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garnison de Châteaudun, arriva à la Ferté. Les soldats. cernèrent le bourg et y entrèrent par plusieurs rues à la fois. C'était vraiment l'état de siège. Une foule de curieux étaient venus des environs, principalement de Châteaudun, pour voir ce qui allait se passer. On réquisitionna chez les habitants pour la nourriture des hommes et des chevaux. Devant ce déploiement de forces, les plus récalcitrants n'osèrent pas résister, et l'adjudication eut lieu selon les formes légales '.

LA MUNICIPALITÉ DEMANDE le passage du CHEMIN DE FER.

La question des chemins de fer était en ce temps-là à l'ordre du jour. On venait de projeter une ligne de Paris à Tours, passant par Chartres. Chaque commune fut invitée à donner son avis. On sait que beaucoup de municipalités émirent un avis défavorable, et qu'un certain nombre de communes importantes ne voulurent à aucun prix souffrir sur leur territoire le passage d'une ligne de chemin de fer. Plus tard, elles regrettèrent amèrement l'ignorance et l'obstination de leurs administrateurs d'alors.

A la Ferté, la municipalité prit à l'unanimité une délibération, qui, malgré une petite naïveté pardonnable en ce temps-là, fait grand honneur à ses membres.

Plus tard, la com

1. D'après le récit de plusieurs témoins oculaires. mune voulut vendre ces marais. Elle y fut autorisée par une ordonnance royale du 8 février 1848, sous la condition que la vente dépasserait la mise à prix de 4.760 fr. 07 c. On attendit quatre ans. L'adjudication eut lieu le 19 septembre 1852, mais, n'ayant atteint que la somme de 2,608 fr., elle fut annulée. (Arch. de la Mairie.)

En 1840, la municipalité avait vendu à plusieurs propriétaires une portion des anciens fossés de la ville. Dans les vingt années qui suivirent, elle vendit la majeure partie des murs et des fossés de ville. Aujourd'hui, la commune ne possède presque plus rien de ce qui constituait autrefois ces fossés.

« Chemin de fer de Paris à Tours en passant par Chartres.

« Cejourd'hui vingt-cinq mars mil huit cent trente huit, Nous membres du Conseil municipal de la Ferté-Villeneuil, réunis sous la présidence de M. le maire de la même commune, en conformité de la circulaire de M. le Préfet d'Eure-et-Loir, en date du 15 de ce mois, à l'effet d'exprimer notre avis sur l'opportunité et les avantages de l'établissement d'un chemin de fer de Paris à Tours en passant par Chartres ;

« Considérant que les productions du pays consistent principalement en céréales; que la commune est traversée par une rivière, sur laquelle sont établis onze moulins à eau, que les productions du pays sont insuffisantes pour alimenter, et que ces moulins seraient susceptibles d'un grand accroissement, si des débouchés venaient leur offrir les moyens de transport qui leur manquent;

«Que le sol de la Ferté renferme une grande quantité de tourbe reconnue d'une qualité supérieure, et dont l'emploi pourrait offrir de grands avantages pour la vapeur;

« D'après ces considérations, le Conseil susdit est d'avis qu'il y a lieu de solliciter, de la manière la plus instante, le passage du chemin de fer de Paris à Tours, par la ligne de Chartres, bien convaincus que cette voie de communication procurera au département d'Eure-et-Loir, et à la commune de la Ferté en particulier, des éléments de prospérité inappréciables.

« Le Conseil fait au surplus observer qu'ayant pris communication du rapport présenté par la commission chargée de l'examen du projet du chemin de fer dont il s'agit, il adopte entièrement et à l'unanimité les conclusions de ce rapport.

« Fait et délibéré séance tenante.

Signé : « GIRARD, BOULAY,
LALLIER,

SIVIÉROU,

DREUX, PARANT,

CARRÉ,

LEMONIER, GUÉRIN I. »

AMÉLIORATIONS DIVERSES.

Depuis plusieurs années, il était question de l'ouverture d'une route de Blois à Châteaudun. La municipalité

1. Arch. de la Mairie.

et la Commission de l'hospice mirent tout en œuvre pour obtenir le passage de cette route par la Ferté. Déjà en 1831, l'hospice s'était engagé à consacrer à cette route ses travaux de charité sur une longueur de deux kilomètres. En 1835, le même vote fut renouvelé. Deux plans étaient en présence: l'un traçait la route en dehors du bourg, l'autre la faisait passer dans l'intérieur. Le Conseil municipal, pour obtenir le passage de la route dans le bourg même, s'engagea, dans sa séance du 24 novembre 1839, à concéder gratuitement tous les terrains communaux nécessaires et, de plus, à acheter aux frais de la commune plusieurs parcelles nécessaires à la confection. de la route. On voyait de si grands avantages au passage de cette route à la Ferté, qu'une souscription des différents propriétaires de la commune produisit une somme de 4.000 francs. La route fut entreprise en 1840, et le plan préféré par la commune fut adopté 1.

Deux ans après, le Conseil donna un avis défavorable au projet de route de Cloyes à Ouzouer-le-Doyen, faisant valoir qu'une route de Cloyes à la Ferté et au Mée serait plus profitable au chef-lieu de canton 2.

Vers la fin de la cure de M. Lejars, il survint à la Ferté une crue extraordinaire de l'Aigre. Par suite de la fonte des neiges, cette rivière, qui jamais ne sort de son lit, déborda et inonda tout le bas de la Ferté. Une inhumation avait lieu en même temps on fut obligé d'aller en bateau pour conduire le mort à l'église et

ensuite au cimetière.

Ce fut à la suite de cette inondation, en 1841, que l'on construisit un pont de bois sur le ruisseau des Juifs. L'entrepreneur fut Prosper Pescheteau; le devis se monta

1. Arch. de la Mairie.

2. Ibid.

à 166 francs. Mais ce pont dura peu vingt ans plus tard, on fut obligé de construire le pont de pierre qui existe actuellement.

En 1847, de grands travaux furent faits sur la partie de la rue de Blois nommée la grande Cavée. Les voitures, qui précédemment avaient peine à la monter ou à la descendre, purent le faire désormais avec facilité 2.

Il y eut à cette époque un curieux procès, qui mérite d'être relaté. En 1746, la fabrique de Saint-Pierre avait loué, par bail emphythéotique de 99 ans, à Jacques Hémery, une maison et un jardin, le tout situé rue de Blois, paroisse de Saint-Pierre, moyennant une rente annuelle de 12 livres. Les locataires devaient entretenir les bâtiments et souffrir tous les six ans une visite de constatation. En 1818, les époux Laroche-Picot acquirent, pour la somme de 1.800 francs, cette propriété d'un sieur Bourgoin, qui lui-même l'avait acquise de Jean Aubry, tuteur des enfants de Pierre Delaunay et de Madeleine Aubry.

En 1844, la fabrique de la Ferté voulut exercer sur la maison le droit de visite: Laroche s'y opposa, et procèsverbal de ce refus fut dressé par Me Mousset, notaire. Sur l'avis du Conseil municipal et du Comité consultatif de l'arrondissement de Châteaudun, le Conseil de préfecture autorisa la fabrique à plaider contre Laroche.

Après les plaidoiries des avocats des parties intéressées, le tribunal de Châteaudun, ayant constaté qu'en 1818

1. Arch. de la Mairie.

2. Ibid. En 1844, la municipalité, sur l'initiative du préfet, fit placer à l'entrée du bourg un poteau, avec plaque portant ces mots : La mendicité est défendue dans le département d'Eure-et-Loir. (Ibid.)

En 1849, sollicité de donner son avis sur les couvertures en paille, le Conseil demanda le retrait de l'arrêté préfectoral qui les interdisait. La moitié des bâtiments de la Ferté étaient alors couverts en paille. (Ibid.)

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