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il est dans une grande agitation, court dans la chambre en criant, et se plaignant de violentes coliques; vomissements fréquents; selles abondantes; face livide; anxiété; sueurs froides; langue et lèvres barbouillées de vert; ventre rétracté ; corps fléchi en deux, comme chez les personnes qui souffrent de coliques violentes; soif très-vive, Eau froide pour boisson; 15 grammes de sesqui-oxyde de fer hydraté délayé dans de l'eau chaude et administré en quatre doses. Environ une heure après l'emploi de ce médicament, les vomissements et la diarrhée cessent, et, une demi-heure plus tard, la soif et les douleurs abdominales. Le lendemain au matin, le malade était très-bien, sauf un grand abattement, qui disparut après plusieurs jours (Spath, Archiv. génér. 1842).

de

Observation X. Un enfant d'un an mordit à plusieurs reprises dans une tablette d'encre verte (contenant du vert de schéele) : immédiatement, vomissements dans lesquels on distingue des morceaux de cette encre; ventre non tuméfié, non douloureux; pouls non fréquent; pas mouvements convulsifs; l'enfant repose sur les bras de sa mère. Cinq minutes après, vomissements de même nature. Sirop d'ipécacuanha; blancs d'œufs convenablement délayés dans de l'eau sucrée; lait. Bientôt l'enfant commença à se plaindre, le visage devint påle, dé fait; le ventre se météorisa sans devenir douloureux; le pouls prit beaucoup de fréquence, la peau se refroidit, le malade refusa de rien prendre, et resta dans un abattement complet. Il survŕnt bientôt une diarrhée assez copieuse, à la suite de laquelle l'enfant recouvra la pleine Santé. (M. Lewinstein, Gazette des hôpit. 1842.)

Il n'est pas facile, dans ces deux observations, de faire la part de l'acide arsénieux et de l'oxyde de cuivre, de distin'guer, enfin, ce qui appartient à chacun de ces poisons, puisqu'ils ont le même mode d'action. Observons cependant que, dans l'intoxication arsenicale, il y a presque toujours constipation, par conséquent la diarrhée peut bien être attribuée au

cuivre.

Observation XI. Un jeune homme de seize ans, après avoir tra vaillé, pendant neuf jours consécutifs, à imprimer des fonds avec le vert arsenical, fut pris de coriza, de mal de tête; les narines, les lèvres, les paupières devinrent gonflées, empâtées, se couvrirent d'une éruption de boutons rouges ou jaunes, à base dure. Le lendemain et les jours suivants, il eut de violentes coliques, une faiblesse musculaire

extrême, et l'œdème des boutons analogues à ceux du visage, se manifestèrent aux bourses. Ces symptômes cédèrent au bout de huit jours,

et le malade se rétablit.

D'après M. Blandet, auteur de cette observation, ces accidents s'observent chez les ouvriers des fabriques du vert de schécle, chez les imprimeurs de fond avec ce vert, et surtout chez les satineurs, parce que, en brossant les imprimés, le vert arsenical se dégage dans l'air sous forme de poussière. L'intoxication peut aussi avoir lieu par les mains quand elles sont excoriées. Ce médecin conseille, comme moyen curatif et prophylactique, le sesqui-oxyde de fer. Il serait mieux de garantir les organes du contact du composé arsenical.

EMPOISONNEMENT PAR LES PRÉPARATIONS DE PLOME.

Le plomb, les oxydes, les acétates, le carbonate, le chromate, telles sont les préparations les plus importantes à connaître, non qu'elles soient souvent employées comme poisons, mais parce que, d'un usage fréquent dans les arts et en médecine, elles peuvent donner lieu à des accidents graves, à une intoxication spéciale, la colique des peintres, etc.

Plomb. Solide, d'un gris bleuâtre, assez éclatant, très-mou; il se laisse facilement couper et rayer, tache le papier par frottement, imprègne les doigts d'une odeur spéciale, se ternit, perd son éclat à l'air et se couvre d'une couche grisâtre. Sa densité est de 11,445. Il fond à 332, et, si c'est à l'air, passe successivement à l'état d'oxyde gris, jaune, rouge. Ces caractères peuvent facilement être constatés sur un charbon ardent. Il se dissout dans l'acide azotique, et la dissolution offre les réactions des sels de plomb.

Le plomb s'oxyde facilement à l'air humide, est facilement attaqué par les boissons acides, l'eau aérée, les matières organiques. Christison, qui a vérifié les expériences de GuytonMorveau, c'est-à-dire, l'action de l'eau sur ce métal, est arrivé aux résultats suivants : L'eau distillée, privée d'air, est sans action sur le plomb; l'eau distillée aérée, par conséquent les eaux

distillées ordinaires, l'attaquent même assez promptement, le corrodent en quelque sorte. 340 grains de plomb, en petites verges, laissé pendant huit jours dans un flacon fermé, contenant 12 onces d'eau distillée, a perdu 2 grains et 1/2 de son poids, et f once, laissé, pendant 20 mois, dans 24 onces d'eau distillée, 120 grains. De l'eau de fleurs d'oranger, expédiée du midi de la France dans des estagnons en cuivre, soudés ou étamés avec un mauvais étamage en plomb, ayant occasionné des accidents assez graves pour nécessiter une expertise légale, plusieurs échantillons, pris chez les divers droguistes de Paris, ont fourni, par litre, jusqu'à 5 ou 30 centigram. de plomb (Laugier). Christison a trouvé qu'un sédiment rougeâtre, cristallin, retiré d'un estagnon de fleurs d'oranger, était formé de carbonate de plomb coloré. L'eau ordinaire réagit aussi sur le plomb. Barruel et M. Mérat ont retiré, par évaporation, 60 gram. (2 onces) de carbonate de plomb de 6 voies d'eau conservée pendant deux mois dans des cuves en plomb. L'eau de pluie, de neige prise avant qu'elle tombe à terre, attaque le plomb comme l'eau distillée aérée, et il se forme des cristaux de carbonate, d'hydrate d'oxyde de plomb en moins d'une heure. La réaction varie cependant selon l'époque de la chute et les objets sur lesquels on reçoit l'eau. Un fait digne de remarque, c'est que, d'après Christison, les sels neutres empêcheraient l'eau distillée de corroder le plomb. Cette propriété serait d'autant plus efficace, que l'acide du sel pourrait, avec l'oxyde de plomb, former un sel d'autant moins soluble: ainsi le nitrate de potasse serait préservatif à 1/160, le phosphate de soude à 1/50,000, le chlorure de sodium à 1/2,000, le sulfate de chaux à 1/4,000, etc. Le plomb devient terne d'abord, se couvre ensuite d'une couche blanche assez adhérente de carbonate, qui, au bout d'un certain temps, est mêlé avec le nouveau sel de plomb, formé par l'acide du sel préservatif. Le plomb augmente en poids, et l'analyse la plus soignée ne décèle aucune trace de ce métal dans l'eau. Ces faits expliqueront probablement pourquoi l'eau ordinaire (elle renferme des sels neutres), passant dans des conduits de plomb, nuisible dans les premiers temps, peut

devenir potable, lorsque l'incrustation saline s'oppose à sa réaction sur le plomb. Les expériences de Barruel et de M. Merat tendraient à démontrer qu'il n'en est point ainsi lorsque l'eau a le contact de l'air, et nous verrons, aux faits pratiques, des accidents saturnins occasionnés par l'eau conservée dans des vases en plomb, puisée avec des vases, des pompes en ce métal. Cependant des expériences plus récentes, faites par une commission du conseil de salubrité, il résulterait que l'eau distillée, de Seine, de puits, l'eau de seltz attaquent en effet le plomb, mais qu'on peut conserver l'eau dans ces vases pour l'usage domestique, la boulangerie par excmple, parce que le sel de plomb se précipite à l'état insoluble et qu'il n'en reste pas en dissolution dans le liquide. Il faudrait, bien entendu, avoir soin de séparer le précipité par décantation à l'aide d'un robinet. C'est peut-être pour le même motif que M. Keraudren conclut que l'eau, pour les usages maritimes, pourrait être conservée sans inconvénient dans des cuves en plomb.

Le vin, le cidre, la bière et autres boissons acides ou aérées, les matières organiques (tabac, vanille, sel comniun), conservés ou préparés dans des vases en plomb, attaquent aussi ce métal. Celui-ci passe d'abord à l'état d'oxyde ou de carbonate, lesquels sont ensuite dissous par ce liquide ou entraînés par ces matières. Ces réactions s'opèrent quelquefois dans l'espace de quelques heures, selon la nature des matières organiques, le degré de pureté du plomb et les circonstances extérieures, etc. D'après Proust, l'étamage, composé à parts égales d'étain et de plomb, n'est pas dangereux, parce que le plomb, moins oxydable que l'étain, n'est point attaqué par les aliments, par le jus de citron, le vinaigre. M. Orfila dit au contraire ces deux métaux sont attaqués à la fois par le jus de citron. Il doit en être ainsi lorsque l'étamage est déjà vieux. Ces considérations générales doivent faire pressentir les circonstances dans lesquelles le plomb, par suite de son emploi dans les arts, l'économie domestique ou industrielle, peut devenir nuisible; circonstances d'ailleurs que nous indiquerons aux faits pra tiques.

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OXYDES DE PLOMB. 10 Le sous-oxyde est cette poudre griscendré qui se forme sur le plomb exposé à l'air humide. 20 le protoxyde ou oxyde plombeux anhydre est en poudre jaune (massicot); à l'état d'hydrate, il est en poudre blanche, un peu soluble dans l'eau et cristallisable. La litharge est le protoxyde de plomb fondu mêlé à du plomb, à du carbonate; elle est en petites écailles, micacées, rougeâtres, plus ou moins brillantes; d'après son aspect, elle est désignée sous les noms de litharge d'or, d'argent. 3° l'oxyde plombique, deuto ou bi-oxyde, minium, composé, d'après les chimistes français, de proto et de sesqui-oxyde, est en poudre d'un rouge assez éclatant. 4o le suroxyde plombique, sesqui-oxyde, oxyde puce, est en poudre brun foncée.

Caract. chimi. Ces divers oxydes sont très-pesants et insolubles dans l'eau. 1° Chauffés entre deux morceaux de braise, ils passent, le puce à l'état de minium, celui-ci à l'état de massicot, et, en définitive, tous se réduisent en globules métalliques qui, après refroidissement, sont entourés d'une poussière jaune et rouge. Ces globules ont pour caractère, de se laisser diviser avec la pointe d'un canif, et d'offrir alors l'aspect métallique du plomb; ils se dissolvent complétement dans l'acide azotique, et le soluté présente les réactions des sels plombiques, 2o l'acide azotique dissout le proto, transforme le deuto en proto-nitrate et en sesqui-oxyde; celui-ci est inattaquable par cet acide. 4o enfin, l'acide chlorhydrique convertit le proto en chlorure, ainsi que le bi et le sesqui, mais, dans ces deux derniers cas, avec dégagement de chlore.

CARBONATE DE PLOMB, céruse, blanc de plomb. Solide, en morceaux, en pains ou en poudre, blanc, très-pesant, d'une saveur styptique, imprégnant les doigts d'une odeur plombique. Chauffé entre deux fragments de braise, il se réduit en globules métalliques comme les oxydes. Il se dissout dans les acides acétique, azotique, avec effervescence, dégagement du gaz carbonique, et donne un acétate, un nitrate qui offrent les caractères des sels de plomb. Si la céruse était sophistiquée avec du carbonate de chaux, son soluté dans l'acide nitrique serait pré

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