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des Chambres et des personnages étrangers de haute distinction. La liste des personnes invitées aux bals de la Cour est placée tous les ans sous les yeux du Roi.

Sa Majesté accueille des personnes appartenant à toutes les classes de la société; les étrangers obtiennent facilement l'accès des fêtes du palais. L'ancienne étiquette si exclusive et si exigeante est bannie de la Cour de Bruxelles. Pour apprécier toute la bonté dont notre auguste souverain fait preuve et toute l'indulgence dont il use, rappelons par les traits suivants, combien les anciennes traditions sont strictement observées ailleurs.

Le 25 janvier 1851, il y avait bal à la Cour d'Autriche ; c'était la première fête de ce genre qui eût lieu depuis 1848. Les épouses du Ban de Croatie et du général Hess, ces deux hommes qui avaient naguère si puissamment contribué au salut de la monarchie se trouvaient exclues du bal, parce qu'elles ne pouvaient produire le nombre voulu de quartiers de noblesse. La première est pourtant née comtesse de Stockau, et la seconde baronne de Diller.

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Voici un autre fait à Vienne, si un attaché de légation est marié, sa femme est invitée aux fêtes de la Cour; si cet attaché devient secrétaire de légation, sa femme perd le droit d'être reçue à la Cour. Dans le principe, les attachés de légation étaient toujours des gentilshommes, c'était des personnes haut placées que l'on adjoignait aux ambassades pour leur donner de l'éclat; les secrétaires, au contraire, étaient des hommes de plume, sans caractère officiel ; ils étaient agents de l'ambassadeur et non des souverains. Aujourd'hui la position des agents a changé complètement, et pourtant l'ancien principe est resté en vigueur à Vienne par respect pour le passé.

III. Dîners, soirées diplomatiques. Quand un diplomate ou un ministre donne un grand dîner, les invités s'y rendent en frac ou habit de ville, à moins que sur l'invitation ne soient écrits ces mots : en uniforme. Cette recommandation n'est ajoutée que pour les diners ou soirées qui se rapportent à la fête d'un souverain : dans ces cas, c'est un hommage rendu à ce dernier. L'habit de ville est porté dans les autres circonstances, et chacun s'y décore des ordres qu'il a. Ceux qui ont un grand cordon ne portent que la plaque chez un inférieur; ils se décorent de la plaque sur l'habit et du grand cordon dessous, s'ils sont invités chez un fonctionnaire d'un rang égal ou supérieur. En général cependant, ce double insigne n'est porté que dans les

circonstances solennelles la plaque est la seule décoration ordinaire pour les diners et les soirées.

Il résulte de ce qui précède que le costume n'est obligatoire que lorsqu'il est recommandé dans certaines circonstances; cependant, le port du costume est la règle générale à la Cour : là où le souverain est toujours en uniforme, il faut un avis formel pour s'en dispenser. Ainsi, un diplomate qui est admis à présenter un étranger au Roi, est toujours en costume. Il est en habit-frac, dans ses rapports avec le ministre des affaires étrangères.

Lorsque les membres du corps diplomatique dinent chez un ministre, les ambassadeurs et les ministres plénipotentiaires sont placés avant les membres du cabinet. Lorsqu'au contraire, le diner a lieu chez un diplomate étranger, le ministre des affaires étrangères a toujours la première place; les trois autres places sont attribuées à des ambassadeurs, s'il y en a, et, à leur défaut, à des membres du cabinet.

Le ministre des affaires étrangères est celui qui, vis-à-vis des agents diplomatiques, représente le souverain. Aussi à la table d'un diplomate, il a la première place, à moins qu'il n'y ait un président du conseil ; dans ce cas, il vient immédiatement après celui-ci. Si le ministre des affaires étrangères est empêché, il est remplacé par un de ses collègues.

Pour éviter les froissements et les discussions que font naître trop souvent les questions de préséance, il est à peu près passé en usage que l'on se borne à assigner les quatre premières places.

A l'égard des fonctionnaires de l'intérieur, les ministres ont, en toute circonstance, le pas sur eux; il sont, en effet, les premiers dans l'ordre hiérarchique; ils représentent le pouvoir royal dans ses rapports avec l'exécution des lois, avec le gouvernement du pays, avec l'ordre intérieur et la sûreté extérieure. A tous ces titres, ils ont droit à la première place; il est de l'intérêt public qu'ils soient entourés de cette considération, de ce respect que, par une sorte d'instinct, on accorde aux hommes qui occupent le premier rang.

Les ministres passent même avant les présidents des Chambres. Cela était reçu en France, où le président de la Chambre des Pairs était nommé à vie; cela est, à plus forte raison, de convenance en Belgique où la présidence de chaque Chambre est élective et annuelle.

Les membres du cabinet n'ont point de rang hiérarchique en rapport avec les différentes positions de l'ordre diplomatique. On

doit éviter les points de contact et dans le cas où il en adviendrait, l'usage veut que les ministres indigènes usent de la plus grande courtoisie envers les diplomates, comme leur faisant les honneurs du pays. Il est reçu que les ministres cèdent le pas aux ambassadeurs et aux ministres étrangers et qu'ils le prennent sur les chargés d'affaires.

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IV. Présents et décorations.

Lorsqu'un diplomate quitte la Cour auprès de laquelle il a représenté son souverain, en mission permanente ou temporaire, il reçoit d'ordinaire un présent, telle qu'une tabatière, enrichie de brillants, le portrait du souverain, etc., ou une distinction honorifique, une décoration.

Voici des modèles de lettres d'envoi et de lettres de remerciments.

....

C'est avec une véritable satisfaction, vous ne l'ignorez pas, que le Roi mon auguste souverain, vous a reçu à sa Cour en qualité d'envoyé extraordinaire de Sa Majesté le Roi de . . . . ., qui ne pouvait choisir un plus digne représentant. Sa Majesté, désirant vous laisser un souvenir d'une mission qui lui a été agréable à tant de titres, et ayant à cœur de vous offrir un témoignage de sa haute bienveillance, m'a donné l'ordre, Monsieur le . . . . ., de vous transmettre ci-joint. . . ..

.....

En m'acquittant de ce soin, je me félicite de pouvoir exprimer encore à Votre Excellence, combien j'ai été heureux d'entrer en relations (') avec elle et combien j'ai regretté que ces rapports, si précieux pour moi, aient été de si courte durée. En vous renouvelant cette assurance, je m'empresse d'y ajouter celle de la haute considération avec laquelle j'ai l'honneur d'être, . . . .

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J'ai reçu avec une profonde émotion le témoignage de haute bienveillance dont Votre Majesté vient de m'honorer. Les circonstances qui s'y rattachent, les souvenirs qu'il éveille en moi, et surtout les sentiments que Votre Majesté a daigné n'exprimer à cette occasion, m'ont pénétré d'une vive reconnaissance. Par cette éclatante faveur, Votre Majesté a mis le comble à ses bontés pour moi, et elle aurait, si cela eût été possible, rendu plus vive encore, la gratitude respectueuse avec laquelle j'ai l'honneur d'être,.....

J'ai reçu le portrait de......, qui se trouvait joint à la lettre que Votre Excellence m'a fait l'honneur de m'adresser sous la date du..... Je me suis

(1) Si l'envoyé est un homme d'Etat de réputation, il est bon de le rappeler : ainsi, au lieu de dire: Combien j'ai été heureux d'entrer en relation avec elle, on dira: d'entrer en relations arec un des hommes d'Etat les plus distingués du royaume de.

empressé d'offrir à Sa Majesté l'hommage de ma vive et respectueuse reconnaissance.

Je ne puis exprimer combien j'ai été touché du souvenir aimable que Votre Excellence a bien voulu me conserver et dont sa lettre est pour moi un témoignage si flatteur. N'en doutez pas, M. le....., rien ne pouvait m'être plus agréable que cette manifestation des sentiments de Votre Excellence; je placerai toujours parmi les particularités les plus heureuses de ma mission à....., les relations personnelles qui se sont établies entre nous, relations que Votre Excellence m'a rendues si précieuses et qui. je l'espère, ne sont pas destinées à finir avec les circonstances qui y ont donné lieu.

Je saisis avec empressement cette occasion de vous présenter les assurances de la haute et affectueuse estime avec laquelle j'ai l'honneur d'ètre,.....

Je viens déposer aux pieds de votre Majesté l'expression de ma vive reconnaissance, pour la faveur signalée qu'Elle a daigné m'accorder en me nommant Grand-Croix de (ou en me faisant parvenir .....)

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Un témoignage aussi éclatant d'une auguste bienveillance devait me toucher profondément, et cette haute distinction, Sire, réveillera toujours en moi les plus précieux souvenirs.

Je prie Votre Majesté de vouloir bien recevoir l'hommage des sentiments de respect inviolable avec lesquels j'ai l'honneur d'être,......

J'ai reçu la lettre en date du 1er de ce mois, par laquelle Votre Excellence a bien voulu me faire connaitre que, sur sa proposition, Sa Majesté le Roi a daigné me conférer la dignité de Grand-Croix de l'ordre de......

Ce témoignage éclatant d'une auguste bienveillance est des plus précieux pour moi, et je vous serais fort obligé, Monsieur, de vouloir être, auprès de Sa Majesté, l'interprète de la vive et profonde gratitude dont je suis pénétré.

Je prie Votre Excellence de recevoir. de son côté, l'expression de ma reconnaissance pour la part qu'elle a prise à la faveur signalée dont je viens d'être l'objet.

Je saisis cette occasion de vous renouveler les assurances de la haute considération avec laquelle j'ai l'honneur d'être,.....

V. Cérémonial suivi pour la remise au Roi des insignes de la Toison d'Or. Des voitures de la Cour se rendirent à l'hôtel de la légation d'Espagne et y prirent M. le chevalier d'Argaiz, délégué par Sa Majesté la Reine d'Espagne pour la remise des insignes, et les autres membres de la légation, pour les conduire au palais.

M. d'Argaiz fut reçu au bas du grand escalier par des officiers de

la maison du Roi, et introduit dans un des grands salons du palais. Dans le salon voisin se trouvait Sa Majesté à qui M. d'Argaiz fit parvenir le message suivant :

« La Reine régente d'Espagne, au nom de Son Auguste fille la Reine Dona Isabelle II, a nommé Votre Majesté chevalier-confrère de l'insigne Ordre de la Toison d'Or, et, à cet effet, Elle en a commis le cérémonial au chevalier d'Argaiz, son chargé d'affaires près de Votre Majesté, qui fait demander si Votre Majesté en admet la nomination. »

Sa Majesté répondit qu'elle l'admettait et la recevait et passa dans le salon où se trouvait le commissaire espagnol.

Le chevalier d'Argaiz, fit donner lecture de sa commission que voici:

Mon bon frère et cousin, afin d'effectuer l'élection que j'ai fait de votre personne pour vous associer en l'amiable compagnie de mon très-noble et ancien Ordre de la Toison d'Or, j'ai fait dresser mes lettres-patentes de procure en vertu desquelles j'ai requis Monsieur d'Argaiz (Pierre d'Alcantara), mon chargé d'affaires près de votre personne, de vous recevoir en mon nom dans ledit Ordre, et vous délivrer le collier avec les cérémonies accoutumées. Et de tout ce qu'il vous dira de ma part à cet occasion, vous en ferez le même état que s'il vous était déclaré par ma propre personne. Je prie Dieu qu'il vous ait en sa sainte et digne garde. A Madrid, ce 17 février 1835.

MARIE-CHRISTINE.

Le Greffier de l'Ordre,
ANTOINE-HERMANDEZ D'URRUTIA.

Il ajouta :

« La Reine Catholique, Chef et Grand Maître de l'insigne Ordre de la Toison d'Or, et, en son auguste nom, la Reine-Régente, comme un témoignage de l'estime qu'elle a pour Votre Majesté, et se flattant, Sire, de vous voir contribuer au plus grand éclat et à l'élévation de cet insigne Ordre, vous en fait chevalier-confrère. »

Le chevalier d'Argaiz demanda ensuite à Sa Majesté si le serment de l'Ordre lui était connu, si elle l'acceptait et le jurait 1.

Voici la formule de serment :

Je jure de soutenir les droits du chef souverain de l'Ordre; de contribuer à maintenir cet insigne Ordre dans le même état et le même éclat où il se trouve, sans permettre qu'il souffre jamais atteinte; de supporter avec patience les peines et corrections que le chef de l'Ordre pourrait m'imposer; de concourir aux assemblées ou chapitres ou bien d'y envoyer des commissaires et enfin de garder et remplir toutes les constitutions et tous les décrets de l'Ordre.

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