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La cinquième des formules de Marculfe est un brevet de nomination faite par le roi à un évêché. Le prince y dit qu'il a été instruit de la mort d'un tel évêque; qu'après avoir mûrement délibéré avec les évêques et les grands sur le choix de son successeur, il s'est déterminé à nommer un tel au siége vacant: Quia cognovimus sanctæ recordationis domnum illum, illius urbis antistitem, evocatione divina ab hac luce migrasse: de cujus successore sollicitudine congrua unà cum pontificibus vel proceribus nostris pleniùs tractantes, decrevimus inlustri viro aut venerabili illi, in ipsa urbe, pontificalem in Dei nomine committere dignitatem.

Dagobert tint à Clichy une assemblée des évêques et des seigneurs, dans laquelle, de leur consentement, il assure l'asile de l'église de Saint-Denis (1).

Le même prince tint à Paris une pareille assemblée, pour confirmer les priviléges de l'abbaye de Saint-Denis (2).

Clovis II tint à Clichy une assemblée des évêques et des seigneurs de son royaume, où, après avoir fait plusieurs réglemens pour le bien de l'Etat, il leur dit que son dessein est, s'ils le jugent convenable, si probaveritis esse utile, de confirmer le privilége du monastère de Saint-Denis, pour plusieurs raisons qu'il détailla. Tous les princes du royaume qui com

(1) Conciles d'Hardouin, t. 3, col. 2085.-
(2) Ibid., t. 3, col. 2086.

posaient cette assemblée, ce sont les paroles de l'auteur, ayant attentivement écouté le roi, les évêques qui étaient présens approuvant la piété de ce prince, on dressa un acte tel que le roi le désirait, qui fut souscrit du roi, des évêques et des princes (1).

Childéric II, dans l'acte de fondation de Montirendé, dit qu'il l'a fait du consentement des évêques et des grands: Consensu episcoporum et optimatum nostrorum (2).

La reine Nantilde vint en Bourgogne avec son fils, le roi Clovis II, où elle assembla les seigneurs, évêques, ducs et grands, pour faire élire maire du palais de ce royaume Flaochat. Elle sut si bien les gagner chacun en particulier, qu'ils nommèrent Flaochat à cette dignité (3).

(1) Dum regem omnes regni principes hæc concionantem attonitis auribus diligenter intenderent, Pontifices qui aderant optimam devotionem regis adprobantes, præceptum ab ipso rege modo suprà scripto factum, tam rex quàm pontifices et principes qui præsentes aderant, firmaverunt. (Gesta Dagob., c. 51.)

(2) Rec. des Hist. des Gaules et de France, t. 4, p. 645. (3) Cùmque Nantechildis regina cum filio suo Chlodoveo rege in Burgundiæ regnum venisset, ibique omnes seniores, pontifices, duces et primates de regno Burgundice ad se venire præcepit: ibique cunctos Nantechildis singillatim adtrahens, Flaochatus, genere Francus, Major-domus in regnum Burgundice, electione pontificum et cunctorum ducum, à Nantechilde regina in hunc gradum honoris nobiliter stabilitur. (Fredeg., c. 89.) On voit ici le terme seniores, senieurs, placé le premier, comme étant commun aux évêques et aux ducs, que l'on nomme ensuite

Thierri II, qui était entré dans le royaume de Clotaire II pour l'envahir, ayant appris que la cité de l'église de Chartres était très-forte, et qu'il y avait de grands trésors que l'on avait confiés à saint Bohaire, évêque de cette ville, marcha pour l'assiéger. Saint Bohaire se défendit d'abord courageusement avec son clergé et son peuple. Mais Thierri ayant promis avec serment, à ce saint prélat, qu'il ne ferait aucun mal ni à lui ni aux siens, saint Bohaire (ou Bethaire) lui ouvrit les portes de la ville (1).

Remarquez que Chartres est appelée la cité ou ville de l'église de Chartres, que saint Bohaire la défend, et qu'il en ouvre les portes à sa volonté. On ne peut pas, à ces traits, méconnaître un souverain. L'évêque de Chartres fut maître de cette ville jus

en particulier. Le titre de primates, grands, est mis le dernier ; ce qui montre bien que c'est un titre générique, qui désignait tous ceux qui avaient part au gouvernement de l'Etat, soit qu'ils fussent évêques ou ducs, ou qu'ils eussent quelqu'autre dignité qui leur donnât ce droit.

(1) Audiens autem Theodoricus quòd Carnotensis ecclesiæ civitas valdè munitissima esset, thesaurique innumerabiles illic repositi essent, atque viro Domini commendati, direxit contrà illam maximam exercitús sui partem. Keniensque innumerabilis exercitus ac barbara multitudo Carnotis cupientes comprehendere beatissimum Betharium anno ordinationis suæ sexto, tunc prædictus sacerdos unà cum clero et populo infrà muros civitatis conclusus, fortiter se defendere est conatus. Sed beatissimus vir accepto ab üs sacramento, ut nec ipsc nec sui aliquid mali paterentur, credens fidei illorum, aperuit portas civitatis. (Ap. Boll.)

qu'au dixième siècle, que Thibaud, comte de Blois, dit le Tricheur, lui en ravit la souveraineté (1).

Charles Martel faisant la guerre à Childéric III, qui avait donné à Rainfroid la charge de maire du palais, se présenta avec son armée aux portes de Reims, dont saint Rigobert était évêque, et lui cria : « Seigneur Rigobert, ordonnez qu'on m'ouvre la porte de la ville. » Ce saint prélat lui répondit qu'il n'entrerait point. Alors Charles Martel se retira en menaçant le saint évêqué (2).

Les Sarrasins assiégeant la ville de Sens, saint Ebbon, qui en était évêque, ordonna qu'on ouvrît la porte de la ville; et ayant fait une sortie à la tête d'un petit nombre de troupes, il mit en fuite les ennemis (3).

Saint Léger, évêque d'Autun, fit relever les murs de cette ville (4). Ce soin regarde le souverain.

(1) Hist. de Blois, p. 279.

(2) Karlus propter urbem Remorum transiens..., clamasit ad Rigobertum dicens: domine Rigoberte jube mihi portam civitatis aperiri.... Homo Dei... respondit ei, non tibi, inquiens, porta hæc aperietur. (Ap. Bolland.)

(3) Beatus Ebbo seras patefieri jussit... secum paucis de victo·riâ certus dubiæ sorti opposuit. Respiciente siquidem superná clementia, quae nunquam parta credentibus adimit præsidia, fuga solamina hostium cunei capessunt. (Ibid.)

(4) Prætereà innuunt ejus (Leodegarii) industriam ecclesia pavimenta, vel laquearia aurea, et atrii constructio nova et murorum urbis restauratio. (Acta SS. ord. S. Bened.)

Saint Didier, vulgairement Géry, qui fut fait évêque de Cahors l'an 629, releva les murs de cette ville. Le château de Cahors était, avant lui, petit et de peu de défense; il en augmenta considérablement l'enceinte, et en fit une place très-forte (1).

Grégoire de Tours dit que saint Avit, évêque d'Auvergne, se montra grand dans l'épiscopat, rendant la justice aux peuples, secourant les pauvres, consolant les veuves, aidant les pupilles (2).

Ragnemode, évêque de Paris, fit mettre en prison un imposteur qui séduisait le peuple. Dom Félibien écrit dans son Histoire de Paris, que l'évêque de cette ville avait déjà, du temps des Carlovingiens, une juridiction sur certains quartiers, qui lui fut confirmée par Louis-le-Débonnaire. L'auteur du Droit public de France rapporte une charte d'un de nos rois de la troisième race, dans laquelle on lit «< que l'Eglise de Paris est en possession de si long-temps, qu'il n'est mémoire du contraire, de tenir les seigneuries et

(1) Præter civitatis Cadurca opera, castellum quoque Cadurcum, quod anteà nudum penè ac exiguum videbatur, copioso opere conspicandá quâdam munitione ampliavit, erexit ac firmavit, quod sagaciter extruens, multoque ibi labore desudans, ecclesias, domos, portas, turres murorum ambitu, ac quadratorum lapidum compactione munivit, firmumque ac solidum ad posteros pervenire decrevit. (S. Desiderii Vita, in Gall. Christ.)

(2) Beatus Avitus accepto episcopatu magnum se hominibus præbuit, justitiam populis tribuens, pauperibus opem, viduis solatium, pupillisque maximum adjumentum. (L. 4, c. 35.)

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