Oeuvres de Théophile Gautier: poésies, Volume 2

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A. Lemerre, 1890
 

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Page 140 - Vous promenant, rêveurs, le long des cloîtres blancs , Par file assis à table au frugal réfectoire, Toujours il fait de vous des portraits ressemblants. Deux teintes seulement, clair livide, ombre noire, Deux poses, l'une droite, et l'autre à deux genoux, A l'artiste ont suffi pour peindre votre histoire. Forme, rayon, couleur, rien n'existe pour vous; A tout objet réel vous êtes insensibles, Car le ciel vous enivre et la croix vous rend fous ; Et vous vivez muets, inclinés sur vos bibles,...
Page 139 - Moines de Zurbaran, blancs chartreux qui, dans l'ombre, Glissez silencieux sur les dalles des morts, Murmurant des Pater et des Ave sans nombre, Quel crime expiez-vous par de si grands remords ? Fantômes tonsurés...
Page 139 - Avec une pensée, en face de Dieu seul ! Tes moines, Lesueur, près de ceux-là sont fades. Zurbaran de Séville a mieux rendu que toi Leurs yeux plombés d'extase et leurs têtes malades, Le vertige divin, l'enivrement de foi Qui les fait rayonner d'une clarté fiévreuse, Et leur aspect étrange, à vous donner l'effroi.
Page 55 - Je suis jeune, la pourpre en mes veines abonde ; Mes cheveux sont de jais et mes regards de feu, Et, sans gravier ni toux, ma poitrine profonde Aspire à pleins poumons l'air du ciel, l'air de Dieu.
Page 145 - LA barque est petite, et la mer immense ; La vague nous jette au ciel en courroux, Le ciel nous renvoie au flot en démence : Près du mât rompu prions à genoux ! De nous à la tombe il n'est qu'une planche. Peut-être ce soir, dans un lit amer, Sous un froid linceul fait d'écume blanche, Irons-nous dormir, veillés par l'éclair ! Fleur du paradis, sainte Notre-Dame, Si bonne aux marins en péril de mort, Apaise le vent, fais taire la lame, Et pousse du doigt notre esquif au port.
Page 84 - Sans regretter son sang qui coule goutte à goutte, Le pin verse son baume et sa sève qui bout, Et se tient toujours droit sur le bord de la route, Comme un soldat blessé qui veut mourir debout.
Page 207 - C'était trop beau, dit-il; d'un tel bien Dieu nous sevré, Et ces flots sont trop purs pour n'être pas amers! » LE BANC DE PIERRE Au fond du parc, dans une ombre indécise, II est un banc solitaire et moussu Où l'on croit voir la Rêverie assise, Triste et songeant à quelque amour déçu. Le Souvenir dans les arbres murmure, Se racontant les bonheurs expiés, Et comme un pleur, de la grêle ramure Une feuille tombe à vos pieds.
Page 158 - Roland le paladin qui, l'écume à la bouche, Sous un sourcil froncé roule un œil fauve et louche, Et sur les rocs aigus qu'il a déracinés, Nud, enragé d'amour, du feu dans la narine, Fait saillir les grands os de sa forte poitrine Et tord ses membres enchaînés.
Page 172 - LA TULIPE. Moi, Je suis la tulipe, une fleur de Hollande; Et telle est ma beauté, que l'avare Flamand Paye un de mes oignons plus cher qu'un diamant, Si mes fonds sont bien purs, si je suis droite et grande. Mon air est féodal, et, comme une Yolande Dans sa jupe à...
Page 115 - Maintenant, — dans la plaine ou bien dans la montagne, Chêne ou sapin, un arbre est en train de pousser, En France, en Amérique, en Turquie, en Espagne, Un arbre sous lequel un jour je puis passer. Maintenant, — sur le seuil d'une pauvre chaumière, Une femme, du pied agitant un berceau, Sans se douter qu'elle est la parque fîlandière, Allonge entre ses doigts l'étoupe d'un fuseau.

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