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Salamyrias au sud, qui baignent la Macédoine et l'Albanie d'un côté, l'Épire et la Thes

salie de l'autre.

22. Metzovo occupe le centre de cette région et c'est dans cette ville que se croisent les routes qui font communiquer entre elles l'Épire, la Thessalie et la Macédoine. La cession de Janina à la Grèce entraîne nécessairement celle de Metzovo; on ne saurait disjoindre ces deux villes l'une de l'autre. Il est vrai que cette double cession attribue à la Grèce le col où passe la route de Thessalie en Épire, mais comme il est situé au sud de la principale ligne de faîte, il ne saurait constituer une position offensive par rapport à la Turquie.

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23. En suivant la crête des monts Cam Vuni depuis les environs de Metzovo jusqu'au mont Capka et se dirigeant ensuite vers Demetrios, la ligne proposée atteint le massif élevé du mont Olympe qui est infranchissable sur la plus grande partie de sa crête et forme, par conséquent, une excellente barrière; en même temps elle répartit également les passages entre les deux pays.

24. - Des points culminants de l'Olympe, elle redescend vers la mer Égée par la ligne la plus courte et la meilleure, c'est-à-dire la plus difficile à franchir et la plus facile à surveiller. L'orientation exacte du tracé dans cette région ne pourra être déterminée que sur le terrain; ce sera là, sans doute, une opération facile, car l'altitude des hauts sommets de l'Olympe étant voisine de 3,000 mètres, la pente moyenne jusqu'à la mer, qui est distante de 24 kilomètres, est d'environ 1/8, ce qui permet de croire qu'il doit exister, sur le flanc oriental du massif, de nombreux ravins creusés par l'écoulement des eaux.

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25. La frontière devra suivre la ligne qui remplira le mieux les conditions de surveillance et de sécurité nécessaires. La Commission technique n'a pas cru pouvoir formuler une solution définitive que l'inspection des lieux amènerait peut-être plus tard à rejeter.

26. La Commission est unanime à reconnaître que les portions de la ligne proposée, comprises entre la mer Égée et les sources du Kalamas, sont conformes à l'esprit du Protocole XIII, qu'elles remplissent les conditions requises pour une délimitation équitable et qu'elles sont de nature à diminuer les éléments de discorde entre les deux pays. Elle en a volé à l'unanimité l'adoption.

27.

Quant au tronçon compris entre le haut Kalamas et la mer Jonienne, il a été l'objet de l'amendement présenté par S. E. l'Ambassadeur de Russie.

28. Cet amendement, toutefois, n'a pas été maintenu dans sa teneur primitive, car il dépassait évidemment les intentions des Plénipotentiaires de Berlin, en accordant à la Grèce des eaux tributaires du lac de Butrinto, en coupant les cours de plusieurs rivières dont l'une, la Pavla, s'étend à plus de 40 kilomètres du bassin du Kalamas, non loin de Suliates, et en privant ainsi les hautes vallées de leurs communications naturelles avec la

mer.

29.

Le Commissaire russe a développé les arguments favorables à l'adoption de la ligne qui, partant du cap Stylo, serpente d'abord sur les crêtes qui bordent la mer et vient ensuite rejoindre la ligne de faîte du versant septentrional du Kalamas pour la suivre jusqu'aux environs de Han Kalabaki, attribuant ainsi à la Grèce tout le bassin du Kalamas.

30.

Pour défendre cette ligne, il s'est exprimé en ces termes :

« Les arguments de MM. les Délégués de France, d'Angleterre et d'Italie, en faveur

■du tracé français à partir de la mer Égée jusqu'aux environs de Han Kalabaki, sont si concluants qu'il est impossible de ne point se ranger à leur avis et de ne pas reconnaître que cette ligne frontière répondrait le mieux aux intentions du Congrès de Berlin.

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En ce qui concerne la partie occidentale du projet français à partir de Han Kalabaki, le long de la rivière Kalamas jusqu'à la mer Ionienne, cette ligne, dans l'opinion du Délégué de Russie, laisse à désirer au point de vue stratégique, administratif et ethnographique.

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Sous le rapport stratégique, la rivière Kalamas se partage en deux parties :

a) Le cours supérieur jusqu'aux environs du village Velcista est guéable partout et n'a aucune importance militaire.

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b) Le cours inférieur jusqu'à la mer Ionienne se distingue, au dire de plusieurs Délégués, par sa profondeur et le caractère abrupt de ses rives, tout en assurant à la rive ⚫ droite le commandement sur la rive gauche.

Ainsi, au point de vue stratégique, la rivière Kalamas serait une frontière insuffisante, ⚫ surtout dans les parages où elle forme un angle rentrant en se rapprochant de la ville de Janina, à une distance de 20 kilomètres, dans un endroit où elle est partout guéable. Le ⚫ tracé grec proposé par le Plénipotentiaire de Russie et qui coïncide avec la ligne de partage des eaux, aurait mis la ville de Janina plus à couvert et serait, par conséquent, une frontière défensive préférable à la ligne du Kalamas. En outre, d'après la carte de l'État major autrichien, le nombre des routes praticables qui traversent le Kalamas est plus grand que celui des passages accessibles à travers la crête septentrionale.

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Sous le rapport administratif, la Casa Philiates, située entre la rive droite du Kalamas et la ligne du partage des eaux, appartenait de tout temps au Sandjak de Janina et non ⚫ pas au Sandjak d'Argyrocastro, qui reste maintenu à la Turquie.

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Enfin, au point de vue ethnographique, l'annexion à la Grèce de la rive droite du ⚫ Kalamas jusqu'au partage des eaux, loin d'être en opposition avec les conditions ethnographiques de cette population, serait, au contraire, conforme aux données statistiques réunies à ce sujet. D'après les calculs de M. Jakschitch, Directeur du bureau de statistique à Belgrade et dont le témoignage, basé sur le recensement (noufouses) des autorités turques en 1873 et 1875, ne saurait être accusé de partialité en faveur des Grecs, il résulte que le nombre des Chrétiens dans le Sandjak de Janina (y compris la Casa Philiates) constitue 84 p. o/o de toute la population. Le nombre des habitants parlant la langue grecque est sept fois plus grand que ceux qui se servent de la langue albanaise, et il contitue 86 p. o/o de toute la population.

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Les dernières éditions des études ethnographiques de M. Kiepert, ainsi que les travaux de M. Sax, confirment les données susmentionnées de M. Jakschitch.

Le témoignage du Chevalier de Zwiedinek, Délégué d'Autriche - Hongrie, et qui a longtemps séjourné à Janina, constate également le caractère exclusivement hellénique de la population dans le bassin du Kalamas supérieur, circonstance qui rend également ⚫désirable une rectification du tracé français dans ces parages.

31. vantes:

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Les conclusions du Commissaire russe ont donné lieu aux critiques sui

Par le tracé qu'il propose, la longueur de la nouvelle frontière, entre Han Kalabaki et la mer, est augmentée de 25 kilomètres et comme les points de passage sont nombreux entre les deux versants opposés, elle serait difficile à garder en temps de paix, et on ne pourrait guère y empêcher les incursions des brigands et des contrebandiers d'un territoire à l'autre,

c'est-à-dire éviter les causes d'agitation actuelles. —Le Kalamas, au contraire, guéable seulement en été dans la région moyenne de son cours aux environs de Velcista, n'offre, en dehors de cette section peu étendue, que des points de passage peu nombreux où la surveillance pourra s'exercer sans peine. - Il constitue une ligne de frontière suffisante, dépourvue de tout caractère agressif et d'une délimitation facile sur le terrain. Cette ligne semble aussi permettre aux Grecs, dans la plaine de Janina, un système de défense concentrée qu'on demanderait vainement à la ligne des crêtes.

32. Il est vrai qu'en adoptant le thalweg du Kalamas, on laisse en dehors les populations grecques du district de Kurenda, mais on peut aussi reprocher au tracé par la crête d'en glober le district de Philiates, où l'élément albanais musulman prédomine et qui, quoique faisant partie depuis quelques années du Sandjak de Janina, se rattache plutôt, par ses relations commerciales et ses affinités politiques, au Sandjak d'Argyrocastro, auquel il appartenait autrefois.

33. Quelle que soit la ligne choisie, thalweg ou crête septentrionale, elle ne pourra jamais, à cause des mélanges inévitables, séparer les populations d'une manière parfaite suivant la race, la langue et la religion

34. En résumé, la ligne du Kalamas paraît conforme à l'esprit du Protocole XIII, qui n'a jamais été interprété dans le sens de la cession complète à la Grèce des bassins entiers du Salamyrias et du Kalamas.

35. — La discussion étant close, la Commission a procédé, suivant le désir exprimé par le Délégué de Russie, au vote sur l'amendement primitif. Cet amendement a été rejeté par cinq voix contre une abstention.

36. — Elle a ensuite adopté, à la majorité de cinq voix contre une abstention, le tracé présenté par S. E. l'Ambassadeur de France entre Han Kalabaki et la mer Ionienne.

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LE PRÉSIDENT rappelle que deux questions avaient été posées à la Commission technique : l'une relative aux points de la nouvelle frontière qui exigeraient un travail sur place, l'autre aux instructions qu'il y aurait lieu de donner aux Délégués qui seraient chargés de ce travail. Son Altesse donne lecture des résolutions» adoptées par la Commission à l'unanimité en réponse à ces deux questions. (Annexe A.)

«

Le Comte DE SAINT-VALLIER fait observer, avec l'assentiment de ses Collègues, que la Commission qui pourra être ultérieurement envoyée sur place ne sau

DOCUMENTS DIPLOMATIQUES.

Grèce.

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rait en aucun cas être composée de Délégués turcs et grecs. Elle devra être exclusivement formée de Délégués techniques appartenant aux Puissances médiatrices, et aura un caractère analogue à celui des Commissions européennes chargées des diverses délimitations prescrites par le Traité de Berlin. Les officiers turcs ou grecs qui pourraient être appelés auprès d'elle, n’auraient d'autre mission que de lui donner les renseignements locaux dont elle aurait besoin au cours de ses études.

Le Comte DE LAUNAY exprime le désir que cette Commission prenne soin de relever, en même temps qu'elle poursuivra l'objet direct de ses travaux, des informations géographiques, hydrographiques, géologiques, etc., dans l'intérêt de la science. La Conférence s'associe au vou de l'Ambassadeur d'Italie.

LE PRÉSIDENT ayant donné la parole au Plénipotentiaire de Russie pour une communication, M. de Sabourow dit que dès le lendemain de la dernière séance il a reçu un télégramme de son Gouvernement portant approbation et confirmation du vote que Son Excellence a émis en faveur du tracé français.

LE PRÉSIDENT prend acte de cette déclaration au nom de la Conférence. Son Altesse annonce que l'Ambassadeur de Turquie à Berlin lui a remis, pour être communiquée à la Conférence, une dépêche de la Sublime Porte transmise en même temps à tous les Gouvernements médiateurs, et qui proteste contre les décisions éventuelles des Plénipotentiaires. Le Prince de Hohenlohe donne lecture in extenso de ce document (annexe B). Son Altesse ajoute qu'il a fait remarquer à Sadoullah Bey que toute médiation relative à des modifications de frontière doit nécessairement aboutir à indiquer des cessions de territoires, et que les décisions des Plénipotentiaires sont conformes à l'esprit et aux termes du Traité de Berlin.

La Conférence est d'avis que les Cabinets ayant été directement saisis de la dépêche du Gouvernement ottoman, elle ne doit considérer que comme accessoire la communication qui lui en est faite et qu'elle n'a pas à y répondre.

LE PRÉSIDENT ouvre la discussion sur la rédaction de l'Acte final destiné à sanctionner les décisions de la Conférence.

LE PLÉNIFOTENTIAIRE DE FRANCE dit qu'il a préparé un projet de rédaction et demande à le soumettre à l'appréciation de ses Collègues. Son Excellence en donne lecture et, après délibération, l'Acte final est arrêté à l'unanimité dans les termes suivants :

Les pourparlers engagés entre la Turquie et la Grèce pour la rectification

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