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Dagobert II donna à l'église de Strasbourg, dédiée à la Sainte-Vierge, le pays ou canton dont la ville de Ruffach est le lieu principal. Cette ville était alors considérable, puisque l'ancien auteur qui rapporte cette donation dit qu'elle est très-peuplée, et qu'elle peut être une dot convenable pour la Reine du ciel. Ce canton, outre Ruffach, comprend plusieurs petites villes et villages. Il renfermait, du temps de Dagobert, un des châteaux de ce roi, nommé Issembourg, qui était placé sur la montagne au pied de laquelle est Ruffach. Ce pays se nomme aujourd'hui OberMundat, ou le Mundat supérieur, mot formé d'emunitas, terme latin qui marque qu'il ne reconnaissait aucune autre juridiction que celle de l'évêque de Strasbourg (1).

Saint Sauve fut placé sur le siége d'Amiens en 686. Le peuple de cette ville, dont il avait gagné le cœur, réunit en lùi les deux qualités de magistrat et d'évê

(1) Occurrit animo regis Rubiacham, oppidum cunctis usibus, id est, agris amœnis, campis, silvis, aquis, ædificiis, populis opulentissimum, summæ regina in dotem convenire. Nec distulit rex, voto tandem invento, cancellario mox accito, coram optimatibus suis, assensum tum bono consilio præbentibus, testamentum facit, ut Rubiacha cum omnibus appendiciis suis confinibusque ad se pertinentibus, etiam cum villis, totum et integrum à modo et deinceps. sit sub dominio sancta Argentinensis ecclesiæ servientis Dei genitrici Mariæ, stabili et inextricabili stipulatione subnixum. (Ibid., S. Arbogasti Vita.)

que, et le déclara seigneur temporel et spirituel de la ville (1).

Saint Herbland alla trouver Pasquaire, évêque de Nantes, et lui dit : « Faites-nous préparer un petit << bateau pour descendre la Loire, et visiter ses riva« ges jusqu'à la mer. Si nous n'y apercevons pas un << endroit propre pour y placer un monastère, nous << irons à droite et à gauche, dans toute l'étendue de << votre domination, jusqu'à ce que nous trouvions un « lieu convenable à notre dessein (2). »

Hainmare, évêque d'Auxerre, tint la principauté quinze ans. Il était brave, distingué par sa naissance, et extrêmement riche en belles terres; car sa puissance temporelle fut si grande, qu'il possédait presque tout le duché de Bourgogne (3).

Les archevêques de Besançon ont possédé de tout temps la principauté de Mandeure en haute souverai

(1) Hist. d'Amiens, t. 2, p. 13.

(2) Jube nobis præparare naviculam in quâ cum sociis per alveum Ligerio remigantes, usque ad loca maritima omnia littora ejus pervidere possimus. Et si locus aptus repertus non fuerit ubi Cœnobium ædificetur, tunc ad dextram levamque in omni tua circuibimus dominatione, usquedùm congruum reperiamus situm monasterii constructionis. (Vita S. Hermenlandi, an 696.)

(3) Hainmarus vocatus episcopus tenuit principatum annos XV. Fuit enim vir strenuus atque nobilitate generis non mediocriter decoratus, simulque fundorum dignitate ditissimus. Nam in tantum ejus potestas seculariter excrevit, ut usque ad ducatum penè totius Burgundiæ perveniret. (Hist. Episcop. Antissiod.)

neté, sans mouvance ni dépendance d'aucun souverain. Il en faut inférer qu'ils ne doivent point un si beau domaine aux rois de la seconde ou troisième race, qui n'accordaient les grandes terres qu'à charge d'hommage et de mouvance. Mandeure était autrefois une ville considérable; le grand nombre d'anciens monumens qu'on y a trouvés ne permet pas d'en douter (1).

Saint Gilles, archevêque de Reims, vint avec ses troupes au secours de Chilpéric, dans la guerre qu'il eut avec Childebert: In ed quoque altercatione quæ inter Chilpericum ac Childebertum reges de principatu regni fuerat oborta, hic idem præsul à Chilperici regis auxilio non defecit et copia. L'on ajoute dans les fréquentes expéditions militaires que fit ce roi, ce saint prélat continua de lui fournir des troupes Intereù dum frequentibus regiis expeditionibus non deesset Egidius (2).

que,

:

Un faux Christ, suivi d'une armée de trois mille hommes, avec laquelle il commettait toutes sortes de brigandages, vint attaquer la ville du Puy. Saint Aurèle, qui en était en était pour lors évêque, envoya contre lui des hommes vaillans, qui tuèrent cet imposteur. Son armée se dissipa dès qu'elle le vit mort (3).

(1) Epamanduodurum, vulgò Mandeure, cujus supremus dominus est archiepiscopus Bisuntinus. Chiffletii Vesuntio, p. 152. (2) Vita S. Basoli inter acta SS. Ord. S. Bened., sæc. 2, p. 67.

(3) An 590. Greg. Tur., l. 10, e. 25.

Savaric, évêque d'Auxerre, s'occupant du temporel plus qu'il n'est convenable à un prélat, leva des troupes; et s'étant mis à leur tête, il s'empara de l'Orléanais, du Nivernois, des territoires de Tonnerre, d'Avalon et de Troyes, et les unit à ses domaines (1).

Hainmare, son successeur, ayant joint ses troupes à celles de Charles Martel, ne contribua pas peu à la fameuse victoire que ce grand capitaine remporta sur les Sarrasins (2).

Chilpéric accorda à l'évêque de Noyon et de Tournay le droit de battre monnaie (3).

Dagobert II accorda au monastère de Weissembourg, en Alsace, le droit de battre monnaie (4).

Thierri III accorda le droit de battre monnaie à l'évêque du Mans (5). Charles-le-Simple, par un diplome donné l'an 919, confirme à l'abbé de SaintMartin de Tours le droit de battre monnaie, qui, dès les anciens temps, lui a été accordé par les rois ses

(1) Savaricus sæcularibus curis plusquam oportet pontificem inhiantem insistere cœpit, in tantum, ut tam Pagum Aurelianensem quàm Nivernensem, Tornodorensem quoque atque Avalensem, nec non et Tricassinum militari manu invaderet, suisque ditionibus subjungeret.

(2) Hist. episcop. Antissiodorensium, ap. Labbæum in bibliothecâ nová, t. 1, p. 429.

(3) Hist. de Soissons, l. 5, c. 2.

(4) Thriteme, Annal., p. 52.

(5) Aiglibertus, Cenomannicæ urbis archiepiscopus, nos deprecatus est uti monetam publicam in sua civitate, et in nomine sancti Gervasii ac nostro ei concederemus: quod ita fecimus.

prédécesseurs (1). Il paraît que les rois dont parle ici Charles, sont les Mérovingiens. Premièrement ces paroles, dès les anciens temps, marquent un temps fort éloigné. Secondement, il ne les appelle que rois; il les eût nommés empereurs, s'il eût voulu désigner Charlemagne, Louis-le-Débonnaire, Charles-leChauve; s'il eût voulu indiquer Pepin, il ne se fût pas servi du terme de rois au plurier; s'il eût voulu marquer son père Louis-le-Bègue et ses frères Louis et Carloman, il n'eût pas dit que cette concession avait été faite dès les anciens temps. Troisièmement, Charlemagne défendit expressément qu'on ne frappât aucune monnaie que dans son palais (2). Charles-leChauve ne veut point qu'on batte monnaie ailleurs que dans son palais, et à Quentovic, Rouen, Reims, Sens, Paris, Orléans, Châlons-sur-Saône, Melle, Narbonne. Tours n'est point nommé ici; ainsi, il n'est pas croyable que le monastère de Saint-Martin de cette ville ait reçu le droit de battre monnaie d'un de ces deux empereurs (3).

L'évêque de Maguelonne faisait frapper de la mon

(1) Expetiit (Robertus abbas) ut...... sicut priscis temporibus, à prædecessoribus nostris regibus concessum fore probatur, propriam monetam et percussuram proprii numismatis nostrá autoritate concederemus.... hujus saluberrima petitioni libenter assensum præbere usquequaque collibuit. (In coll. Marten., t. 1.) (2) Capitulaire de l'an 815.

(3) Edit. de Pistes de 864, dans le Recueil des hist. des Gaules et de France, t. 4, p. 657.

I. 10o LIV.

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