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anciens collègues, M. Thiers changeait la face des choses: il ruinait la discipline parlementaire; il assurait au roi la faculté de choisir entre plusieurs Cabinets également possibles quoique débiles, et il se mettait lui-même à la merci de l'autorité royale, désormais toute-puissante. Le roi put croire que son étoile l'emportait enfin, que sa puissance n'allait plus avoir d'autres bornes que sa volonté........... Et il il ne se trompait qu'à demi avec le ministère du 11 octobre, le gouvernement parlementaire venait de finir le gouvernement personnel était fondé.

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Ainsi éclatait l'erreur des publiclstes, qui, comme Benjamin Constant, avaient fait reposer leurs théories sur la chimère d'un monarque automate, se résignant à la honteuse majesté d'une fonction de parade, tirant toujours de lui le pouvoir sans l'exercer jamais, faisant éternellement illusion aux peuples sur la nécessité de sa paresse éternelle, et n'occupant la première place par lui et par ses descendants que pour fermer à une trop haute espérance le cœur des ambitieux. Comment imaginer qu'un roi se puisse contenter de ce rôle imbécile? Et s'il était un être assez vil pour s'en contenter, comment se préserverait-il du mépris?

La royauté doit être ou une force ou un symbole. Si, en Angleterre, la royauté n'a pas besoin, pour vivre, d'agir et de gouverner, c'est qu'elle n'y est que la tète d'une aristocratie qui agit et qui gouverne; c'est qu'elle y représente une association politique qui a, comme elle, l'hérédité pour essence; c'est, en un mot, qu'il y a identité de nature entre elle et la classe dominante. Mais, en France, qui l'ignore? l'arisiocratie a été détruite de fond en comble; les priviléges du moyen-âge ont été abolis à

jamais; partout, si ce n'est sur le trône, la transmission du pouvoir politique a été condamnée, et la supériorité des droits du mérite sur ceux de la naissance est devenue le principe constitutif de la classe dominante. Donc, en France, la royauté est une exception au lieu d'être un symbole; elle représente ce qu'on a cru devoir détruire, au lieu d'exprimer ce qui existe; elle personnifie l'idée du repos, en présence d'une bourgeoisie qui n'a pris possession de la puissance qu'à force d'activité; elle s'élève immobile sur un piedestal autour duquel s'agite en frémissant la société la plus mobile de l'Europe. Il faut, par conséquent, dans notre pays, que la royauté soit tout, sous peine de périr; il faut qu'elle anéantisse le principe électif, arme de la bourgeoisie, ou qu'elle tombe écrasée sous les ruines de l'hérédité abattue. La Cour l'avait bien compris. De là son ardeur à mettre le trône hors de page; de là les ténébreuses menées dont on vient de lire le récit. Mais ce n'était pas assez de semer la division entre les chefs de la majorité, et de livrer la majorité elle-même en proie à des rivalités dévorantes on ne pouvait espérer de la soumettre qu'en la corrompant, qu'en la rendant semblable à un maître que son premier esclave enivrerait et endormirait, pour commander à sa place. Voilà le triste tableau que nous aurons à dérouler. Tableau bien triste, en effet! car, de la Chambre, la corruption devait tomber goutte à goutte sur toutes les parties de la société, en pénétrer les profondeurs, et la réduire à un état de dégradation qui n'a d'exemple que dans l'histoire du Bas-Empire.

FIN DU TOME QUATRIÈME.

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DOCUMENTS HISTORIQUES.

CONSULTATION SUR LA SANTÉ DE M LA DUCHESSE DE BERRI.

LA DUCHESSE DE BERRI.
NANT LE DROIT DE VISITE.

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RAPPORT RAPPORT SUR LA SANTÉ

REGLEMENT DU MUTUELLISME.

SUR LA SALUBRITÉ DE LA CITADELLE DE BLAYE.
DE Mme LA DUCHESSE DE BERRI, —— PROCÈS-VERBAL DE L'ACCOUCHEMENT DE
TRAITÉ D'UNKIAR-SKÉLESSI. TRAITÉ CONCER-
TRAITÉ DE
ARRÊT DE MISE EN ACCUSATION DES ACCUSES
LISTE DES PAIRS QUI ONT VOTÉ LA MISE EN ACCUSATION.
LISTE DES DÉFENSEURS CHOISIS PAR LES ACCUSES D'AVRIL.
PAIRS QUI RÉPONDENT A L'APPEL; LISTE DES PAIRS QUI NE RÉPONDENT
LISTE DES ACCUSES.

LA QUADRUPLE-ALLIANCE. -
D'AVRIL.

-

LISTE DES

PAS.
D'AVRIL.

LETTRE DES DÉFENSEURS AUX ACCUSES ARRÊT DU 15 JUILLET 1835.

N° 1.

CONSULTATION

Sur l'état de la santé de madame la duchesse de Berri.

Madame la duchesse de Berri est née de parents phthisiques; son père était en outre sujet à la goutte. Son tempérament est éminemment nerveux, et les maladies qu'elle a antérieurement éprouvées démontrent qu'elle est disposée aux affections inflammatoires; ainsi, à plusieurs reprises, elle a été atteinte de catarrhes pulmonaires, dont quelques-uns assez graves pour avoir inspiré aux médecins qui la soignaient des craintes assez sérieuses. Plusieurs fois aussi elle a ressenti des douleurs articulaires avec gonflement, présentant tantôt le caractère rhumatismal, tantôt les apparences de la goutte.

Depuis son séjour à Blaye, M. le docteur Gintrac a été appelé quatre fois. Le 11 décembre 1832, il observa les symptômes suivants : douleurs rhumatismales aux épaules; petite toux sèche portant un caractère nerveux; suppression des règles qui datait de deux mois, et qui, d'après le rapport de la princesse, avaient été suppléées par un flux hémorrhoidal; du reste, il n'y avait point de fièvre, et les organes digestifs étaient en assez bon état. Le 18 du même mois, à sa seconde visite, le docteur Gintrac, appelé à l'occasion d'une forte douleur de tète, avec pesanteur et étourdissement, remarqua une diminution notable des douleurs rhumatismales et de la toux dont nous venons de parler.

La troisième visite du docteur Gintrac eut lieu le 9 janvier 1833. Alors de nouvelles douleurs s'étaient manifestées aux articulations des hanches, et un nouveau flux hémorrhoidal avait en quelque sorte remplacé les règles, qui n'avaient point paru. Un examen attentif de l'abdomen, dans la position assise, il est vrai, fit reconnaitre qu'il était assez volumineux, et que l'augmentation de ce volume dépendait surtout du gonflement de la rate.

Des suffocations s'étant manifestées dans la nuit du 16 au 17 de ce mois, M. le docteur Gintrac se rendit auprès de madame la duchesse de Berri, et crut pouvoir attribuer cette indisposition à l'ingestion d'un aliment excitant et indigeste. Déjà le calme avait reparu, et même les douleurs articulaires, dont elle se plaignait, avaient cessé. Du reste, point de changements, quant à la suppression des règles.

Depuis cette époque jusqu'à ce jour, la santé de madame la duchesse de Berri a été assez bonne; toutefois, avant-hier, dans sa promenade sur les remparts, elle éprouva, par suite de l'impression d'un air vif et froid, un accès de toux sèche et intense qui l'obligea de chercher un abri, et qui bientôt s'apaisa.

Aujourd'hui 25 janvier, vers 9 heures, nous nous sommes rendus auprès de S. A. R. Nous l'avons trouvée levée : elle l'était depuis une heure. Elle a paru à celui d'entre nous qui avait eu l'honneur de lui donner des soins les années précédentes, un peu amaigrie; sa coloration s'éloignait peu de l'état ordinaire; une toux sèche assez fréquente se faisait entendre; une légère oppression existait; les mouvements de la respiration, observés avec soin, ne paraissaient point aussi faciles que dans l'état normal; l'oreille appliquée sur le thorax, faisait reconnaître que l'air ne pénétrait qu'imparfaitement dans les poumons, les inspirations même profondes n'opéraient qu'une dilatation incomplète de la poitrine; le pouls manifestement accéléré par l'émotion qu'éprouvait S. A. R., donnait environ quatre-vingthuit à quatre-vingt-neuf battements par minute : il était d'ailleurs naturel sous le rapport de la plénitude et de la régularité ; une douleur assez forte

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