Contre l'inquietude. De la Trifteffe. 345 349 Des confolations fpirituelles & fenfibles, & de l'ufage qu'il en faut faire. Des Sechereffes & Sterilitez fpirituelles. ment à cette matiere. 352 362 369 Exemple remarquable pour fervir d'éclairciffe CINQUIÈME PARTIE. Les Avis & les Exercices neceffaires pour renouveller & confirmer l'Ame dans la devotion. DE la neceffité de renouveller tous les ans fes bons propos. 375 Confideration fur le Bienfait de Dieu qui nous a appellez à fon fervice, conformement à la Proteftation que l'on en a faite en la premiere Partie. 377 Examen de l'ame fur fon avancement en la vie devote. Examen de l'Etat de l'ame à l'égard de Dieu. 381 383 386 Examen de l'Etat de l'ame par rapport à elle même. Examen de l'Etat de l'ame à l'égard du Pro 387 chain: Examen de l'Etat de l'ame fur fes Paffions. 388 Affections qui doivent fuivre cet examen. 390 Des Confiderations propres à renouveller les bons propos. 391 Quatrieme Confideration, fur l'Amour de Je- Cinquieme Confideration, fur l'Amour éternel Affections generales fur les Confiderations prece- dentes pour conclure tout cet exercice. 399 Reponse à deux Objections qu'on peut faire fur Trois derniers & principaux Avis fur cette Exercice Spirituel durant la Sainte Meffe. 407 Maniere de dire devotement le Chapelet, & de bien fervir la Sainte Vierge Marie. Fin de la Table. INTRO. Les avis & les exercices neceffaires pour conduire l'Ame depuis le premier defir qu'elle a de la Devotion, jufqu'à la volonté fincere de l'embraffer. CHAPITRE I. Ous afpirez à la Devotion, Philothée, parce que la Religion vous a fait connoître, que c'elt une vertu extrêmement agréable à la divine Majefté. Mais puifque les petites fautes que l'on commet au commencement d'une affaire, deviennent grandes dans le progrez, & font prefque irreparables à la fin, il faut abfolument que vous commenciez par bien A favoir ce que c'eft que la Devotion : Car il n'y en a qu'une bonne, & il en eft plufieurs vaines & fauffes, & fans ce difcernement vous pouriez vous y tromper, en vous amufant vous-même d'une Devotion imprudente & fuperftitieufe. Un Peintre nommé Arelius peignoit dans fes figures les femmes pour qui il avoit conçu de l'eftime: Et c'est ainfi que chacun fe peint la Devotion, fur l'idée que lui en forme fa paffion ou fon humeur. Tel qui s'eft attaché à la pratique du jeûne, fe croit devot, pourvu qu'il jeûne fouvent; quoi qu'il nourriffe dans fon cœur une fecrette haine : Et tandis qu'il n'ofe pas tremper le bout de la langue dans le vin ou même dans l'eau, de peur de bleffer la perfection de la temperance; il goûte avec plaifir tout ce que lui fuggerent la medifance & la calomnie, qui font infatiables du fang du prochain. Telle s'eftimera devote, parce qu'elle a coutume de reciter tous les jours une longue fuite de prieres: Quoiqu'après cela elle s'échappe dans fon domeftique ou ailleurs, en toutes fortes de paroles facheufes, fieres, & injurieufes. Celui-là tient toûjours fa bourfe ouverte aux pauvres Mais il a toujours le cœur fermé à l'amour de fon Prochain, à qui il ne veut pas pardonner. Celui-ci pardonne de bon coeur à fes ennemis: Mais paier fes créanciers, c'eft ce qu'il ne fait jamais, s'il n'y eft contraint. Toutes ces perfonnes fe croient fort devotes, & peut-être que le monde les croit telles; cependant elles ne le font nullement. Les Officiers de Saül étant allez chez David avec ordre de l'arrêter, Michol fon époufe les amufa, pour leur cacher fa fuite: Elle fit mettre dans un lit une ftatuë qu'elle couvrit des habits de David, avec quelques peaux autour de la tête, puis elle leur dit qu'il étoit malade, & qu'il dormoit. Voilà l'erreur de beaucoup de gens, qui fe couvrent de l'exterieur & de l'apparence de la fainte Devotion; & que l'on prend pour des hommes fort fpirituels Mais au fond ce ne font que des phantomes de pieté. La vraie Devotion, Philothée, prefuppofe l'amour de Dieu, & pour parler plus jufte, elle eft elle-même le parfait amour de Dieu. Il s'appelle Grace, parce qu'il eft l'ornement de notre ame, & en fait une belle ame aux yeux de Dieu. Quand il nous donne la force de faire le bien, il s'appelle Charité : Et quand il nous fait operer le bien avec foin, avec promptitude, & frequemment :il s'appelle Devotion, & il a toute la perfetion. J'explique ceci par une comparaifon fort fimple, mais bien naturelle : Les autruches ont des aîles, & ne s'élevent jamais au-deffus de la Terre: les poules volent; mais pefamment, rarement, & fort bas; le vol des aigles, des colombes, & des hirondelles eft vif, élevé, & prefque continuel. Ainfi les hommes ne font que des hommes de terre, & rampent toûjours fur la terre: les juftes qui font encore imparfaits, s'élevent vers le Ciel par leurs bonnes œuvres; mais rarement, avec lenteur & une espece A λ |