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tissus du tube intestinal, etc. Ces procédés étant les mêmes que pour la recherche du cuivre, s'exécutant de la même manière, les mêmes réflexions leur étant applicables (voyez page 600), nous indiquerons seulement ce qu'ils offrent de spécial.

A. Procédé de l'incinération simple. Elle doit s'opérer dans un creuset en porcelaine. Les cendres, si la préparation plombique est un peu forte, offrent quelquefois une couleur jaune ou rouge, due aux oxydes plombiques, et l'on trouve, au fond du creuset, un petit culot métallique ou des globules plombiques mêlés, interposés dans les cendres, qu'on peut isoler par des lavages à l'eau distillée, pour les caractériser ensuite, comme nous l'avons indiqué. Afin de ne pas perdre de plomb, les cendres étant lavées à l'eau distillée pour séparer les sels solubles, sont ensuite chauffées avec de l'acide azotique; on évapore l'excès d'acide, on traite le résidu par un peu d'eau distillée, on filtre et on constate les réactions caractéristiques des sels plombiques avec les mêmes précautions que nous avons indiquées aux préparations cuivreuses. On se contente ordinairement des réactions par l'acide sulfhydrique, le chromate de potasse et l'iodure de potassium. Il importe surtout, avec ce dernier réactif, que les liqueurs ne soient pas acides; autrement on obtiendrait un précipité brun d'iode.

B. Procédé de carbonisation par l'acide sulfurique. On peut, en chauffant fortement les produits de la carbonisation, surtout par l'addition d'un peu de potasse, obtenir du plomb en globules; et, afin de ne pas en perdre, chauffez le résidu avec l'acide chlorhydrique, puis, avec l'eau distillée, filtrez et essayez les réactifs des sels plombiques. Ce procédé est moins bon, donne des résultats moins satisfaisants qu'avec les préparations cuivreuses.

C. Procédé d'incinération par l'acide azotique et le chlorate de potasse. Les cendres, fortement chauffées dans un creuset de porcelaine ou dans la cavité d'un charbon, donnent du plomb en globules, faciles à séparer par le lavage, On pourrait aussi traiter le résidu par l'acide azotique. Très-bon procédé.

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De tous ces procédés, c'est celui de la carbonisation ou de l'incinération simple qui a été appliqué aux expertises légales. Il exige en effet moins de réactifs. Les partisans du plomb normal veulent que la carbonisation ne soit pas poussée jusqu'à incinération, afin de ne pas confondre le plomb ingéré avec le plomb normal (voyez cuivre). Le résidu a été chauffé tantôt seul, tantôt avec de la potasse pour obtenir le plomb en globules, tantôt avec l'acide azotique pour obtenir un sel plombique. Il convient d'obtenir le métal, si c'est possible.

Préparations plombiques absorbées.

Gmelin, après avoir injecté de l'acétate plombique dans l'estomac d'un chien, a retiré du plomb du sang des veines mésaraïques et spléniqués. MM. Guibourt et Devergie ont obtenu cé métal des organes et surtout du cerveau des personnes qui avaient succombé à une encéphalopathie saturnine. M. Orfila a retiré ce métal du foie, de la rate, des reins et des urines des chiens intoxiqués avec 20, 30 gram. d'acétate plombique dissous. L'œsophage et la verge ont été liés. Il ne dit pas s'il l'a retiré du sang ainsi que des organes autres que ceux précités. D'après MM. Flandin et Danger, que l'empoisonnement soit. aigu ou chronique, si la mort a été immédiate, on trouvè le poison combiné avec la muqueuse intestinale, en abondance dans le foie, en proportions plus faibles dans la rate, le pancréas, les reins, les urines, et enfin dans les poumons. Ils ne l'ont pas retiré des autres organes, ainsi que du sang, quelle que fût l'époque de l'intoxication et son mode d'administra tion, ce qui serait en contradiction avec les expériences dé Gmelin, MM. Devergie et Guibourt. Le plomb, à l'inverse de l'arsenic, de l'antimoine, se rencontrerait donc dans les poumons, serait éliminé, comme ces deux poisons, par les urines, tandis que le cuivre le serait presque exclusivement par la perspiration pulmonaire, par la muqueuse gastro-inte tinale, et à peine par les urines. Un fait qui a frappé MM. Flandin et Danger, dans le cours de leurs expériences sur les divers poisons, c'est que, quel que soit l'instant donné, auquel on

tire du sang d'un animal durant les phases diverses d'un empoisonnement par l'arsenic, l'antimoine, le cuivre, etc., on ne trouve jamais des traces bien sensibles de poison dans ce liquide. On ne les y retrouve pas non plus après la mort. M. Orfila a cependant retiré de l'arsenic du sang d'une saignée. Ils expliquent cette anomalie, en admettant que le poison n'est porté que par intervalles par le sang dans les organes, et en si petite quantité qu'elle devient inappréciable. Ensuite, comme ils ont observé que lorsqu'un poison, un sel de cuivre, par exemple, déposé sous la peau, ne tarde pas à être rejeté en partie en même en totalité par les vomissements ou les selles, si la dose n'est pas mortelle, qué, dans ce cas même, le sang ne donne pas de traces sensibles de cuivre, quelle que soit la période de l'intoxication, ils pensent que le poison arrive dans le tube intestinal par la circulation capillaire superficielle, par cet ordre de vaisseaux absorbants sous-cutanés qui, de la peau, vont s'aboucher ou s'ouvrir à la surface de la muqueuse gastro-intestinale, laquelle, étant dépourvue d'épiderme, exhale, perspire le poison. C'est ainsi, d'après ces chimistes, que s'opéraient les empoisonnements miasmatiques, plombiques, cuivreux, etc. M. Roard, directeur de la fabrique de Clichy, leur a assuré que les ouvriers qui se brossaient, se lavaient exactement la peau et surtout les mains, ne contractaient pas l'affection saturnine comme ceux qui ne prenaient pas ces précautions. Nous laissons à MM. Flandin et Danger la responsabilité de leurs opinions sur le passage des poisons dans les organes internes sans l'intermédiaire du sang. Lorsque les poisons sont introduits dans le tube intestinal, c'est par le système de la veine porte surtout que se fait l'absorption et qu'ils sont portés dans le foie, où la plupart se rencontrent spécialement. Mais comment, se demandent ces chimistes, les uns sontils éliminés par les urines, les autres par la muqueuse intestinale? comment certains se rencontrent-ils dans les muscles, les poumons, tandis que d'autres ne s'y trouvent point? Ici commence le champ des hypothèses. Cependant ce fait empirique démontre que, dans les recherches toxicologiques, il n'est pas

indifférent d'agir sur tous les organes, sur tout le cadavre, mais bien plutôt sur les organes où le poison se localise; d'abord sur le foie, le tube intestinal, puis sur la rate, le pancréas, les reins, les urines, les poumons. Le sang, le cœur, d'après MM. Flandin et Danger, ne contiennent jamais assez de poison pour être le sujet de recherches toxicologiques. Mêler les organes qui ne contiennent pas de poison avec ceux qui en contiennent, c'est entraver les opérations, en compromettre le résultat. Dans les cas ordinaires, 100 gram. ou la dixième partie du foie est un maximum suffisant pour déceler le poison en quantités bien appréciables; même dans quelques cas, il suffit d'agir sur 40 à 60 gram. Pour déceler le plomb absorbé, c'est encore par les procédés d'incinération simple de carbonisation par l'acide sulfurique, de carbonisation par l'acide azotique et le chlorate de potasse. MM. Flandin et Danger, par le second procédé, ont décelé 1/100,000 de plomb. M. Orfila, toujours dans le but de ne pas confondre le plomb d'absorption avec le plomb normal, propose de modifier le troisième procédé comme nous l'avons indiqué pour le cuivre (page 604), c'està-dire, de faire bouillir pendant 1 heure les organes coupés par morceaux dans de l'eau aiguisée de 1/30m d'acide acétique où azotique, d'évaporer les liqueurs filtrées à siccité, de carboniser le résidu par l'acide azotique et le chlorate de potasse, d'épuiser le charbon par l'acide azotique étendu de son volume d'eau, de filtrer, d'évaporer à siccité, de dissoudre le résidu dans un peu d'eau, de précipiter la liqueur par l'acide sulfhydrique, de transformer le sulfure en nitrate par l'acide azotique étendu de son volume d'eau, et de constater ensuite les réactions plombiques.

Quant aux urines, M. Orfila les évapore à siccité, carbonise le résidu par l'acide azotique et le chlorate de potasse et ensuite procède comme il vient d'être dit. En agissant ainsi sur les urines d'une jeune fille qui s'était into quée avec 30 ou 40 grains d'acétate plombique, il a constaté la présence de plomb vingt-cinq heures après l'intoxication. Ce chimiste fait remarquer, comme pour le cuivre, que les organes des personnes

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non intoxiquées donnent du plomb par la carbonisation directe, et qu'il n'en est pas ainsi par la modification qu'il propose. Il ajoute qu'il ne faut pas non plus carboniser le charbon nitrique jusqu'au rouge, parce qu'encore on obtiendrait du plomb normal. Voyez aux préparations cuivreuses les réflexions que nous avons présentées à cet égard.

Effets toxiques des préparations plombiques.

Les préparations de plomb, comme les autres poisons minéraux, peuvent donner lieu à un empoisonnement aigu et lent; mais elles ont cela de particulier que le premier genre d'intoxication ne peut se produire que par la voie d'ingestion, et qu'ensuite il est bien moins connu dans son expression symptomatique que le second. Cette anomalie dépend de ce que l'usage du plomb étant fréquent dans les arts, et l'empoisonnement lent ayant lieu le plus ordinairement par les émanations plombiques, on a été plus à même de l'observer, tandis que l'empoisonnement aigu est très-rare, en raison de la saveur désagréable du poison, et peut-être aussi de son peu d'activité. Ne possédant que peu de faits chez l'homme sur ce dernier, nous serons obligé de mettre à contribution les expériences sur les animaux.

A. Empoisonnement algu.

Le plomb pur, entier, en grains ou en limaille, n'est pas poison. Les observations chez l'homme et les expériences sur les animaux démontrent qu'il peut séjourner dans les tissus sans autres accidents que ceux qui résultent d'un corps étranger. Par conséquent, ce métal, comme le cuivre, ne s'oxyde pas dans le tube intestinal, ne devient toxique qu'en passant à l'état d'oxyde ou de sel. C'est ainsi qu'on peut expliquer l'intoxication par les boissons, les aliments etc., préparés, conservés dans des vases en plomb, ou étamés avec un mauvais étamage (voyez encore page 623). Il est bon de faire remarquer que les accidents peuvent dépendre aussi du cuivre lorsqu'on se sert de vases mal étamés. Si la colique de plomb s'est développée chez un homme, six jours après l'in

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