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() Vide à contrazio Avancin. Uedit. Hebd. 5. p. Epiph. Frer. 3. I.p.58. Imit. Chriske

INTRODUCTION

L.4.c.7.de pefanteur d'ame; il n'y a que les ames Memor folidement devotes, qui femblables aux aiVide Sigles & aux colombes, s'élevent en Dieu,

d. d'une maniere vive, fublime, & prefque in2224fatigable. En un mot, la Devotion n'eft autre

chole qu'une certaine agilité & vivacité fpirituelle, par laquelle ou la charité opere en nous: ou nous-mêmes nous faifons avec la charité tout le bien, dont nous fommes capables. C'eft à la charité de nous faire obferver univerfellement tous les commandemens de Dieu : Et c'est à la Devotion de nous les faire observer avec toute la diligence & toute la ferveur poffible. Celui donc qui n'observe pas tous les commandemens de Dieu, n'eft ni jufte ni devot: Car pour être jufte, il faut avoir la charité ; & pour être devot, il faut avoir avec la charité, une -attention vive & prompte à faire tout le bien que l'on peut. (1).

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Et parce que la Devotion confifte effentiellement dans une excellente charité; non feulement elle nous rend promts, actifs • & diligents dans l'obfervation de tous les commandemens de Dieu; mais encore dans les bonnes œuvres; qui n'étant point commandées, ne font que de confeil, ou d'une infpiration particuliere. Un homme qui ne fait que de relever d'une grande maladie, marche fort lentement, & feulement par neceffité de même un pecheur nouvellement converti ne marche dans la voie du falut, qu'avec une mauvaife lenteur & pefanteur d'ame, & par la feule neceffité qu'il

y a d'obéir aux commandemens de Dieu. jufqu'à ce qu'il ait bien pris l'efprit de pieté, Alors comme un homme fain & robufte, non feulement il marche dans la voie des commandemens de Dieu, mais il court avec joie : Et même il entre avec un grand courage dans les chemins qui paroiffent impraticables aux autres hommes ; & où la voix de Dieu l'appelle, foit par les confeils, foit par les infpirations de fa grace. Enfin la Charité & la Devotion ne font pas plus differentes l'une de l'autre, que le feu l'eft de la flamme; puifque la Charité qui eft le feu fpirituel de l'ame, étant fort enflammée, s'appelle Devotion: De forte que la Devotion n'ajoute rien pour ainfi parler, au feu de la Charité, finon la flamme qui rend la Charité prompte, active, & diligente dans l'obfervation des commandemens de Dieu & dans la pratique des confeils & des inspirations celeftes. fr. Arome. Ved it. Habe

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CHAPITRE II

Des proprietés & de l'excellence de la Devotion.

CEux

Eux qui décourageoient les Ifraëlites d'entreprendre la conquête de la Terre de promiffion, leur difoient que cette Terre confumoit fes habitans; c'est-à-dire que l'air y étoit fi méchant, que l'on ne pouvoit y vivre long tems; & que les naturels du pais étoient des hommes monftrueux, qui

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dévoroient les autres hommes comme des fauterelles. C'est de cette forte, Philothée, que le monde décrie tous les jours la Sainte Devotion, en publiant qu'elle rend l'efprit melancolique, & l'humeur infuportable ; & que pour en juger il n'y a qu'à voir l'air fâcheux, fombre & chagrin des perfonnes devotes Mais comme Jofué & Caleb qui étoient allé reconnoître la Terre promife, publioient par tout, que fa fertilité & fa beauté en rendoient le féjour heureux & délicieux; de même tous les Saints animez du Saint Efprit & de la parole de JefusChrift, nous affeurent que la vie devote eft douce, aimable, & heureuse.

Le monde voit que les perfonnes devotes jeûnent, prient, fouffrent avec patience les injures qu'on leur fait, fervent les malades, donnent l'aumône, veillent, répriment leur colere, font violence à leurs paffions, fe privent des plaifirs fenfuels, & font beaucoup d'autres chofes qui font naturellement fort penibles: Mais le monde ne voit pas la Devotion du cœur, laquelle rend toutes ces actions agréables, douces, & faciles. Confiderez les abeilles fur le thym, elles y trouvent un fuc fort amer; & en le fuçant

en miel: Nous le concelles le changent

donc, ames mondaines les perfonnes devotes trouvent d'abord beaucoup d'amertume dans les exercices de la mortification; mais bientôt elles la fentent touté changée par l' fage, en une charmante fuavité.

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Les Martyrs au milieu des feux, & fur les rouës ont crû être couchez fur les fleurs, & parfumez des odeurs les plus delicieufes ; & fi l'efprit de pieté a pû charmer ainfi par fa douceur les tourmens les plus cruels, & la mort même; que ne faitil pas dans les exercices les plus laborieux de la vertu? Ne peut-on point dire qu'il leur eft, ce que le fucre eft aux fruits, dont il tempere la crudité lors qu'ils ne font pas meurs; ou dont il corrige ce qui leur refte de malignité naturelle, quoi qu'ils foient en leur maturité? I eft vrai, la Devotion affaifonne toutes chofes avec beaucoup d'agrément Elle adoucit l'amertume des mortifications; & elle corrige la malignité des confolations humaines: Elle foula ge le chagrin du pauvre; & elle réprime l'empreffement du riche: Elle confole un efprit defolé dans l'oppreffion; & elle humilie l'orgueil de la profperité & de la faveur: Elle charme l'ennui de la folitude, & elle donne du recueillement à ceux qui font dans le commerce du monde : Elle eft à nos ames tantôt ce que le feu eft en hiver, & tantôt ce que la rofée eft en eté: Elle fçait porter l'abondance, & fouffrir la pauvreté : Elle rend également utile l'honneur & le mépris Elle reçoit avec une même difpofition le plaifir & la douleur ; & elle nous remplit d'une admirable fuavité.

Contemplez l'échelle de Jacob; car c'est une fidele peinture de la vie devote. Les deux côtez de cette échelle, nous repre

prefentent l'oraifon qui demande l'amour de Dieu, & l'ufage des Sacremens, qui nous le donne. Les échelons font les divers degrez de charité, par lefquels l'on va de vertu en vertu; foit en s'abaiffant jufqu'à fervir le prochain, & fouffrir fes foiblef fes, foit en s'élevant par la contemplation jufqu'à-l'union amoureufe de Dieu. Or con fiderez, je vous prie, comme ces bien-heureux Anges revêtus d'un corps humain defcendent & montent par cette échelle ; & nous reprefentent bien les vrais devots qui ont un efprit angelique. Ils nous paroiffent jeunes; & cette jeuneffe nous marque la force & l'activité fpirituelle de la De votion. Leurs aîles nous figurent le vol & l'élancement de l'ame en Dieu par la fainte Oraifon Mais en même tems ils ont des pieds; & cela nous apprend que nous Devons vivre fur la terre avec les autres hommes, dans une fainte & paifible focieté. Leur beauté & la joie peinte fur leur vifage, nous marquent la douce tranquilité avec laquelle il faut recevoir tous les éve hemens de la vie: Et leur tête nuë auffibien que leurs bras & leurs pieds, nous font penfer que l'on ne doit rien mêler dans fes intentions, & dans fes actions avec le motif de plaire à Dieu. Le refte de leur corps eft couvert d'une robe fort legere, pour nous apprendre que dans la neceffité de fe fervir du monde & des biens du monde, il n'en faut prendre que ce qui eft purement neceffaire.

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