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donné 50 centigrammes de sublimé, par l'infusé de quinquina calisaya. M. Orfila a répété l'expérience (œsophage lié), et l'animal est mort 5 heures après, avec tous les symptômes d'une forte inflammation du tube intestinal.

Charbon. M. Bertrand l'a expérimenté sur lui, ainsi que sur les chiens, de la même manière que pour l'acide arsénieux (page 400), et avec la même quantité de sublimé. Les résultats ont été les mêmes. M. Orfila a obtenu des résultats contraires sur les chiens auxquels il liait l'œsophage.

Albumine (blanc d'auf). Considérée, par la plupart des médecins, comme un des meilleurs contre-poisons du sublimé. M. Orfila en a déduit cette propriété des trois séries d'expériences suivantes sur les chiens et les lapins. A. 1° Les chiens ne sont point intoxiqués par 3 grammes 3 décigrammes du composé albumineux mercuriel en poudre, ou en gelée, préalablement bien lavé. Cependant, dans ce dernier cas, il y a en des vomissements. 2o 5 grammes de ce composé en gelée, bien lavé, bien délayé dans de l'eau albumineuse (blanc d'œuf no 6, eau 500 grammes), sont introduits dans l'estomac d'un chien à jeun (œsophage lié): efforts de vomissement; douleurs abdominales; selles renfermant du composé albumineux; mort en 28 heures. L'estomac contracté offrait des taches ponctuées, ainsi que la muqueuse intestinale; ecchymoses à la partie interne du cœur. B. 10 Il donne 30, 60 centigrammes de sublimé dissous, immédiatement après 6 ou 8 blancs d'œufs, délayés, et lie l'œsophage. Les chiens succombent le troisième ou quatrième jour dans l'abattement et avec peu de souffrance. Quelques plaques rosées dans l'estomac. Pour la même quantité de sublimé, il a administré 2, 3 blancs d'œuf. La mort est survenue dans le premier cas, en 2 heures, et, dans le second, en 12, avec tous les symptômes de l'intoxication et les altérations par le sublimé seul. 2o Deux lapins auxquels il a donné 10 centigrammes de sublimé dissous et préalablement mêlé à un blanc d'œuf, sont morts 4 minutes après. C. Il donne 45, 60 centigrammes de sublimé dissous à des chiens, et, 8 minutes, 1/4 d'heure après, 8 blancs d'œufs délayés, en plusieurs prises. Dans tous les cas

il y a vomisssments avant et après l'administration du contrepoison. Les uns ont succombé les autres se sont rétablis. M. Orfila dit cependant que souvent ils meurent.

De ces expériences, on ne peut conclure que l'albumine soit le contre-poison du sublimé, puisque le composé mercuriel qui en résulte n'est point inerte, à l'état de gelée, et non préalablement lavé comme l'a fait M. Orfila (car c'est en cet état qu'il· aurait dû l'expérimenter); qu'ensuite il est soluble dans un excès de contre-poison et devient alors toxique. La seconde série d'expériences démontre que l'albumine atténue l'effet local de sublimé, en ralentit l'absorption, et encore d'une manière peu marquée (puisque les lapins sont morts 4 minutes après), en formant avec lui un composé insoluble, lequel peut ensuite être expulsé par les vomissements ou par les selles. C'est ainsi qu'on doit expliquer, ce nous semble, les heureux résultats ob- .. tenus dans quelques cas d'intoxication chez l'homme et sur les animaux, lorsque l'œsophage n'a point été lié. On donne 6 à 8 blancs d'œufs délayés dans l'eau et passés à travers un linge.

Jaune d'œuf. M. Devergie s'étant assuré que le jaune d'œuf précipitait plus complétement que le blanc d'œuf le sublimé de ses dissolutions, qu'ensuite l'administration en était moins désagréable, lui donne la préférence, et l'administre de même. Un jaune d'œuf précipiterait environ 5 à 10 centigrammes de sublimé. Un chien auquel M. Orfila a donné le composé mercuriel, résultant de 30 centigrammes de sublimé et de 12 jaunes d'œufs, bien lavé, pendant 8 jours, a succombé en 38 heures. L'œsophage a été lié. Le jaune d'œuf agirait done comme l'albumine, il serait peut-être préférable parce qu'il précipite plus complétement le sublimé.

Gluten. Mélange de Taddei. Farine. Le gluten précipite immédiatement et presque complétement le sublimé; mais, comme il est visqueux et se délaye difficilement dans l'eau, Taddei propose de le mêler exactement, encore humide, dans un mortier, avec 2 parties d'une dissolution de savon mou, et, à défaut, de savon dur, de dessécher le mélange sur des assiettes à l'étuve ou au bain-marie, de le réduire en poudre, et de le con

server ainsi dans des fioles. Pour l'usage, on délaye 4 ou 8 gram. de cette poudre dans un verre d'eau. Taddei préfère ce contrepoison à l'albumine, parce qu'il se délaye plus promptement dans l'eau, qu'il précipite immédiatement et plus complétement le sublimé, qu'il agit comme contre-poison des autres préparations mercurielles solubles ou insolubles, se combine avec elles, les enveloppe, les dénature, etc. Après l'avoir expérimenté sur les animaux, il a eu occasion de l'employer avec succès chez un homme qui avait pris 55 centigr. (7 grains) de sublimé pour du proto-chlorure de mercure. Les accidents se sont calmés immédiatement. M. Devergie s'est assuré que 2 gam. (1/2 gros) de ce mélange, dissous dans trente gram. d'eau, précipitait environ 15 centigr. de sublimé. Malheureusement ce contre-poison est repoussant à prendre, très-rare, et on ne le trouverait probablement pas chez les pharmaciens. Il pourrait sans doute être remplacé par la farine de froment seule, délayée ou bouillie dans l'eau, ou associée à un soluté de savon. Christison agite, pendant quelques secondes, 12 grains de sublimé dissous, avec de la farine délayée dans l'eau. La liqueur, filtrée immédiatement, n'a pas précipité par la potasse et n'avait plus le goût àcre, styptique. Il reste à savoir si le composé glutineux mercuriel est toxique, ce qui est très-pro- › bable.

Limaille de fer. Or. Zinc. M. Edwards et Dumas donnent 60 centigram. (12 grains) de sublimé à un chien, et, immédiatement après de la limaille de fer; l'animal ne meurt que sept jours après, sous l'influence de la ligature de l'œsophage. Le dr Buckler (Jour. pharm. 1842) dit avoir expérimenté avec succès sur les animaux le fer et l'or en poudre. Mèlés ensemble, ces métaux décomposent le sublimé et en précipitent le mercure. Il conseille de mêler exactement 2 gram. de chacun de ces métaux en poudre, et de les administrer suspendus dans un liquide très-visqueux, autrement la décomposition du sublimé ne serait pas complète. M. Barry, afin d'empêcher l'oxydation du fer, propose de conserver le mélange dans un peu d'eau de chaux, et, afin d'activer la réaction, d'aciduler, au

moment de l'administration, la mixture avec quelques gouttes d'acide sulfurique. Il s'est assuré que le sublimé était ainsi complétement précipité de sa dissolution. M. Orfila donne à des chiens 4 gram. de ce contre-poison, suspendu dans 60 gram. d'eau acidulée, et, immédiatement après, 50 centigr. de sublimé dissous; il lie l'œsophage. Tous meurent en 15, 18, 20 heures, avec de violents efforts de vomissements, d'horribles souffrances. L'estomac, très-enflammé, offrait des ecchymoses, des extravasations sanguines. MM. Sandras et Bouchardat proposent de remplacer le fer par la limaille de zinc, comme moins oxydable.

Proto-sulfure de fer. M. Mialhe ayant remarqué que le proto-sulfure de fer, récemment préparé, annihilait complétement la saveur du sublimé, l'a proposé comme contre-poison. D'après M. Orfila, si l'on donne à des chiens 60 centigram. de sublimé, et, dix minutes après le proto-sulfure de fer (œsophage lié), ils succombent en quatre heures avec tous les symptômes d'intoxication. Ils se rétablissent au contraire, si le contrepoison est donné soit avant, soit immédiatement après le poison; et comme, par cette raison, il sera difficile de se le procurer assez à temps, il préfère l'albumine.

Proto-chlorure d'étain. En parlant des réactifs, nous avons dit que le sublimé était presque complétement précipité de sa dissolution par le proto-chlorure d'étain. M. Poumet qui l'a expérimenté sur les chiens, dit que c'est le meilleur contre-poison. On le donnerait dissous dans l'eau par doses de 1/2 à 2 gram.

Conclusions. Des faits précédents, il résulte pour nous que la plupart de ces contre-poisons précipitent plus ou moins complétement le sublimé ; que le précipité ou le nouveau composé qui en résulte n'est point inerte et peut agir comme toxique, quoique, en général, plus lentement; aussi, il importe de l'expulser promptement par les vomissements ou par les selles. Les blancs et les jaunes d'œuf, le mélange de Taddei ou plutôt le décocté de farine, mêlé à une dissolution de savon, tels sont les contre-poisons qu'on doit préférer

comme remplissant plus immédiatement le but et plus faciles à se procurer. Ils pourraient, à la rigueur, être remplacés par le lait, le bouillon, les liquides mucilagineux, donnés en abondance. Deux cents malades de l'hôpital des vénériens prirent, par erreur du pharmacien, une plus grande quantité de sublimé que ne l'indiquait la prescription. Tous éprouvèrent des douleurs épigastriques et abdominales déchirantes, des vomissements copieux avec constriction à la gorge. Cullerier leur administra sur-le-champ une grande quantité de lait, des boissons mucilagineuses, et d'eau tiède (7 à 8 litres à chacun, en 7 à 8 heures). Ces symptômes se dissipèrent en ce laps de temps, et tous furent sauvés. Douze conservèrent des douleurs épigastriques pendant 15 jours. Le fer, le zinc, l'or seraient certainement les meilleurs contre-poisons, parce qu'ils précipitent le mercure à l'état de métal ou inerte; mais la difficulté de se les procurer de suite, de les administrer de manière à ce qu'ils soient bien suspendus dans les véhicules, s'opposeront le plus souvent à leur emploi. Dans un empoisonnement aussi grave, ce serait perdre un temps bien précieux que d'attendre, que de rester dans l'inaction.

CARACTÈRES et effets des AUTRES MERCURIAUX.

Les préparations mercurielles, autres que le sublimé, sont bien rarement employées comme toxiques, et la science ne possède que quelques observations d'empoisonnement par les nitrates, le bi-oxyde, le proto-chlorure et le cyanure de mercure; eucore est-ce par suicide, par imprudence ou par erreur. Nous n'entendons pas parler de l'hydrargyrie, des effets spéciaux, auxquels nous consacrerons un article à part aux faits pratiques.

10 MERCURE. VIF-ARGENT. Métal liquide, blanc-gris-bleuâtre avec reflet métallique; inaltérable à l'air, il s'y bi-oxyde dans un espace circonscrit, à une chaleur très-prolongée. Volatil à toutes les températures, il bout et se vaporise complétement à 360o. Insoluble dans l'eau, il paraît cependant communiquer

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