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4. Que vous estimez vous devant Dieu? rien fans doute. Or vous ne devez pas vous en croire plus humble, que fi vous jugiez qu'une mouche n'eft rien au prix d'une mon tagne; ou une goutte d'eau, en comparai fon de la mer; on une étincelle de feu, en la prefence du Soleil: mais l'humilité confifte à ne pas vous preferer aux autres, & à ne pas vouloir qu'on vous donne cette preference: Où en étes vous fur cela?

5. A l'égard de votre langue, ne vous vantez vous point, ou d'une maniere, ou d'u-. ne autre? ne vous flatez vous point en par lant de vous !

6. Quant aux oeuvres, ne prenez vous point de plaifirs contraires à votre fanté? Je veux dire, de plaifirs vains, inutiles, pouffez trop avant dans la nuit, &c.

CHAPITRE VI.

Examen de l'état de l'ame à l'égard du
Prochain.

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L faut bien aimer un mari & une femme, d'un amour doux & tranquille, ferme & continuel; & que ce foit parce que Dieu l'ordonne ainfi : j'en dis de même des enfans, des proches parens & des amis; felon le degré de liaison, que l'on a avec eux.

Mais pour parler en general, quel eft vo tre cœur à l'endroit du Prochain? l'aimezyous bien fincerement, & pour l'amour de

Dieu? pour bien en juger, reprefentez-vous quelques gens deplaifans, ennuieux, & d'une mal propreté degoûtante: d'autant que c'eft-là où fe trouve l'amour de Dieu pour le prochain; & beaucoup plus, quand on traite bien ceux q qui nous ont offenfez par leurs actions, ou par leurs paroles. Examinez fi votre cœur n'a rien contr'eux, & s'il ne fent pas une grande repugnance à les

aimer.

N'étes-vous point facile à parler du prochain defavantageufement, & fur tout de ceux qui ne vous aiment pas ? ne nuifezvous à perfonne, ou directement, ou indirectement? pour peu que vous foiez raifonnable Vous vous en appercevrez facilement.

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CHAPITRE VII.

Examen de l'état de l'ame fur fes paffions. 'Ai étendu les points de cet examen, qui ne confifte qu'à connoître le progrès qu'on a fait dans la vie fpirituelle: car l'examen des pechez regarde la Confeffion de ceux, qui ne penfent point à s'y avancer. Il ne faut cependant s'obferver fur chacun de ces articles, qu'avec une douce application à confiderer l'état du cœur, & les fautes notables qu'on a pâ commettre.

Mais pour abreger le tout, reduifons cet exercice à l'examen de nos paffions; & con

fiderons feulement ce que nous avons été; & comment nous nous fommes conduits fur les articles fuivans.

Dans notre amour envers Dieu, envers le prochain, envers nous-mêmes.

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En notre haine à l'égard de nos pechez & de ceux des autres : car nous devons defirer leur amandement, comme le nôtre. En nos defirs à l'égard des richeffes, des plaifirs, & des honneurs.

Dans la crainte des dangers de pecher, & de perdre les biens de cette vie: on craint trop l'un, & trop peu l'autre.

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Dans l'efperance trop établie peut-être fur le monde, & fur les créatures; trop peu fur Dieu, & fur les chofes éternelles.

Dans la trifteffe; fi elle eft exceffive, &. pour des chofes vaines & frivoles.

Dans la joie; fi elle eft exceffive, & pour des chofes qui ne la meritent pas.

Enfin obfervons quelles affections embarraffent notre cœur ; quelles paffions le poffedent; & en quoi principalement il s'eft dereglé. Par les paffions de l'ame on en reconnoît l'état : car comme un joueur du Luth en pince toutes les cordes, pour tâcher d'accorder celles qu'il trouve diffonantes, ou en les tirant, ou en les lâchant: de même fi après avoir obfervé toutes nos paffions, nous les trouvons peu conformes aux defirs que nous avons de glorifier Dieu; nous pourrons les y ajufter avec la grace de Dieu, & le fecours de notre Pere fpirituel.

CHAPITRE VIII.

Affections qui doivent suivre cet examen.

Après avoir reconnu où vous en étes, ex

citez votre ame à ces affections.

Si vous avez fait quelque progrès; remerciez-en Dieu, quelque petit qu'il foit : & reconnoiffez que vous en étes uniquement, redevable à fa mifericorde.

Humiliez-vous fort devant Dieu, prote ftant que fi vous n'avez pas beaucoup avancé, ç'a été votre faute; parce que vous n'avez pas correfpondu avec une fidelité courageufe & conftante, à ce qu'il vous a donné d'infpirations, de lumieres, & de bons mouvemens; foit en l'Oraifon, foit ailleurs.

Promettez-lui de le louer à jamais des graces, par lesquelles il a operé en vous ce petit amandement.

Demandez lui pardon de votre infidelité; offrez-lui votre cœur, le priant de s'en rendre maître, & de le rendre plus fidèle.

Invoquez la fainte Vierge, votre An. ge, les Saints, principalement votre PaFron, Saint Jofeph, & les autres,

CHAPITRE IX.

Des Confiderations propres à renouveller les bons propos.

Près avoir conferé avec votre Direateur fur vos défauts, & fur les moiens d'y remedier; vous prendrez chaque jour une des confiderations fuivantes, pour en faire le fujet de votre Oraifon, felon la me thode des meditations de la premiere Partie; foit pour la preparation, foit pour les affe ctions; vous mettant avant toutes chofes en la prefence de Dieu; & lui demandant la grace de vous bien établir en fon amour, & dans fon faint fervice.

CHAPITRE X.

Premiere Confideration, fur l'excellence de

notre ame.

Confiderez la nobleffe & l'excellence de

votre ame, dans la connoiffance qu'elle a de ce monde vifible, des Anges, de Dieu le Maître fouverain & infiniment bon, de l'Eternité, & univerfellement de tout ce qui eft neceffaire pour bien vivre en ce monde, pour s'affocier aux Anges dans le Paradis, & pour y jouir éternellement de Dieu.

Votre ame a de plus une volonté capable

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