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Si le diplomate était un homme politique important, le souverain étranger ferait, dans sa réponse, allusion aux services qu'il a rendus :

Je me plais à vous assurer que les qualités qui vous distinguent, le zèle et le talent dont vous avez fait preuve dans le service de votre pays doivent être pour vous une garantie de ma bienveillance et de la valeur que je donne au choix que Sa Majesté le Roi...... a daigné faire de votre personne pour son représentant à ma Cour.

Après la remise de lettres de créance, et un premier entretien fort court, le Roi invite, s'il y a lieu, l'ambassadeur à l'accompagner dans un salon voisin, et là Sa Majesté le présente à la Reine et aux princesses, qui attendent cette présentation entourée des dames de leur maison.

L'ambassadeur et les membres de son ambassade se retirent ensuite; ils sont reconduits à l'hôtel dans les voitures qui les ont amenés.

Le ministre des affaires étrangères fait, après la présentation, la première visite à l'ambassadeur; cette seconde visite est faite au nom du souverain, comme un retour de la visite de présentation que celui-ci ne peut rendre en personne.

Dès ce moment, l'ambassadeur est en possession de son caractère diplomatique et de ses prérogatives. Il fait, le même jour, en personne, des visites aux autres ambassadeurs, s'il s'en trouve dans la résidence. Il écrit, aussi dans la journée, aux ministres plénipotentiaires, ministres résidents, chargés d'affaires, qu'il vient d'être reçu par le Roi en qualité d'ambassadeur de telle puissance.

Cette lettre, qui ne contient pas autre chose, signifie, selon les usages établis, que Son Excellence restera chez elle en uniforme pendant trois jours, de midi à trois heures, pour recevoir les visites que les diplomates d'un rang inférieur au sien voudront bien lui faire. Le devoir de ces derniers est de se rendre, en tenue, l'un de ces trois jours, chez l'ambassadeur pour le complimenter. On ne peut pas manquer à cette obligation.

Les trois jours expirés, Son Excellence rend en personne les visites qu'elle a reçues.

Dès ce moment, toutes les formalités de l'installation officielle sont remplies.

Il est d'usage que le ministre des affaires étrangères annonce aux

autres membres du cabinet, le jour même de la présentation au palais, que tel ambassadeur a été reçu par le Roi. Sur cet avis, chaque ministre va faire, en personne, la première visite à l'ambassadeur, qui doit s'empresser de la lui rendre.

Les droits et les devoirs des femmes de ministres sont en corrélation parfaite avec les devoirs et les droits des ministres eux-mêmes. Ainsi l'ambassadrice doit faire la première visite à la femme du ministre des affaires étrangères, et celle-ci met de l'empressement la lui rendre.

à

Les femmes des autres ministres, qu'ils soient membres du cabinet ou du corps diplomatique, doivent la première visite à la femme de l'ambassadeur, par la raison que les ministres remplissent ce devoir envers celui-ci.

II. Le cérémonial pour la réception d'un agent diplomatique de deuxième classe diffère peu de celui qui est suivi pour l'audience de remise des lettres de créance d'un ambassadeur : les voitures de la cour ne sont attelées que de deux chevaux, et le nouveau venu doit faire la première visite à tous les ministres.

Il en est de même des ministres résidents, qu'une seule voiture de la cour va prendre à leur hôtel.

Ces diplomates font la première visite à tous les membres du cabinet et aux agents diplomatiques d'un rang plus élevé ou du même grade qu'eux.

III. Si l'agent accrédité est revêtu du grade de chargé d'affaires, il demande une audience au ministre des affaires étrangères pour lui remettre ses lettres de créance.

Ces lettres remises, l'agent est entré en fonctions et fait visite à tous les ministres et à tous les chefs de mission.

IV.Ajoutons enfin qu'une longue expérience a constaté qu'un agent diplomatique débutant à une Cour étrangère y manque le plus souvent et presque toujours, en tout ou en partie, des connaissances locales nécessaires pour régler sa conduite de manière à ne pas blesser les usages de Cour et de société reçus dans le pays où il va résider. La prudence conseille donc à tout diplomate qui arrive dans une capitale de s'informer auprès d'un de ses collègues d'une puissance amie, accrédité à la même Cour, de l'étiquette et des usages reçus pour le cérémonial des audiences et les visites à faire ou à recevoir. Ces usages varient pour chaque Cour; et c'est un devoir pour un agent diplomatique de les suivre, sans former des

prétentions propres à faire naître des préventions désavantageuses contre sa personne 1.

V. Lorsque l'agent diplomatique remet ses lettres de rappel, le même cérémonial est suivi que pour la remise des lettres de créance; avec cette différence pourtant, que les voitures de la Cour ne vont pas prendre les ministres pour les conduire à l'audience dans laquelle ils remettent à Sa Majesté les lettres qui mettent fin à leur mission. VI.Il arrive quelquefois que des personnages éminents sont chargés par leur souverain, d'assister, en son nom, à la cérémonie du couronnement d'un roi, en qualité d'ambassadeur ou d'envoyé extraordinaire, ou de le féliciter à l'occasion d'un évènement important. Telles furent, en 1838, les missions de MM. le comte Henri de Mérode, à Milan, et le prince de Ligne, à Londres.

Le costume de ces agents est celui de leur grade.

Les formalités à suivre par l'ambassadeur ou l'envoyé extraordinaire à son arrivée à sa destination et pour la réception, sont celles que nous avons décrites plus haut.

Partout où l'ambassadeur ordinaire du Roi est présent, il est d'usage que l'ambassadeur extraordinaire lui cède le pas, même dans la cérémonie à l'occasion de laquelle il est envoyé. Une pareille règle a quelque chose d'étrange; il semblerait que l'ambassadeur chargé expressément de représenter son souverain à une cérémonie dût y figurer plus en évidence que l'ambassadeur à résidence habituelle. Mais, à défaut de règlement sur ce point spécial de l'étiquette entre ministres de même classe et de même nation, on est convenu de se conformer au règlement du Congrès de Vienne sur le rang des membres du corps diplomatique entre eux : la date de la remise des lettres de créance décide du pas.

Quelquefois, avant de quitter, l'ambassadeur spécial offre au Roi et aux princes un grand bal suivi d'un splendide souper 2. Il prend ensuite congé du souverain.

Il se présente parfois des cas auxquels nulle prescription ordinaire ne saurait être appliquée. Ainsi, avant le traité du 19 avril 1839, un diplomate belge aurait-il dù faire visite à un diplomate russe? Nous pensons que rien n'empêchait qu'il déposât sa carte chez son collègue. Toutefois, dans de pareils cas, il est prudent de s'enquérir des dispositions personnelles de l'agent étranger.

• M. de Grammont, ambassadeur extraordinaire, chargé de représenter le roi Louis XVIII au sacre du feu roi d'Angleterre George IV, en 1821, offrit

SECTION II.

DE QUELQUES AUTRES POINTS DE CÉRÉMONIAL.

I. Réceptions et visites à l'occasion du jour de l'an. Le Moniteur belge publie chaque année l'ordre dans lequel les réceptions ont lieu au palais à l'occasion du 1er jour de l'an.

Toutes les réceptions sont faites par le Roi entouré de la famille royale; celle de la maison militaire du Roi et des princes, et des membres du cabinet, comme celle des autres grands corps de l'État. L'on conçoit que les deux premières ont quelque chose de plus intime. Les autres ont une sorte de publicité que la presse saisit.

Il n'y a pas de règle fixe pour les cartes de visite; chaque membre du corps diplomatique, ambassadeur comme chargé d'affaires, envoie ses cartes dès le premier jour, la plupart même la veille, à tous les autres membres du corps, à tous les ministres et aux présidents des deux Chambres. Les ministres belges et les présidents des deux Chambres, de leur côté, agissent de même. Les officiers de la Cour suivent cet exemple, et l'on peut dire que très-peu de cartes sont portées par les personnes elles-mêmes.

On est dans l'usage de rendre des cartes pour toutes celles qu'on a reçues, sauf à l'égard des personnes réellement subordonnées ou qui n'ont pas de position sociale.

Les femmes des diplomates et des ministres échangent aussi des cartes de la même manière, sauf à se faire ensuite des visites en personne quand elles ont des relations particulières.

II. Fêtes à la Cour. On admet qu'à la Cour, le Roi détermine le rang de ses invités comme il lui convient, aucun règlement n'a été adopté.

S'il s'agit d'un diner, le maréchal de la Cour prévient, par ordre

au Roi et aux princes d'Angleterre un bal, suivi d'un souper, dans la vaste salle d'Almacks. Plus de 600 personnes de la Cour, de la haute société de Londres et du corps diplomatique y furent admises. Cette fête a fait époque. Le maréchal duc de Raguse qui, en 1826, assista au couronnement de l'empereur de Russie, donna égalemeut une grande fête à laquelle assista l'Empereur avec toute sa Cour. Rappelons, à propos de la mission du duc de Raguse, que, contrairement à ce qui se pratique en règle générale, le sacre, en Russie, suit le couronnement.

de Sa Majesté, les personnes choisies pour occuper les places près des membres de la famille royale. Aucune autre place n'est désignée. Il y a pour tout le reste une sorte de pêle-mêle de bonne compagnie, fondé sur cette présomption que, à la table du Roi, toutes les places sont également honorables.

:

Les membres du cabinet se mêlent d'ordinaire aux diplomates et aux membres des Chambres si un dîner est purement diplomatique, le ministre des affaires étrangères occupe toujours une des premières places.

Dans les bals de Cour, les personnages de haute distinction, les diplomates étrangers, les membres du cabinet, les présidents des Chambres et leurs dames, attendent le passage de Sa Majesté dans la salle qui est la plus rapprochée des salons de la famille royale. Le Roi s'entretient en passant avec les chefs de mission et avec les dames du corps diplomatique. Sa Majesté entre ensuite dans les salons où se trouvent les personnes présentées et les invités.

A cette entrée, le cortége royal se compose :

1° Du maréchal de la Cour, des aides de camp et officiers d'ordonnance en tête;

2o Du Roi, des Princes et des Princesses et des membres de familles souveraines qui peuvent se trouver à Bruxelles ;

3o Des dames de la Cour, de quelques personnes appartenant à la plus haute société, telles que le duc et la duchesse d'Arenberg, les membres des anciennes familles princières de l'Empire Germanique, des membres du corps diplomatique et de leurs dames, des ministres, des présidents des Chambres et de leurs dames. Les hommes et les dames de ce groupe suivent la Cour en se donnant le bras, chacun se tenant, autant que possible, à la place que son rang lui assigne. Souvent le président de la Chambre ou du Sénat conduit la duchesse d'Arenberg; le duc d'Arenberg conduit la dame du Président de l'une des chambres. Les ministres accompagnent les dames des diplomates et réciproquement.

Le cortége grossit dans sa marche jusqu'à la salle de bal où le Roi et les princes vont s'asseoir.

:

A côté des fauteuils de Sa Majesté et de Leurs Altesses Royales, des places sont réservées, à droite à l'Infante d'Espagne et aux dames du corps diplomatique, à gauche: aux duchesses d'Arenberg et de Beaufort, à la comtesse de Mérode, aux princesses de Chimay et de Ligne, aux femmes des ministres à portefeuille, des présidents

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