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libations, ni les autres cérémonies que les Egyptiens et les Phéniciens pratiquaient dans leurs sacrifices, et qu'ils introduisirent dans la Grèce. Regardant l'univers comme le temple de Dieu, ils accusaient d'extravagance et d'impiété ceux qui le représentaient sous la forme humaine, et qui lui consacraient des autels. Ils tenaient leurs assemblées religieuses en rase campagne, ou au milieu de quelque forêt. Là,

dans le tome 19 in 4o de la Collection de l'Académie des belles-lettres, et les deux autres n'ont été donnés qu'en extrait dans la partie historique du même recueil.

L'ouvrage de dom Martin passe pour être peu exact, en ce qui touche l'explication des cérémonies du druidisme, et nous n'avions d'ailleurs aucune raison pour nous arrêter à un livre de cette classe.

Quant aux Dissertations académiques, l'ouvrage de Chiniac, qui est le moins ancien, a sur les autres l'avantage d'unir dans un cadre plus large et plus plein, les recherches nouvelles de l'auteur à celles de ses devanciers, dont il a su profiter, comme il en convient lui-même. On y retrouve en effet tout ce qu'il y a d'intéressant et d'exact dans les Mémoires de Duclos et de Fréret, et dans le livre beaucoup plus ancien de Talepied, que les deux académiciens n'avaient pas négligé. Aussi nous abstiendrons-nous de reproduire ces pièces avec l'écrit de Chiniac, qui n'est pas seulement préférable, mais qui peut tenir lieu de tous les autres, en ce qui concerne l'objet dont il traite exclusivement. Cependant il ne dispensera pas de consulter les documens qu'on a publiés depuis le dernier siècle, et qui ont répandu de nouvelles lumières sur cette partie de notre ancienne histoire. (Edit. C. L.)

ils offraient leurs sacrifices et faisaient leurs dévotions autour d'une colonne, d'une pierre, ou de quelque grand arbre, particulièrement d'un chêne, pour lequel ils avaient une vénération singulière. J'indiquerai ailleurs l'origine de cette superstition.

La connaissance du vrai Dieu s'altéra insensiblement chez les Gaulois. Ils se firent des dieux subalternes. Ils imaginèrent, comme les autres peuples, une suite de dieux, qui tous étaient assujettis à l'Etre éternel et indépendant qui leur avait donné l'existence. Ils se persuadèrent que le Dieu suprême avait confié à ces divinités subalternes le soin et la conduite des différentes parties de l'univers; mais ils croyaient toujours que ces dieux inférieurs étaient de la même nature que leur auteur, spirituels, invisibles, et dégagés de toute matière: c'est pourquoi ils ne donnaient ni noms ni surnoms à ces divinités; ils les appelaient simplement les Dieux.

Cependant, le premier pas que l'ignorance des Gaulois leur avait fait faire vers le polythéisme, ne tarda pas à les plonger entièrement dans l'idolâtrie. Les Phéniciens et les Egyptiens introduisirent dans la Grèce le culte de Jupiter et de leurs autres faux dieux. Une colonie de Grecs vint fonder Marseille, six cents ans avant Jésus-Christ, et y apporta le culte des nouvelles divinités de là il s'étendit dans toutes les Gaules. Les Gaulois, vaincus et subjugués par les Romains, s'accoutumèrent aussi à la religion de leurs vainqueurs. Alors ils égalèrent tous les peuples de la terre en superstitions; leur religion ne fut plus qu'un

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amas monstrueux de cérémonies insensées et cruelles; ils portèrent l'inhumanité jusqu'à égorger leurs semblables; et l'homicide, défendu par les lois, fut sanctifié par la religion, et devint l'action la plus agréable à leurs dieux.

Je divise ce discours en trois parties. Dans la première, j'examinerai quel était le gouvernement ecclésiastique des Gaulois. Dans la seconde, je parlerai de leur religion et de leur morale. Dans la troisième, je ferai connaître les dieux qu'ils adoraient, et je prouverai qu'ils leur immolaient véritablement des victimes humaines. Le contraste des superstitions et des vices où le paganisme plongea nos pères, nous fera admirer la majesté et la sainteté du christianisme, et nous fera mieux sentir les avantages infinis que l'Evangile nous a procurés. Ce sentiment, en rendant plus vive notre reconnaissance, nous inspirera plus de zèle pour défendre le don précieux de la foi.

PREMIÈRE PARTIE.

Du gouvernement ecclésiastique des Gaulois.

Dans la loi de nature, les chefs de famille étaient en même temps rois et pontifes. L'Ecriture nous en fournit plusieurs exemples. Noé, sorti de l'arche avec ses fils, sa femme et les femmes de ses fils, dressa un autel au Seigneur; et choisissant quelques-uns de tous les animaux purs, il les offrit en holocauste sur

cet autel. Après la dispersion des enfans de Noé dans toutes les régions, les chefs de famille conservèrent également leur autorité sur le culte religieux et l'administration des choses civiles. Abraham, père des croyans, se disposa à immoler son fils Isaac pour obéir à Dieu; mais le Seigneur, qui ne voulait pas ce sacrifice, lui défendit de mettre la main sur l'enfant. Abraham prit un bélier et l'offrit en holocauste, au lieu de son fils.

Dans la suite, les hommes établirent quelques-uns pris d'entre eux pour les appliquer spécialement au culte de l'Etre-Suprême ou des Divinités qu'ils s'étaient faites, et pour ordonner tout ce qui concernait le rit religieux. Cette institution varia selon le génie des différentes nations(1). Parmi les Celtes, les hom

(1) Dom Jacques Martin, dans sa Religion des Gaulois, fait un long parallèle de la religion, de la discipline et du gouvernement qui étaient communs aux Gaulois, aux patriarches de l'Ancien Testament et aux Juifs. Le souverain pontife, l'excommunication, les assemblées solennelles, les sacrifices humains, la profonde vénération pour le chêne, les vêtemens sacerdotaux, la loi de l'interdit, les eaux de jalousie, les priviléges du clergé, l'idolâtrie du veau d'or, et plusieurs autres choses qu'il est inutile de rapporter, étaient, selon lui, communes aux Gaulois, et au plus ancien peuple du monde, et c'est de celui-ci que nos pères avaient pris tous ces usages: Ad populum phaleras. Ce qu'il y a içi de particulier, c'est que dom Martin assure, pp. 47, 49, 50 et 123, que les Gaulois ont reçu leur religion de Gomer, leur père, qui était fils aîné de Japhet, troisième

mes et les femmes furent associés à ce ministère.

Leurs prêtres s'appelaient druides, et leurs prêtresses avaient le nom de druidesses, ou femmes druides.

Il est parlé dans Strabon et dans Mela de ces femmes druides(1); on les distiguait en deux classes, les prêtresses et les ministres. Une inscription trouvée aux environs de Metz, fait mention d'une ARETE DRUIS ANTISTITA (2). Ce titre emporte une idée de supériorité, et désigne celle qui était à la tête de plusieurs autres. Ces femmes druides avaient acquis une réputation extraordinaire de connaître et de prédire l'avenir. On les consultait de toutes parts avec empressement, et leurs décisions étaient prises pour des oracles. Vopisque nous apprend, sur le rapport de plusieurs écrivains contemporains qu'il cite, que l'empereur Aurélien consulta les femmes druides de la Gaule sur le sort de sa postérité, gallicanas Druidas; et dans la vie de Numérien, il rapporte sur le témoignage de son aïeul, auquel Dioclétien lui-même

fils de Noé, et qu'il ne laisse pas de soutenir ensuite que les Gaulois avaient pris des Juifs une infinité de cérémonies que le peuple de Dieu ne reçut qu'après sa sortie d'Egypte, c'est-à-dire plus de sept cents ans après la dispersion des descendans de Noé, lorsque ceux de la race de Japhet ne parlaient pas plus la langue du peuple de Dieu sorti d'Egypte, qui descendait de Sem, qu'en France l'on parle le chinois et le japonais.

(1) Strabon, t. 4, p. 178. - Mela, t. 3, p. 6. (2) Grut., p. 62, no 19.

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