tation dédaigneusement écartée par le ministre, mais lue à la tribune du Sénat par M. Wallon (1), le résultat des actes est « la destruction de l'ancien enseignement français qui avait toujours été regardé comme la formation complète et méthodique de toutes les facultés de l'esprit».Le grec était, suivant le mot de M. Ribot, « la victime désignée ». De fait, il ne figure, dans le second cycle, qu'à l'intérieur d'une seule section et, dans le premier cycle, il est facultatif. Or, dans le vocabulaire écolier, facultatif, superflu, inutile, sont des mots à peu près synonymes. De plus, l'horaire établi par le ministre ne consacre à cet enseignement que des heures supplémentaires. Sa mort est donc décrétée et, si certains s'en consolent qui le tiennent pour peu utile, d'autres le regrettent, estimant l'étude de cette langue nécessaire à la véritable culture classique. Quant au latin, dont on prétend fortifier l'enseignement en le réservant à une élite, il est appelé lui-même à disparaître. Il n'est pas tué violemment; mais c'est une question de temps, puisque, tout en proclamant l'éminente dignité des études classiques, on offre une prime à quiconque les abandonne pour la culture utilitaire. A mesure que la lutte pour la vie devient plus âpre, la culture désintéressée cédera le pas à la formation technique, le latin sera de plus en plus délaissé par les enfants, tandis qu'on lui fera de plus en plus petite sa part dans les programmes perpétuellement surchargés par la manie de tout enseigner à la fois. Les tendances utilitaires, déjà dominantes dans beaucoup d'esprits, seront confirmées et enracinées par la nouvelle réforme. De là à conclure que le latin est inutile, il n'y a qu'un pas et ce pas sera rapidement fait, dès lors que l'enseignement technique ouvrira toutes les portes réservées jusqu'ici aux disciples de l'enseignement classique. Nombre de collèges, dans l'enseignement officiel surtout, cesseront peu à peu de donner l'enseignement du latin. Il y a lieu de craindre que le génie français en subisse quelque atteinte et que le nouveau programme d'études soit peu efficace pour assouplir l'esprit de la jeunesse et la former au goût du beau, du vrai et du bien. En résumé, le caractère le plus original, peut-être, de la réforme actuelle, c'est qu'elle aspire à fonder « l'unité des études secondaires, établie, non pas sur la connaissance de telle ou telle langue ancienne, mais établie sur quelque chose de plus solide et de plus vrai, sur la communauté de l'esprit qui les inspire, sur la communauté des méthodes et sur la durée légale des études » (2), d'où résulte l'égalité des sanctions, la nécessité d'un baccalauréat unique dans ses effets. En ce faisant, on a été fatalement amené à porter un coup sensible à l'ensei (1) Ibid., p. 983. Les dits membres du conseil supérieur avaient cru devoir, << en raison de la situation faite aux études qu'ils représentent, décliner, par une déclaration écrite, la responsabilité» de la réforme. «Le ministre de l'instruction publique a refusé de recevoir cette déclaration et de l'admettre au procès-verbal et dans les archives du conseil ». (H. Bernès, l'Enseignement secondaire, 1er juin 1902). (2) Ribot. Chambre, séance du 13 février 1902, p. 655. gnement classique, sans pour cela atteindre le but visé, car l'enseignement moderne, lui aussi, aura pour résultat pratique de faire des bacheliers. Les nouveaux programmes reposent sur cette idée erronée que le collège peut, par des cultures spéciales appropriées, faire un agriculteur, un commerçant, un industriel. N'est-il pas plus exact d'assigner comme objet à l'enseignement secondaire la culture générale de l'esprit et de préparer l'homme capable de devenir, suivant les circonstances, agriculteur, commerçant ou industriel? Art. 1er. L'enseignement secondaire est coordonné à l'enseignement primaire de manière à faire suite à un cours d'études primaires d'une durée normale de quatre années. Art. 2. L'enseignement secondaire est constitué par un cours d'études d'une durée de sept ans et comprend deux cycles : l'un d'une durée de quatre ans, l'autre d'une durée de trois ans. PREMIER CYCLE Art. 3. Dans le premier cycle, les élèves ont le choix entre deux sections. Dans l'une sont enseignés, indépendamment des matières communes aux deux sections, le latin, à titre obligatoire, dès la première année (classe de sixième), le grec, à titre facultatif, à partir de la troisième année (classe de quatrième). Dans l'autre, qui ne comporte pas l'enseignement du latin et du grec, plus de développement est donné à l'enseignement du français, des sciences, du dessin, etc. Art. 4. Dans les deux sections, les programmes sont organisés de telle sorte que l'élève se trouve, à l'issue du premier cycle, en possession d'un ensemble de connaissances formant un tout et pouvant se suffire à lui-même. Art. 5. A l'issue du premier cycle, un certificat d'études secondaires du premier degré peut être délivré aux élèves, en raison des notes obtenues par eux durant ces quatre années d'études et après délibération des professeurs dont ils ont suivi les cours. Les aspirants au baccalauréat ont la faculté de produire ce certificat devant le jury; il en est tenu compte, dans les mêmes conditions que du livret scolaire, pour l'admissibilité et pour l'admission. Art. 6. SECOND CYCLE. Dans le second cycle, quatre groupements de cours principaux sont offerts à l'option des élèves, savoir : 1o Le latin avec le grec; 2o Le latin avec une étude plus développée des langues vivantes; 3o Le latin avec une étude plus complète des sciences; 4° L'étude des langues vivantes unie à celle des sciences, sans cours de latin. Cette dernière section, destinée normalement aux élèves qui n'ont pas fait de latin dans le premier cycle, est ouverte aussi aux élèves qui, ayant suivi les cours de latin dans le premier cycle, ne continuent pas cette étude dans le second. Art. 7. Pour les élèves qui ne se destinent pas au baccalauréat, il sera institué, dans un certain nombre d'établissements publics, à l'issue du premier cycle, un cours d'études dont l'objet principal sera l'étude des langues vivantes et l'étude des sciences spécialement en vue des applications. Ce cours d'études aura une durée de deux ans. Il sera approprié aux besoins des diverses régions. Le programme en sera préparé par les conseils académiques et arrêté par le ministre de l'instruction publique. A l'issue de ce cours et à la suite d'un examen public subi sur le programme établi comme il est prévu ci-dessus, un certificat pourra être délivré, sur lequel seront portées, avec le nom de l'académie où l'examen a été passé, les matières de cet examen et les notes obtenues. ARRETÉ DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES BEAUX-ARTS, DU 31 MAI 1902. Art. 1er. La répartition hebdomadaire des diverses matières de l'enseignement secondaire dans les lycées et collèges de garçons (1) est déterminée ainsi qu'il suit : (1) Les nouveaux plans d'études entreront en vigueur à partir de la prochaine année scolaire. Toutes les mesures transitoires seront prises pour les élèves en cours d'études; elles seront réglées très prochainement par voie de circulaire à MM. les recteurs des académieз. |