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voisin. Dans son arrêt du 1er avril 1634, la Cour maintint le seigneur de la Ferté « en la possession et jouissance de tout droict de justice et jurisdiction en et au dedans de laditte chastellenye, terre et seigneurye de la FertéVillenueil et rivières en dépendans, nommément au lieu et maison du moulin Séguin, scis dans l'enclave et jurisdiction d'icelle chastellenye1».

Quelques années plus tard, le seigneur de Charray n'ayant point tenu compte de cette décision, Pierre Sublet obtint du Parlement, en 1640, un nouvel arrêt le confirmant dans ses droits et déboutant le seigneur de Charray de ses prétentions. Messire Sublet, dans les actes. de la procédure, est qualifié du titre de baron de la Ferté 2.

CONFRÉRIE DU ROSAIRE.

Les premières années du XVIIe siècle furent pour la religion une époque florissante. A la Ferté il se fit de nombreuses fondations en faveur des églises. D'ailleurs, la piété publique était stimulée par d'augustes exemples. Nous sommes en effet à l'époque du vou de Louis XIII. Imitant la dévotion du pieux roi envers la Vierge Marie, beaucoup de paroisses érigèrent des confréries du

1. Arch. seign., G. 2.

2. Ibid. — Les seigneurs de Charray possédaient à la Ferté et dans le voisinage une censive d'une certaine valeur, dont la recette se faisait chaque année, au haut de la Ferté, le jour de la Commémoration des Trépassés.

En 1580, il y eut un procès entre Nicolas Géray, de la Ferté, acquéreur de la métairie de la Maison-Rouge, et Thomas de Bonsergent, seigneur de Charray. Celui-ci, prétendant que la Maison-Rouge était dans sa censive, réclama les droits de lots et vente à l'acquéreur, devant le bailli de la Ferté. Les maisons de la métairie étaient chargées de 12 deniers de cens envers le seigneur de Charray. (Ibid., H. 4.)

Rosaire. La Ferté, bien que très éprouvée par les Ligueurs, dut cependant à leur long séjour dans ses murs, de conserver vive et intacte la foi catholique, et en particulier la dévotion à la Sainte Vierge. Aussi ne fut-elle pas la dernière à fonder sa confrérie. Au commencement de l'année 1642, les notables de la ville, excités par les habitants depuis plusieurs années, adressèrent une requête à l'évêque de Chartres. Cette requête fait ressortir que depuis longtemps « le peuple de laditte ville a grande dévotion à la saincte et sacrée Vierge Marie Mère de Dieu, en telle sorte qu'ilz auroient entretenu une messe chacune semaine, qui se dit et scellèbre sur l'Autel où est eslevé l'image de la susditte Vierge..., que pour satisfaire à leur dévotion et de plusieurs habitans des autres paroisses circonvoisines, qui viennent journellement en dévotion audict lieu, ilz ont creu estre nécessaire d'establir la confrairie du sainct Rosaire... >>

Ce fut M. Girardot, vicaire général de Chartres, qui accorda, le 13 janvier 1642, l'autorisation d'ériger la confrérie du Rosaire. Elle fut établie solennellement dans l'église Saint-Martin, le 7 août suivant, par le prieur des Jacobins de Blois '.

La confrérie du Rosaire devint très populaire et très florissante, grâce aux legs nombreux que les habitants aisés se faisaient un honneur de lui faire. Elle avait, pour l'administrer, un gager nommé pour trois ans et qui, au bout de son temps d'exercice, rendait ses comptes aux membres de la confrérie. En 1788, les recettes, pour une période de quatre années, se montaient à 326 1. 9 s., et les dépenses, pour la même période, à 192 1. 9 s. 6 d. Elle

-

1. Pièces justif., no XLVI. La confrérie du Rosaire a été rétablie à la Ferté le 21 avril 1895.

possédait huit pièces de terre contenant ensemble environ trente-cinq boisseaux 1.

LA FRONDE.

Les désastres causés par les guerres de la Ligue étaient encore présents à toutes les mémoires, et déjà une nouvelle guerre civile menaçait de les renouveler. La France était divisée en deux camps par la Fronde, comme un demi-siècle auparavant par la Ligue, Les mémoires de l'époque nous apprennent que, dans les mois de février et de mars 1652, tout le Dunois fut ravagé par les bandes. du duc de Beaufort. L'armée des ducs d'Orléans, de Nemours et de Beaufort, occupait tous les environs de Châteaudun. Le roi était à Blois avec une autre armée qui leur était opposée, sous les ordres des maréchaux de Turenne et d'Hocquincourt. La licence des soldats était incroyable de part et d'autre; ils portaient partout la dévastation, qu'ils accompagnaient de sacrilèges et de

cruautés sans nom 2.

1. Arch. d'Eure-et-Loir, G. 6574, 6575.

2. D'après un manuscrit de l'abbaye de Beaugency. (PELLIEUX, Histoire de Beaugency, I, 203.) — Un auteur de la même époque remarque que la province est «< dans un état si déplorable et si pleine de désolation, qu'il n'y a pas une terre qui ne soit déserte dans le Blaisois ». Il se plaint que les troupes de Mazarin ont pillé la campagne et incendié les maisons. « Elles ont mis à nud nos fermiers, violé leurs femmes et leurs filles, et commis tous les autres actes d'hostilité que la dernière rage peut inventer dans la guerre.

<< Le saccagement des maisons séculières n'a pas esté la borne de l'appétit desréglé du soldat; il a bien eu l'insolence de porter à la face du Roy son espée sanglante sur les Autels, de renverser les Saincts Cyboires et de fouler aux pieds les Sainctes Hosties, que les Prestres ont esté obligez de r'achepter de leurs mains sacrilèges iusques à quarante sols chacune, afin d'arrêter par ce prix la profanation du corps et du sang de Iésus-Christ ». Il raconte ensuite

La Ferté subit le sort commun. Son titre de place forte avait attiré dans ses murs une nombreuse troupe de Frondeurs, qui mirent tout au pillage. Sa prospérité, un peu relevée depuis les guerres de la Ligue, sombra définitivement dans les troubles de la Fronde. Depuis lors, les débris des habitations furent brûlés par les soldats de passage, dans les haltes nombreuses qu'ils faisaient chez nous1.

JEAN DE PLEURRE, SEIGNEUR DE LA FERTÉ.

Messire Pierre Sublet mourut en 1661, laissant beaucoup de dettes. Toutes ses propriétés furent saisies par ses créanciers et vendues par décret. L'acquéreur fut messire Jean de Pleurre, chevalier, seigneur de Villevote. Il avait épousé Marguerite de Fontenay. Le contrat de vente fut passé devant Gallois et Simonnet, notaires à Paris, le 14 décembre 1664. Le nouveau seigneur rendit la foi et hommage au comte de Blois en 1665 2.

Le revenu de la terre de la Ferté se montait alors à 550 livres tournois. La rivière, en outre, rapportait au sei

le

le pillage de plusieurs églises des environs de Blois. (Lettre d'un Habitant de Blois escrite à un sien amy, sur les désordres, pilleries, sacrilèges et violemens que Cardinal Mazarin a fait faire tant dans ladite ville de Blois que dans tous les villages aux environs. A Paris, M.DC.LII.) (Bibl. Nat., Imprimés, Lb 37, no 2368.)

1. Ce fut surtout sous le règne de Louis XIV que la Ferté vit des passages de troupes. Il y mourut même un certain nombre de soldats. Le 30 janvier 1697, Arnoult Bonnet, soldat, âgé de 45 ans, mourut subitement au Cheval Blanc, un quart d'heure après y être entré. Le curé ne lui donna la sépulture ecclésiastique que sur le témoignage de son capitaine et de ses camarades attestant qu'il faisait profession de la religion catholique. Le 30 avril 1707, fut enterré un autre soldat de passage on trouva sur lui une croix de bois et un chapelet. Le rapport du capitaine et de ses camarades porte qu'il était catholique. (Registres paroissiaux.)

2. Arch. Nat., P. 1481.

gneur environ 100 livres de rente, ainsi qu'un nombre déterminé de poissons et d'écrevisses 1.

PERSONNAGES DIVERS.

A cette époque, la Ferté possédait plusieurs nobles familles. Citons d'abord messire Charles de Jones, écuyer, sieur de Moresville, et son épouse, dame Élisabeth de Fesques. En 1679, il leur naquit une fille, qui fut nommée Marie-Jeanne et tenue sur les fonts de l'église Saint-Martin par messire Jean de Pleurre et Marie Ponchet, femme de Léon Vallet, conseiller du roi. Le sieur de Moresville était propriétaire de la Grand'Maison et y faisait sa résidence. Le 3 juillet 1681, il fit don à la fabrique de Saint-Martin de trois minots de terre aux Petites Ouches, à la charge d'un banc dans l'église pour sa famille, et en outre d'une messe tous les ans, avec la prière le dimanche précédent 3.

En cette même année, un autre gentilhomme, Jean du Mesnil, fils de feu Michel du Mesnil et de Anne de Hergne, demeurant au Mée, paraît s'être mésallié, en épousant Jeanne Pinsot, de la Ferté il vint s'établir en cette ville comme marchand. Il était allié aux familles d'Alès du Corbet, des Bans de Mareuil, du Bois, de Renard et de la Varenne 4.

Était alors curé de Saint-Martin messire François Ren

1. Arch. seign., A. 4.

2. En 1667, nous voyons Felixe de Fesques, veuve d'Adrien de Jones, vivant chevalier de N.-D. du Mont-Carmel et seigneur de Moresville, à Flacey, décédée à Chapelle-Royale, à l'âge de 60 ans. Les de Fesques portaient « de sinople à un macle d'argent ». (Abbé PESCHOт. Chapelle-Royale. Bull. de la Soc. Dun., IX, 274.)

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3.) Arch. d'Eure-et-Loir, G. 6563. b) Registres paroissiaux.

4. Registres paroissiaux.

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