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Sa résidence habituelle était la Guillerie, paroisse de Bérou. Il épousa Élisabeth de Payen, riche héritière, qui lui apporta en dot une très grosse fortune 1.

En l'année 1584, Anne Tiercelin s'enrôla sous la bannière royale. Avant son départ, le 12 mai, il donna procuration à son épouse, pour gérer et administrer ses biens pendant son absence. Il lui renouvela ce même pouvoir sept ans plus tard 2.

Son frère cadet, Philippe, épousa, en 1588, Madeleine le Muterel, fille de René le Muterel, seigneur de Fauville, et de Barbe de Chambray. Anne, qui avait toujours affectionné son jeune frère, lui fit don, en faveur de son mariage, de la terre de la Ferté-Villeneuil : l'acte de donation porte la date du 27 septembre 1588 3. Philippe Tiercelin était un des favoris d'Henri III, auprès duquel il avait été nourri et élevé : il avait le gouvernement d'Amboise. Mais il ne jouit pas longtemps de la seigneurie de la Ferté. Quelques mois après son mariage, il prenait part au siège de Noyon 4, où il commandait le régiment des gardes du roi. En faisant les premières approches, il reçut une mousquetade qui le blessa à mort. Il fut très regretté du roi Henri IV 5.

La Ferté revint à Anne Tiercelin. Celui-ci fut tué en duel, près de Gisors, en 1593, par le sieur de Volreïne 6. Comme il n'avait pas d'enfants, ses héritiers furent ses

1. a) Arch. seign., A. 3; 2. Arch. seign., A. 3.

3. Ibid.

b) Bibl. Nat., mss. fr. 30179, fo 27.

4. Le siège de Noyon, où mourut Philippe Tiercelin, n'est pas celui de 1594, mais un autre siège, que cette ville dut subir au commencement de l'année 1589, car nous savons par ailleurs (Arch. de l'Hospice et Arch. seign.) que Philippe Tiercelin mourut à cette époque.

5. Bibl. Nat., mss. fr. 30179, fo 27.
6. Ibid., mss. fr. 31201, art. Tiercelin.

deux beaux-frères, au droit de leurs épouses. Ils possédèrent conjointement la terre de la Ferté, mais seul Jean de Myée faisait acte de seigneur et en portait le titre.

LA LIGUE.

La famille des Tiercelin était foncièrement catholique: elle eut l'honneur de donner à l'Église beaucoup de dignitaires et un grand nombre de religieuses. Aussi ne faut-il pas s'étonner de la voir presque tout entière se jeter dans le parti de la Ligue avec ardeur et enthousiasme.

« La Ligue n'est point née des ambitions, ni des haines vulgaires, comme l'a prétendu une critique railleuse 2. » Il s'y mêla assurément des intrigues politiques, et, sous son couvert, il se commit de nombreux excès et même, il faut l'avouer, des atrocités, conséquence nécessaire de l'acharnement des partis. Mais ce qui fit naître la Ligue, ce qui lui donna de la durée et de la force, ce fut le profond attachement du peuple de France pour la religion. de ses pères, qu'il voyait menacée par l'arrivée au trône d'un roi huguenot. Nous en voyons la preuve dans ce fait que la Ligue cessa d'elle-même, lorsqu'elle n'eut plus sa raison d'être, c'est-à-dire lorsque Henri IV fut converti au catholicisme. Il n'en est pas moins vrai que l'on ne doive regretter les désordres graves auxquels elle donna. lieu, désordres qui furent, pour notre petite ville, la cause de sa ruine définitive.

Le 3 février 1589, Marin Regnard et Jean Dupuis, gagers de l'église Saint-Martin de la Ferté, firent avec

1. En dehors de Nicolas Tiercelin, archevêque de Tours, citons Baptiste Tiercelin, évêque de Luçon.

2. Abbé MARQUIS, La Ligue dans le Dunois. (Bull. de la Soc. Dun., IV, 75.)

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Étienne Guérin, de Châteaudun, un marché par lequel celui-ci s'engageait à servir de pionnier pour la paroisse dans l'armée du roi, et à partir le 11 du même mois. Ce marché fut conclu moyennant la somme de 18 écus sols, « et oultre seront tenuz lui bailler une paire de soulliers et autres aucunes hardes, tenu par ladicte commission 3 ».

ainsy qu'il est con

Anne Tiercelin avait nommé, le 31 mars 1589, à la maîtrise de la Maison-Dieu, Hector Langlois, curé de Bérou; mais celui-ci ne put prendre possession que quatre ans plus tard et déclara qu'« à raison des troubles de ce royaulme dès lors commancez et du danger des chemyns, il lui auroit esté impossible ce transporter en cedict lieu de la Ferté, pour prendre pocession d'administrateur d'iceluy office et bénéfice 4 ».

Les huguenots, en effet, et les ligueurs sillonnaient le pays en tous sens. Le 25 mai, un corps de troupes légères, envoyées des environs de Blois par Henri III uni au roi de Navarre, et commandées par le seigneur de Lorges, passa à la Ferté et s'empara par surprise de Châteaudun 6. Il est probable que de Lorges laissa à la Ferté une petite garnison.

A peu près au même moment, le roi de Navarre fit

1. Ouvrier militaire employé aux terrassements et aux tranchées. Chaque paroisse, alors, était tenue d'en fournir un à ses frais.

2. Environ 300 fr.

3. Arch. d'Eure-et-Loir, E. 3149.

4. Arch. de l'Hospice, I, 2.

5. BORDAS, I, 303.

6. « Messieurs, ie désire que scachez ce qui s'est passé ces jours derniers à Chasteaudun, ville principalle du pays de Dunois. Les trouppes du roy de Nauarre si acheminèrent, lesquelles venoient du costé de la Ferté villeneufve, sur le chemin de Blois, et faisoient desia leur conte de s'emparer de la ville et du chasteau. » (Extrait d'une plaquette ayant pour titre : La Résistance faicte par les habitans de la ville de Chasteaudun contre les trouppes du Roy de

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