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HD7884
F46

Lorsque la révolution de 1789, détruisant violemment les anciennes institutions de la France, eut aboli les maîtrises et les jurandes, les membres des corporations des arts et métiers recouvrèrent toute leur liberté, et les réglements nombreux qui les régissaient disparurent avec les institutions dont leurs prescriptions étaient appelées à assurer le fonctionnement.

Dans cette époque terrible où les ruines étaient amoncelées les unes sur les autres, où la destruction poursuivait aveuglément son œuvre; le commerce et l'industrie étaient nuls et les lois qui régissaient leurs agents étaient inutiles; mais lorsque la France vit renaître des jours meilleurs, lorsque l'œuvre de reconstitution de la société commença

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et qu'un génie puissant eut assuré au corps politique une existence normale et régulière, l'industrie, fille de la paix et des lumières, reçut de nouveau son droit de cité dans notre pays où elle n'a cessé de grandir.

Dès la naissance de ce mouvement industriel qui se produisait dans des conditions toutes nouvelles, il fallut régulariser les rapports qui s'établissaient entre les divers membres des populations industrielles. Des dispositions clairsemées dans les lois si nombreuses de l'époque, furent promulguées au fur et à mesure que la nécessité les dictait; pendant quelque temps elles ont été considérées comme suffisantes; mais le développement qu'a reçu l'industrie en France depuis un demi-siècle ayant attiré dans les ateliers et les manufactures des populations nombreuses, placées dans des conditions toutes particulières, les dispositions réglementaires disséminées dans les lois promulguées au commencement du 19o siècle, devinrent insuffisantes.

On a signalé de toute part les graves abus auxquels donnaient naissance ces lacunes fâcheuses ou ces prescriptions que la marche rapide des événements avait fait vieillir avant le temps.

Le gouvernement s'est efforcé de porter remède à ces maux, et depuis quelques années plusieurs documents législatifs promulgués sur la matière ont créé un code complet pour les ouvriers.

C'est un rapide exposé de l'ensemble de cette législation que je publie.

Ces lois sont généralement peu connues, et cependant à leur rigoureuse exécution sont liés les intérêts sociaux de l'ordre le plus élevé. Dans nos sociétés modernes, les lois qui concernent le travail des enfants dans les manufactures, l'apprentissage, la police des établissements industriels, les conventions entre les ouvriers et les patrons, ont acquis une portée et une influence qu'elles étaient loin d'avoir autrefois. Il importe également de répandre et populariser les statuts de ces institutions spéciales aux ouvriers qui ont pour but de moraliser l'homme par la pratique des sentiments religieux, de favoriser le travail, l'ordre et l'économie.

Mais s'il est utile à tous de connaître ces lois; s'il est prescrit aux chefs des ateliers et des établissements industriels de les observer plus religieusement, il est essentiel pour les ouvriers de s'y conformer scrupuleusement. Ces réglements sont tous dictés par la préoccupation constante qu'a le pouvoir d'améliorer le bien-être matériel et les conditions morales d'existence des ouvriers; que ceux-ci acceptent donc sincèrement, sans regrets et sans défiance des règles qui n'ont été établies que dans leur intérêt et ceux du pays.

En parcourant seulement l'objet de ces lois, on retrouve sans cesse la preuve du sentiment de bien

veillante sollicitude qui les a dictées. C'est pour l'ouvrier qu'est établie la crêche où est reçu et soigné l'enfant qui vient de naître; c'est pour cet enfant que s'ouvrent la salle d'asile et l'école primaire où il reçoit les soins et l'instruction appropriés à son jeune âge, les écoles professionnelles où il perfectionne utilement cette instruction première. Puis le législateur se préoccupe de l'apprenti; il veille sur lui dans l'atelier du maître; il suit l'ouvrier dans la manufacture de l'industriel, et toujours avec la même sollicitude pour ses intérêts moraux et matériels. Il n'est pas d'efforts que le pouvoir ne fasse, d'institutions qu'il ne crée pour prémunir l'ouvrier contre les misères de la vie, les résultats fâcheux des maladies, les impossibilités de la vieillesse. A côté de cette tutelle constante de l'Etat, se développant sous des règles sages, large place est laissée à l'assistance privée et à la charité chrétienne, dont on retrouve à chaque pas le zèle et le dévoùment.

Que l'ouvrier espère tout de ces lois et de ce noble et puissant concours; qu'il compte sur les améliorations que l'expérience et le temps pourront faire introduire dans cette législation; qu'il s'y montre soumis et obéissant, car c'est une loi de protection et de progrès qui a été faite pour lui.

C'est sur l'ouvrier que se portent généralement

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