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I l'on obferve que cet Ouvrage eft à la portée de tout le monde, & qu'il ne contient rien de neuf, c'eft que la Religion eft faite pour tout le monde, & que fes preuves ne dépendent ni de la nouveauté d'une pensée, ni de la fubtilité d'un argument. Il feroit fans doute bien étonnant de ne voir éclorre qu'au dix-huitieme fiecle des raisons propres à nous convaincre des vérités du Chriftianifme. Les meilleurs Apologistes de la Religion ne font que répéter ce

que les Peres de l'Eglife ont écrit.

Il y a un tel enchaînement dans tout ce qui concerne la Morale & les Dogmes, qu'il eft même impoffible d'en parler long-temps fans employer quelques répétitions. Ainsi les Converfations Chrétiennes de Mallebranche ne font que l'abrégé d'un autre Ouvrage connu fous le nom de Méditations ; ainsi l'Explication des Epitres & des Evangiles, par Nicole, retrace fes Effais de Morale; ainfi prefque tous les Livres qui traitent des devoirs de l'homme à l'égard de Dieu & du prochain, ne

different les uns des autres que par la maniere dont ils font écrits.

Cela n'empêche pas qu'un Auteur Chrétien ne doive infifter fur les vérités de la Religion, parce que ces vérités font d'une telle importance, qu'on ne peut trop les retracer. D'ailleurs des perfonnes fouvent infenfibles à la lecture d'un Ouvrage connu, fe réveillent lorfqu'un nouveau Livre paroît; & ce qui n'eft peut-être qu'un effet de la curiofité, devient par la fuite un moyen d'inftruction & de fanctification.

Mais combien d'autres raifons, outre ces motifs, ne doivent-elles pas engager les fages Ecrivains à foutenir les intérêts de la Religion! Nous touchons à ces temps prédits par l'Apôtre, où le myftere d'iniquité commence à fe former; & fi les Incrédules employent tout leur ef prit & tout leur artifice à outrager la vérité, nous devons la défendre de toutes nos forces. Plus nous avançons, plus les jours deviennent mauvais, dies mali funt, S. Paul. La féduction fe répand de la Capitale dans les Provinces; & il n'y a plus

que les bons Livres qui puiffent prémunir contre ces malheurs. Dieu veuille que cet Ouvrage ait un pareil fuccès!

Toutes les réflexions qu'il contient font capables, non d'éclairer un Incrédule obftiné, mais de confirmer une ame droite dans les bons fentiments, & de la garantir de la perversion. Les Peres les pourront faire lire à leurs Enfants, les Maîtres à leurs Ecoliers, comme des leçons propres à leur découvrir le ridicule & le danger de ces malheureuses brochures qui circulent de toutes parts.