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ENCYCLOPÉDIE MODERNE.

TOME VINGT-TROISIÈME.

P. - Polygone.

PARIS.

TYPOGRAPHIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES,

RUE JACOB, 56.

ENCYCLOPÉDIE

MODERNE.

DICTIONNAIRE ABRÉGÉ

DES SCIENCES, DES LETTRES, DES ARTS,

DE L'INDUSTRIE, DE L'AGRICULTURE ET DU COMMERCE :

NOUVELLE ÉDITION,

ENTIÈREMENT refondue ET AUGMENTÉE DE PRÈS DU DOUBLE,

PUBLIÉE PAR

MM. FIRMIN DIDOT FRÈRES,

SOUS LA DIRECTION

DE M. LÉON Renier,

SECRÉTAIRE TRÉsorier de la bibliothèque de l'UNIVERSITÉ,
MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ NATIONALE DES ANTIQUAIRES DE FRANCE,
CORRESPONDANT DE L'INSTITUT archéologique DE ROME.

Tome Vingt-Troisième.

PARIS,

FIRMIN DIDOT FRÈRES, ÉDITEURS,

IMPRIMEURS-LIBRAIRES DE L'INSTITUT DE FRANCE,

RUE JACOB, 56.

M DCCC L.

MODERNE,

OU

DICTIONNAIRE ABRÉGÉ

DES SCIENCES, DES LETTRES ET DES ARTS.

Р

P. (Grammaire, etc.) Comme à l'article | de chacune des deux consonnes précédentes nous avons cru inutile de discuter s'il fallait, pour les nommer, dire emme ou me, enne ou ne, de même ici nous croyons pouvoir nous dispenser de plaider en faveur de l'une ou de l'autre manière de prononcer, et nous prierons seulement le lecteur qui serait curieux de savoir notre opinion à cet égard, de vouloir bien voir ce que nous avons dit du principe même de l'épellation en traitant de la première consonne qu'a amené l'ordre alphabétique. Celle qui nous occupe maintenant, quel que soit le nom qu'on lui donne, est la seizième de nos lettres et la douzième de nos consonnes, bien que chez les Romains, par la raison que nous avons déjà donnée à l'article de la lettre précédente, celle-ci ne fût que le quinzième caractère et la onzième articulation.

Court de Gébelin, dans son Histoire naturelle de la Parole, prétend que « P représentait dans l'origine la figure de la bouche ouverte et vue de profil.» Nous avons en général fort peu de confiance dans cette manière d'expliquer la forme de nos caractères, et en ce qui regarde le cas particulier dont il s'agit ici, nous trouvous que notre auteur demande à son lecteur par trop de complaisance quand il veut lui faire reconnaître la figure en question dans l'analogue que notre P a en grec, le pi (II). Mais ne nous arrêtons pas plus longtemps là-dessus.

On s'est étonné de ce que, bien que pour la valeur ce fût au pi (II) que répondît notre P, cependant pour la forme ce fût au rho (P), lettre destinée à représenter une valeur phonétique toute différente (notre R), qu'il répon dit le plus exactement. L'étonnement cesse néanmoins quand on suit les phases de la paENCYCL. MOD.

T. XXIII.

léographie grecque sur les anciens monuments; car on voit alors que notre P ne peut dériver que du pi grec, et que sa ressemblance avec le rho est fortuite et ne tient qu'au rapprochement irréfléchi sons la main de l'artiste ou du scribe de deux formes primitivement distinctes. On voit aussi que les deux jambages du pi furent longtemps d'inégale longueur, et que pour convertir cette lettre en leur P les Latins n'eurent qu'à joindre ensemble les deux jambages à la hauteur du pied du plus court des deux, de la même manière que les Grecs les joignaient en tête, et à arrondir les angles formés par les extrémités du petit jambage et les traits transversaux. Il paraît même que les formes carrées du pi grec avaient succédé à des formes plus arrondies. De très-vieilles inscriptions permettent de le penser. Ces inscriptions permettent aussi de voir dans le beth phénicien l'origine du pi des Grecs, comme celle de leur béta (B). Le pi carré est passé sans altération de l'alphabet grec dans l'alphabet russe et dans le gothique.

Chez les grammairiens grecs le pi fait partie du tableau des muettes, dont il est la labiale forte. Pour les linguistes modernes le P est l'explosive labiale muette, qui correspond à la sonnante B. Le mécanisme de la prononciation de la première de ces lettres est donc celui que nous avons décrit en parlant de la dernière, moins toutefois les ébranlements sonores des lèvres de la glotte, qui constituent ce qu'il y a de particulier dans le B, comme ils constituent le caractère général de toutes les autres sonnantes. La distinction à faire entre une muette quelconque et la sonnante correspondante, celle par exemple entre le p et le b, échappe à quelques étrangers, et produit de leur part ce défaut de prononciation que nous 1

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