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les efforts de ceux qui poussent à la désobéissance aux lois, et c'est lui qui souffre le plus des conséquences déplorables qui en sont la suite. Les catastrophes qu'entraìne le mépris des lois, portent atteinte à sa moralité et détruisant tout à coup les éléments du bien-être matériel, le plongent dans la misère et la dégradation.

Sa position a, par elle-même, de la dignité, de la sécurité et de l'indépendance; mais c'est à condition que l'ouvrier n'abjure pas cette dignité personnelle en se mettant au service de l'émeute; qu'il n'aliène pas cette indépendance en se livrant au caprice des ambitieux ou des méchants; qu'il ne détruise pas cette sécurité en menaçant l'ordre, la paix publique et l'industrie.

Il faut aussi savoir s'inspirer de l'amour du pays. Les ouvriers doivent songer que dans leurs ateliers ils sont les soldats de l'industrie française, qui, elle aussi, a ses jours de fêtes et de victoires et distribue des triomphes et des récompenses, qui sait briller avec grand éclat dans ces luttes pacifiques où les nations viennent déployer la richesse de leurs produits et tous les avantages de leurs progrès.

Je répète avec plaisir ici ce que j'entendais dire il y a quelques mois à peine à un personnage qui, après avoir occupé longtemps les plus hautes positions de l'État, a été appelé comme administrateur de l'un de nos plus importants établissements in

dustriels, à porter ses observations sur les ouvriers. et leurs tendances. Un mouvement heureux, disaitil, s'opère dans leurs esprits: ces folles idées qui les poussaient vers l'anarchie, la ruine, la misère et la dégradation, s'éloignent et disparaissent; c'est une révolution pacifique qui se prépare. Une ambition qui se fonde sur de plus nobles sentiments se fait jour de tout côté; l'ouvrier recherche l'instruction qu'il se montre apte à recevoir; il compte sur l'ordre et la conduite pour améliorer son sort; il veut arriver à tout, mais par une voie droite et honnête. En présence de ces grandes machines que sa volonté dirige, il a compris que sa force intellectuelle et le travail de l'intelligence sont supérieurs à la force matérielle dont il a été longtemps si fier. En présence d'anciens camarades que leur ordre, leur conduite et leur travail ont élevés aux honneurs et à la fortune, il comprend que la véritable égalité n'est point celle qui nivelle tout en abaissant tout, mais celle qui permet à chacun de grandir et de s'élever par le développement libre de son travail, de son intelligence et de sa moralité.

Quelques mots encore et je termine ces observations. Notre législation moderne donne l'État comme appui à l'ouvrier dans tous les moments de sa vie. Cet appui tutélaire ne doit pas être repoussé; mais si l'ouvrier ne doit pas chercher à s'en affranchir, il ne faut pas non plus qu'il s'y abandonne trop

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complètement: sa position de fils, de mari, de père, lui impose des obligations et des devoirs qu'il doit s'efforcer de remplir lui-même directement. Que la mère obligée de déposer son enfant à la crêche pour se livrer au travail, profite des bienfaits de cette institution; mais qu'elle ne se décharge jamais volontairement des soins et des peines dont la pratique fait grandir l'amour et le dévoûment maternels! Que le père soit, tant qu'il le pourra, le patron de son fils; que l'amour paternel développe ainsi l'amour filial, qui doit protéger le vieillard dans ses derniers jours; que la famille ne demande à l'assistance publique et privée que les secours que ses membres ne peuvent mutuellement se fournir ! Que des pratiques religieuses viennent cimenter l'union de la famille, en purifier les joies, en soutenir les misères! La famille développe des sentiments intimes qui moralisent l'homme et le rendent meilleur; elle est la plus sûre garantie pour la société. L'unité de la famille fait comprendre l'unité de l'État; le respect pour le père fait accepter l'autorité du souverain ; le dévoûment pour les frères inspire le dévoûment pour ses concitoyens. Il faut donc qu'en aucune circonstance l'ouvrier ne cherche à s'exonérer de ses devoirs dans la famille. Les bons époux, les bons pères, les bons fils font les bons citoyens; c'est là une vérité triviale, mais elle est de tous les temps.

Sachons la respecter, car aujourd'hui encore elle est vraie.

Ce travail est divisé en trois parties: la première contient les règles relatives à l'enseignement; la seconde comprend la législation professionnelle; la troisième est consacrée à l'assistance.

LIVRE I.

ENSEIGNEMENT.

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