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S'oppose à cet honneur qu'à l'Amour ofent rendre
Vos mufettes & vos voix;

'A des titres fi beaux, Bacchus feul peut prétendre,
Et nous fommes ici pour défendre fes droits.
CHOEUR DE SATYRE S.

Nous fuivons de Bacchus le pouvoir adorable,

Nous fuivons en tous lieux

Ses attraits glorieux;

Il est le plus aimable,

Et le plus grand des Dieux.

DEUXIEME ENTRÉE DE BALLET.

Suivans de Bacchus & Bacchantes danfans.

CLORIS.

C'est le printems qui rend l'ame
A nos champs femés de fleurs;
Mais c'eft l'Amour & fa flâme
Qui font revivre nos cœurs.
UN SUIVANT de Bacchus.
Le foleil chaffe les ombres
Dont le Ciel eft obfcurci;
Et, des ames les plus fombres,'
Bacchus chaffe le fouci.

CHOEUR des fuivans de Bacchus.
Bacchus eft révéré fur la terre & fur l'onde.

CHOEUR des fuivans de l'Amour.

Et l'Amour eft un Dieu qu'on adore en tous lieux.

CHOEUR des fuivans de Bacchas: Bacchus à fon pouvoir a foumis tout le monde. CHOEUR des fuivans de l'Amour.

Et l'Amour a domté les hommes & les Dieux.

CHOEUR des fuivans de Bacchus.
Rien peut-il égaler fa douceur fans feconde?
CHOEUR des fuivans de l'Amour.

Rien peut-il égaler fes charmes précieux ?
CHOEUR des fuivans de Bacchus.
Fi de l'Amour & de fes feux.
CHOEUR des fuivans de l'Amour.

Ah! Quel plaifir d'aimer !

CHOEUR des fuivans de Bacchus.

Ah! Quel plaifir de boire!

CHOEUR des fuivans de l'Amour.

A qui vit fans amour, la vie eft fans appas.
CHOEUR des fuivans de Bacchus.
C'eft mourir que de vivre & de ne boire pas.
CHOEUR des fuivans de l'Amour

Aimables fers!

CHOEUR des fuivans de Bacchus.

Douce victoire!

CHOEUR des fuivans de l'Amour.

Ah! Quel plaifir d'aimer!

CHOEUR des fuivans de Bacchus.

Ah! Quel plaifir de boire!

TOUS ENSEMBLE.

Non, non, c'eft un abus;

Le plus grand Dieu de tous.

CHOEUR des fuivans de l'Amour.
C'eft l'Amour.

CHOEUR des fuivans de Bacchus.

C'est Bacchus,

C

SCENE IV.

UN BERGER, & les mêmes acteurs.

UN BERGER.

'Eft trop, c'eft trop, Bergers. Hé, pourquoi ces débats? Souffrons qu'en un parti la raison nous assemble. L'Amour a des douceurs, Bacchus a des appas, Ce font deux Déïtés qui font fort bien ensemble, Ne les féparons pas.

LES DEUX CHOEURS.

Mêlons donc leurs douceurs aimables;

Mêlons nos voix dans ces lieux agréables;

Et faifons répéter aux échos d'alentour,

Qu'il n'eft rien de plus doux que Bacchus & l'Amour.

TROISIÈME ENTRÉE DE BALLET.

Les bergers & bergéres fe mêlent avec les fuivans de Bacchus & les Bacchantes. Les fuivans de Bacchus frappent avec leurs tyrfes les espéces de tambours de bafque que portent les Bacchantes, pour repréfenter ces cribles qu'elles por

toient anciennement aux fêtes de Bacchus; les uns & les autres font différentes poftures, pendant que les bergers & les bergéres danfent plus ferieufement.

FIN.

NOMS DES PERSONNES QUI ONT REPRÉSENTÉ, chanté & danfe dans les intermédes de la comédie de George Dandin.

George Dandin, le fieur Moliere. Bergers danfans, déguifés en valets de fête, les fieurs Beauchamp, Saint André, la Pierre, Favier. Bergers jouans de la flûte, les fieurs Defcôteaux, Philbert, Jean & Martin Hotteterre. Climéne, mademoiselle Hilaire. Cloris, mademoiselle des Fronteaux. Tircis, le fieur Blondel. Philéne, le fieur Gaye. Une Bergére, mademoiselle...... Bâteliers danfans, les fieurs Beauchamp, Jouan, Chicanneau, Favier, Noblet, Mayeu. Un paysan, ami de George Dandin, le fieur... Bergers danfans, les fieurs Chicanneau, Saint André, la Pierre, Favier. Bergéres danfantes, les fieurs Bonard, Arnald, Noblet, Foignard. Satyre chantant, le fieur Eftival. Suivant de Bacchus, chantant, le fieur Gingan. Suivans de Bacchus, danfans, les fieurs Beauchamp, Dolivet, Chicanneau, Mayeu. Bacchantes dansantes, les fieurs Payfan, Manceau, le Roy, Pefan. Un Berger, le fieur le Gros.

C

Et agréable fpectacle étant fini de la forte, le Roi & toute la cour fortirent par le portique du côté gauche 'du falon, & qui rend dans l'allée de traverfe, au bout de laquelle, à l'endroit où elle coupe l'allée des prés, l'on apperçut de loin un édifice élevé de cinquante piéds de haut. Sa figure étoit octogone, & fur le haut de la couverture s'élevoit une espèce de dôme d'une grandeur & d'une hauteur fi belle & fi proportionnée, que le tout ensemble reffembloit beaucoup à ces beaux temples antiques dont l'on voit encore quelques reftes; il étoit tout couvert de feuillage, & rempli d'une infinité de lumiéres. A mesure qu'on s'en approchoit, on y découvroit mille différentes beautés. Il étoit ifolé, & l'on voyoit dans les huit angles autant de pilaftres qui fervoient comme de piéds forts ou d'arcboutans élevés de quinze piéds de haut. Au deffus de ces pilaftres, il y avoit de grands vases ornés de différentes façons & remplis de lumières. Du haut de ces vafes fortoit une fontaine qui, retombant à l'entour, les environnoit comme d'une cloche de cristal. Ce qui faifoit un effet d'autant plus admirable, qu'on voyoit un feu éclairer agréa blement au milieu de l'eau.

Cet édifice étoit percé de huit portes. Au devant de celle par où l'on entroit, & fur deux piédeftaux de verdure, étoient deux grandes figures dorées qui représentoient deux Faunes jouant chacun d'un instrument. Au deffus de ces portes, on voyoit comme une espéce de frife ornée de huit grands bas reliefs, repréfentant, par des figures affifes, les quatre faifons de l'année, & les quatre parties du jour. A côté des premié

res,

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