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N° 29.

Le Comte DE SAINT-VALLIER, Ambassadeur de la République fran

çaise à Berlin,

à M. DE FREYCINET, Ministre des Affaires étrangères.

Berlin, le 24 mai 1880.

Lord Odo Russell me fait connaître que, sur les observations du Cabinet de Paris, le Gouvernement anglais a renoncé à sa proposition de l'alternative à offrir à la Porte, et qu'il a accepté une proposition française consistant à aviser simplement le Gouvernement ottoman de la réunion immédiate d'une conférence d'Ambassadeurs chargés de statuer sur la question de la frontière grecque. Lord Odo Russell, ayant l'instruction d'appuyer près du Gouvernement allemand cette proposition, en a entretenu le Représentant provisoire du Prince de Hohenlohe, qui lui a répondu n'en avoir pas encore connaissance, mais être prêt à seconder toute proposition émanant du Gouvernement français dans la question grecque.

J'ai promis à Lord Odo Russell de l'avertir quand j'aurais reçu l'instruction de faire auprès du Gouvernement allemand la démarche dont, suivant ses informations, je serais chargé, et qu'il aurait mission d'appuyer; j'ai ajouté que je n'avais eu jusqu'ici à prendre l'initiative d'aucune proposition, notre rôle s'étant borné à presser la solution de l'afsaire grecque, en adhérant à la proposition anglaise d'une conférence, et en engageant le Cabinet de Londres à en provoquer la réunion, sans attendre une réponse de la Porte.

SAINT-VALLIer.

N° 30.

M. DE FREYCINET, Ministre des Affaires étrangères,

au Comte DE SAINT-VALLIER, Ambassadeur de la République française à Berlin.

Paris, le 24 mai 1880.

Nous ne sommes pas encore informés par le Cabinet de Londres de l'abandon de l'alternative consenti par l'Angleterre. En dehors des objections que nous avons formulées à ce sujet et que vous connaissez, nous n'avons d'ailleurs pris l'initiative d'aucune proposition; et vous avez caractérisé avec une exactitude parfaite notre attitude dans votre conversation avec Lord Odo Russell.

C. DE FREYCinet.

N° 31.

M. DE FREYCINET, Ministre des Affaires étrangères,

à M. LÉON SAY, Ambassadeur de la République française à Londres.

Paris, le 24 mai 1880.

Il m'est annoncé que le Gouvernement anglais, abandonnant, sur nos observations, l'idée d'offrir à la Porte, comme une alternative, soit la Commission locale, soit la Conférence d'Ambassadeurs pour le règlement de l'affaire grecque, propose maintenant, d'une manière pure et simple, la réunion immédiate d'une conférence d'Ambassadeurs. Veuillez me renseigner à ce sujet.

C. DE FREYCINET.

N° 32.

M. de Freycinet, Ministre des Affaires étrangères,

au Comte DE SAINT-VALLIER, Ambassadeur de la République française à Berlin.

Paris, le 24 mai 1880.

Le Cabinet de Saint-Pétersbourg a demandé à Londres que la Conférence pour la question grecque soit également chargée de régler toutes les autres questions pendantes en Orient. Pour la réalisation de ce plan, la participation de la Turquie serait nécessaire, puisqu'il impliquerait en quelque sorte une continuation du Congrès de Berlin. Si l'ouverture du Gouvernement russe était adoptée, il ne s'agirait plus seulement de régler une question spéciale, mais de poursuivre, de commenter et de développer les dispositions de l'acte du 13 juillet 1878.

D'après ce que mande M. de Montebello, Lord Granville n'aurait pas accepté de prime abord la proposition russe; mais, tout en désirant, quant à présent, laisser à la Conférence son caractère spécial, il ne serait pas éloigné, dans le cas où la question grecque aurait été résolue, de lui attribuer ultérieurement le règlement des autres affaires encore pendantes en Orient.

C. DE FREYCINET.

N° 33.

Le Comte DE SAINT-VALLIER, Ambassadeur de la République française à Berlin,

à M. DE FREYCINET, Ministre des Affaires étrangères.

Berlin, le 26 mai 1880.

La Russie voudrait, paraît-il, que la Conférence qui se tiendra à

Berlin fût investie d'un mandat général, pour régler toutes les questions orientales demeurées en souffrance depuis le Congrès; ce serait peut-être un moyen de reprendre le plan de sanction européenne proposé par le Prince Gortchakoff dans la dernière séance du Congrès, et repoussé par les Plénipotentiaires. On m'assure que le Cabinet de Saint-Pétersbourg a demandé au Cabinet de Londres que la Conférence fût chargée de régler les diverses questions visées par la Circulaire anglaise du 4 mai. Lord Granville n'aurait pas encore répondu à cette suggestion. L'Ambassadeur de Russie s'efforce de démontrer que la question grecque est inséparable de celle du Monténégro, la ligue albanaise constituant l'obstacle commun que rencontre la solution de ces deux affaires.

SAINT-VALLIER.

N° 34.

M. DE FREYCINET, Ministre des Affaires étrangères,

A M. LÉON SAY, Ambassadeur de la République française à
Londres.

Paris, le 26 mai 1880.

Vous connaissez le désir manifesté par le Gouvernement russe de voir accentuer, dans la rédaction de la note collective que nous devons adresser à la Porte, les dispositions favorables des Puissances envers le Monténégro.

Nous avons été avisés, d'autre part, de l'ouverture du Cabinet de Saint-Pétersbourg, relativement à la compétence de la réunion des Ambassadeurs. Nous n'avons encore reçu, en ce qui nous concerne, aucune communication directe à cet égard; mais, en tout état de cause, je pense, avec M. de Saint-Vallier, que le règlement de l'affaire grecque, dans les conditions spéciales sur lesquelles les Puissances

sont à peu près tombées d'accord aujourd'hui, devrait avoir la priorité

sur toute autre délibération.

C. DE FREYCINET.

N° 35.

M. LÉON SAY, Ambassadeur de la République française à Londres,

à M. DE FREYCINET, Ministre des Affaires étrangères.

Londres, le 27 mai 1880.

Lord Granville s'en tient définitivement à l'idée d'une Conférence pure et simple à Berlin; il n'est plus question de l'alternative; et, si la Turquie ne se présente pas pour produire des explications, on passera outre. La réunion aurait lieu avant la fin de juin; il ne paraît pas possible de stipuler une date fixe plus rapprochée. Le Ministre anglais m'a demandé quelles étaient vos intentions quant au tracé; j'ai répondu que vous devriez marcher d'accord avec le Gouvernement britannique, et que, tout en cherchant à donner une satisfaction aux sentiments grecs, vous n'aviez pas l'intention de prendre ce qu'on pourrait appeler la tête du mouvement. Lord Granville a dit alors que ce premier point était acquis, que les deux Gouvernements désiraient être d'accord. Il voudrait donner satisfaction aux sentiments des Grecs; inais il lui paraît bien important que la frontière soit tracée de telle sorte que la Grèce prenne facilement possession des districts qui lui auront été attribués. Il m'a paru disposé à aller aussi loin en faveur des Grecs qu'on pourra le faire pratiquement.

LÉON SAY.

DOCUMENTS DIPLOMATIQUES. Grèce.

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