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Quoiqu'il n'ait rien marqué? Vous autres, fortes têtes, Vous voilà! vous prenez tous les gens pour des bêtes, Et, ne ménageant rien...

FLORISE.

Eh mais! tant pis pour lui,

S'il s'en est offensé; c'est aussi trop d'ennui

S'il faut, à chaque mot, voir comme on peut le prendre;
Je dis ce qu'il me vient, et l'on peut me le rendre ;
Le ridicule est fait pour notre amusement,

Et la plaisanterie est libre.

GÉRONTE.

Mais vraiment,

Je sais bien, comme vous, qu'il faut un peu médire.
Mais en face des gens, il est trop fort d'en rire.
Pour conserver vos droits, je veux bien vous laisser
Tous ces lourds campagnards que je voudrais chasser
Quand ils viennent: raillez leurs façons, leur langage,
Et tout l'arrière-ban de notre voisinage;
Mais grâce, je vous prie, et plus d'attention
Pour Ariste: il revient. Faites réflexion
Qu'il me croira, s'il est traité de même sorte,
Un maître à qui bientôt on fermera sa porte :

Je ne crois pas avoir cet air-là, Dieu merci.

Enfin, si vous m'aimez, traitez bien mon ami.

FLORISE.

Par malheur, je n'ai point l'art de me contrefaire.
Il vient pour un sujet qui ne saurait me plaire,
Et je lui manquerais indubitablement :

Je ne sortirai pas de mon appartement.

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lllllllllllllllllllllllllllllllll

GÉRONTE.

Oh! toujours me contredire!

FLORISE.

Mais, marier Chloé! mon frère, y pensez-vous?

Elle est si peu formée, et si sotte, entre nous...

GÉRONTE.

Je ne vois pas cela. Je lui trouve, au contraire,

De l'esprit naturel, un fort bon caractère;

Ce qu'elle est devant vous ne vient que

On imaginerait que vous ne l'aimez pas

d'embarras.

A vous la voir traiter avec tant de rudesse.
Loin de l'encourager, vous l'effrayez sans cesse,
Et vous l'abrutissez dès que vous lui parlez.
Sa figure est fort bien d'ailleurs.

FLORISE.

Si vous voulez.

llllllllllleeeeeeeeee

Mais c'est un air si gauche, une maussaderie...

GÉRONTE, élève la voix, apercevant Lisette.

Tout comme il vous plaira. Finissons, je vous prie.
Puisque je l'ai promis, je veux bien voir Cléon,
Parce que je suis sûr de sa décision.

Mais, quoi qu'on puisse dire, il faut ce mariage;

Il n'est point pour Chloé d'arrangement plus sage.
Feu son père, on le sait, a mangé tout son bien;
Le vôtre est médiocre, elle n'a que le mien:

Et quand je donne tout, c'est bien la moindre chose
Qu'on daigne se prêter à ce que je propose.

FLORISE.

Qu'un sot est difficile à vivre!

(Il sort. )

lllllllllllllllllllllllllllll

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LISETTE.

Mais, madame, au ton dont il s'explique,

A son air, où l'on voit dans un rire ironique
L'estime de lui-même et le mépris d'autrui,
Comment peut-on savoir ce qu'on tient avec lui?
Jamais ce qu'il vous dit n'est ce qu'il veut vous dire.
Pour moi, j'aime les gens dont l'âme peut se lire,
Qui disent bonnement oui pour oui, non pour non.

FLORISE.

Autant que je puis voir, vous n'aimez pas Cléon.

LISETTE.

Madame, je serai peut-être trop sincère.

Mais il a pleinement le don de me déplaire.
On lui croit de l'esprit, vous dites qu'il en a :
Moi, je ne voudrais point de tout cet esprit-là,
Quand il serait pour rien. Je n'y vois, je vous jure,
Qu'un style qui n'est pas celui de la droiture;

Et

sous cet air capable, où l'on ne comprend rien, S'il cache un honnête homme, il le cache très-bien.

FLORISE.

Tous vos raisonnements ne valent pas la peine
Que j'y réponde: mais pour calmer cette haine,
Disposez pour Paris tout votre arrangement :
Vous y suivrez Chloé; je l'envoie au couvent.
Dites-lui de ma part.......

LISETTE.

Voici mademoiselle :"

Vous-même apprenez-lui cette belle nouvelle.

FLORISE, à Chloé, qui lui baise la main.

Vous êtes aujourd'hui coiffée à faire horreur.

(Elle sort,)

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