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LIVRE I.

ENSEIGNEMENT.

En exposant les règles qui concernent l'enseignement au point de vue des populations ouvrières, j'ai dû faire connaître plus particulièrement les conditions d'admission dans les écoles professionnelles et le programme des connaissances qu'on y enseigne; mais ce travail eût été incomplet si je n'avais indiqué également les conditions auxquelles les enfants des ouvriers sont reçus dans les premières écoles où tous les enfants sont appelés à recevoir l'instruction primaire élémentaire. C'est ainsi qu'il est parlé dans cette première partie des salles d'asile et des éoles primaires. Dans un titre préliminaire j'ai même cru devoir indiquer le mode de fonctionnement des Crêches, qui sont appelées dans les villes industrielles à rendre de si grands services aux populations ouvrières, en permettant aux parents des jeunes enfants de se livrer à un travail utile à l'industrie, productif pour les familles, sans que ces enfants soient laissés pendant de longues heures dans un état d'abandon toujours fâcheux et souvent dangereux.

TITRE PRÉLIMINAIRE.

DES CRECHES.

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Les Crêches sont des établissements où soit gratuitement soit moyennant une faible rétribution, sont gardés pendant le jour les enfants encore au berceau des mères pauvres travaillant hors de leur domicile.

C'est à Paris, dans le premier arrondissement, qu'ont été ouvertes en 1844 et 1845, par les soins de M. Marbeau, adjoint au maire de l'arrondissement, les deux premières crêches. Voici comment il nous indique lui-même, dans un petit ouvrage sur les Crêches, le but de cette institution: «Augmenter et améliorer la population, épurer les mœurs de la classe pauvre; l'exciter à la propreté, à la résignation, et lui faciliter les moyens de travailler; lui inspirer de la reconnaissance et du respect pour les institutions et les lois du pays; la contraindre à force de bienfaits à ne pas haïr les riches; donner aux riches une occasion de plus de venir efficacement au secours des malheureux et de développer dans le cœur de leurs enfants le sentiment de la pitié, de la charité; faire sentir de mieux en mieux la nécessité de l'harmonie entre le pouvoir temporel et le pouvoir

spirituel, entre la charité légale et la charité pieuse ; diminuer la misère et peut-être les crimes: tels sont les effets qu'on peut attendre des Crêches, si elles sont dirigées toujours dans l'esprit de charité qui a présidé à leur fondation. »

Les Crêches n'ont point été établies pour recevoir exclusivement les enfants des ouvriers, mais c'est particulièrement à eux qu'elles sont utiles. L'enfant pendant les deux premières années au moins de son existence est un obstacle au travail de la mère. Ou elle néglige son enfant, au péril des jours ou tout au moins de la santé de ces pauvres créatures, ou elle néglige, si elle n'abandonne pas, un travail qui lui était d'autant plus indispensable, que ce nouveau-né lui imposait des charges nouvelles. Grace à la Crêche, les parents des jeunes enfants pourront continuer à se livrer à leurs travaux, sans préoccupation ni inquiétudes et surtout sans danger.

Les Crêches fondées et entretenues jusqu'à ce jour par la charité privée n'ont encore aucun caractère public. Si elles ont été recommandées plusieurs fois par des circulaires ministérielles aux autorités locales, ce n'a été que comme des établissements privés dont le but émi– nemment utile devait naturellement attirer leur sollicitude.

Je n'ai point à indiquer ici les régles à suivre pour leur établissement; ces matières sont du domaine de la législation charitable; seulement j'indique comment dans la pratique et lorsqu'elles existent, les ouvriers peuvent profiter des avantages qu'elles leur offrent.

Admission des enfants dans les Crèches.

Avant de pouvoir placer les enfants dans les Crêches, les parents doivent y être préalablement autorisés. Cette autorisation est donnée sous les justifications imposées par les statuts spéciaux de chaque Crêche; elle est donnée par un comité d'administration, ou par la directrice préposée à l'administration de cette Crêche

par ce comité. En général, on ne reçoit dans les Crêches que les enfants âgés de moins de deux ans et qui n'ont plus besoin de la présence continuelle de leurs mères.

Soins que l'enfant reçoit à la Crêche de ses parents et des employés de la Crêche.

La mère autorisée à placer son enfant à la Crêche, l'y porte le matin à l'heure fixée par les statuts de l'établissement et qui doit concorder avec l'heure habituelle de l'ouverture des travaux dans la localité. Les enfants sont apportés emmaillotés. A des heures déterminées la mère vient allaiter son enfant ou lui donner le biberon; si l'enfant est sevré, la mère garnit le panier pour la journée.

La directrice a sous ses ordres dans la Crêche des berceuses, ordinairement une par six enfants; chaque enfant doit être placé dans un berceau séparé. Les berceuses prennent soin de l'enfant dans la journée, lui donnent la soupe lorsque besoin est.

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