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étendue, qu'il renfermait des maisons et des églises. Il fit construire un pont sur le Lot. L'auteur de sa vie remarque que par les grandes dépenses qu'il fit en tant de bâtimens, il ne diminua en rien les biens de son église, mais qu'il les laissa en leur entier : De pristino ecclesiæ præsidio nihil minuit, sed totum integrum illibatumque reliquit. Ce saint donna en mourant tous ses biens et toutes ses terres à son église de Cahors.

Sur quoi je fais cette observation : si saint Didier a fait de si grandes dépenses avec les revenus de son église, elle était donc alors excessivement riche; s'il les a faites avec ses revenus patrimoniaux, son église aura été excessivement riche après sa mort, puisqu'il la fit héritière de tous ses biens..

J'ai laissé l'église de Besançon pour former le dernier trait du tableau que je trace des richesses du clergé sous nos premiers rois. Je ne sais s'il en est quelqu'une dans le royaume qui ait possédé un plus grand nombre de domaines distingués.

Personne n'ignore que les terres tenues en fief ont été originairement propres à ceux qui les ont données en vasselage; ainsi on peut connaître par les hommages des feudataires, les domaines dont jouissait anciennement le seigneur. C'est par cette voie que je vais indiquer les grandes terres qu'a possédées l'archevêque de Besançon.

J'ai un cartulaire du quatorzième siècle dans lequel se trouve la pièce latine que je vais traduire. Elle a pour titre :

I. 10 LIV.

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Voici les hommages du seigneur archevêque
de Besançon.

Le comte de Bourgogne est homme de l'archevêque de Besançon, et tient de lui Vesoul et Gray, et le val de Quingey, et le val de Liele, et la garde de l'abbaye de Baume, de Château-Châlon, le puits de Lons-le-Saulnier; c'est le puits des salines de cette ville.

Le seigneur de Salins est homme de l'archevêque, et tient de lui les gistes de Varach, et ce qu'il possède à la Chapelle.

Le seigneur de Faucogney est homme de l'archevêque, et tient de lui le village de Saz.

Le seigneur de Montfaucon est homme de l'archevêque, et tient de lui Montfaucon, Vercel, Tise, Chaleseule, Arcier, Chalese, Vaites, Gonsans, Goux, Chevigney, Pierrefontaine, et tout ce qu'il possède dans la contrée de Varesco.

Le seigneur de Roche est homme-lige de l'archevêque, et tient de lui les villages de Reugney et de Delu.

Le vicomte de Besançon est homme-lige de l'archevêque, et tient de lui sa vicomté.

Le maire de Besançon est homme-lige de l'archevêque, et tient de lui la mairie et la monnaie.

Le seigneur de Pesmes est homme-lige de l'archevêque, et tient de lui ce qu'il possède à Besançon et dans le territoire de cette ville.

Le seigneur de Mont-Ferrand est homme-lige.

Le seigneur de Ceys est homme de l'archevêque.

Le seigneur de Durnes est notre homme, et tient de nous Etrabonne.

Le seigneur de Montbeliard est notre homme, et tient de nous tout ce qu'il possède à Longueville.

Le seigneur de Saint-Seine est notre homme, et tient de nous sa maison forte de Villefrancon, avec le bois près de la maison.

J'omets un grand nombre d'autres mouvances moins considérables qui sont désignées dans cette pièce; mais je ne peux me dispenser d'en rapporter quelques autres de la plus grande conséquence, insérées par M. Dunod dans son Histoire de l'Eglise de Besançon.

Jean, évêque de Lausane, déclara, par acte daté du jour de S. Barnabé 1246, qu'Humbert, seigneur de Cossonai, son frère, tenait en fief de l'archevêque de Besançon, la ville de Nion, au pays de Vaud, et depuis la fontaine du milieu du Chêne jusqu'à la Maladerie. Plus le lac dit de Genève, depuis le rivage du côté de Nion jusqu'au milieu dudit lac, avec le péage et le droit de pêche trois jours par semaine, et les dîmes depuis le canal de Brussin jusqu'à la pierre de Motai. Enfin, que ledit Humbert était lige de l'archevêque de Besançon pour ce qu'il tenait depuis le rivage de Nion jusqu'au mont Jura, et même au-delà, sauf la feauté due au seigneur de Gex et au comte de Genève, pour ce qui est depuis le Naux de Prangin jusqu'à la fontaine de Balon.

Philippe, comte de Savoie, fit hommage des châteaux et ville de Nion, et de leurs dépendances, en 1272; reconnut que ce fief ne pouvait être aliéné, et

promit que les devoirs en seraient faits à chaque mu

tation.

Les abbesses de Remiremont ont repris plusieurs fois de l'archevêché de Besançon ce que leur abbaye possédait à Amance, Fouchécour, Baulai, Mersuai, Quincey, Breurey, Velai, Valdajoz, Fougerolle, Martinvelle, Cordemoi, Frotey et Grammont.

Le comte de Bourgogne, outre Gray et Vesoul, tenait encore Choye de l'archevêché de Besançon.

Le seigneur de Montfaucon, outre les terres détaillées plus haut, tenait encore de l'archevêché celles de Sône, Bouclans, Delus, Vaire, Roche, Amagney, etc. Le seigneur de Neufchâtel tenait de l'archevêché Fresne-le-Châtel.

La terre de Vielley a été annexée à titre de fief par les archevêques de Besançon au haut doyenné du chapitre métropolitain.

On ne peut excuser que par le goût de leur siècle, les archevêques de Besançon qui ont aliéné un si grand nombre de terres, et des terres si considérables, pour de vains hommages, et que même on ne leur rend plus depuis long-temps. Les faibles restes de tant de richesses et de grandeur se réduisent aujourd'hui à la principauté de Mandeure, à la terre de Gy, d'où dépendaient autrefois trente-six fiefs, aux terres de Noroy et d'Etalans.

Je n'ai garde de prétendre que toutes les terres qu'a possédées l'église de Besançon lui aient été données par les rois Mérovingiens; mais je crois pouvoir assurer qu'elle leur en doit une bonne partie. Voici sur

quoi je fonde mon sentiment. On lit dans un ancien manuscrit de l'église de Besançon, que l'empereur Henri III a donné Gray et Choye à l'archevêque. On ne trouve, pour la très-grande partie des autres terres qu'ont possédées nos prélats, ni diplomes ni enseignemens qui puissent nous apprendre de qui ils les ont reçues. S'ils les avaient tenues de la libéralité des princes Carlovingiens, ou des rois de Bourgogne, ou des empereurs d'Allemagne, il en resterait quelque

monument.

Les archives du chapitre métropolitain, des abbayes de S. Claude et de Lure, renferment plusieurs diplomes des souverains que nous venons de nommer. Est-il croyable qu'il n'y eût eu que ceux qui auraient été donnés en faveur de l'archevêché qui se fussent perdus? n'est-il pas plus vraisemblable qu'il n'y en a jamais eu de ces souverains, et que par conséquent la plus grande partie des terres qu'a possédées l'archevêché viennent des rois Mérovingiens et des seigneurs de leur temps, dont tous les savans conviennent qu'il nous reste trèspeu de monumens?

En réduisant l'archevêché de Besançon à une partie de ses domaines sous les rois Mérovingiens, il ne perd pas pour cela le droit d'être compté parmi les riches bénéfices de ce temps-là. Il a possédé, dans le onzième siècle, un si grand nombre de terres, et des terres si considérables, que la moitié a a pu suffire pour en faire un des plus opulens siéges des Gaules sous la première race de nos rois.

Je terminerai cette description par un trait qui seul

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