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justices, spécialement celle de l'ancienne fondation, en toute justice temporelle, sous le ressort et souveraineté de nous et de notre Cour de parlement sans moyen.» On voit, dans M. de la Mare, une charte de Philippe-Auguste, qui porte que l'évêque « aura toute justice au bourg ancien de Saint-Germain, en la culture de l'évêque, et au clos Brunet (c'est aujourd'hui ce qui compose une partie des quartiers de Saint Honoré, de Saint-Germainl'Auxerrois, de Saint-Eustache et de la place Maubert); qu'excepté les crimes de rapt et de meurtre, l'évêque aura la connaissance de toutes les fautes ou crimes qui se commettront en ces lieux; à condition néanmoins que ceux qui seront condamnés par sa justice à quelques peines corporelles, ne pourront être exécutés qu'à Saint-Cloud, ou ailleurs en sa terre, hors la banlieue de Paris. » Cette réserve que Philippe-Auguste met ici, montre que l'exemption (l'exécution) des criminels condamnés à la justice de l'évêque, se faisait auparavant à Paris.

Lorsque saint Léger, nommé à l'évêché d'Autun, vint dans cette ville, tous les ennemis de l'Eglise ou de la ville furent effrayés, de même que ceux des citoyens qui, armés les uns contre les autres, portaient la fureur et la haine jusqu'à se massacrer. Par ses exhortations, il rétablit la concorde parmi une partie d'entre eux, et contint ceux qui ne voulurent pas s'y rendre, par la terreur et la justice (1).

(1) In adventu ejus (Leodegarii) territi sunt omnes ecclesiæ vel

Saint Ouen, archevêque de Rouen, s'étant laissé surprendre par les discours calomnieux qu'on lui tint contre saint Filibert, le fit mettre en prison : Sanctus Audoënus... virum Dei Filibertum... retrudi jussit ergastulo (1),

On lit dans la Vie de saint Maur, que Bertichram ou Bertram, évêque du Mans, avait un vidame (2). C'était un officier préposé pour rendre la justice au nom et à la place de l'évêque.

Le roi Dagobert Ier, à la prière de saint Eloy, donna par une charte authentique, à l'Eglise de Tours, tout le cens qui se payait au fisc dans cette ville; et depuis ce temps-là, l'Eglise de Tours est en possession de cette imposition, et c'est l'évêque qui nomme les comtes de cette cité, et qui leur donne leurs provisions (3).

urbis adversarii, nec non et hi qui inter se odiis et homicidiis incessanter certabant; ut memoriam transacti scandali nollent audire, quia quos prædicatio ad concordiam non adduxerat, justitia et terror cogebat.

(1) Vita S. Filiberti ap., Bolland. die 20 Augusti.

(2) An 543.

(3) Magnum insuper beneficium eidem ecclesiæ (beati Martini) apud regem obtinuit Eligius namque pro reverentiâ sancti confessoris Martini, Eligio rogante, omnem censum qui reipublicæ solvebatur ad integrum Dagobertus rex eidem ecclesiæ indulsit, atque per chartam confirmavit. Adeo autem omne sibi jus fiscalis census ecclesia vindicat (ut) usque hodiè in eadem urbe per pontificis litteras comes constituatur. (Acher. Spic., t. 5.)

Personne n'ignore que les comtes rendaient alors la justice. Ainsi, puisque l'archevêque de Tours nommait le comte de cette ville, et lui donnait ses provisions, on ne peut douter que cet officier ne rendît la justice par l'autorité et au nom de ce prélat.

Il est parlé dans la Vie de saint Lambert (1), évêque de Mastricht au septième siècle, d'un Amalgisile qui avait été son juge.

Cette juridiction temporelle des évêques faisait partie de la police générale de la nation; c'est ce qu'a reconnu dom Thierri Ruinart, si instruit de nos antiquités. Ce savant religieux décrivant le gouvernement de la monarchie sous nos premiers rois, dans la préface qu'il a mise à la tête de son édition de Grégoire de Tours, dit qu'outre les grands plaids ou assemblées du champ de Mars, les comtes et les évêques tenaient, à des jours marqués, des plaids dans les grandes villes, pour terminer les différends des particuliers.

Charles-le-Chauve parle de ces tribunaux des évêques comme de ceux des comtes, que chacun sait être aussi anciens que la monarchie. « Que tous les évê«< ques', dit-il, dans leurs diocèses, les envoyés du «< prince dans les lieux de leurs missions, les comtes << dans leurs comtés, tiennent pareillement les plaids. >> Episcopi quique in suis parochis, missi in illorum

(1) Bolland., 17 septemb.

missaticis, comitesque in eorum comitatibus, pariter placita teneant (1).

L'archevêque de Besançon, qui, conformément à cette police établie par les Mérovingiens, avait dans cette ville une juridiction temporelle, de même que le comte, réunit dans la suite celle de cet officier à la sienne. Car depuis Renaud III, comte de Bourgogne, que les historiens nomment comte de Besançon, nous ne voyons plus de séculiers porter ce titre ; et nous trouvons dans un ancien monument, que nous rapporterons plus bas, que le vicointe de Besançon tient sa vicomté du seigneur archevêque : le vicomte étant le lieutenant du comte, ne pouvait tenir sa place que de lui. Ainsi, puisque le vicomte de Besançon tenait alors son emploi du seigneur archevèque, il faut, par une conséquence nécessaire, que ce prélat eût été alors comte de cette ville (2).

Le saint roi Gontran donna à l'église de Maurienne toute la vallée qui est autour de cette ville (c'est ce qu'on nomme aujourd'hui la principauté ou le comté de Maurienne), avec les hommes qui la cultivaient. Il voulut aussi que les leudes ou vassaux, et les graffions, qui, avec les comtes, défendaient

(1) Capitulaire de Kersi dans le Rec. des hist. des Gaules et de France, t. 7, p 628.

(2) Abbas Urspergensis, p. 284.-Beatrix, Maximi Vesuntionum comitis Reinaldi filia.- Continuator Guntheri, 1. 10.

cette frontière, obéissent dans la suite à l'évêque de Maurienne, et fussent ses sujets (1).

Teutfride, évêque de Toul, augmenta considérablement les biens de son église, ayant obtenu du roi Dagobert Vicherey et le palais royal qui y était, la forteresse de Liverdun, Void ou Noviente, avec le palais royal; la maison de Royaumey, la forteresse de Galiand, avec le bourg de Blenod, et plusieurs autres terres. Et pour assurer à l'église de Toul la possession de tous ses biens, le même roi lui accorda un ban royal, ou un terrain franc de quatre lieues en longueur et en largeur, exempt d'impôts, de tailles et de subsides, lui en attribuant toute la juridiction, avec défense aux comtes d'y troubler les officiers de l'évêque dans l'exercice de la justice, ni de bâtir aucun château ou forteresse (2).

(1) Guntramnus rex ecclesiæ Maurianensi concessit fwum que Vallem Cottianam, in gyrum Mauriunœ structam, et rustes et fioum quæ muris et tectis ecclesiæ ministrarent. Concessit autem et leudes et graffiones qui cum comitibus marcam defendebant, ut ab eo die deinceps episcopo Mauriennæ obedirent et in omnibus subditi

essent.

In Archivio ecclesiæ cathedralis Maurianensis extat monumentum in quo legitur sanctum Gunthramnum (ecclesiæ cathedralis fundatorem) venisse ad civitatem Maurianam ac præsentem adorasse reliquias sancti Joannis, et in venerationem earumdem donavisse principatum Maurianensem cis arcam torrentem, cum merò et mixto imperio, pro ecclesiá cum episcopatu et clero ibidem sta·· biliendis. (Vita S. Tygriæ, ap. Bolland., jun.)

(2) Hist, de Lorraine, de Calmet, t. 1, p. 419.

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