Images de page
PDF
ePub

LUBIN à Angélique.

Ma foi, la nuit on n'y voit goutte.

ANGELIQUE.

Eft-ce pas vous, Clitandre?

CLITANDRE.

Qui, madame.

ANGELIQUE.

Mon mari ronfle comme il faut, & j'ai pris ce tems pour

nous entretenir ici.

CLITANDRE.

Cherchons quelque lieu pour nous affeoir.

C'est fort bien avifé.

CLAUDINE.

[Angélique, Clitandre & Claudine vont s'affeoir dans le fond du théatre.]

LUBIN cherchant Claudine.

[blocks in formation]

SCENE III.

ANGELIQUE, CLIT ANDRE & CLAUDINE affis au fond du théatre, GEORGE DANDIN, à moitié déshabillé, LUBIN.

JA

GEORGE DANDIN à part.

pour

"Ai entendu defcendre ma femme, & je me fuis vite habillé pour descendre après elle. Où peut-elle être

allée ? Seroit-elle fortie?

#

LUBIN cherchant toujours Claudine.

[prenant George Dandin pour Claudine.] Où es-tu donc, Claudine? Ah! Te voilà. Par ma foi, ton maître est plaisamment attrapé, & je trouve ceci auffi drôle que les coups de bâton de tantôt, dont on m'a fait récit. Ta maîtreffe dit qu'il ronfle à cette heure, comme tous les diantres; & il ne fçait pas que monfieur le vicomte & elle font ensemble pendant qu'il dort. Je voudrois bien fçavoir quel fonge il fait maintenant. Cela eft tout-à-fait rifible. De quoi s'avife-t-il auffi d'être jaloux de fa femme, & de vouloir qu'elle foit à lui tout feud? C'eft un impertinent, & monsieur le vicomte lui fait trop d'honneur. Tu ne dis mot, Claudine. Allons, fuivons-les, & me donne ta petite menotte que je la baife. Ah! Que cela eft doux! Il me femble que je mange des confitures.

[à George Dandin, qu'il prend toujours pour Claudine, & qui le repouffe rudement.]

Tu-Dieu, comme vous y allez? Voilà une petite menottę qui est un peu bien rude.

[blocks in formation]

Il fuit, & me laiffe informé de la nouvelle perfidie de ma coquine. Allons, il faut que, fans tarder, j'envoye appeller fon pere & fa mere, & que cette avanture me serve à me faire féparer d'elle. Holà, Colin, Colin.

SCENE IV.

ANGELIQUE & CLITANDRE, avec CLAUDINE & LUBIN affis au fond du théatre, GEORGE DANDIN, COLIN.

Monfieur.

COLIN à la fenêtre.

GEORGE DANDIN

Allons, vite ici bas.

COLIN fautant par la fenêtre.

M'y voilà, on ne peut pas plus vîte.

GEORGE DANDIN

Tu es-là?

COLIN

Oui, monfieur.

[Pendant que George Dandin va chercher Colin du côté où il a entendu fa voix, Colin paffe de l'autre, & s'endort.] GEORGE DANDIN fe tournant du côté où il croit qu'eft Colin.

Doucement. Parle bas. Ecoute. Va-t-en chez mon beaupere & ma belle-mere, & di que je les prie très-inftamment de venir tout-à-l'heure ici. Entens-tu? Hé? Colin, Colin. COLIN de l'autre côté, se réveillant.

Monfieur.

GEORGE DANDIN.

Où, diable, es-tu?

Icí.

COLIN.

GEORGE DANDIN.

Pefte foit du maroufle, qui s'éloigne de moi.

[Pendant que George Dandin retourne du côté où il croit que Colin eft refté, Colin, à moitié endormi, passe de l'autre, & fe rendort.]

Je te dis que tu ailles de ce pas trouver mon beau-pere, & ma belle-mere, & leur dire que je les conjure de fe rendre ici tout-à-l'heure. M'enten-tu bien ? Répon, Colin, Colin. COLIN de l'autre côté, fe réveillant.]

Monfieur.

GEORGE DANDIN.

Voilà un pendard qui me fera enrager. Vien-t-en à moi. [Ils fe rencontrent, & tombent tous deux.]

Ah! Le traître! Il m'a eftropié. Où eft-ce que tu es? Approche que je te donne mille coups. Je pense qu'il me fuit.

COLIN.

Affûrément.

GEORGE DANDIN.

Veux-tu venir?

COLIN.

Nenni, ma foi.

GEORGE DANDIN.

Vien, te dis-je.

COLIN.

Point. Vous me voulez battre.

[ocr errors]

GEORGE DANDIN.

Hé bien, non. Je ne te ferai rien.

Affûrément?

COLIN.

GEORGE DANDIN.

[à Colin, qu'il tient par le bras.] Oui. Approche. Bon. Tu es bienheureux de ce que j'ai besoin de toi. Va-t-en vite, de ma part, prier mon beaupere & ma belle-mere, de fe rendre ici le plûtôt qu'ils pourront, & leur di que c'eft pour une affaire de la derniére conféquence; &, s'ils faifoient quelque difficulté, à cause de l'heure, me manque pas de les presser, & de leur bien faire entendre qu'il eft très-important qu'ils viennent, en quelque état qu'ils foient. Tu m'entends bien, maintenant?

Oui, monfieur.

COLIN.

GEORGE DANDIN.

[fe croyant feul.]

Va vîte, & revien de même. Et moi, je vais rentrer dans ma maison, attendant que.... Mais j'entends quelqu'un. Ne feroit-ce point ma femme? Il faut que j'écoute, & me serve de l'obscurité qu'il fait.

[George Dandin fe range près la porte de fa maifon.]

« PrécédentContinuer »