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Tous les efforts tentés par Rechid-pacha auprès du prince Mentchikoff ont été stériles.

L'ambassadeur russe, sans attendre la notification du Divan, a adressé au ministre des affaires étrangères du Sultan une nouvelle note annonçant que sa mission était terminée, et qu'il se voyait dans l'obligation de quitter Constantinople en emmenant tout le personnel de la légation de Russie, déclarant, de plus, que toute atteinte portée au statu quo de l'Église d'Orient serait considérée comme l'équivalent d'une infraction aux stipulations existant entre les deux gouvernements, infraction qui obligerait l'empereur Nicolas à recourir à des moyens qu'il a toujours désiré ne pas employer.

Dans cette communication, le prince Mentchikoff fait savoir à la Porte que le chancelier de la légation de Russie continuera à gérer les affaires de navigation et de commerce et à protéger les intérêts des sujets russes.

Nonobstant la remise de cette pièce, Rechid-pacha a envoyé au prince Mentchikoff, sous forme particulière et confidentielle, la note délibérée en conseil. Cette note a déterminé une réponse de l'envoyé russe, dans la même forme, par laquelle il déplore la résolution de la Porte, regrettant qu'on ait, dans une circonstance aussi grave, cédé à des suggestions étrangères, espérant encore de voir le gouvernement ottoman revenir à une détermination plus sage et plus conforme aux intentions bienveillantes de l'empereur Nicolas.

Lord Redcliffe a eu de fréquentes conférences avec les conseillers du Sultan; on en concluait qu'il n'était pas étranger aux décisions du Divan.

La définition du protectorat religieux exercé en Orient par la France est devenue, tant de la part des journaux étrangers que des journaux français, l'objet d'une polémique dans laquelle nous n'avons pas à entrer.

Nous avons pensé néanmoins qu'une opinion exprimée, il y a longtemps déjà, par un homme dont l'autorité à se prononcer en pareilles matières ne saurait être contestée, pouvait être reproduite aujourd'hui avec d'autant plus de poids qu'elle était complétement indépendante des circonstances actuelles.

En 1785, à son retour de Constantinople, M. le comte de SaintPriest, ambassadeur depuis 1760 auprès de la Sublime-Porte, remit au roi Louis XVI, selon l'excellent usage de l'ancienne diplomatie, des Mémoires où se trouvaient réunis les divers travaux de sa mission, et notamment un rapport sur la protection de la religion chrétienne au Levant, déposé aux archives du département des affaires étrangères.

Voici comment M. le comte de Saint-Priest, éclairé par une pratique de dix-sept années, caractérise, dès les premières lignes de son rapport, le protectorat des rois de France sur les catholiques du

Levant :

« On a décoré le zèle de nos rois de l'expression de protection de la religion catholique au Levant; mais elle est illusoire, et sert à égarer ceux qui n'approfondissent pas la chose. Jamais les sultans n'ont eu seulement l'idée que les monarques français se crussent autorisés à s'immiscer de la religion des sujets de la Porte. « Il n'y a point de prince, dit fort sagement un de mes prédécesseurs, M. le marquis de Bonnat, dans un mémoire sur cette matière, quelque étroite union qu'il ait avec un autre souverain, qui lui << permette de se mêler de la religion de ses sujets. Les Turcs sont « aussi délicats que d'autres là-dessus. »

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« Il est aisé de comprendre que la France, n'ayant jamais traité avec la Porte qu'à titre d'amitié, n'a pu lui imposer des obligations odieuses de leur nature. Aussi le premier point de mes instructions me prescrivait d'éviter tout ce qui pourrait causer de l'ombrage à la Porte, en donnant trop d'extension aux capitulations en matière de religion. »

Cette importante citation nous dispense de tout commentaire. Nous ajouterons seulement que tous les faits s'accordent avec la doctrine exposée par M. le comte de Saint-Priest, et qu'il n'existe, dans les capitulations de la France avec la Turquie, aucun article qui ait trait à la protection des sujets mêmes de la Porte.

XV. Publication faite par la Sublime-Porte le 4 juin 1853
(26 châban 1269).

Comme les deux parties n'ont pas pu s'accorder sur toutes les questions que S. A. le prince Mentchikoff, arrivé dernièrement à Constantinople avec le caractère d'ambassadeur extraordinaire de l'illustre cour de Russie, a, conformément à la mission dont il était chargé, mises en avant, Son Altesse a rompu les relations diplomatiques avec la Sublime-Porte, mis fin à son ambassade, et elle a quitté Constantinople.

Bien que ces faits survenus dans un temps où la Sublime-Porte met tous ses soins à conserver et à maintenir ses relations amicales avec la cour de Russie, n'aient pu que faire de la peine au gouvernement de S. M. le Sultan, on espère toutefois qu'une juste appréciation de ses intentions loyales et pacifiques par la cour de Russie et une manifestation de la part de celle-ci d'intentions analogues

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ur de Sa Majesté Impériale, monsieur le comte, se éjà muni de toutes les directions dont il a besoin pour attitude absolument semblable à celle de l'ambassaMajesté Britannique, et M. l'amiral de la Susse recevra temps que M. l'amiral Dundas l'ordre d'appareiller pour nelles et de mouiller dans la baie de Besika. Le Chaptal, porte cet ordre, a quitté Toulon hier, et de cette façon les escadres arriveront ensemble à leur destination. Nous ne pous mieux constater l'accord des deux gouvernements, et nous pérons fermement qu'une telle démonstration, autorisée par les rmements de la Russie elle-même, suffira pour donner à la diplomatie le temps de prévenir une rupture plus complète entre le cabinet de Saint-Pétersbourg et la Porte ottomane.

C'est dans le traité de 1841 que nous puisons notre droit; il ne saurait dès lors être dans nos intentions de ne pas l'observer fidèlement, tant qu'aucun acte agressif n'aura pas mis la Turquie dans le cas d'une légitime défense. Nous attendrons donc, pour franchir les Dardanelles, que la Russie ait commencé les hostilités par terre ou par mer contre l'empire ottoman, et que la Porte, en nous adressant une demande d'appui, nous ait déclaré qu'elle se considère comme en état de guerre. Ce jour-là, monsieur le comte, le traité de 1841 sera méconnu par l'une des parties contractantes, et en vertu de l'esprit qui l'a dicté, à raison des immenses intérêts qui font du maintien de la Turquie une nécessité d'équilibre européen, nous prêterons à cette puissance tout le concours qu'elle réclamera de

nous.

Il est bien entendu d'ailleurs, monsieur le comte, que, nonobstant les circonstances qui peuvent survenir, nous ne cesserons de faire à tous moments de loyaux efforts pour concilier les prétentions de la

et pacifiques rétabliront dans peu les bonnes relations des deux puissances sur le même pied qu'auparavant; et la pensée d'ailleurs que la Russie n'entreprendra pas une guerre, pour laquelle il n'y a pas de motif fondé, fait espérer que la paix ne sera pas troublée.

Quoi qu'il en soit, comme la rupture des relations officielles et le départ du prince sont des faits qui, lors du départ de cet ambassadeur, sont restés sans des assurances qu'il n'y aurait pas de guerre, et comme la Russie se trouve avoir fait de grands préparatifs de guerre par terre et par mer, la Sublime-Porte, tout en déclarant officiellement aux hautes puissances qu'elle n'entretient pas la moindre intention hostile, s'est trouvée dans la pénible nécessité d'adopter, par pure précaution et uniquement pour se mettre en défense, quelques mesures consistant en mouvements de troupes et en fortifications; en conséquence de quoi elle a entrepris de mettre dans un bon état de défense, par l'emploi de troupes et par d'autres moyens, les forteresses impériales qui sont au delà des Balkans et sur les bords du Danube, ainsi que d'autres endroits essentiels et le détroit de la mer Noire. L'envoi à ce détroit des vaisseaux de guerre qui étaient amarrés devant Béchiktasch fait partie des mesures de précaution dont il s'agit.

Comme les employés de la chancellerie commerciale russe à Constantinople et les consuls de Russie restent à leurs postes, et que les opérations mercantiles des négociants et des sujets russes continuent à se faire comme par le passé, la Sublime-Porte, pour donner une nouvelle preuve de ses égards envers la cour de Russie, a envoyé des ordres partout où il le fallait, à l'effet de faire donner aux négociants et aux sujets de cette nation plus de facilités encore, et de traiter tous les employés russes avec les égards convenables, ce à quoi le gouvernement de S. M. I. le Sultan tient beaucoup.

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Dépêche de M. Drouyn de Lhuys au comte Walewski, à Londres, en date du 5 juin 1853 (27 châban 1269).

Monsieur le comte, j'ai placé sous les yeux de l'Empereur la dépêche où vous m'annoncez que l'escadre commandée par M. l'amiral Dundas est mise à l'entière disposition de lord Stratford. Sa Majesté Impériale se félicite de la complète harmonie qui existe entre son propre gouvernement et celui de Sa Majesté Britannique, et elle espère que son effet sera d'empêcher les complications qui pourraient surgir en Orient et menacer sérieusement la paix générale.

Dès le début de la mission de M. le prince Mentchikoff, nous

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