1879. A LA VIE DEVOTE PAR SAINT FRANÇOIS DE SALES, EDITION NOUVELLE, Revue par le Pere BRIGNON, de la Compagnie Your Edit. Fours Alfred Hame of A BRUSSELLE,. MDCCXXVIII AVERTISSEMENT Sur l'Edition nouvelle de ce Livre. 'ON voioit avec douleur perir prefque entre les mains des Fidelles le feul Livre de pieté, qui a été compofé en notre langue par un Saint de notre païs, L'INTRODUCTION A LA VIE DEVOTE ouvrage qui depuis près d'un fiecle a été également cher & utile à toute la France. L'eftime s'en eft confervée jusqu'à nos tems, & deux chofes y ont contribué; le zele prudent des Directeurs, qui en ont toûjours confeillé la lecture, & l'approbation univerfelle des perfonnes avancées en âge, qui en avoient pris une haute idée dès leurs premieres années. Mais fi nous confiderons les Fidelles, qui font entre deux âges; nous ne trouverons parmi eux que l'eftime de ce Livre, fans prefque aucun ufage: & à l'égard de ce que l'on peut appeller le jeune monde de l'un & de l'autre fexe, à peine de même y eft-il connu. C'eft un malheureux effet de la delicateffe de notre fiécle fur les Livres de devotion, qui ne font pas raifonnablement bien écrits, & par confequent fur ceux, auxquels les grands changemens de la langue ont fait perdre cet agrement: Il eft vrai, & l'on peut ajoûter, que cette delicateffe fert à beaucoup de gens, pour excufer leur inde- . votion. Cependant il ne faut blâmer ni la delicateffe du fiécle, ni fon indevotion par cet endroit-là. D'autant que la raifon de ne rebuter la pieté de perfonne, par le degoût d'un mauvais ftile, & principalement de ne pas mettre en tre les mains de la jeuneffe, des livres qui puiffent lui apprendre à parler mal François, aura toûjours fon poids & fon autorité. Quoi qu'il en foit on étoit dans la neceflité, ou de laiffer pe-, rir cet excellent Livre, ou de l'accom moder aux ufages prefens de la langue pour condefcendre à la delicateffe du fiecle, & ne laiffer aucune excufe à fontindevotion. 3 Hé pourquoi fouffrir patiemment, que cet admirable ouvrage nous devienne inutile pourquoi nous priver d'un bien, que la divine Providence nous a voulu rendre propre? pourquoi les Nations étrangeres, riches de notre bien par la traduction de ce faint Livre en leurs langues, nous reprocheront-elles notre negligence à le faire valoir pour nous-mêmes? pourquoi la Pieté recevra-t-elle avec plaifir tant de traductions des livres étrangers, renouvellées & retouchées à proportion des changemens confiderables de notre langue, & n'ofera-t-on toucher à celui-ci ? L'on dira peut-être que le refpect qu'on doit à l'Ouvrage d'un Saint, demande qu'on n'y touche pas plus qu'à fes Reliques mais je repond à cela: le refpect infini qu'on doit à la fainte Ecriture, empêche-t-il qu'on ne la donne en François aux Fidelles pour s'en édifier; & qu'on n'en renouvelle les anciennes traductions? pechera-t-on plus contre la veneration dûë à faint François de Sales, en changeant quelques termes & expreflions de fon Introduction, qu'en la traduifant en une * |