & avoit fait fon frere dom Pedro
Giron, grand-maître de Calatrava; mais Henri IV
combla le premier de faveurs encore plus grandes. Ce-
pendant Pacheco le paya d'ingratitude; & Louis XI,
roi de France, trouva moyen de le corrompre, en lui
affignant une penfion de 12000 écus, pour le faire con-
fentir en 1463 à plufieurs articles fort préjudiciables à
fon maître au fujet de la Catalogne, fur laquelle il s'étoit
élevé quelque difficulté entre le roi de Caftille & Jean I,
roi de Navarre. Henri IV ayant été informé Pa-
checo avoit mal agi pour favorifer Louis XI, qui avoit
été nominé arbitre de ce différend, lui en fit des repro-
ches; mais au lieu de reconnoître fa faute, il chercha
à faire de nouvelles peines à Henri, jufqu'à vouloir le faire
enlever de fon palais, & mettre fur le trône en fa place
le prince Alfonfe, frere de ce roi, fous prétexte que
celui-ci étoit impuiffant. N'ayant pu réuffir à l'enleve-
ment qu'il projettoit, en 1465 il fit proclamer à
Avila, roi de Caftille, le prince Alfonfe, après avoir dé-
claré, avec des cérémonies injurieufes, Henri IV dé-
chu de la couronne. En 1467 il fe fit nommer à Occana
grand-maître de l'ordre de S. Jacques ; & il fut fi bien
conduire cette intrigue, que Henri & le pape même
y confentirent. Cependant le prince Alfonfe, qui n'a-
voit été roi
que de nom, mourut, & le bruit courut
que Pacheco lui-même l'avoir fait empoisonner. Quoi
qu'il en foit, après cette mort, ce miniftre infidéle fe
réconcilia avec fon légitime fouverain à qui il per-

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fuada dans la même année de déclarer fa foeur Ifabelle fon héritiere, & d'exclure la princeffe Jeanne qui paffoit pour fa fille, mais que l'on favoit que la reine fa femme avoit eu de Bertrand de la Cueva. Le but de Pacheco étoit que l'infante Ifabelle épouferoit Alfonse V roi de Portugal, mais il fut trompé: Ifabelle époufa fecrettement Ferdinand, prince héréditaire d'Aragon ce qui irrita tellement l'ambitieux Pacheco qu'il fit changer de réfolution à Henri IV, au préjudice de fa fœur, & qu'il détermina ce prince à décla rer la princeffe Jeanne fon héritiere. Fier de cet afcendant qu'il avoit fur l'efprit de fon prince, il fe fervit de fon crédit pour fe faire remettre & à fes créatures plufieurs villes, châteaux & autres places dont il s'empara, ou par rufe, ou par force. Ce fut au milieu, & dans l'exercice actuel de ces injuftices, qu'il mourut d'un abfcès dans le gofier à Sancta-Crux de la Sierra en 1473. Ce qui eft étonnant, c'eft que Henri IV qui avoit tant de fois reconnu fes malverfations, & de qui il avoit reçu tant de marques d'ingratitude, le regretta beaucoup, & le fit enterrer avec pompe dans le couvent de S. Jérôme à Parral de Ségovia. Pacheco avoit époufé en premieres nôces Marie Portocarrero qui mourut d'un cancer à Ségovie en 1471, & en fecondes nôces, la fille de Pierre Fernandez de Velafco, comte de Haro, à qui il procura bientôt après la charge de connétable. Il eut du premier lit plufieurs enfans, entr'autres, Diego, à qui il céda de fon vivant le marquifat de Villena.

PACHACAMAC, nom que les idolâtres du Perou donnoient au fouverain être, qu'ils adoroient avec le foleil, & plufieurs autres fauffes divinités. Le principal temple de Pachacamac étoit dans une vallée à quatre lieues de Lima, & avoit été fondé par les Incas ou empereurs du Perou. Ils lui offroient ce qu'ils avoient de plus précieux, & ils avoient pour lui une fi grande vénération, qu'ils n'ofoient le regarder: c'eft pourquoi les rois mêmes & les prêtres entroient à reculons dans fon temple, ayant toujours le dos tourné à l'au tel, & en fortoient fans fe retourner. Les ruines de ce temple témoignent encore aujourd'hui la magnifi-nal, évêque de Siguença, étoit fils d'Alonfe Tellezcence de fa ftructure & de fa grandeur prodigieufe. Les Perouans y avoient mis plufieurs idoles, par lefquelles le démon répondoit aux facrificateurs qui le confultoient Jovet, hiftoire des religions.

*

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PACHECO (Juan de) marquis de Villena, grandmaître de l'ordre de S. Jacques, étoit fils d'Alfonfe Telles Giron, feigneur de Belmonte & naquit en 1410. Il fut envoyé dans fa premiere jeuneffe à la cour de Jean II, roi de Caftille, qui le mit auprès de l'infant de Caftille fon fils, qui fut depuis roi de Caftille fous le nom de Henri IV, & dont Pacheco devint le favori, lorique ce prince fut monté fur le trône en 1454. L'autorité de Pacheco fut telle alors, qu'avec Alfonfe de Fonfeca, archevêque de Séville, il difpofa prefque de tout felon fes defirs, tant au dehors qu'au dedans du royaume. Jean II l'avoit déja nommé mar

PACHECO DE MONTALVAN (Pierre) cardi

Giron, defcendu de dom Martin Vafquez d'Acunna, mari de Thérèfe Tellez-Giron, héritiere de cette maifon. Son fils ALONSE Tellez-Giron époufa une autre héritiere, qui fut Marie Pacheco, dont il eut JEAN Pacheco Giron, commandeur de S. Jacques, premier marquis de Villena, & duc d'Efcalona, qui a ci-devant fon article particulier. Celui-ci eut divers enfans. Le troifiéme fut ALONSE, pere de Jean Pacheco; de Pedro, cardinal; d'Alfonfe, commandeur de Calatrava; & de quelques autres. Pedro Pacheco fe dévoua affez jeune à l'églife, & fut pourvu de l'évêché de Ciudad Rodrigo, puis de celui de Pampelune. Il eut dans la fuite ceux de Jaën, de Siguença & d'Albano, après que l'empereur Charles-Quint lui eut procuré le chapeau de cardinal, que le pape Paul III lui donna l'an 1545. Ce cardinal alla à Rome fous le pontificat Tome VIII, Partie II.

A ij

P

de Jules III, & par fon zéle il contribua beaucoup au repos de l'Italie. On lui confia le gouvernement du royaume de Naples, où il raffura les efprits des peuples, & particuliérement de la nobleffe, qu'on y menaçoit de l'inquifition. Il eut auffi l'adreffe d'appaifer les différends qui avoient armé le pape Paul IV contre Philippe II, roi d'Efpagne; & il acquit une fi grande réputation de piété, qu'on parla de le mettre fur le fiége pontifical, après la mort du même Paul IV. Pacheco mourut peu après à Rome, le 4 février 1560. Son corps fut porté à Montalvan en Efpagne; où il avoit fait des préfens confidérables au monaftere de fainte Claire, fondé par dom Jean Pacheco, fon frere. Dom FRANÇOIS Pacheco d'Acunna, Cabera, Bobadilla, a été duc d'Escalona, marquis de Villena, deux fois grand d'Espagne, marquis de Moya, comte de SaintEtienne de Gormas, &c. gentilhomme de la chambre du roi d'Espagne, & viceroi de Naples pour le roi Philippe V. Il eft fils unique de dom Diego Lopez Pacheco, viceroi de la nouvelle Espagne & de Navarre chevalier de la toifon d'or, & de Jeanne de Zuniga, fa feconde femme. * Sandoval, hift. de los obifp. de Pampel. Petramellario. Auberi. Hift. de la famille de Giron, &c.

PACHECO DE CERALBO (François) cardinal archevêque de Burgos, natif de Caftel-Rodrigo en Efpagne, étoit fils de Jean Pacheco, gentilhomme de mérite & de réputation. Il fut employé par l'empereur Charles-Quint, & par Philippe II fon fils, roi d'Espagne, en diverfes négociations, dont il s'aquitta très-bien. Une des plus importantes commiffions dont il fut chargé, fut celle de traiter la paix entre le pape Paul IV & Philippe II qu'il alla trouver en Angleterre, & à la recommandation duquel le pape Pie IV | le mit au nombre des cardinaux l'an 1561. Il fut enfuite protecteur des affaires d'Efpagne à Rome, & archevêque de Burgos, & ménagea la ligue qui fe fit contre le Turc, fous le pontificat de Pie V. Il fut auffi inquifiteur de la foi, & mourut à Burgos le 23 août 1579.* Petramellario. Strada. De Thou. Auberi. Ciaconius, in contin. &c.

que

acquis moins de connoiffance des affaires de l'églife, dans les grands emplois qu'il avoit dans le clergé de Conftantinople, que de celles de l'état, parcequ'il pereur. Ainfi l'hiftoire de Michel Paléologue & d'Anexerçoit une des premieres charges de la cour de l'emdronic, qu'il a écrite, eft d'autant plus à eftimer, que non feulement il a été témoin des affaires dont il parle, mais même il Pachymere rempliffent la fuite de l'hiftoire Byzantine, y a eu très-grande part. Les livres de qui étoit interrompue depuis le temps où Nicetas & Acropolite finiffent, jufqu'à celui où Cantacuzene commence. Son ftyle eft obfcur & difficile, & chargé de trop d'érudition. Cette obfcurité fe fait encore fentit tendu faint Denys & fur Ariftote; mais la maniere dans les commentaires que nous avons de lui fur le prédont il traite l'hiftoire, ne laiffe pas d'être agréable: car il explique avec foin toutes les circonftances des judicieufes. Cette hiftoire a été donnée au public, avec chofes qu'il rapporte, & y fait quelquefois des réflexions une traduction en latin, & des remarques, par le pere Pouffines, Jéfuite, l'an 1666. Pachymere a compofé auffi des vers grecs qui ne font point encore imprimés. * Leo Allatius, diatr. geograph. Le P. Pouffines, in quels font les ouvrages de Pachymere, avec la date præf. hift. Georgii Pach. Mémoires des favans. Voici de leur édition : 1. Georgii Pachymera paraphrafis in dem ab autore ante annos mille, nunc verò primùm ladecem epiftolas beati Dionyfii Areopagita, edita quitino donata per Godefridum Tilmannum Cartufiæ Parifienfis ex profeffo monachum, Parif. apud Claudium five hiftoria rerum à Michaële Palæologo geftarum, græcè Chevallon, 1538, petit in-4°. 2. Michaël Palæologus, jéfuite) in-fol. Romæ, typis Barberinis, 1656. 3. An& latinè, interprete Petro Poffino (le pere Pouffines, feniore geftarum, græcè & latinè, interprete Petro dronicus Palæologus, five hiftoria rerum ab Andronico Poffino, in-fol. Roma, typis Barberinis, 1669. Ces deux volumes de Pachymere qu'on joint ordinairement à l'hiftoire Byzantine, de l'édition du Louvre ont été traduits en françois par M. le préfident Coufin. Le premier commence en 1258, & finit en 1282, où commence le fecond, lequel finit en 1308.

PACICHELLUS (Jean-Baptifte) apocrifiaire apof tolique, a publié en 1673 une chiroliturgie, ou un traité de l'office de la main ; & en 1675, un traité du pied. Le même Pacichellus a publié un livre dont le titre met quelque chofe de plus important. C'eft fur l'hofpitalité. Konig, biblioth.

pro

PACIEN (faint) évêque de Barcelone, étoit un feigneur Efpagnol, qui fe convertit à la foi, & qui fe rendit enfuite célébre par fa chafteté, par fon de Valens; & après avoir gouverné fon troupeau fainéloquence & par fa doctrine. Il floriffoit fous le régne tement, il mourut fous l'empire du grand Theodofe vers l'an 390. Nous avons de ce faint homme une exhortation à la pénitence; des épîtres contre les Novatiens, & un petit traité du baptême. Le martyrologe romain en fait mention le 9 mars. S. Jérôme qui fait fon éloge, adreffe à son fils Dexter, préfet du prétoire, fon livre des écrivains eccléfiaftiques, comme nous le difons ailleurs. Les ouvrages de S. Pacien ont été recueillis & mis au jour par Jean du Tillet, à Paris, en 1538, in-4°.* Saint Jérôme, c. 106, cat. Baronius, in annal, &c.

PACHECO (Alvarez) colonel Efpagnol, parent du duc d'Albe, fervoit fous lui dans les Pays-Bas, & avoit été envoyé à Fleffingue, tant pour y être commandant, que pour y faire hâter la conftruction d'une citadelle en 1572; mais avant qu'il débarquât, on s'étoit déja foulevé, & l'on avoit chaffé la garnison efpagnole. Pacheco fut envelopé dans cette révolte. On fe faifit de lui; & quoiqu'il offrît une fomme confidérable pour racheter fa vie, il fut condamné à être pendu. Pacheco ayant appris cette réfolution, demanda au moins qu'on le décollât, à caufe de fa noblesse mais fa demande ne fut point écoutée. Treflon indigné contre le duc d'Albe, qui avoit fait mourir fon frere, ne voulut rien relâcher. Meurfius raconte la chofe affez 'amplement; mais il a confondu ce Pacheco avec un fameux ingénieur que le duc d'Albe avoit amené d'Italie, & qui s'appelloit Paciotti. Il fuppofe que celui qui fut pendu s'appelloit Paciottus. M. du Maurier dans fes mémoires obferve quelques autres méprifes concernant notre Espagnol, qui étoit apparemment de la famille des cardinaux Pacheco. * Bayle, dictionnaire critique, où l'on poura voir les auteurs qu'il cine. PACHORUS, cherchez PACORUS. PACHOME (faint) cherchez PACOME. PACIFICATION : on entend par ce mot, les édits PACHOME, patriarche de Conftantinople, Grec que les rois de France accorderent aux hérétiques, pour étoit évêque de Zichne, dans la Macédoine, & fut pacifier les troubles du royaume, après avoir fait inuélu patriarche malgré lui, l'an 1500. Il jouit de cette tilement plufieurs édits très-rigoureux, pour étouffer dignité jufqu'environ l'an 1513, malgré les avanies l'héréfie dans fa naissance. François I tâcha de maintecontinuelles que lui firent les Turcs.* Onuphre, innir la religion catholique, par fon édit du 29 janvier chron. & Sponde, A. C. 1500, n. 12; & 1513, n. 22. PACHYMERE (George) ancien historien Grec dans le XIII fiécle, floriffoit vers l'an 1280, fous l'empire de Michel Paléologue, & d'Andronic fon fucceffeur. Il étoit homme de naiffance, & n'avoit pas

1534; & par un autre publié l'an 1540. Henri II
renouvella la rigueur de ces édits, par ceux qu'il don-
na le 19 de novembre 1549, & le 27 de juin 1551.
Charles IX voulant remédier aux défordres de l'état
l'an 1561, alla au parleinent avec la reine, les prin

ces du fang, & tous ceux de fon confeil, pour prendre les avis de la cour; & le réfultat de cette délibération, fut qu'on renverroit la connoiffance du crime d'héréfie aux eccléfiaftiques, avec défense de former aucunes affemblées, pour y faire le prêche, ou y adminiftrer les facremens en autre forme, que felon l'ufage obfervé dans l'églife romaine: fur quoi le roi fit publier l'édit de juillet 1561 contre les hérétiques. Mais le mal augmentant tous les jours de plus en plus, le même prince fut obligé d'accorder le premier édit de pacification, au mois de janvier 1562. Cet édit révoqua celui du mois de juillet précédent, & permit pour la premiere fois aux prétendus-réformés de faire publiquement leurs prêches proche de toutes les villes & bourgs du royaume. Les parlemens furent quelque temps fans vouloir le vérifier; & il fallut deux lettres de juffion à celui de Paris, qui le fit registrer avec cette proteftation: Que ce n'étoit que par néceffité, & fans approuver la nouvelle religion. Le 19 mars 1563 le roi Charles IX donna un fecond édit de pacification, qui fut expédié dans le château d'Amboife. L'article premier permit aux gentilshommes & feigneurs hauts-jufticiers l'exercice de la religion prétendue-réformée dans leur maifon pour leur famille & leurs fujets feulement. Le cinquième étoit moins favorable aux calviniftes; car quoiqu'il leur donnât la liberté de faire leurs prêches dans les villes ce n'étoit néanmoins que dans celles où ils les avoient faits publiquement jusqu'au septiéme jour de mars, qui n'étoient pas en grand nombre. Mais ce qu'il y eut de plus infupportable pour eux, fut la reftitution qu'ils étoient obligés de faire des églifes dont ils s'étoient emparé pendant les troubles. Un autre édit du 2 mars 1568 (nommé l'édit de Longjumeau, parceque les députés s'y affemblerent pour traiter de la paix) ordonna l'exécution de celui d'Amboife. Cette paix, qu'on appella la paix fourrée, fut bientôt fuivie d'une guerre trèsfanglante; & Charles IX voyant un foulevement univerfel dans tout fon royaume, par la rebellion des prétendus- réformés, fit publier un édit donné à S. Maur au mois de feptembre 1568, portant révocation des précédens édits de pacification; défenses de faire aucun exercice public de la religion prétendue-réformée, avec ordre à tous les miniftres de fortir du royaume dans quinzaine après la publication de ce nouvel édit. Le roi fit publier en même temps une déclaration, qui portoit que fa majefté n'entendoit point qu'il y eût à l'avenir aucuns officiers de judicature ni de fes finances, qui fiffent profeffion de la religion prétendue-réformée. Le 8 août 1570, le roi Charles IX fit la paix avec les prétendus-réformés, en faveur defquels il publia un édit le 11 fuivant, qui permettoit aux feigneurs hautsjufticiers d'avoir des prêches dans leurs maifons, non feulement pour leur famille & leurs fujets, mais auffi pour toutes fortes de perfonnes. L'article VIII accorda aux prétendus-réformés deux exercices publics en chaqué gouvernement. Le neuviéme leur permit de continuer l'exercice de leur religion dans tous les lieux où ils l'avoient eu publiquement jufqu'au premier jour d'août, c'est-à-dire, dans les villes & bourgs qu'ils tenoient de force; il leur fut pareillement accordé par l'article XXXIX quatre places de fureté, favoir, la Rochelle, Montauban, Coignac, & la Charité, pour leur fervir de retraite pendant deux ans.

Après le maffacre de la S. Barthelemi en 1572, le roi se rendit au parlement le 27 août, pour déclarer les raifons qu'il avoit eues de faire exterminer les huguenots par cette fanglante exécution. Il fit publier en même temps une déclaration, portant défenfes aux prétendus-réformés de faire aucunes affemblées pour le fait de leur religion; & le 28 il écrivit à tous les gouverneurs des vinces, pour leur donner avis qu'il ne vouloit point fouffrir d'autre religion dans fon royaume, que la catholique. Mais le roi Henri III fit la paix avec les prétendusréformés au mois d'avril 1576, & publia l'édit de paci

pro

fication adreffé au parlement le 14 mai. Cet édit leur donna la liberté de faire publiquement leurs prêches, dans toutes les villes, bourgs & villages, fans reftric tion de temps, de lieux ni de perfonnes, avec la permif fion de faire conftruire des temples. Ce même édit leur accorda des chambres mi-parties, & huit places de fu reté; Aigues-mortes & Beaucaire en Languedoc ; Perigueux & le Mas de Verdun en Guienne; Nions & Ser res en Dauphiné; Iffoire en Auvergne ; & Seyne la Grand'-Tour en Provence. Quelques catholiques, par tifans de la maison de Guise, ne purent fouffrir qu'on eût accordé une liberté fi générale aux calvinistes, & commencerent à fe liguer à Pérone, pour maintenir, difoient-ils, la religion catholique, contre les efforts des hérétiques. Cette ligue devint fi puiffante, qu'elle obligea le roi Henri III à convoquer les états généraux, aut mois de décembre 1576 dans la ville de Blois, où il fut arrêté qu'il n'y auroit qu'une feule religion en France &

que l'on en banniroit les miniftres de la religion prétendue-réformée. Ce résultat fut présenté au roi, qui protesta dans l'affemblée qu'il vouloit maintenir la religion catholique, bannir les miniftres, exclure des offices & des charges de juftice ou de fa maison, tous ceux qui feroient profeffion de la religion nouvelle, laiffant feulement en paix dans leurs maifons ceux de cette religion qui n'exciteroient aucuns troubles dans l'état. A l'égard du dernier édit de 1576, il déclara qu'il avoit été forcé & contraint de l'accorder, pour retirer fon frere le duc d'Alençon des engagemens qu'il avoit contractés avec les calviniftes & les mécontens, & pour renvoyer les étrangers dans leur pays. En 1577 le roi voulant abfolu ment pacifier les troubles de fon état, envoya fes députés à Bergerac, où la paix fut conclue le 17 septembre. Les articles furent portés au roi qui s'étoit rendu à Poi tiers pour faciliter ce traité, fur lequel l'édit de feptembre fut expédié & publié au parlement de Paris le 8 octobre. Cet édit de Poitiers accorda aux hauts-jufticiers les mêmes priviléges que les précédens édits leur avoient donnés; mais l'article VII ne permit l'exercice de la religion prétendue-réformée, que dans les lieux où ils vivoient le 17 septembre, & non pas dans toutes les villes, bourgs & villages, comme il leur étoit permis par l'édit de 1576. L'article VIII leur donna un exercice public en chaque fénéchauffée, pour être fait aux fauxbourgs d'une ville. Ce même édit leur accorda des chambres mi-parties, & huit places de fureté, pour fix ans ; favoir, Montpellier, Aigues-mortes, Seyne la Grand' Tour, Nions & Serres en Dauphiné, Perigueux, la Reole, & le Mas de Verdun en Guienne.

En juillet 1585 la ligue obligea le roi Henri III à faire un édit qui fut appellé de Réunion. Par cet édit il révoqua tous les précédens donnés en faveur des prétendusréformés, dont il défendit la religion dans tout fon royaume; il ordonna à tous les miniftres d'en fortir un mois après la publication qui en feroit faite, & à tous ceux de la nouvelle religion, de fe rendre catholiques dans fix mois; & à faute de ce faire, il leur commanda pareillement de fortir du royaume ; il caffa auffi toutes les chambres mi-parties. Au mois d'octobre de la même année, les ligueurs obtinrent du roi un fecond édit de réunion, encore plus rigoureux, en ce qu'il ne donnoit que quinze jours de temps aux prétendus-réformés, pour fe convertir, ou fortir du royaume. En juillet 1588 la ligue obligea encore le roi Henri III de donner un troifiéme édit,' portant que tous fes sujets feroient réunis à la véritable églife, & qu'on ne recevroit à être roi, après la mort de fa majefté, aucun prince qui ne fit profeffion de la religion catholique. Mais Henri IV étant parvenu à la couronne, fit une déclaration à Mante le 4 juillet 1591, par laquelle il caffa les trois édits de réunion, & ordonna que l'édit de feptembre donné à Poitiers l'an 1577, feroit exécuté felon fa forme & teneur. Cette déclaration fut vérifiée au parlement féant à Châlons le 24 du même mois. Les troubles qui continuoient dans les provinces, empêcherent qu'elle ne fût vérifiée dans les autres parle.

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